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Définition du terme: CRU1, substantif masculin.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CRU1, substantif masculin. A.— Vieux. Accroissement, croissance. L'accroissement en une seule tige est (...) un caractère qui distingue les arbres de haut crû (JACQUES-JOSEPH BAUDRILLART, Nouveau manuel forestier, 1808, page 99 ). Voilà un beau poulain qui aura bientôt fait tout son crû (JEAN HUMBERT, Nouveau glossaire genevois, 1852, page 131 ). B.— Domaine de la production agriculture. 1. [Généralement à propos de vignobles] Ensemble de terres considéré du point de vue de ce qui y croît, d'une culture particulière. Goûtez ces cèpes de nos bois et ce vin de nos crus et dites si ce pays n'est pas la seconde terre promise (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Balthasar, 1889, page 82 ). — Par extension, rare. [À propos d'une production particulière] Nos bons beurres français, normands, bretons (...) n'ont pas tous le même goût, le même arome, pas plus que nos bons vins; il semble qu'il y ait là aussi une question de cru (ARMAND-FLORIAN POURIAU, La Laiterie, 1895, page 382 ). — Par métaphore : Ø 1....ils [certains juges] ont relu Gil Blas exprès pour s'assurer si le goût de terroir que l'écrivain y fait sentir est vraiment celui de l'Espagne ou s'il n'indique pas plutôt le cru naturel de la France... ADÈLE FOUCHER, MME VICTOR HUGO, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, 1863, page 173. — Expression syntagmatique. Substantif + de bon, excellent cru. Produit qui croît sur un terroir réputé; par extension de bonne qualité. Pommiers d'un excellent cru; vin vieux et de bon cru. Vin du cru de + nom propre. Vin du crû de la haute Bourgogne (confer Jean-Antelme Brillat-Savarin, Physiologie du goût, 1825, page 347 ). Souvent avec une valeur péjorative. Substantif + du cru. De la région. Dîner composé (...) du vin du cru (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale. 1831, page 195 ). Par métaphore. [À propos d'une particularité régionale] La langue du cru, ce patois admirable de couleur et de sonorité (ALPHONSE DAUDET, Numa Roumestan, 1881, page 62 ). — Expression familière. [En parlant de ce qui est propre à un individu] De mon, ton, son... cru. Il cite, reproduit le plus qu'il peut (...) écrivant de son cru le moins possible (PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, tome 4, 1922-24, page 56 ). 2. Par métonymie. Ce qui a crû, résultat d'une culture, d'une production particulière considérée du point de vue de sa spécificité géographique ou de sa qualité. Domaines réputés du pays (...) celui-là pour ses crus de fruits ou de vin (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, page 195 ). Tabac étranger, notamment le Kentucky (...) et d'autres « crus » des Indes néerlandaises et du Cameroun (L'Œuvre. 22 juin 1941). — En particulier. [À propos de la production viticole] Vin produit par un terroir particulier et considéré du point de vue de sa qualité bonne ou mauvaise. Crus renommés et classés; grand, haut cru; bouilleur* de cru. Les plus admirables crus des vins blancs devraient être distribués aux moines pour le service des messes (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 110 ). Posséder un cep qui fournisse un cru de table (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 34: Ø 2. Les meilleurs vins restaient « brut », sans remplacement du sucre converti en alcool par la fermentation. Les crus parfaits seuls osaient cette nudité où le sirop n'intervenait pas pour masquer les vices. PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 173. — Par métaphore. Un homme tout à fait de chez nous et un de nos premiers crus, d'un bouquet, d'une saveur inimitables (LÉON DAUDET, Au temps de Judas, 1920, page 63 ). Remarque : Certaines associations syntagmatiques restent ambiguës et la distinction B 1 et B 2 ne peut être précisée qu'en fonction d'un contexte élargi. a) (confer B 1) Les vignes basses, qui caractérisaient les grands crus du nord-est viticole français (LEVADOUX, Vigne, 1961, page 107). b) (confer B 2) La protection des vignobles de cru et l'amélioration qualitative de la production de tous les autres vignobles (LEVADOUX, Vigne, 1961, page 87). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 311. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 488, b) 396; XXe. siècle : a) 409, b) 450. Forme dérivée du verbe "croire" croire CROIRE, verbe transitif. I.— Emploi transitif direct. A.— Croire + complément. 1. [Le complément est un substantif] a) [Le substantif désigne une personne] — Croire quelqu'un.. Attacher une valeur de vérité, ajouter foi à ce que dit une personne; tenir quelqu'un pour sincère, pour véridique; estimer vraies ses paroles. Si nous devions croire Jean-Jacques (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 161) : Ø 1. Alors, Pauline (...) lui raconta que le caissier [manchot] appuyait l'instrument [le cor] contre un mur; et il la crut parfaitement, en trouvant ça très ingénieux. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 523. · Je vous/te crois; j'te crois (familier). Je considère que ce que vous dites/tu dis est vrai. Bernard Grandin répondit avec un accent badin de conviction sincère : — Je te crois qu'elle est belle! (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1155 ). · Croyez-moi, crois-moi. Pour confirmer ce que l'on dit et inviter l'interlocuteur à se ranger à son avis. Et croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici car elles ne vous louent guère (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 52 ). — Croire + substantif + attribut du complément : croire quelqu'un + qualité.. Prêter à quelqu'un une qualité. J'ai fait ce que j'ai pu pour qu'il me croie une garce, et, même, pour être, pour de bon, méchante (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, III, page 180 ). Pauvre Simon, qu'elle avait cru poète! (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 182 ). b) [Le substantif désigne une chose] Croire quelque chose. Le tenir pour véritable. J'ai de la peine à croire cela (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Dieu vous l'avait donnée, Dieu vous l'a reprise (...). — Je n'aurais jamais cru ça de lui (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 148 ). — Faire croire quelque chose à quelqu'un.. Persuader quelqu'un d'une chose (généralement inexacte ou fausse). Qui a pu vous faire croire une pareille sottise? (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 89 ). On peut leur [aux intelligences médiocres] faire croire des choses différentes (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 621 ). — Expressions. · Croire quelque chose comme l'Évangile/comme parole d'Évangile/comme article de foi. Croire quelque chose très fermement comme étant très sûr. · Croire tout comme article de foi. Être très crédule. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932 ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892. · Croyez cela et buvez de l'eau/ croyez cela et tenez-vous les pieds chauds. Ceci est absurde et vous ne pouvez le croire sans violer les lois de la raison et du sens commun. Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XX-20e. siècle (Pierre Larousse) ainsi que dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ ) et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) pour la 1re. expression. · J'aime mieux le croire que d'y aller voir. En parlant de quelque chose dont on doute mais que l'on préfère croire plutôt que de le vérifier. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle dont Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, ainsi que dans Larousse du xxe. siècle en six volumes et DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. · Si vous ne le croyez pas, allez y voir. En parlant à quelqu'un qui doute de ce qu'on lui affirme. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. siècle dont Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, ainsi que dans Larousse du xxe. siècle en six volumes. — Croire + substantif + attribut du complément. Être persuadé de, que. Lénine croyait cette tendance inévitable (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 286 ). c) En croire (en explétif). Croire sur un sujet déterminé. — En croire quelqu'un.. Ajouter foi à ce que dit quelqu'un à propos d'une question et en raison de la personne; s'en rapporter à quelqu'un. Ce quelque chose, à en croire Valéry, serait essentiellement humain (PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 159 ). Ces monstres qu'éveille, si l'on en croit Goya, le sommeil de la raison (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 332) : Ø 2. Son origine [de la cathédrale de Tolède] se perd dans la nuit des temps, et, s'il faut en croire les auteurs indigènes, elle remonterait jusqu'à l'apôtre Santiago... THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, page 146. · Croyez-m'en, si vous m'en croyez. Pour inviter quelqu'un à se ranger à un avis. Si vous m'en croyez, mon enfant, vous n'en ferez rien (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, I, page 145 ). · À l'en croire. Locution exprimant le doute; si l'on s'en rapporte à. — En croire quelque chose. S'en rapporter à quelque chose. Lucky, son hibou, son dernier compagnon, si je dois en croire les journaux (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 188 ). Si j'en crois l'histoire (PAUL CLAUDEL, Le Ravissement de Scapin, 1952, page 1342 ). · Ne pas en croire ses yeux/ses oreilles. Ne pas se fier à ce qu'ont vu les yeux, ou entendu les oreilles, tant c'est étonnant et difficile à croire. Il obtint son effet de surprise. Nous avions peine à en croire nos oreilles, et il nous fallut une bonne minute pour réaliser cette extravagante aubaine (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 283 ). — En particulier, emploi pronominal. S'en croire.. Avoir une haute opinion de soi-même, de son mérite, de sa valeur. S'en croire beaucoup. C'est un caractère difficile : elle s'en croit. Il y a sa mère aussi, qui se pousse du col (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 78 ). Elle est fière. Je dirais même qu'elle s'en croit un peu (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, IV, 7, page 226 ). 2. [Le complément est une proposition] a) Croire + proposition complétive : croire que.. Penser que, sans certitude absolue; considérer comme probable : Ø 3. — Je crois que vous deviendrez aveugle, dit Ricarda. — Je le sais, dit Pujolhac. Vous dites « je crois », moi, je dis « je suis sûr ». JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 212. Remarque : Selon la règle commune aux verbes déclaratifs, lorsque croire est affirmatif, on admet la certitude, la possibilité de ce qui va suivre et le verbe de la subordonnée est à l'indicatif (confer supra exemple 3); lorsque croire est négatif ou interrogatif, on considère le fait comme douteux, même impossible, et le verbe de la subordonnée est au subjonctif, à l'indicatif futur ou au conditionnel. Vous croyez qu'elle accepterait? demanda-t-il (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 