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Définition du mot: ALLONGÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 21/10/2015

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Définition du mot: ALLONGÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de allonger* II.— Adjectif. A.— [Concerne l'animé] 1. [En parlant du corps humain ou d'un de ses membres (bras, jambes,...) ou, plus rarement, du corps d'un animal] Qui est étendu, déployé dans toute sa longueur : Ø 1. Là, le vieillard disposa les plis blancs de la robe le long des membres allongés. PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 224. Ø 2. Un lapin allongé, les yeux mi-clos, semble dire : « Le monde me fatigue ». JULES RENARD, Journal, 1899, page 522. Ø 3. Le thème de cette peinture est le sommeil : une jeune femme, à demi allongée, dort accoudée sur un tronc coupé d'où surgit un rameau de laurier. RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 310. — Spécialement. CHORÉGRAPHIE. " Se dit d'une pose qui doit être exécutée le corps en ligne horizontale. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) 2. [En parlant du corps de l'homme ou des animaux, de ses organes ou de certaines de ses parties] a) Qui a une forme longue, effilée. Cou allongé, tête allongée : Ø 4. De dire si une vie intérieure et expansive, inhérente à l'ame, pousse les muscles du dedans du corps, ou si le soleil les attire au dehors, comme chez les noirs, qui ont les mollets plus élevés, et dont le corps est plus allongé que celui des peuples du nord, c'est ce que je ne sais pas. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 253. Ø 5. Pour suppléer au défaut de ses yeux, son nez allongé, mobile, doué d'un tact exquis, explorait le monde sensible. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 12. Ø 6. C'est [le renard] une admirable bête carnassière. Allongée, basse sur terre, la tête triangulaire, les flancs évidés comme pour fendre l'air... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 131. Ø 7. Elle [ma petite vendeuse] a des lèvres grenat, un peu allongées, mais fines et enfantines, dans un teint mordoré, presque mat; elle fait voir ses dents quand elle sourit; deux incisives du haut sont un peu irrégulières. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 42. Ø 8. Pour la première fois, de la dérision dans sa voix, un ton de complicité. Voulait-il me faire entendre que j'appartenais à une autre fraternité, la sienne? Il pétrit durement mes paumes sous ses pouces osseux et allongés. RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 44. Remarque : 1. Appliqué au visage d'une femme, l'adjectif prend souvent une résonance admirative : Ø 9. La tête jolie si la bouche n'était pas trop grande, mais pleine d'expressions romanesques; blonde d'ailleurs avec un teint de brune, velouté et chaud, singulier contraste, et une couronne de tresses sur la tête, sans une seule boucle. Coiffure pleine de noblesse et de simplicité et qui va merveilleusement à l'ovale allongé de son visage. JULES BARBEY D'AUREVILLY, Premier Memorandum, 1837, page 140. Ø 10. Déjà la salle entière était éblouie de cette beauté, bien qu'elle n'eût pas encore ôté son masque, mais ce qu'on en voyait répondait du reste; le menton délicat et pur, la coupe parfaite de la bouche dont les rougeurs de framboise gagnaient au voisinage du velours noir, l'ovale allongé, gracieux et fin de la figure, la perfection idéale d'une mignonne oreille qu'on eût pu croire ciselée dans l'agate par Benvenuto Cellini attestaient assez des charmes enviables des déesses mêmes. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 263. Remarque : 2. Autres exemples visage vieux, allongé, chlorotique (L. FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 90); les poignets allongés dépassaient les manches (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 691); visage mince, allongé, pâle fervent de somnambule (M. JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, page 69); elle avait de jolis yeux verts, allongés vers les tempes (M. DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 87). Remarque : 3. Autres syntagmes crâne, face, pieds, yeux allongés, etc. — Au figuré, familier. [En parlant de l'expression du visage] Qui exprime la contrariété, la déception ou la tristesse : Ø 11. Un homme était en deuil de la tête aux pieds : grandes pleureuses, perruque noire, figure allongée. Un de ses amis l'aborde tristement : « Eh! Bon Dieu! Qui est-ce donc que vous avez perdu? — Moi, dit-il, je n'ai rien perdu : c'est que je suis veuf. » NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, page 87. Ø 12. Puis, brusquement dressé, Cave frappa dans ses mains : — Çà! Qu'on nous laisse seuls! Non : vous desservirez plus tard. Allez-vous-en. Via! Via! Il s'assura que Dorino ni Assunta ne s'attardaient aux écoutes, et revint avec la mine subitement grave, allongée, tandis que le cardinal, en se passant la main sur le visage, en dépouilla d'un coup la profane et factice gaieté. ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, pages 801-802. b) Spécialement (dans les scientifique naturelles) : Ø 13. Les muscles du dos sont alongés, étendus de la tête à la queue... GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 1, 1805, page 442. Ø 14. Les vers. Animaux à corps mou, allongé, sans tête, sans yeux, sans pattes articulées, dépourvu de moelle longitudinale et de système de circulation. JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 193. Remarque : Autres syntagmes abdomen, appendice, bec, museau allongé; lobes, muscles, nerfs, os, osselets, tendons allongés. 3. [En parlant de la façon de marcher de l'homme ou de l'allure de certains animaux] : Ø 15.... tout à fait derrière, accourait, pour suivre le pas allongé des dromadaires, un énorme troupeau de moutons et de chèvres noires divisé par petites bandes... EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 230. Ø 16. L'homme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait d'un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1133. Ø 17. Nous commencions à monter d'un pas plus lent et plus allongé. RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 102. B.— [Concerne une chose] 1. [En parlant d'une chose concrète] a) Long, effilé : Ø 18. Elle portait au cou un collier de vieil ambre, dont les gros grains, translucides et allongés, faisaient penser à des fruits, à d'énormes raisins de Malaga, à des mirabelles gonflées de soleil. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 893. Remarque : Autres syntagmes rameaux allongés (MAURICE DE GUÉRIN, Poésies, Promenade, 1839, page 130); bananes allongées et grasses (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Mohammed-Fripouille, 1884, page 267); feuilles allongées (ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo, 1927, page 386); constructions basses et allongées (JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 177); amphores allongées (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 197); bottines à boutons allongées et pointues (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 26). b) Qui s'étend : Ø 19. Un jour qu'il allait, méditant, au fond d'une anse tranquille à laquelle des rochers allongés dans la mer faisaient une digue sauvage, il vit une auge de pierre qui nageait comme une barque sur les eaux. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 20. Ø 20. Jativa, qui est le berceau des Borgia, est placée sur les premières assises de la sierra et participe ainsi de la plaine et de la montagne. C'est une petite ville somnolente, allongée sur un gradin, devant de riches cultures géométriques, et dominée par une crête de roche... ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 53. Ø 21.... Karelina vit d'un seul regard l'ample perspective d'une cité mollement allongée au bord d'un large fleuve. MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 76. Ø 22. Une hauteur toute proche et parallèle à la route arrêtait la vue de ce côté : là des pins parasols allongés en une mince ligne sur la crête contre le soleil couchant semblaient souligner de leur ramure horizontale et élégante le dessin du coteau et donnaient pour un instant au paysage la légèreté inattendue d'une estampe japonaise. JULIEN GRACQ, Au château d'Argol, 1938, page 20. 2. [Appliqué à la durée] Qui est rendu plus long, qui est prolongé : Ø 23. La récréation monastique, un peu allongée à cause de la fête, n'était pas terminée. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 76. C.— Emplois spéciaux. 1. ANATOMIE. Moelle allongée. " La moelle qui remplit la cavité de toutes les vertèbres depuis le cerveau jusqu'à l'os sacrum. " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 24. L'activité des muscles respiratoires, qui meuvent le thorax de façon plus ou loins rapide et commandent la pénétration de l'air dans les poumons, dépend de cellules nerveuses de la moelle allongée. ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 234. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux. 2. FAUCONNERIE et VÉNERIE. vieux. — " Se dit d'un chien dont le gros nerf crural s'est allongé par une trop forte course. " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Remarque : Attesté aussi dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle. — " Se dit d'un oiseau qui, ses pennes étant entières et d'une bonne longueur, est tout prêt pour le vol. " (Nouveau Larousse illustré). Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle. 3. MATHÉMATIQUES. " Se dit de toutes les figures dont la forme est plus longue que large. " (Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). Remarque : Attesté aussi dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique. 4. PHONÉTIQUE. Formes allongées. " De deux doublets phonétiques, est dite parfois forme allongée, mais plus proprement forme pleine par apposition à telle autre forme, dite réduite, celle qui comporte le maximum d'articulations : latin sies en regard de sis. " (Lexique de la terminologie religieuse (JULES MAROUZEAU) 1951). 5. SCIENCES NATURELLES. a) BOTANIQUE. Cotylédons allongés. " Cotylédons qui sont deux fois plus longs que larges. " (Nouveau Larousse illustré). Remarque : Attesté aussi dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 et Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse). b) ENTOMOLOGIE. vieux. — " Se dit des élytres, quand elles dépassent l'abdomen. " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). · " Se dit de certains aranéides. " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). · Substantif masculin pluriel. Les allongés. " Nom de différents groupes d'aranéides, dans la méthode de Walkenaër. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Remarque : Attesté aussi dans Nouveau Larousse illustré. III.— Emploi comme substantif (généralement au pluriel) — Familier. · [Le plus souvent en parlant de vieillards] Personne hospitalisée que la maladie empêche de quitter le lit : Ø 25. À côté de chaque lit, était une petite table de nuit ripolinée, où les allongés avaient leurs objets personnels, les objets personnels tolérés; rares étaient les photographies; plus fréquents, parce que jour de visite, les paquets de bonbons acidulés ou de gaufrettes. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 246. · Synonyme : blessé : Ø 26. Ils étaient revenus vers les blessés. Dès que les paysans eurent compris qu'un seul des allongés était mort, commença une agitation affectueuse et maladroite. ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 831. Remarque : Néologisme selon DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 qui en donne la définition suivante : " Malade atteint de tuberculose osseuse et astreint à l'immobilité en station horizontale. " Malade atteint de tuberculose osseuse et astreint à l'immobilité en station horizontale. " — Populaire. Les allongés. Les morts. Être aux allongés. Être enterré, être mort : Ø 27. À quarante ans, et bien qu'il fût resté sec comme un sarment de vigne, les muscles ne se réchauffent pas aussi vite. Parfois, en lisant des comptes rendus sportifs où l'on appelait vétéran un athlète de trente ans, il haussait les épaules. « Si c'est un vétéran, disait-il à Fernande, alors, moi, je suis déjà aux allongés. » ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume, 1957, page 1595. · Le boulevard des allongés. " Le cimetière. " (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 592. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 471, b) 2 270; XXe. siècle : a) 2 601, b) 1 880. Forme dérivée du verbe "allonger" allonger ALLONGER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— [Concerne l'espace] 1. [En parlant d'objets, de liquides] Rendre plus long par addition ou étirement, augmenter le volume : Ø 1.... c'est par une action proprement musculaire, et avec un effort très perceptible, sans doute, dans l'origine, que l'oeil se fixe, se dirige, s'ouvre plus ou moins, raccourcit ou allonge son diamètre pour faire converger les rayons au point convenable.. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, page 24. Ø 2. Un oculiste espagnol, le Dr. German Béritens, dans un article de la revue Por esos mundos, intitulé Pourquoi Greco peignit comme il peignit, (Madrid, 1912) a soutenu que ce n'est ni mysticisme, ni excentricité, mais astigmatisme, si Greco déforme et allonge ses figures. MAURICE BARRÈS, Gréco ou le secret de Tolède, 1911, page 176. — En particulier. · ART CULINAIRE. Allonger une sauce. Ajouter de l'eau ou du bouillon à une sauce pour la rendre moins forte, moins épaisse : Ø 3. RAGUENEAU. — (...). (Il se lève. — À un cuisinier.) Vous, veuillez m'allonger cette sauce, elle est courte! LE CUISINIER. — De combien? RAGUENEAU. — De trois pieds. EDMOND ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1898, II, 1, page 64. · CHIMIE. Allonger une substance, une liqueur. Mélanger une substance à une autre substance, une liqueur à une autre. (Attesté dans le Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). · LITTÉRATURE. Allonger un livre, un récit, un chapitre, etc. : Ø 4. Heureux ceux qui ne doutent pas d'eux et qui allongent au courant de la plume tout ce qui leur sort du cerveau. Moi j'hésite, je me trouble, je me dépite, j'ai peur; mon goût s'augmente à mesure que décroît ma verve et je m'afflige beaucoup plus d'un mot louche que je ne me réjouis de toute une bonne page. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1847, page 57. Ø 5. Il [Flaubert] me parle de l'embarras qu'il a, le travail qu'il lui a fallu d'abord pour se convaincre que cela était comme il le dit. Puis l'absence de dictionnaire, qui l'oblige aux périphrases pour toutes les appellations. À mesure qu'il avance, la difficulté augmente. Il est obligé d'allonger sa couleur locale comme une sauce. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, novembre 1859, page 649. · MARINE. Allonger un vaisseau. Le couper transversalement et intercaler un tronçon qui augmentera la longueur du bâtiment. (Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré). · PELLETERIE. " Travailler une peau de fourrure pour en augmenter la longueur au détriment de la largeur, la superficie totale restant toujours à peu près la même. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — Au figuré et familier. Allonger la courroie. Dépenser avec la plus grande parcimonie. — Faire paraître plus long : Ø 6. Deux longues boucles de cheveux, qui tombaient naturellement le long de ses joues, allongeaient encore son visage et lui donnaient quelque chose de rêveur. EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, page 186. Ø 7. Taanache revint près d'elle; et quand elle eut disposé deux candélabres dont les lumières brûlaient dans des boules de cristal pleines d'eau, elle teignit de lausonia l'intérieur de ses mains, passa du vermillon sur ses joues, de l'antimoine au bord de ses paupières, et allongea ses sourcils avec un mélange de gomme, de musc, d'ébène et de pattes de mouches écrasées. GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 2, 1863, page 29. 2. Donner plus d'amplitude à. Allonger le pas, la foulée, le trot, etc. Presser la marche, accélérer la course : Ø 8. M. de Kergaz atteignit la Barrière de l'Étoile en réfléchissant ainsi, puis il rendit un peu la main à son cheval, qui allongea le trot, et dix minutes après il atteignait le pont de Neuilly. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, L'Héritage mystérieux, 1859, page 553. Ø 9. — Bonsoir de bonsoir, murmura Croquebol inquiet, pourvu cor' que ce pierrot-là nous aye pas fichus en retard! Allongeons, crebleu, allongeons! Et le torse en avant, les coudes au corps, ils allongeaient, il fallait voir! Le tapage de leurs semelles frappant simultanément le pavé sonnait la danse précipitée du marteau de forge sur l'enclume; à eux deux ils faisaient patrouille. GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, page 189. Ø 10. Une escouade précéda le cheval qui allongeait l'amble. entre les brancards de la charrette à claire-voie. PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 530. Remarque : Emploi intransitif de allonger dans une langue familière (exemple 9). — En particulier. · BALISTIQUE. Allonger le tir. Augmenter la portée d'une arme : Ø 11. Rien ne bougeait plus. Si... un bras remuait encore, remuait à peine, traînant son fanion dans l'herbe. « Rouge!... Allongez le tir... Allongez le tir... » (...). Le vent froid qui passait dans les branches, avec un bruit d'écluse, apportait des tranchées les coups de feu égarés des sentinelles anxieuses. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 51. · MARINE. Allonger la ligne. Espacer davantage les vaisseaux qui composent une escadre. (Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré). Allonger la nage. " Donner une amplitude plus grande aux coups d'avirons. " (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE)). 3. Étendre, déployer, développer dans toute sa longueur. a) [En parlant d'une chose] MARINE. Allonger un cordage. Le développer dans le sens de la longueur. (Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). b) [En parlant d'une personne] SPORTS et. Langage familier. Allonger un boxeur au tapis, allonger quelqu'un d'un coup de poing. L'étendre à terre. c) [En parlant des membres, de certaines parties du corps (de l'homme ou des animaux)] : Ø 12. Le cheval s'arrêta net à la porte, rentra son échine, tendit le cou, allongea le museau en montrant les dents, écarta les jambes de derrière et se leva sur ses jarrets. GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 244. Ø 13. Antoine allongea les jambes, alluma une cigarette et s'efforça de rassembler ses idées. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1192. — En particulier. [À propos de l'expression du visage] Allonger la mine, le nez de quelqu'un. Lui causer de la surprise, une déception, un déplaisir : Ø 14. Tout le monde savait que Pierre était décoré et qu'on allait le nommer quelque chose; ce qui allongeait les nez singulièrement, selon l'expression de la vieille femme. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 303. 