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Définition: ÉTENDRE, verbe transitif.

Publié le 03/02/2016

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Définition: ÉTENDRE, verbe transitif. I.— [Avec l'idée dominante d'une modification de position ou de place] A.— Mettre (un organe articulé, un objet de forme allongée) en position horizontale. (Quasi-)synonymes : allonger, tendre; antonymes : plier, replier. 1. [Le sujet désigne une personne] a) [Le complément désigne un organe articulé, une partie du corps] Étendre le(s) bras. — Oui, reprit Baugé, qui étendait la main devant le soleil (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 525 ). Il se tait un instant et étend avec soin les jambes, pour ménager, aux genoux, son pantalon minable (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 63) : Ø 1.... elle avait les bras collés au corps, elle ne pouvait remuer; et quand Christophe posait la main sur sa menotte, pour rectifier la position des doigts et les étendre sur les touches, elle se sentait défaillir. Elle tremblait de jouer mal devant lui... ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 785. — Au participe passé. La jambe, la main étendue. De son bras droit, long étendu, on ne voyait que l'extrémité des doigts hors du bâti grossier de la manche (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, 5e. tableau, III, page 186) : Ø 2. Par instants Jaurès se tourne vers eux la main en l'air, achevant de rythmer sa phrase. Le bras demi-étendu, courbé, étendu devant lui, le doigt détaché de la main demi-close. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906, page 27. Remarque : 1. On rencontre dans la documentation l'emploi au sens de « faire étendre ». Vous vous rappelez une jeune fille (...) qui gardait les doigts fléchis sans qu'il fût possible de les lui étendre (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, page 223). 2. Étendu, dans cette valeur d'emploi, se rattache au concept de position, tendu, à celui de direction : le bras étendu en l'air, le bras tendu vers l'horizon. — Au figuré. [Avec une valeur symbolique de protection] Étendre le bras sur quelqu'un. Le protéger. Voici miss Anna Damby (...) Étendez le bras sur cette jeune fille, et sauvez-la (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Kean, 1836, III, 12, page 155 ). b) [Le complément désigne un objet tenu dans la main] Ne suis-je pas Prospero le magicien? (...) ne puis-je pas, en étendant ma baguette, faire le calme ou la tempête (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Kean, 1836 IV, 2, page 161 ). 2. Au figuré et par analogie. [Le sujet désigne un arbre, une fleur] Étendre ses racines, ses pétales. J'entrai jusque dans le grand salon sans rencontrer personne, et le jeune marronnier qui étendait là ses grandes feuilles me fit l'effet d'un ami (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 364 ). Des murs par-dessus lesquels des arbres étendaient leurs verdoyants rameaux (GEORGES DUHAMEL, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 76 ). — Fréquent au participe passé. Les branches étendues. B.— Placer (un objet) en (l')étalant sur une surface (lui) servant d'appui. 1. [Le complément désigne une matière souple, pliée] a) Déplier, déployer dans sa plus grande dimension. Il avait un journal, qu'il étendit pour ne point tacher son pantalon (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Boule de suif, 1880, page 126 ). — Fréquent au participe passé. Garine regarde le plan étendu sur la table (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 85 ). b) En particulier. Étendre du linge, la lessive. Placer le linge, la lessive lavés sur des cordes, sur un étendoir pour les y faire sécher. Nous trouvons M. Arnold le cadet occupé à dessiner, sa femme à étendre la lessive (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1804, page 54) : Ø 3. Comme il ne bougeait toujours point, elle se leva, prit un paquet de linge lavé et tordu, et se mit à l'étendre sur les buissons, (...) elle s'arrangea de façon à l'éclabousser avec ses draps mouillés, et elle le regarda effrontément, en riant ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 610. c) Emploi pronominal. Se déployer. (Quasi-)synonymes : se déplier, se dérouler, s'étirer. Nous montâmes en chaloupe, on hissa la voile qui s'étendit dans toute sa hauteur et nous couvrit de son ombre (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 385 ). La mer (...) poussait dans le golfe ses immenses demi-cercles ourlés d'écume. Chaque lame se dépliait à son tour et s'étendait à plat sur la grève comme une étoffe sous la main d'un marchand (VICTOR HUGO, La France et la Belgique, 1885, page 150 ). d) Par analogie. [Avec un complément circonstanciel de lieu] Étaler, répandre. La grande