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Définition: EXALTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 03/02/2016

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Définition: EXALTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de exalter* II.— Emploi adjectival. A.— [Correspond à exalter I] 1. Domaine spatial, rare. Porté vers le haut (dans l'espace), élevé très haut. Les trottoirs se gondolent [à Bucarest] , les chaussées se soulèvent comme les dalles du Jugement dernier; édifications et écroulements se succèdent parmi les quartiers inertes ou exaltés (PAUL MORAND, Bucarest, 1935, page 290 ). 2. Au figuré. domaine moral en général, rare. [En parlant d'une personne ou d'une chose abstraite] Qui a été élevé au faîte des honneurs, de la gloire, qui est l'objet d'une réputation très flatteuse. Guerrier si exalté pour sa bravoure et sa piété (...) vraie figure de Bayard dans les prises d'armes contre les protestants, qui l'appelaient le grand « Mahomet » (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 329 ). Il revient de très loin, le haut marquis : les îles Illyriaques, et l'une des deux Siciles Ont souvent retenti de son nom exalté (PAUL VERLAINE, Poèmes divers, 1896, page 145 ). B.— [Correspond à exalter II] 1. Domaine matériel, sensible. Qui a été porté à un très haut degré d'intensité; dont les qualités essentielles ont été fortement développées, dégagées, mises en valeur. L'amande y est plus grosse, le sucre moins acerbe et l'arome plus exalté (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 115 ). Dans les pierres précieuses et dans les métaux (...) tous les trésors du coloris le plus exalté (CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 30 ). Stimulé par un printemps sourd que l'on goûtait seulement dans le vent humide, inégal, dans le parfum exalté de la terre (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 135 ). — Domaine biologie, rare. Qui se caractérise par une activité, une sensibilité très intense : Ø 1.... il seroit seulement curieux de connoître pourquoi les animaux qui ont l'odorat le plus exalté sont précisément ceux qui se nourrissent des choses les plus puantes (...). Peut-être les animaux carnassiers ont-ils en général l'odorat plus fin, parce qu'ils doivent apercevoir de plus loin la présence de leur proie. GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 2, 1805, page 631. 2. Domaine moral en général. a) [En parlant d'une personne, d'un aspect de sa nature, etc.] — Domaine éthique, religion, philosophie Qui est inspiré de sentiments élevés, nobles; qui est porté aux réflexions métaphysiques, aux grandes émotions spirituelles. Âme, dévotion exaltée. Le sentiment religieux fomenté inconsidérément (...) venant à coïncider avec les dispositions religieuses déjà très-exaltées de quelques villes et villages (CHARLES-VICTOR BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, page 221 ). Du mysticisme exalté au satanisme exaspéré, il n'y a qu'un pas. Dans l'au-delà, tout se touche (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 82) : Ø 2. De là ce caractère exalté qui était l'héroïsme des femmes : car le haut prix qu'on attachait à leur estime et à leur amour, leur donnait d'elles-mêmes une opinion très-élevée; et pour la soutenir et n'en pas être indigne, leur âme se mettait au niveau de leur condition. JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, page 299. · Emploi comme substantif (généralement péjoratif) (Quasi-)synonymes : fanatique, illuminé, visionnaire. J'ai tort d'attacher une telle importance à quelques exaltés (...). Nous aurons longtemps encore nos énergumènes, prompts à ramasser dans le Jardin des oliviers, l'épée ensanglantée de saint Pierre (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 311) : Ø 3. Sa dévotion restait vive, mais elle [Bernadette] ne lui avait pas paru l'extatique, l'exaltée qu'on aurait pu croire; au contraire, elle montrait plutôt un esprit positif, sans envolée aucune, ayant toujours à la main un petit travail... elle ne ressemblait en rien aux grandes passionnées du Christ. ÉMILE ZOLA, Lourdes, 1894, page 28. — Domaine politique, idéologique. Qui se caractérise par des opinions extrêmes, l'ardeur à convaincre, à combattre. Les têtes exaltées, les jacobins, qui racontent ce qu'ils désirent (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 390 ). Les orateurs du royalisme exalté et de