4. Tendre vers, d'où donner, porter. — Allonger le bras, la main. Tendre le bras, la main pour montrer, prendre quelque chose : Ø 15. — Est-ce que tu l'as perdue, la pièce-quinze-sous? râla la Thénardier, ou bien est-ce que tu veux me la voler? En même temps elle allongea le bras vers le martinet suspendu à la cheminée. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 483. Ø 16. Puis, lorsque vinrent les jours de grande maraude, il rêva, en la voyant, d'allonger les mains sur sa forte taille, sur ses gros bras, ainsi qu'il les enfonçait dans les barils d'olives et dans les caisses de pommes tapées. ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 785. — Allonger un coup, un coup de (poing, pied, épée). Porter un coup en se détendant vivement : Ø 17. Dimanche dernier encore, j'ai passé devant le café Montor; tous ont tourné le dos à la fois, comme des soldats à la parade; j'ai été violemment tenté de leur allonger un coup de pied où vous savez. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 51. Ø 18. Le premier de ces hussards, la figure toute rouge, allongea d'abord un coup de sabre sur l'oreille de mon pauvre camarade, en jurant comme un possédé; et comme il relevait le bras pour l'achever, je lui enfonçais ma baïonnette dans le côté de toutes mes forces. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Le Conscrit de 1813, 1864, page 187. · En particulier, populaire. Allonger une raclée, une gifle : Ø 19. Et elle faisait mine de l'enjamber, pour sauter par terre. Alors, poussé à bout, voulant dormir, Fontan lui allongea une gifle, à toute volée. La gifle fut si forte, que, du coup, Nana se retrouva couchée, la tête sur l'oreiller. Elle resta étourdie. ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1295. — Allonger un billet, une somme d'argent. Donner ce billet, payer, rembourser cette somme : Ø 20.... M. Marescot (...) entra dans la boutique, le chapeau sur la tête, demandant son argent, qu'on lui allongea tout de suite d'ailleurs. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 521. Ø 21. Pierrot s'approcha. Il allongea ses quarante sous et fit un carton. Ce n'était pas brillant RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 24. · Argot. Les allonger. " Régler, payer. " (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON), 1960). Remarque : Dans une langue ancienne et spécialisée (marine), le composé allonger peut renvoyer au simple longer. Allonger l'ennemi. Se placer parallèlement à lui et le déborder. (Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE ) 1845, DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). Allonger la terre « longer la terre à petite distance ». (Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). B.— [Concerne le temps] Faire durer davantage : Ø 22. Eût-elle [la lune] paru, il suffirait d'un léger nuage, du moindre brouillard pour la cacher et pour allonger le rhamadan de vingt-quatre heures. EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 222. Ø 23. Le calendrier n'était réglé ni sur le cours de la lune ni sur le cours apparent du soleil; il n'était réglé que par les lois de la religion, lois mystérieuses que les prêtres connaissaient seuls. Quelquefois la religion prescrivait de raccourcir l'année et quelquefois de l'allonger. NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, page 200. Ø 24. On est en droit de prévoir que les progrès incessants de la science allongeront encore sensiblement la vie moyenne de l'homme; et sans doute même aboutiront-ils à étendre la durée de vie maximum. JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 131. — Figuré et familier. Allonger le parchemin. Faire tirer un procès en longueur en multipliant les écritures et les formalités. · Allonger la sauce. Faire traîner en longueur un discours, un récit, etc. sans rien ajouter au fond. Remarque : L'emploi figuré consiste dans ces expressions dans une transposition de l'espace au temps. II.— Emploi intransitif. A.— ÉQUITATION. [En parlant du cavalier] Baisser la main et serrer le cheval avec les jambes. — VÉNERIE. [En parlant du cerf] Pousser sa nouvelle tête. [En parlant d'un oiseau] Se revêtir de ses plus grosses plumes. B.— Accroître en durée : Ø 25. Puis c'était le mois de mars, les jours allongeaient, l'hiver s'en allait, l'hiver emporte toujours avec lui quelque chose de nos tristesses; puis vint avril, ce point du jour de l'été, frais comme toutes les aubes, gai comme toutes les enfances; un peu pleureur parfois comme un nouveau-né qu'il est. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 114. III.— Emploi pronominal. A.