fraîcheur des crépuscules du Midi étendait sur la campagne un invisible manteau froid (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Champ d'oliviers, 1890, page 85 ). La nuit étendit sur le jardin ses voiles bleus (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 398 ). — Emploi pronominal. S'étaler, recouvrir. Une ombre, sans cesse épaissie et qui semblait funèbre, s'étendait sur la boutique de librairie (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail. 1897, page 185 ). Immense et clair, d'un blanc à peine bleuté, un ciel lavé s'étend sur la ville (ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 278) : Ø 4. Un beau soir, que le ciel moelleux, comme un tapis d'Orient, aux teintes chaudes, un peu passées, s'étendait au-dessus de la ville assombrie, Christophe suivait les quais, de Notre-Dame aux Invalides. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 767. · Par métaphore. Son sourire s'évanouit, une ombre s'étendit sur son visage (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1138 ). 2. [Le complément désigne un objet rigide, ou un ensemble d'objets] a) [Le complément désigne un objet plan ou de forme allongée] On étend un matelas [sur la galère] , un pur matelas espagnol, qui ne vous empêche en aucune façon de sentir les angles du bagage entassé au hasard (THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, 1843, page 60 ). Ce point d'appui installé, les ouvriers machinistes étendent quelques madriers, frappent un palan et montent des solives (GEORGES MOYNET, La Machinerie théâtrale, 1893, page 33 ). b) [Le complément désigne un ensemble d'objets] Étaler (des objets) çà et là. Puis il étendit sur des chaises toutes ses emplettes, qu'il considéra longtemps (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 288 ). Je rencontrai une bonne vieille qui étendait des herbes sèches dans la tombe d'une vierge antique, expirée le jour de ses noces (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 111 ). c) Par métaphore. [Sujet et complément désignent des lieux, des éléments du paysage] Le parc infini étend ses perspectives tantôt sur des profondeurs de forêt, tantôt sur les pays environnants (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, Jadis, 1883, page 597 ). Au creux de la vallée, Florence étendait ses dômes, ses tours et la multitude de ses toits rouges (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894page 115 ). C.— En particulier. [Le complément désigne le corps humain, une personne, un animal] 1. Coucher (quelqu'un) de tout son long. Je bégayai un adieu à mon pauvre ami Raoul et nous l'étendîmes à terre (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 280 ). Quel délice Que d'étendre à même la mousse Après la danse, le corps lisse! (PAUL VALÉRY, Charmes, 1922, page 151 ). — Au participe passé. Il se rencontre à la guerre des scènes où quatre hommes risqués causent plus d'effroi que les milliers de morts étendus à Jemmapes (HONORÉ DE BALZAC, Les Chouans, 1829, page 30 ). 2. Emploi pronominal à valeur réfléchi, usuel. Prendre une position allongée. Je vais m'étendre; étendez-vous un peu, cela vous reposera. (Quasi-)synonymes : s'allonger, se coucher. Je rentre à la maison, je me déshabille et je m'étends jusqu'au dîner (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 304 ). Après s'être lavé, il s'étendit avec délices dans les draps frais (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 778 ). Voir anthropoïde exemple 1 : Ø 5. André (...) prend le bras de Denise, et (...) la ramène doucement à l'ombre. — Étends-toi, maintenant; repose-toi. Il l'aide à s'allonger sur la chaise longue d'osier et s'assied à ses pieds. ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 180. SYNTAXE : S'étendre à plat ventre, sur le dos, sur le flanc; s'étendre sur un divan, un fauteuil; s'étendre sur l'herbe; s'étendre entre les draps; s'étendre sous la table, un arbre. — Au participe passé (Quasi-)synonymes : couché, vautré. Un petit chien jaune, (...) étendu de tout son long sur la terre nue (ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 201 ). Madame Mardrus, charmante, joue avec ses bagues sur le divan où je suis à demi étendu (ANDRÉ GIDE, Journal, 1902, page 123 ). Étendu sur son lit, il dévorait un dictionnaire taurin (HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 398 ). SYNTAXE : Étendu au flanc de, au fond de; étendu par terre, sur le gazon, sur l'herbe; mollement, négligemment, nonchalamment, paresseusement, voluptueusement étendu. 