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Définition du terme: CRAINDRE, verbe transitif.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CRAINDRE, verbe transitif. I.— [Le sujet désigne un être animé, généralement un être humain] Avoir une réaction de retrait ou d'inquiétude à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose qui est ou pourrait constituer une source de danger. A.— [Le complément d'objet est un substantif] 1. [Le complément d'objet désigne un être animé] a) [L'existence de l'être, désigné par le complément d'objet, est effective ou supposée telle] a ) Éprouver un sentiment d'inquiétude à l'égard de quelqu'un qui paraît constituer une source de danger. Craindre les bêtes féroces, les gendarmes, ses rivaux. Synonymes : avoir peur de, redouter. Craignant l'ennemi (confer exemple 4 ). Elle le craignait parce qu'il était méchant (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1788, page 231) : Ø 1. Son établissement [du rossignol] près de nous montrait qu'il ne nous craignait guère, qu'il avait un sentiment de la sécurité profonde qu'il pouvait avoir à côté de deux ermites du travail... JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 264. Ø 2. Gilbert ne craignait pas les gardes-chasse, mais il redoutait tout l'appareil de l'État inconnu, invisible, présent par les affiches, la conscription, les gendarmes, le percepteur (...), et par les nouvelles qui venaient jusqu'à la Vigie. RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 58. — [À la forme négative, par litote] Ne craindre personne pour/à quelque chose. S'estimer égal ou même supérieur à n'importe qui, en quelque chose. Il ne craint personne aux armes (NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, page 193 ). Pour la jactance il craint personne (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 44 ). · Emploi pronominal réciproque. Nous nous sommes craints l'un l'autre (HONORÉ DE BALZAC, Mémoires de deux jeunes mariées, 1842, page 351 ). Emploi pronominal réfléchi. Elle aime M. de Nemours, (...) elle le craint et se craint elle-même (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 4, 1892, page 297 ). · (Être) à craindre. Ces gens étaient à craindre, avec leur odieux journal (VICTORIEN SARDOU, Rabagas, 1872, III, 2, page 108 ). Soit qu'on jugeât ces pauvres hères moins à craindre que nous... (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 303 ). — Emploi factitif. · Faire craindre quelqu'un. [Le sujet de faire craindre désigne une caractéristique de la personne qui constitue la cause de l'inquiétude] Sa dédaigneuse raillerie ne contribuait pas médiocrement à la faire craindre (HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 259 ). · Se faire craindre (de quelqu'un). Les classes supérieures de la société commencèrent à se préoccuper du sort du pauvre avant que celui-ci se fît craindre d'elles (ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution. 1856, page 286 ). ß ) Spécialement. RELIGION (langue biblique). Craindre Dieu (Dieu terrible). Les habitants d'Orléans craignaient Dieu. En ce temps-là Dieu se faisait beaucoup craindre; il était presque aussi terrible qu'au temps des Philistins (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 135 ). — Par extension. Craindre Dieu (Dieu bon, mais constituant une autorité). Respecter, adorer. Il se trouva que le charpentier qui avait fait l'échelle, craignait Dieu (...) cet homme pieux établit sur la colonne un toit (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Thaïs, 1890, page 276 ). · Locution. Ne craindre ni Dieu ni diable. Ne rien respecter, n'avoir aucun scrupule. — Par analogie. [Le complément d'objet désigne une autorité humaine] Avoir des sentiments de respect mêlés d'inquiétude. Craindre ses chefs. Synonymes : révérer, vénérer. Maîtresse absolue de son terrain, vénérée et crainte (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, page 104 ). Le rédacteur judiciaire (...) est craint ou envié des policiers (GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 115) : Ø 3. Puis il [l'enfant] avait encore hérité d'une voix Où le commandement se mêlait à la fête Cordiale qu'on a de craindre sa maman PAUL VERLAINE, Poèmes divers, Retraite, 1896, page 183. b) [L'existence de l'être désigné par le complément d'objet est possible] Envisager avec inquiétude l'existence possible de quelqu'un qui paraît constituer une source de danger. Synonyme : redouter. Lui, ne craignait pas de rival, Quand il traversait mont ou val (CHARLES CROS, Le Coffret de santal, Drame en trois ballades, 1973, page 21 ). Aucun despote à craindre (ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, la Justice, 1878, page 68 ). Dans la confiance inconsciente que nul danger n'était proche, qu'aucun ennemi n'était à craindre (LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 155 ). — Rare. [Le danger vise une personne autre que celle qui ressent de l'inquiétude, cette personne étant désignée par un complément prépositionnel pour; confer I A 3 b] Je ne crains pour vous que les bandits sur la route, à cette heure (HENRI DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, III, 6, page 229 ). 