— 1. Devenir plus long dans l'espace : Ø 26. Je me dis quelquefois : « Le Seigneur est semblable à l'architecte d'un dôme de fer comme j'en ai vu, qui laisse du jeu entre les matériaux qui forment sa charpente, afin que le fer s'allonge ou se raccourcisse librement, selon les saisons, sans que ça rompe son mécanisme. » ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 505. Ø 27. La tendresse des anciens jours leur revenait au coeur, abondante et silencieuse comme la rivière qui coulait, avec autant de mollesse qu'en apportait le parfum des seringas, et projetait dans leurs souvenirs des ombres plus démesurées et plus mélancoliques que celles des saules immobiles qui s'allongeaient sur l'herbe. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 38. 2. S'accroître en amplitude. — BALISTIQUE. Le tir s'allonge : Ø 28. Mais, soudain le tir s'allongea : ils balayaient à droite. Toutes les têtes se relevèrent. Oh! L'unique minute de bonheur, quand la mort est allée plus loin. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 207. 3. [En parlant d'une chose ou d'une personne] S'étendre, se développer sur toute sa longueur : Ø 29.... le vitrage de l'atelier a des échappées sur la large plaine, et, au bout de l'horizon, on voit s'allonger la ligne immobile de la forêt. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 248. Ø 30. Céline arrivait le dimanche matin, disait : je m'aboule pour une balade. — Lui, continuait à prétexter des travaux pressés, s'ingéniait, ainsi qu'il se l'était promis, à ne pas la suivre. Alors elle s'allongeait sur le divan, grommelait, remuait, jusqu'à ce qu'impatienté de ces manigances, il consentît enfin à la sortir. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 254. Remarque : En parlant d'une personne, emploi fréquent à l'impératif : Ø 31. — « Faisons les choses selon les règles », dit Philip, gaiement. « Allongez-vous là-dessus. » Il désignait la chaise longue recouverte d'une toile blanche, où il faisait étendre ses clients. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 891. — En particulier. · [À propos de l'expression du visage] Revêtir une expression de surprise, déception, contrariété : Ø 32. — Je m'en vais commencer par Landouzy, dit l'institutrice; de là je pense aller à Vorges. En entendant ce nom, Mademoiselle Creton sauta sur sa chaise, et sa figure se tira comme par mille ressorts invisibles; son nez se pinça, son menton s'allongea; Madame Chappe fut effrayée du changement subit qui s'était opéré sur la physionomie de la vieille fille. JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, page 146. Ø 33. Quelques mois après, si mon grand-père demandait au nouvel ami de Swann : « Et Swann, le voyez-vous toujours beaucoup? » la figure de l'interlocuteur s'allongeait : « Ne prononcez jamais son nom devant moi! » MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, page 194. · [En parlant de la morphologie d'une personne] S'amincir, s'affiner : Ø 34. Qu'il devait faire bon là-bas! Quelle fraîcheur sous la hêtrée! Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu'à lui. Il maigrit, sa taille s'allongea, et sa figure prit une sorte d'expression dolente qui la rendit presque intéressante. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 9. Ø 35. Les formes humaines renoncent à leur véhémence musculaire; elles aussi s'amincissent, s'allongent, aspirent à l'élégance plus qu'à la puissance. RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 296. · Familier. Tomber par terre, s'étaler de tout son long. 4. [En parlant de coups, de gifles, etc.] Se donner, s'envoyer : Ø 36. N'y a-t-il pas, d'ailleurs, partout de bons vieux portraits à vous faire passer devant un temps infini, en vous figurant le temps où leurs maîtres vivaient, et les ballets où tournoyaient les vertugadins de toutes ces belles dames roses, et les bons coups d'épée que ces gentilshommes s'allongeaient avec leurs rapières. GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 181. Ø 37. Et elles remontaient chez elles, en arrangeant une histoire, dont elles ne se servaient souvent pas, lorsqu'elles trouvaient leurs parents occupés à s'allonger des gifles, pour une soupe mal salée ou pas assez cuite. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 714. B.— S'accroître en durée : Ø 38. — On cesse de bâtir, les naissances diminuent, les morts se multiplient, les nuits s'allongent et les jours s'accourcissent. MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 254. Ø 39. La chute de l'Arno a comme des écaillures nacrées, d'un vert extrêmement pâle, et, plus bas, de cette même couleur orangée. Les pêcheurs au loin portent les nasses et regagnent leurs barques... merveille de ces jours qui s'allongent... ANDRÉ GIDE, Journal, Feuilles de route, 1895, page 64. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 179. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 544, b) 5 358; XXe. siècle : a) 4 148, b) 2 586.