3. [Avec implication de violence; dans le but éventuel de tuer] Renverser (quelqu'un) (sur le sol). Un coup de couteau l'étendit inanimée sur le sol (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 192 ). a) Locution. Étendre raide (mort), étendre mort. Tuer. Il arrangeait la scène, discutait où il se placerait, comment il frapperait, afin de l'étendre raide (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 205 ). — Au participe passé. Je vois dans ce vêtement tramé par les Furies Cet homme étendu mort (PAUL CLAUDEL, Agamemnon, 1896, page 909 ). b) [Avec un complément prépositionnel de] Jeter à terre. Gaigneux, dur et râblé, était sûr de l'étendre d'une claque. Tout en se raidissant contre la tentation, il visait un coin de mâchoire (MARCEL AYMÉ, Uranus, 1948, page 85) : Ø 6. C'était pourtant à lui que ces choses étaient arrivées. C'était lui qui avait, d'un coup de crosse, étendu Bourrel à ses pieds, qui avait tiré dans la nuit, fracassant le genou de Piveteau. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 288. — Spécialement. SPORTS (LUTTE, BOXE). (Quasi-)synonyme : envoyer au tapis. Toto Sépulture ne fit pas long feu; au deuxième round Jacques l'étendit à terre d'un direct à la mâchoire de derrière les fagots (RAYMOND QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, page 61 ). — En particulier. Tuer. L'ennemi que j'ai étendu d'une balle au ventre avant qu'un autre ne le vengeât, je l'ai observé quand il mourait (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 570 ). c) Familier, populaire. Tuer. (Quasi-)synonymes : abattre, allonger. Tu vas me le dire tout de suite (...) ou je t'étends! (...) je sentais son bide trembler sous mon flingue (JULES SIMON, Touchez pas au grisbi, 1953, page 107 ). — Locution. Se faire étendre. · Se faire tuer (d'une balle). Et je comptais pas dans le lot [des dix cadavres, victimes de mon grisbi] la petite lope du square Vintimille qui s'était fait étendre elle aussi, au flan (JULES SIMON, Touchez pas au grisbi, 1953 page 231 ). · Par extension. Se faire prendre à partie violemment. C'était un coup à se faire étendre!... la bévue était effrayante! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 155 ). · Au figuré, familier (dans la langue des écoliers, étudiants). Échouer à un examen, un concours. II.— [Avec l'idée dominante d'un accroissement de dimensions] A.— [Accroissement de mesures, de quantités] 1. Faire couvrir une surface (plus grande) (à une substance). Étendre la colle avec un pinceau. (Quasi-)synonymes : étaler, répandre. Pendant que le mari étendait du beurre sur son pain, la femme prit l'oeuf et l'examina d'un oeil méfiant (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Conte de Noël, 1882, page 84 ). Maniant la minuscule truelle d'or, il feignait d'étendre le ciment (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 29 ). Une servante qui avec un linge humide, tâchait de nettoyer la jupe de doña Urraca, étendant ainsi les taches de vin sans les faire disparaître (PAUL-JEAN TOULET, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, page 114 ). — Emploi pronominal réfléchi. Gagner en surface, se répandre. La tache ronde, au plafond, s'élargissait, semblait s'étendre comme une tache de sang (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 169 ). 2. Accroître le volume (d'un liquide) par addition d'eau, soit pour augmenter sa quantité, soit pour atténuer sa force. (Quasi-)synonymes : allonger, diluer. Il [Péguy] s'habilla, prit un café au lait qu'il étendit abondamment d'eau chaude, puis regarda l'heure à sa montre (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Notre cher Péguy, 1926, page 240 ). — Au participe passé. Il suffisait de (...) tremper [les papiers] pendant quelques minutes dans le nitrate d'argent étendu d'eau (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 395 ). Des gouttes de benzine se séparent d'une masse d'alcool étendu d'eau (LUCIEN PLANTEFOL, Cours de botanique et de biologie végétale, tome 1, 1931, page 305 ). · Par ellipse. Acide azotique, sulfurique étendu. L'antiseptique de choix pour la désinfection des (...) cuves est le formol étendu (EUGÈNE BOULANGER, Malterie, brasserie, 1934, page 464 ). B.— Augmenter, prolonger. 1. [Le sujet désigne un phénomène physiologique, pathologique] a) Augmenter l'importance, la portée de. Le mal grandit et étend ses ravages (DOCTEUR ERNEST CADET DE GASSICOURT, Traité clinique des maladies de l'enfance tome 1, 1880-84, page 191 ). b) Emploi pronominal. L'an d'après le mal empira, le ravage s'étendit (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 94) : Ø 7.... nulle détente ne paraît se manifester dans le cas de la substance vivante. Plus le phénomène de la division cellulaire s'étend, plus il gagne en virulence. Une fois déclenché le jeu de la scissiparité, rien ne saurait arrêter au dedans (...) ce feu constructeur et dévorant PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, page 110. — S'étendre à.. Se propager à. L'irritation s'étendit à toutes les muqueuses (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 196 ). — S'étendre sur.. Couvrir. Une tuméfaction livide s'étendait sur la jambe (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 17 ). 