2. [Le complément d'objet désigne une chose] a) [L'existence de ce qui est source de danger est effective ou supposée telle] Éprouver de l'inquiétude à l'égard de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Synonymes : avoir peur de, redouter. a ) [Le complément d'objet désigne un objet matériel, un élément ou un phénomène naturel] Elles [les chiennes] aiment leur maître, elles craignent la cravache (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 177 ). Thomas, cette nuit, ne craint pas la mer. Il craint le vent (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 113) : Ø 4. D'autre courage, point; craignant le tonnerre, craignant les ténèbres, craignant l'ennemi, et implacable pour qui lui faisait peur. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 291. · Proverbe. Chat échaudé craint l'eau froide. La déclaration est un tant soit peu roide, Mais, bah! chat échaudé craint l'eau, fût-elle froide (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 1, Jadis et naguère, 1884, page 320 ). — Familier. Se méfier de, éviter. Craindre le fromage. [A la forme négative, par litote] Ne pas craindre le vin. L'aimer, pouvoir en consommer une assez grande quantité. Aimez-vous la bière, monsieur Guitrel? — Je ne la crains point, monseigneur (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 325 ). ß ) [Le complément d'objet désigne un fait, un événement, un élément de situation de la vie humaine] Craindre la maladie, la mort. Et je crains l'amitié de l'homme variable (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Iphigénie à Aulis, 1903, page 158 ). L'homme craint la vérité encore plus qu'il ne l'aime (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1922, page 407) : Ø 5. Tarkington ne craignait pas le danger : les obus font partie du travail de jour. Mais ses rhumatismes craignaient l'eau... ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 101. b) [L'existence de ce qui est source de danger est possible] Envisager avec inquiétude l'existence possible, et/ou sentie comme imminente, de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Craindre l'accident fatal, une/la guerre, une/la tempête. Synonymes : appréhender, redouter. La mer devient houleuse... Je crains bien un orage (ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 172 ). Il se faisait (...) de petites remontrances intérieures et il craignait les reproches de Marius (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 440 ). Il fallait craindre des complications (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 187) : Ø 6.... les vivres enchérissaient. Le peuple craignait la famine; les aristocrates, disait-on, la souhaitaient, les accapareurs la préparaient. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 66. Ø 7. « Quand nous traverserons la clairière, se dit Alban, s'il passe un avion... » Et tout de suite il sursauta. Depuis quand avait-il de ces appréhensions? Était-ce son coeur mécontent qui lui faisait voir tout en trouble? Jamais, jamais, depuis trois mois, la pensée de pouvoir craindre un avion ne s'était présentée à lui... HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 133. — [Le danger vise une personne autre que celle qui éprouve l'inquiétude, cette personne étant désignée par un complément prépositionnel pour; confer I A 3 b] Elle avait craint pour lui les fatigues et les dangers de la guerre (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 1, 1855, page 412 ). Quand il faisait de l'orage, [elle] craignait pour lui la foudre (GUSTAVE FLAUBERT, Trois contes, Un Coeur simple, 1877, page 35 ). — [Avec un complément prépositionnel de désignant ce qui est à l'origine du danger] · Craindre quelque chose de la part de quelqu'un. Je craignais de ta part des suppositions odieuses (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 217 ). · Avoir (peu,...) à craindre de quelqu'un/quelque chose. Ceux qui ont tout à craindre de la vérité (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 280 ). Quand elle n'eut plus rien à craindre d'eux (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 168 ). — Emploi factitif. Faire craindre quelque chose (à quelqu'un). [Le sujet de faire craindre désigne ce qui constitue un signe de ce qui est considéré comme une source de danger] Porter à envisager avec inquiétude l'existence possible de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Sa réserve diplomatique [du billet] me fit craindre un refus du roi (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 569 ). Déclarations faisant craindre le pire (GÉNÉRAL ANDRÉ BEAUFRE, Dissuasion et stratégie, 1964, page 78 ). Ces crises gastro-intestinales (...) font craindre une défaillance surrénale aiguë (ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. 