l'émigration irréconciliable (ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, page 308 ). C'était par cette foi exaltée et par cet optimisme qu'il avait soulevé les âmes du public français. Son livre avait été aussi efficace qu'une bataille (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1488 ). · Emploi comme substantif (généralement péjoratif) (Quasi-)synonymes : extrémiste, sectaire. Ceux qui parlaient encore des provinces perdues passaient, comme Déroulède, pour des exaltés dangereux (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 265 ). — Domaine affectif, intellectuel, artistique. Qui se caractérise par une grande vivacité d'idées, d'impressions, de sentiments; qui a un tempérament passionné, facilement porté aux extrêmes. Amour, imagination exalté(e). On a considéré comme immoral ce qui n'étoit pas sensible et même romanesque. Werther avoit tellement mis en vogue les sentiments exaltés, que presque personne n'eût osé se montrer sec et froid (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 358 ). Ces passions (...) l'affolaient, l'énervaient ou l'accablaient, selon qu'elles avaient un caractère exalté, violent, dramatique ou sentimental (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Yvette, 1884, page 519 ). Son tempérament exalté la faisait facilement passer de l'espérance la plus vive au plus pénible désespoir (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 158) : Ø 4. Il est possible que ce soit, comme vous le dites, le caractère des affections modérées que d'être durables. Mais vous faites là le procès à la vôtre, car elle ne l'est guère. Moi, je suis las des grandes passions, des sentiments exaltés, des amours furieux et des désespoirs hurlants. J'aime beaucoup le bon sens avant tout, peut-être parce que je n'en ai pas. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 433. · Emploi comme substantif (généralement péjoratif) Amaury est un poète de salon, un de ces exaltés en habit noir et gants gris perle, qui vont entre dix heures et minuit raconter dans le monde leurs extases d'amour, leurs désespoirs (ALPHONSE DAUDET, Les Femmes d'artistes, 1874, page 48 ). — PSYCHOPATHOLOGIE. Qui se caractérise par une surexcitation morbide. L'exaltation du moi de certains adolescents est décrite comme une « crise » (...) il [Debesse] met en avant les facteurs de « discordance organique » et de « désadaptation sociale » à la source de l'affirmation exaltée du moi qui caractérise la crise (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 403 ). Nul doute (...) que cette sincérité exaltée ne touchât à la folie (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, page 178 ). · Emploi comme substantif. Il faut avoir entendu des exaltés, des délirants, des fous pour saisir toute l'importance de cette folie bavarde (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 298 ). b) [En parlant d'un aspect du comportement humain] Qui exprime des idées, des impressions, des sentiments très vifs. De toutes les rues, monta un grand cri exalté, l'acclamation qui saluait le retour de l'astre (PIERRE MILLE, Barnavaux et quelques femmes..., 1908, page 21 ). Sa figure rayonnait du plus pur enthousiasme. Derrière lui (...) un autre regard s'allumait, farouchement exalté (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 462 ). Des lettres si exaltées (...) des billets si tendres (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 102 ). — En particulier. domaine de l'expression artistique. Qui se caractérise par une très grande force d'expression, par des audaces, des outrances formelles. Les parties les plus passionnées et les plus exaltées du rôle (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1827, page 472 ). Il [Chopin] a pris les jeux les moins aigres [de l'orgue] et il a joué les Astres, non pas d'un ton exalté et glorieux comme faisait Nourrit, mais d'un ton plaintif et doux (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 2, 1839, page 140 ). [Le dessin de Delacroix] est saccadé, fiévreux, exalté; il a des vivacités, des emportements (AUGUSTE RODIN. L'Art, entreiens réunis par Paul Gsell, 1911, page 138 ). c) Par métaphore. [En parlant de choses concrètes, de phénomènes sensibles] Qui semble animé de sentiments très vifs. Une étrange vie nocturne habite les boiseries et j'entends des frôlements, de petits coups, la palpitation exaltée de la pendule (JACQUES CHARDONNE, Claire, 1931, page 121 ). Fréquence absolue littéraire : 995. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 529, b) 1 008; XXe. siècle : a) 1 837, b) 1 280. Forme dérivée du verbe "exalter" exalter EXALTER, verbe transitif. I.— [L'action reste extérieure à l'objet] A.— Domaine spatial, peu fréquent. Porter vers le haut (dans l'espace), élever très haut. Exalter haut. Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés (PAUL VALÉRY, Album de vers anciens, 1900, page 76 ). On l'a crucifié [saint Pierre] la tête en bas, vers le ciel sont exaltés les pieds apostoliques (PAUL CLAUDEL, Corona Benignitatis, 1915, page 403 ). — Emploi pronominal passif. Être porté vers le haut. Rossignol (...) Tout près du seringa jaillissant, dont la fleur S'exalte et luit ce soir aussi haut que votre arbre? (ANNA DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, page 205 ). Nous remontions le Salat qui dévalait à grand bruit et s'exaltait par endroits contre d'énormes barrages de rochers (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 102 ). — Par métaphore. Crucifier l'argent? Mais quoi! c'est l'exalter sur la potence, ainsi qu'un voleur; c'est le dresser, le mettre en haut, l'isoler du Pauvre (LÉON BLOY, Le Salut par les Juifs, 1892, page 51 ). · Emploi pronominal passif : Ø 1. Plus les sens deviennent prodigues et faciles, plus l'amour se contient, s'appauvrit ou fait l'avare : quelquefois il s'en dédouble nettement, et rompant tout lien avec eux, il se réfugie, se platonise et s'exalte sur un sommet inaccessible, tandis que les sens s'abandonnent dans la vallée aux courants épais des vapeurs grossières. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 63. B.— Au figuré. domaine moral, en général. 1. [Le complément d'objet direct désigne une personne] Porter quelqu'un à un rang très haut (dans la hiérarchie des valeurs sociales ou individuelles). On a vu, à des époques différentes, les cabales exalter Pradon et dénigrer Racine; s'élever contre l'antimoine et préconiser le système de Law; poursuivre Voltaire et canoniser le diacre Pâris (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 2, 1812, page 193 ). Je vous sais gré d'exalter l'individu si rabaissé de nos jours par la démocrasserie (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1866, page 88 ). La mère estime qu'elle s'est acquis des droits sacrés par le seul fait d'enfanter... En exaltant son fruit, c'est sa propre personne qu'elle porte aux nues (SIMONE DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, tome 2, 1949, page 410 ). — Emploi pronominal réfléchi, rare. Se glorifier soi-même. Cette littérature leur apparaît le mandataire de leur génération, en sorte qu'en l'exaltant ils s'exaltent eux-mêmes; celui qui la ravale leur semble un ennemi personnel (JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure, 1945, page 206 ). 2. [Le complément d'objet direct désigne une chose, généralement abstraite] Rendre honneur à, donner beaucoup d'importance, de valeur à, louer. Je m'occupais (...) d'exalter l'inculture et d'en dresser l'apologie (ANDRÉ GIDE, L'Immoraliste, 1902, page 418 ). Dans les salles d'attente de troisième classe, les compagnies de chemins de fer ont cette délicatesse suprême d'exalter les vertus du cinzano au lieu de vanter les sites alpestres et méditerranéens (MARCEL AYMÉ, Brûlebois, 1926, page 146 ). Saint Paul condamne la chair et exalte l'état de virginité (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 111 ). 3. Domaine religion, rare (sans doute par référence à l'emploi I C de exaltation). Élever en gloire, célébrer, prôner. Elle ne pourrait être à la fois sainte et républicaine. Du jour où Rome l'exalta sur les autels et dans sa hiérarchie canonique, Jeanne devint suspecte aux libres penseurs (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 12, 1919-20, page 163 ). II.— [L'action affecte l'objet dans ses caractères propres] A.