2. [En parlant d'un phénomène acoustique] Elle [la coulisse] fut ajoutée à certains instruments de cuivre pour augmenter la longueur du tube sonore et pour étendre l'échelle des sons (DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE L'ART MUSICAL (PAUL ROUGNON) 1935). — Emploi pronominal. [En parlant de la voix humaine] S'étendre au-delà de. Produire une gamme de fréquence supérieure à. La voix humaine (...) ne peut s'étendre avec harmonie au-delà de deux octaves (DOM PIERRE-BENOÎT DE JUMILHAC, La Science et la pratique du plain chant, 1847, page 102 ). 3. [Le complément désigne une matière, un élément de nature littéraire, musicale] Augmenter, prolonger. Camille avait étendu, varié, modifié l'introduction à la cavatine de « Grâce pour toi, grâce pour moi », qui est presque tout le quatrième acte de Robert-le-Diable (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix, 1839-45, page 90 ). Au lieu de tonifier la pensée et de serrer la phrase, le feuilleton les étend et les délave, tire dessus comme sur une étoffe (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 571 ). 4. Accroître, augmenter géographiquement l'importance, la portée de. L'entreprise d'escroquerie étendait sur plus d'un département français ses ramifications ténébreuses (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 785 ). Ø 8. Je verrai, par la suite, à intéresser dans l'affaire mes voisins, les gens de ma maison, mes camarades. Puis j'étendrai petit à petit le cercle de mon activité, jusqu'au jour où le monde entier... mais n'anticipons pas. GEORGES DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, page 25. — En particulier. dans le domaine militaire, politique Étendre le front offensif : Ø 9.... nous avions été amenés à étendre notre front de combat de la Suisse à la mer du Nord, sur une étendue de six cent quatre-vingts kilomètres, (...) et à improviser à l'extrémité nord de ce front (...) une nouvelle bataille décisive. MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 1, 1929, page 244. · Emploi pronominal réfléchi. La Russie s'étendait en Extrême-Orient, où elle ne tarderait pas à se heurter au Japon dans un conflit désastreux (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 248 ). Remarque : On rencontre dans la documentation étendre loin. Augmenter la distance de beaucoup. Peu à peu, j'étendis mes courses fort loin en descendant au milieu des forêts du Ghylàn (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, page 185). C.— Au figuré. Développer, accroître la portée, l'influence (de). (Quasi-)synonymes : accroître, élargir, augmenter. 1. [Sans indication de limite ou de terme] Étendre ses connaissances, une hypothèse. Un homme pourvu d'entregent, qui cherchait à étendre ses affaires (JACQUES DE LACRETELLE, Les Hauts ponts, tome 1, 1932, page 190 ). Ces années lui permettent d'étendre, d'approfondir (...) sa connaissance de la vie et des hommes (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page VI. ). On dirait (...) que nous agrandissons l'Ignorance en la mutilant, que nous étendons son empire en lui arrachant des provinces (ALEXANDRE ARNOUX, Le seigneur de l'heure, 1955, page 109) : Ø 10. La vérité (...) est d'ordre psychologique. Elle témoigne seulement de l'« intérêt » que peut présenter la réalité. (...) Mais si l'on veut étendre et fonder rationnellement cette notion de vérité, (...) on restitue sa profondeur à l'expérience. ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 65. — Faire se développer. Loin de créer un antagonisme entre le tout et les parties, le progrès de la vie sociale doit étendre à la fois l'action de l'État et l'initiative individuelle (MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 269 ). — En particulier. [Le complément désigne le sens de mots, d'idées, de paroles] Amplifier, élargir. Les femmes savent donner à leurs paroles une sainteté particulière, elles leur communiquent je ne sais quoi de vibrant qui étend le sens des idées (HONORÉ DE BALZAC, Les Secrets de la Princesse de Cadignan, 1839, page 329) : Ø 11.... le petit enfant, du jour où il commence à parler (...) étend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel (...) pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet. HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 159. Remarque : On rencontre dans la documentation étendre au large. Étendre largement, beaucoup. J'étends au large le sens du mot imagination : c'est pour moi le nom de la vie intérieure, l'appellation collective des plus belles facultés de l'âme (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1834, page 181). SYNTAXE : Étendre son action, son activité, sa propagande, ses relations; étendre sa domination, son influence, ses pouvoirs, sa puissance, sa surveillance; étendre ses idées. — Emploi pronominal réfléchi. S'accroître, avoir, prendre de l'ampleur, de l'importance. Son commerce s'étend, le marché s'étend, les affaires s'étendent. (Quasi-)synonyme : prospérer. · Se répandre, gagner du terrain. Depuis, le mouvement n'a fait que s'étendre (ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social. 