1965, page 497 ). 3. emploi absolu. Éprouver un sentiment d'inquiétude déterminé par l'idée d'un danger existant ou possible. a) [Sans complément prépositionnel pour] Quelque raison de craindre (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 6; confer aussi exemple 9 ). Sans espérer ni craindre (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1928, page 784) : Ø 8. L'animal, sans doute, ne rumine pas l'idée de la mort. Il ne craint que contraint de craindre. Le péril disparu, la puissance du pressentiment funeste s'évanouit... PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 189. — Argot " Être recherché par la police " (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON), 1960). « Depuis qu'il craint, Miton, qui est plutôt chaleureux, ne déplanque de sa piaule que la noïe » (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON) 1960). b) [Avec complément prépositionnel pour désignant la personne ou la chose menacée] — [Le complément prépositionnel pour désigne une personne] Craindre pour ses enfants : Ø 9. ALAIN. — Il y a longtemps qu'elle me fait peur. ÉLISABETH. — Pourquoi ne m'en as-tu rien dit? ALAIN. — Je ne voulais pas attirer ton attention... Je craignais pour nous deux... Tu vois? J'avais raison de craindre... FRANÇOIS MAURIAC, Les Mal aimés, 1945, II, 9, page 214. — [Le complément prépositionnel pour désigne une chose, le plus souvent un fait, un événement, un élément de situation de la vie humaine] Craindre pour la raison de quelqu'un, pour sa santé. Elle craignait pour l'avenir de ses enfants (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mademoiselle Mariette, 1853, page 113 ). J'avais craint pour les bâtiments du port (VALÉRY LARBAUD, Journal, 1932, page 265 ). B.— [Le complément d'objet est un énoncé verbal ou son substitut pronominal] 1. [Le sujet de l'énoncé verbal complément est le même que celui de craindre] Craindre de + infinitif. a) Éprouver un sentiment d'inquiétude à l'idée de faire ou de subir quelque chose. Craindre de se baisser, d'être seul. Il craignait de s'engager dans les montagnes (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 543 ). Craignant de partager sa chambre longtemps (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 330) : Ø 10. Il [le traducteur] doit toujours craindre, par une précision excessive, de limiter l'essor de l'imagination. L'âme humaine (et pourquoi craindre d'employer ce mot pour désigner ce faisceau d'émotions, de tendances, de susceptibilités dont le lien n'est peut-être que physiologique) reste de contours vaporeux, changeants, insaisissables... ANDRÉ GIDE, Journal, 1942, page 132. — [À la forme négative, par litote] Oser, avoir l'audace de. Ne pas craindre d'affirmer, de choquer : Ø 11.... Faria, abbé, savant, homme d'église, n'avait pas craint de risquer la traversée du château d'If à l'île de Daume, (...); lui, Edmond le marin (...) hésiterait-il donc à faire une lieue en nageant? ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 190. b) Envisager avec inquiétude qu'un fait jugé néfaste ait une existence effective. Craindre d'avoir été ridicule, de fondre en larmes, de tomber. Synonyme : appréhender de. Avec la hâte d'un voyageur pressé qui craint de manquer le train (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1400 ). Craindre de limiter l'essor de l'imagination (confer exemple 10): Ø 12. Nous passâmes si près de ce bâtiment, que nous observâmes jusqu'à la physionomie des individus; elle n'exprima jamais la crainte, pas même l'étonnement : ils ne changèrent de route que lorsqu'à portée de pistolet de l'astrolabe, ils craignirent d'aborder cette frégate. Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 3. · [Dans la langue de la conversation, avec expression hyperbolique; caractérisant les relations sociales] Craindre d'importuner. Je vous remercie, mon Père, mais je craindrais d'abuser... (ANDRÉ BILLY, Introïbo. 