« ? 5.

Pour suppl?er au d?faut de ses yeux, son nez allong?, mobile, dou? d'un tact exquis, explorait le monde sensible. ANATOLE-FRAN?OIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'?le des pingouins, 1908, page 12.

? 6.

C'est [le renard] une admirable b?te carnassi?re.

Allong?e, basse sur terre, la t?te triangulaire, les flancs ?vid?s comme pour fendre l'air... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 131.

? 7.

Elle [ma petite vendeuse] a des l?vres grenat, un peu allong?es, mais fines et enfantines, dans un teint mordor?, presque mat; elle fait voir ses dents quand elle sourit; deux incisives du haut sont un peu irr?guli?res. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volont?, La Douceur de la vie, 1939, page 42. ? 8.

Pour la premi?re fois, de la d?rision dans sa voix, un ton de complicit?.

Voulait-il me faire entendre que j'appartenais ? une autre fraternit?, la sienne? Il p?trit durement mes paumes sous ses pouces osseux et allong?s. RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 44.

Remarque?: 1.

Appliqu? au visage d'une femme, l'adjectif prend souvent une r?sonance admirative?: ? 9.

La t?te jolie si la bouche n'?tait pas trop grande, mais pleine d'expressions romanesques; blonde d'ailleurs avec un teint de brune, velout? et chaud, singulier contraste, et une couronne de tresses sur la t?te, sans une seule boucle.

Coiffure pleine de noblesse et de simplicit? et qui va merveilleusement ? l'ovale allong? de son visage.

JULES BARBEY D'AUREVILLY, Premier Memorandum, 1837, page 140.

? 10.

D?j? la salle enti?re ?tait ?blouie de cette beaut?, bien qu'elle n'e?t pas encore ?t? son masque, mais ce qu'on en voyait r?pondait du reste; le menton d?licat et pur, la coupe parfaite de la bouche dont les rougeurs de framboise gagnaient au voisinage du velours noir, l'ovale allong?, gracieux et fin de la figure, la perfection id?ale d'une mignonne oreille qu'on e?t pu croire cisel?e dans l'agate par Benvenuto Cellini attestaient assez des charmes enviables des d?esses m?mes.. »

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