1893, page 164 ). On ne savait pas combien de facilités elle [la faillite des Allemands] trouverait à reprendre pied, à s'étendre contagieusement, favorisée par le penchant naturel de l'homme (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents. 1952, page 209 ). · En particulier. [Le sujet désigne l'esprit] S'accroître en portée, en puissance, en capacité. Son esprit s'étendit beaucoup : Ø 12. Il y a plus d'esprit à se tromper à la manière de Descartes, qu'à redresser Descartes comme un petit bachelier peut faire. Et cette grandeur d'esprit se voit encore mieux dans l'erreur, quand l'erreur est selon l'esprit, non selon les passions. Un esprit est grand parce qu'il se gouverne plutôt que parce qu'il s'étend. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1924, page 623. SYNTAXE : La culture, l'intelligence s'étend; l'autorité, le pouvoir s'étend; une calamité, un désastre s'étend; des perspectives s'étendent. 2. [Avec indication de limite ou de terme] a) Étendre à, jusqu'à, au-delà de. Accroître, élargir, généraliser (à, jusqu'à, au-delà de). Ce sentiment naît avec lui et étend ses désirs au-delà de son horizon et de sa vie (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 276 ). J'eus graduellement étendu ma manière jusqu'à m'en faire une méthode (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 13, 1863-69, page 224) : Ø 13.... rien ne les lassait dans cette recherche du vrai. Ils l'étendaient à l'art d'aujourd'hui, comme à l'art du passé; et ils analysèrent la vie privée de certains des plus notoires contemporains, avec la même passion d'exactitude. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 672. — [Avec un complément de temps] Ma grand'mère exigeait qu'avant de partir je m'étendisse (...) pendant une heure sur mon lit, sieste que le médecin (...) m'ordonna (...) d'étendre à tous les autres soirs (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 798 ). — Emploi pronominal à sens passif. S'étendre à.. Embrasser, s'appliquer à : Ø 14.... elle repoussait brusquement l'amant éventuel, décommandait le rendez-vous le soir-même où l'on croyait qu'elle allait se donner. — C'est une fille qui ne sait pas ce qu'elle veut (...). Cette indécision devenait maladive, et s'étendait à tous les domaines de la vie. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 146. — En particulier. [Avec un complément désignant des personnes] Elle étendit à toute la famille de son père la répugnance que celui-ci lui inspirait (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 117) : Ø 15. À Alexis Carrel revient la découverte d'une autre donnée (...). Les recherches, cette fois, ont porté sur l'animal, principalement sur les poulets et sur les chiens; mais on est certainement en droit d'étendre à l'homme les résultats obtenus. JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 119. · Emploi pronominal à sens passif. S'étendre à.. Aller jusqu'à, s'appliquer à. Quoi! Tu résistes? Mais j'ai le droit d'ordonner. Ne sais-tu pas que mon pouvoir s'étend à tout chrétien, mort ou vivant? (ERNEST RENAN, Drames philosophiques, L'Eau de jouvence, 1881, II, 5, page 469 ). b) Étendre sur.. Répandre sur, couvrir (de). Étendre son empire sur. Une poignée d'hommes, qui étaient venus s'établir sur les bords du Tibre, étendit sa domination sur les peuples voisins, et finit par envahir le monde (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 264 ). — Par métaphore. Étendre son ombre sur. Couvrir de son influence. Adieu la Grande École, Polytechnique (...) et tous ces cloîtres laïques (...) qui étendent leurs ombres austères et magnifiques sur l'enseignement secondaire (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, page 102 ). · En particulier. Étendre sa protection sur. Couvrir de sa protection. M. Hervouët n'avait jamais passé pour un de ces excentriques sur lesquels un bourg étend sa protection un peu ricaneuse (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Képi, 1953, page 158 ). 