1939, page 233) 2. [Le sujet de l'énoncé verbal complément est différent de celui de craindre] Craindre que + subjonctif. Envisager avec inquiétude qu'un fait jugé néfaste ait une existence effective. Sans craindre qu'il me trahisse (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, page 120 ). Craindrai-je que l'univers connoisse mon péché, quand je n'ai pas craint que le Seigneur le connût (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, page 395) : Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 698) : Ø 13. On a pu craindre d'abord qu'elle [la Résistance] ne se survive artificiellement; on lui trouvait d'inquiétantes ressemblances avec le parti unique des dictatures. Cette inquiétude s'est dissipée à mesure que son rôle véritable se dégageait chaque jour plus clairement — son rôle qui est de susciter une nouvelle génération de grands parlementaires... FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 451. Remarque : 1. Emploi de la particule explétive ne et de la négation complète, dans la subordonnée régie par une forme de craindre. a) Après une forme affirmative non interrogative de craindre, si ce que l'on craint consiste dans la réalisation d'un fait, la particule explétive ne est généralement employé dans la subordonnée, mais il arrive qu'elle soit omise, cette tendance apparaissant comme un peu plus fréquente dans les textes du XXe. siècle que dans ceux du XIXe. siècle Je craignais qu'on ne se mît à rire (SENANCOUR, Obermann, tome 1, 1840, page 115). Les deux officiers craignaient que l'un des voyageurs aperçût l'iceberg (ÉDOUARD PEISSON, Parti Liverpool, 1932, page 194). Après une forme négative non interrogative de craindre, la particule explétive ne n'apparaît jamais dans la subordonnée : sans craindre qu'il me trahisse (confer supra). Après une forme interrogative, la particule explétive ne est souvent omise dans la subordonnée Craindrai-je que l'univers connoisse mon péché (confer supra); l'emploi de la particule est plus fréquent lorsque la forme de craindre est à la fois interrogative et négative. Ne craignez-vous pas que la publication de la Vita ne réveille mainte haine (...)? (HENRI DE MONTHERLANT, Malatesta, 1946, IV, 9, page 530). Ne craignez-vous point que Dieu se lasse (...)? (GEORGES BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, page 1593). b) Pour exprimer la négation dans la subordonnée, on emploie la négation complète (ne... pas, etc.), qui s'oppose à la particule explétive ne. Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici (confer supra). 2. On rencontre, exceptionnellement, dans la documentation craindre + complément d'objet substantif + adjectif ou participe attribut du complément d'objet, équivalant à craindre que + sujet + une forme de être + adjectif ou participe attribut du sujet Je les [les hôtels] crains très tuberculisés (PAUL VALÉRY, Correspondance [avec Gide] , 1908, page 414). Nous les [les origines d'un ouvrage] craignons humbles (PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 227). 3. Je le crains, nous le craignons (en incise, le représentant un énoncé verbal). Or, je le crains, l'auteur serait un professeur ennuyeux (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 225 ). Une série de superbes fragments, les Illuminations, à tout jamais perdus, nous le craignons bien (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Les Poètes maudits, 1884, page 34 ). Ils cèdent, je le crains, à une sympathie personnelle (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 262 ). — [Avec omission de le] Ce qui me manque, je crains, c'est la patience (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1822, page 18 ). II.— [Le sujet désigne une chose; le complément d'objet désigne un agent physique] Manifester de la sensibilité à quelque chose qui apparaît comme nocif. Le myrte craint les froids de l'hiver (ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 246 ). Un taxi qui ne craint ni les caniveaux ni même les degrés des raidillons (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 112) : Ø 14. — L'ibex a peur du lion, la colombe redoute l'épervier, la prunelle craint le soleil, et je ne te vois encore qu'à travers les terreurs et les éblouissements... THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 327. Remarque : Sur l'emballage de certaines marchandises sont inscrites des formules Ellipse comme craint l'humidité, la chaleur. · Argot " Ça craint le soleil, c'est de la marchandise volée " (Jacques Lacassagne, L'Argot du "milieu ", 1928, page 188) — Par analogie. [Le sujet est une personne envisagée comme quelque chose de fragile] Une douceur sournoise d'être fragile qui craint les chocs (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 243 ). Ses parents, qui, craignant le chaud... (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 25 ). J'ai toujours craint l'air vif à l'aube, je ne saurais trop me défendre contre sa malignité, reprit-il après un long silence (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1528 ). Remarque : Le sujet désigne parfois, non la personne, mais une caractéristique de la personne Ses rhumatismes craignaient l'eau (confer exemple 5). Fréquence absolue littéraire Craindre : 9 834. Craint : 2 022. Craignant : 938. Fréquence relative littéraire Craindre : XIXe. siècle : a) 18 722, b) 13 789; XXe. siècle : a) 11 047, b) 11 814. Craint : XIXe. siècle : a) 4 131, b) 2 564; XXe. siècle : a) 2 381, b) 2 267. Craignant : XIXe. siècle : a) 1 455, b) 1 754; XXe. siècle : a) 1 491, b) 910.