— Domaine matériel, sensible. Porter (quelque chose) à un très haut degré d'intensité, développer, mettre en valeur fortement ses qualités essentielles. On a cherché à accélérer la pourriture des pâtes, et à l'exalter même, avec des eaux marécageuses (ALEXANDRE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, , tome 1, 1844, page 117 ). La neige, demeurée sur les toits, exalte la lumière et la lumière exalte la chaux de la cellule qui semble plus blanche encore (HERVÉ BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, page 141 ). La couleur (...) joue un rôle plastique, dans la mesure où elle sert à souligner, à qualifier les formes; elle joue un rôle pictural dès l'instant où elle devient solidaire de la pâte pour exalter ses effets (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 76) : Ø 2. Ces parfums froids, flottant sur les jardins, apparaissaient dans toute la distinction de leurs détails et de leurs composantes, exaltés contre la fraîche immobilité du crépuscule. Tout prenait une netteté reposée. Tout ce qu'on goûtait se goûtait mieux. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 83. — Emploi pronominal réfléchi ou passif. Prendre une intensité accrue, être nettement dégagé. L'odeur du seringa s'exalte dans l'air chaud (FRANCIS JAMMES, Clairières dans le ciel, 1906, page 82 ). L'effet qu'il [un tableau] produit dépend du ton de la tenture sur laquelle il se détache : suivant qu'il apparaît sur un fond de tonalité chaude ou amortie, sa couleur s'exalte ou s'affadit (LOUIS RÉAU, Archives, bibliothèques, musées, 1909, page 40 ). Sa voix [de Pierre] se hausse, s'exalte pour ne plus entendre le martèlement des pas et le bruit des tanks (JEAN-PAUL SARTRE, Les Jeux sont faits, 1947, page 167 ). — BIOLOGIE, PHYSIOLOGIE. [Le complément d'objet direct désigne un (système d')organe(s), une fonction, une substance, etc.] Augmenter l'activité, intensifier les propriétés de Exalter l'énergie, la vie. Ils exaltent la sensibilité de cette partie, dont la peau (...) devient susceptible des plus vives impressions, et qui, fortement excitée par les frottements du coït, exalte à son tour la sensibilité des autres organes de la génération (GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 5, 1805, page 84 ). Ici la sensibilité propre de la fibre nerveuse n'est pas exaltée pour la perception des impressions les plus délicates; elle est plutôt émoussée, affaiblie par des organes protecteurs (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 160 ). Qu'elles aient exalté la faculté de cicatrisation, ou diminué l'action frénatrice du sérum (JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 129 ). · Emploi pronominal passif. Devenir plus actif, plus intense, plus virulent. L'appareil nutritif s'émeut tout entier : l'estomac devient sensible; les sucs gastriques s'exaltent (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 59 ). La virulence du virus rabique s'exalte quand on passe de lapin à lapin, de cobaye à cobaye. Lorsque la virulence est exaltée et fixée au maximum sur le lapin, elle passe exaltée sur le chien et elle s'y montre beaucoup plus intense que la virulence du virus rabique du chien « à rage des rues » (LOUIS PASTEUR, Recueil de travaux, 1884, page 392 ). B.— Domaine moral, en général. 1. [Le complément d'objet direct désigne une personne] a) Domaine éthique, religion, philosophie, politique, idéologique. Inspirer des sentiments élevés, nobles; porter aux réflexions métaphysiques, aux grandes émotions spirituelles, aux opinions extrêmes; développer l'ardeur à convaincre, combattre. Cette continence qu'on vous impose, à vous autres prêtres, influence votre vision du monde, l'exalte et la spiritualise (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 73 ). C'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort, cimenté les résolutions. Vous fûtes les inspirateurs de tous ceux et de toutes celles qui ont triomphé du désespoir et lutté pour la patrie (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 501 ). — Emploi pronominal passif. Devenir supérieur, se perfectionner, se quintessencier, etc. J'ai retrouvé l'instinct animal pour qu'il s'exalte et s'ennoblisse et qu'il devienne enthousiasme. J'ai gagné les régions supérieures enchaîné dans la grappe humaine (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-08, page 230 ). — Péjoratif. Rendre fanatique; faire dépasser la mesure. Foi que, sans interruption aussi, les prophètes avaient exaltée en eux et portée à un haut degré de fanatisme (PIERRE LEROUX, Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 732 ). Natacha est victime des mauvais livres qui ont exalté la cervelle de tous ces pauvres enfants révoltés (...) elle divague, et je me suis dit plus d'une fois qu'avec des idées pareilles sa place n'était point dans notre salon, mais derrière une barricade (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 39 ). b) Domaine affectif, intellectuel, artistique. Inspirer des idées, des impressions, des sentiments très vifs; porter à un très haut degré d'émotion sentimentale, d'activité mentale. Exalter l'imagination, l'orgueil, la personnalité, les sentiments; l'amour, la solitude exalte. Ses premiers effets [de l'opium] sont toujours de stimuler et d'exalter l'homme, cette élévation de l'esprit ne durant jamais moins de huit heures (CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, 1860, page 412 ). L'enfant n'est plus exalté par des récits de bataille, mais n'est remué, intéressé que par des livres de science (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1884, page 380 ). La rencontre d'une femme, aimée autrefois, l'exalte et le bouleverse jusqu'à l'affoler (PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 225) : Ø 3. La passion peut exalter notre âme au point de nous faire croire qu'elle a la puissance de nous rendre immortels. L'amour est sans contredit ce qui donne le plus d'exaltation à l'âme : c'est une seconde création. CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1807, page 18. — Emploi pronominal réfléchi ou passif. Devenir plus ardent, plus passionné. Tu t'exaltes et tu ne raisonnes pas (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Pléiades, 1874, page 279 ). Si jadis je m'étais exalté en croyant voir du mystère dans les yeux d'Albertine, maintenant je n'étais heureux que dans les moments où de ces yeux (...) je parvenais à expulser tout mystère (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 75 ). Une passion à son sommet s'exalte des plus grands obstacles. À son déclin, le plus petit obstacle la fait fléchir et douter (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 135 ). — Emploi pronominal réciproque. Se communiquer mutuellement une plus grande ardeur. Cette vie toute passionnée et idéale, où l'amour et la poésie se confondent, s'exaltent et se ravivent l'une de l'autre (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 22 ). — PSYCHOPATHOLOGIE. Surexciter l'activité psychique de façon morbide. L'affection mélancolique (...) où l'esprit et l'imagination, dont la sensibilité est singulièrement augmentée et exaltée, sont encore plus malades que le corps (ÉTIENNE-LOUIS GEOFFROY. Manuel de médecine pratique, 1800, page 485 ). · Emploi pronominal passif. Être affecté d'une surexcitation morbide. Son amour s'exalta, il devint fou, et parla de se brûler la cervelle (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 21 ). Cette imagination d'homme du nord, triste et rêveuse (...) s'exalta peu à peu jusqu'au délire; il fut obsédé par des pensées de mort violente (AUGUSTIN THIERRY, Récits des temps mérovingiens, tome 1, 1840, page 127 ). 2. [Le complément d'objet direct désigne un aspect du comportement humain] Donner plus de vivacité à l'expression. L'effort de sa posture scabreuse et peut-être aussi la peur des blessures faisaient affluer sous ses joues un sang chaleureux et foncé qui exaltait encore l'éclat de ses yeux ouverts (PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 144 ). — Emploi pronominal réfléchi. S'exprimer avec une force, une violence accrue. Ils voyaient rouge, ils s'exaltaient jusqu'à la rage. C'étaient des scènes atroces, des étouffements, des coups, des cris ignobles, des brutalités honteuses. D'ordinaire, Thérèse et Laurent s'exaspéraient ainsi après le repas (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 191 ). Remarque : La documentation atteste a) Exaltable, adjectif, rare. Qui peut s'exalter. L'essentiel, pour faire la conquête d'une Italienne, c'est d'avoir l'âme exaltable (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Promenade dans Rome, tome 1, 1829, page 78). b) Exaltateur, substantif masculin Personne qui exalte. Il fut un magnifique exaltateur, un créateur d'énergies françaises (MAURICE BARRÈS, Scènes et doctrines du nationalisme, tome 1, 1902, page 243). Les héros aussi servent de modèles et d'exaltateurs. Tous communiquent à l'homme une force (IDEM, Cahiers, tome 11, 1914-18, page 329). c) Exaltatif, ive, adjectif. Qui exalte. Les chutes s'effritent en ruines Qui s'illuminent En obsèques exaltatives (ÉMILE VERHAEREN, Les Villes tentaculaires, 1895, page 160). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 280. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle a) 1 320, b) 1 063; XXe. siècle : a) 2 523, b) 2 229.