3. En particulier, emploi pronominal réfléchi. [Le sujet désigne une personne] Développer (oralement ou par écrit) un propos (relatif à quelqu'un ou quelque chose). (Quasi-)synonymes : insister, s'appesantir sur.", Puis, il y avait la cathédrale, il s'étendait sur la cathédrale, en homme bien renseigné et respectueux de la religion (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 193 ). J'ai lu le « Stéphane Mallarmé » de Mockel qui est beau, et sur lequel je m'étendrais si j'avais le temps et moins d'ahurissement (JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1906, page 134 ). Mais je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet (GUILLAUME APOLLINAIRE, Les Mamelles de Tirésias, 1918, page 868 ). — Par métaphore. L'ironie doit faire court. La sincérité peut s'étendre (JULES RENARD, Journal, 1908, page 1164 ). III.— [Avec l'idée dominante d'une représentation statique] Emploi pronominal réfléchi. A.— [Dans l'espace] 1. Occuper un certain espace, une certaine superficie. (Quasi-)synonyme : s'étaler. a) [Le sujet désigne un (élément du) paysage] Nice couchée au bord de l'eau s'étendait comme un fil blanc entre la mer et la montagne (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Madame Parisse, 1886, page 728 ). Il portait dans sa tête la carte des creux et des bosses de tout le pays qui s'étendait à deux kilomètres autour de la maison (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Aube, 1904, page 22) : Ø 16.... un des grands attraits de Londres c'est le passage brusque du maximum de la densité humaine à la verdure qui s'étend à perte de vue et à ces rues où il semble presque que personne ne passe jamais. CHARLES DU BOS, Journal, 1923, page 268. b) Au figuré. [Le sujet ne désigne pas un lieu] Le violet pur des lèvres, le front pâle et uni, les yeux, où s'étendait une rêverie glaciale, éblouirent Eucher (CHARLES MAURRAS, Le Chemin de Paradis. 1894, page 132 ). Le champ de l'histoire musicale s'étend à perte de vue (JULES COMBARIEU, La Musique, 1910, page 13 ). 2. Couvrir une certaine distance, une certaine longueur. (Quasi-)synonymes : s'allonger, s'étirer. La rue Notre-Dame de Lorette s'étendait noire et déserte (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1313 ). La construction s'étend en longueur au bas d'un vaste parc (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 223 ). — En construction impersonnelle. Il s'étend. Il y a. Et il ne s'étend tout de même pas des lieues entre les Gobelins et le minaret à horloge de la gare de Lyon (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance, 1958, page 192 ). — Au figuré. [En parlant d'un écrit] Je ne sais si j'ai donné le bon à tirer de ce qui s'étend de la page 506 à 511? (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1879, page 318 ). 3. En particulier. [Avec des sujet tels que l'oeil, le regard, la vue] Se porter (à une certaine distance). Une ascension d'abord à Notre-Dame sur les tours d'où l'oeil s'étend sur l'immense ville et vous en donne le plan (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1838, page 206 ). De l'étage où ils étaient, la vue s'étendait, par-dessus le mur d'en face, moins élevé que les autres, sur un de ces grands jardins de couvents (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 937 ). B.— Par analogie. [Dans la durée] Couvrir (un certain laps de temps), durer. S'étendre sur une quarantaine d'années. (Quasi-)synonyme : se prolonger. L'année apicole, qui est brève et dont l'activité ne s'étend guère que d'avril à la fin de septembre (MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 16 ). La période qui s'étend du 28 septembre au 4 octobre ne donnera donc lieu, devant la 9e. armée, qu'à des événements de peu d'importance pour la situation générale (MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 1, 1929, page 161 ). Le lundi s'étend ainsi qu'un désert sans caravanes (ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 83) : Ø 17. Ce qu'un écrivain français de race pure, en tout cas dans toute la période qui s'étend de Montaigne à Rousseau, non seulement vise par-dessus tout, mais au fond préfère à tout, c'est de vérifier sur lui-même, et à la faveur de ce lui-même, son idée générale de l'homme... CHARLES DU BOS, Journal, 1926, page 10. Remarque : On rencontre dans la documentation a) Étenderie, substantif féminin, domaine de la vitrerie. Sorte de rouleau en pierre destiné à l'étendage du verre (d'après Grand Larousse de la Langue française en six volumes). Le découpage, l'ouverture, l'étenderie et le maintien dans l'arche à recuire sont produits par des dispositifs mus électriquement (CLÉMENT DUVAL, Verre, 1966, page 62). b) Étendeur, euse, substantif, rare. Personne qui étend (quelque chose). J'ai parlé de vous au (...) chef des étendeurs de tapis de Son Altesse (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, page 146). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7 481. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 13 370, b) 10 867; XXe. siècle : a) 8 509, b) 9 465.