« 286 ). ß ) Spécialement.

RELIGION (langue biblique).

Craindre Dieu (Dieu terrible).

Les habitants d'Orléans craignaient Dieu.

En ce temps-là Dieu se faisait beaucoup craindre; il était presque aussi terrible qu'au temps des Philistins (ANATOLE- FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 135 ). — Par extension.

Craindre Dieu (Dieu bon, mais constituant une autorité).

Respecter, adorer.

Il se trouva que le charpentier qui avait fait l'échelle, craignait Dieu (...) cet homme pieux établit sur la colonne un toit (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Thaïs, 1890, page 276 ). · Locution.

Ne craindre ni Dieu ni diable.

Ne rien respecter, n'avoir aucun scrupule. — Par analogie.

[Le complément d'objet désigne une autorité humaine] Avoir des sentiments de respect mêlés d'inquiétude. Craindre ses chefs.

Synonymes : révérer, vénérer.

Maîtresse absolue de son terrain, vénérée et crainte (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, page 104 ).

Le rédacteur judiciaire (...) est craint ou envié des policiers (GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C.

du journalisme, 1952, page 115) : Ø 3.

Puis il [l'enfant] avait encore hérité d'une voix Où le commandement se mêlait à la fête Cordiale qu'on a de craindre sa maman PAUL VERLAINE, Poèmes divers, Retraite, 1896, page 183. b) [L'existence de l'être désigné par le complément d'objet est possible] Envisager avec inquiétude l'existence possible de quelqu'un qui paraît constituer une source de danger. Synonyme : redouter.

Lui, ne craignait pas de rival, Quand il traversait mont ou val (CHARLES CROS, Le Coffret de santal, Drame en trois ballades, 1973, page 21 ).

Aucun despote à craindre (ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, la Justice, 1878, page 68 ).

Dans la confiance inconsciente que nul danger n'était proche, qu'aucun ennemi n'était à craindre (LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 155 ). — Rare.

[Le danger vise une personne autre que celle qui ressent de l'inquiétude, cette personne étant désignée par un complément prépositionnel pour; confer I A 3 b] Je ne crains pour vous que les bandits sur la route, à cette heure (HENRI DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, III, 6, page 229 ). 2.

[Le complément d'objet désigne une chose] a) [L'existence de ce qui est source de danger est effective ou supposée telle] Éprouver de l'inquiétude à l'égard de quelque chose qui paraît constituer une source de danger. Synonymes : avoir peur de, redouter. a ) [Le complément d'objet désigne un objet matériel, un élément ou un phénomène naturel] Elles [les chiennes] aiment leur maître, elles craignent la cravache (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 177 ). Thomas, cette nuit, ne craint pas la mer.

Il craint le vent (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 113) : Ø 4.

D'autre courage, point; craignant le tonnerre, craignant les ténèbres, craignant l'ennemi, et implacable pour qui lui faisait peur. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 291. 2. »

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