« (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 82) : Ø 2.

De là ce caractère exalté qui était l'héroïsme des femmes : car le haut prix qu'on attachait à leur estime et à leur amour, leur donnait d'elles-mêmes une opinion très- élevée; et pour la soutenir et n'en pas être indigne, leur âme se mettait au niveau de leur condition. JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, page 299. · Emploi comme substantif (généralement péjoratif) (Quasi-) synonymes : fanatique, illuminé, visionnaire.

J'ai tort d'attacher une telle importance à quelques exaltés (...).

Nous aurons longtemps encore nos énergumènes, prompts à ramasser dans le Jardin des oliviers, l'épée ensanglantée de saint Pierre (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 311) : Ø 3.

Sa dévotion restait vive, mais elle [Bernadette] ne lui avait pas paru l'extatique, l'exaltée qu'on aurait pu croire; au contraire, elle montrait plutôt un esprit positif, sans envolée aucune, ayant toujours à la main un petit travail...

elle ne ressemblait en rien aux grandes passionnées du Christ. ÉMILE ZOLA, Lourdes, 1894, page 28. — Domaine politique, idéologique.

Qui se caractérise par des opinions extrêmes, l'ardeur à convaincre, à combattre.

Les têtes exaltées, les jacobins, qui racontent ce qu'ils désirent (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 390 ).

Les orateurs du royalisme exalté et de l'émigration irréconciliable (ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, page 308 ).

C'était par cette foi exaltée et par cet optimisme qu'il avait soulevé les âmes du public français.

Son livre avait été aussi efficace qu'une bataille (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1488 ). · Emploi comme substantif (généralement péjoratif) (Quasi-) synonymes : extrémiste, sectaire.

Ceux qui parlaient encore des provinces perdues passaient, comme Déroulède, pour des exaltés dangereux (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 265 ). — Domaine affectif, intellectuel, artistique.

Qui se caractérise par une grande vivacité d'idées, d'impressions, de sentiments; qui a un tempérament passionné, facilement porté aux extrêmes.

Amour, imagination exalté(e).

On a considéré comme immoral ce qui n'étoit pas sensible et même romanesque. Werther avoit tellement mis en vogue les sentiments exaltés, que presque personne n'eût osé se montrer sec et froid (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 358 ).

Ces passions (...) l'affolaient, l'énervaient ou l'accablaient, selon qu'elles avaient un caractère exalté, violent, dramatique ou sentimental (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Yvette, 1884, page 519 ).

Son tempérament exalté la faisait facilement passer de l'espérance la plus vive au plus pénible désespoir (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 158) : Ø 4.

Il est possible que ce soit, comme vous le dites, le caractère des affections modérées que d'être durables.

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