« 76 ). — Fréquent au participe passé.

Les branches étendues. B.— Placer (un objet) en (l')étalant sur une surface (lui) servant d'appui. 1.

[Le complément désigne une matière souple, pliée] a) Déplier, déployer dans sa plus grande dimension.

Il avait un journal, qu'il étendit pour ne point tacher son pantalon (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Boule de suif, 1880, page 126 ). — Fréquent au participe passé.

Garine regarde le plan étendu sur la table (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 85 ). b) En particulier.

Étendre du linge, la lessive.

Placer le linge, la lessive lavés sur des cordes, sur un étendoir pour les y faire sécher.

Nous trouvons M.

Arnold le cadet occupé à dessiner, sa femme à étendre la lessive (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1804, page 54) : Ø 3.

Comme il ne bougeait toujours point, elle se leva, prit un paquet de linge lavé et tordu, et se mit à l'étendre sur les buissons, (...) elle s'arrangea de façon à l'éclabousser avec ses draps mouillés, et elle le regarda effrontément, en riant ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 610. c) Emploi pronominal.

Se déployer.

(Quasi-)synonymes : se déplier, se dérouler, s'étirer.

Nous montâmes en chaloupe, on hissa la voile qui s'étendit dans toute sa hauteur et nous couvrit de son ombre (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 385 ).

La mer (...) poussait dans le golfe ses immenses demi-cercles ourlés d'écume.

Chaque lame se dépliait à son tour et s'étendait à plat sur la grève comme une étoffe sous la main d'un marchand (VICTOR HUGO, La France et la Belgique, 1885, page 150 ). d) Par analogie.

[Avec un complément circonstanciel de lieu] Étaler, répandre.

La grande fraîcheur des crépuscules du Midi étendait sur la campagne un invisible manteau froid (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Champ d'oliviers, 1890, page 85 ).

La nuit étendit sur le jardin ses voiles bleus (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 398 ). — Emploi pronominal.

S'étaler, recouvrir.

Une ombre, sans cesse épaissie et qui semblait funèbre, s'étendait sur la boutique de librairie (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail.

1897, page 185 ).

Immense et clair, d'un blanc à peine bleuté, un ciel lavé s'étend sur la ville (ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 278) : Ø 4.

Un beau soir, que le ciel moelleux, comme un tapis d'Orient, aux teintes chaudes, un peu passées, s'étendait au- dessus de la ville assombrie, Christophe suivait les quais, de Notre-Dame aux Invalides. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 767. · Par métaphore.

Son sourire s'évanouit, une ombre s'étendit sur son visage (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1138 ). 2.

[Le complément désigne un objet rigide, ou un ensemble d'objets] 2. »

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