143). (confer également infra exemple 4). — Faire croire que. Une maladresse de Chloé lui fait croire que Caracalla soupçonne la vérité (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 217 ). Elle voudrait me faire croire qu'elle est pucelle (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 150 ). — Expressions. · Croire que c'est arrivé. Prendre quelque chose au sérieux; s'imaginer que tout se déroulera selon les prévisions faites. Il a la drôle de tête de l'homme qui croit que c'est arrivé mais qui ne sait pas au juste comment ça va se terminer (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 147 ). · Ne croyez pas. Précaution oratoire employée pour introduire une phrase et l'atténuer : Ø 4. L'insulte est la monnaie courante, quelques très grands metteurs en scène vont jusqu'à la gifle. Et ne croyez pas que cela soit gratuit. Cela se sent toujours, après, quand on écoute la pièce, si le maître a été vraiment viril. JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 50. · Ne croyez-vous pas que? Pour atténuer une question. Ne croyez-vous pas que Monsieur l'a terrorisée en entrant? (GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 3e. tableau, 10, page 1639 ). · Il faut croire que. Il est vraisemblable que. Il faut croire que la tunique allemande leur seyait peu, puisqu'ils furent soupçonnés (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 236 ). b) Croire + infinitif. — Croire + infinitif + complément. Avoir l'impression ou admettre que quelque chose est certain. Werbrust et Gigonnet ont cru me faire une farce (...) je vais bien rire ce soir à leurs dépens (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 410 ). Je crois voir, la nuit, sous les meubles, un chat qui me regarde (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Histoire comique, 1903, page 2 ). — Croire + infinitif + infinitif (pouvoir ou un autre verbe). Avec valeur d'auxiliaire et constituant une manière d'atténuer une affirmation. Je crois devoir vous dire très simplement que je souhaite pour la France et pour vous, mon Général, que vous sachiez et puissiez échapper au désastre (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 269) : Ø 5.... je n'étais pas seule à être exaspérée par cette habitude qu'a prise Robert de toujours dire qu'il a « cru devoir faire » tout ce que, simplement, il a fait parce qu'il en avait envie, ou bien, plus souvent encore, parce qu'il lui paraissait opportun d'agir ainsi. Ces derniers temps, il perfectionne; il dit : « J'ai cru de mon devoir de... » comme s'il n'agissait plus que mû par de hautes considérations morales. ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1280. 3. [Le complément est un adjectif] Croire + adjectif + de + infinitif. Croire nécessaire de, croire utile de. Juger, estimer le bien-fondé d'une action, d'un acte, exprimé par l'infinitif. Pour plus de sûreté, elle avait cru bon de quitter Annecy (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 67 ). B.— Absolument. 1. Accepter des vérités certaines comme vérité par adhésion de l'esprit, mais également par acte de volonté. Croire, c'est considérer comme vraie une certaine connaissance; c'est juger qu'elle est conforme à ce qui est (THÉODORE JOUFFROY, Nouveaux Mélanges philosophiques, 1833, page 164) : Ø 6. [James Knight à Wilfred] — (...) on peut croire d'une certaine manière, je ne sais comment, avec la tête, sans doute. Et puis on peut avoir jusque dans la moelle des os la certitude que ce qu'on croit est vrai. Ça, c'est le don de Dieu. JULIEN GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, page 236. 2. Spécialement. Avoir la foi religieuse : Ø 7. Dans la solitude, j'avais entendu la voix du Seigneur (...). Dès lors, le doute fut chassé de mon coeur; je crus et je priai! ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Paul Jones, 1838, IV, 3, page 184. 3. Par affaiblissement. · Je crois (en proposition incise). À mon avis, dans mon opinion, autant que je sache. « Quand tout le monde a tort, tout le monde a raison », dit (je crois) Mirabeau (JULIEN GREEN, Journal, 1950, page 359 ). · Tu crois? Vous croyez? Formule polie indiquant le scepticisme devant une affirmation : Ø 8.... Hamlet, Othello, Antoine et Cléopâtre. Il est indispensable que tu les connaisses au moins de cette manière-là. — Tu crois? — Mais oui. JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 189. · Je crois bien. Cela ne m'étonne pas. II.— Emploi pronominal. A.— Se croire + complément. Imaginer quelque chose comme réel; s'imaginer être... 1. Se croire + attribut. a) [L'attribut est un adjectif] Cet homme se croit habile (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Il n'y a que des dupes qui puissent se croire utiles à leurs semblables (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 390 ). Vous vous croyez admirable, alors que votre attitude a quelque chose d'assez vil (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, II, 4, page 804 ). b) [L'attribut est un substantif] : Ø 9. Ils [les hommes] se croient architectes, maçons, gendarmes, prêtres, tisseurs de lin, ils se croient pour leurs intérêts ou leur bonheur et ils ne sentent pas leur amour, de même que ne sent point son amour celui qui vaque dans la maison tout absorbé par les difficultés du jour. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 813. — Populaire et familier. Se croire le premier moutardier du pape. Se donner de l'importance et être persuadé qu'on en a beaucoup. 2. Se croire + complément. Je vous ferai mes compliments bien sincères sur l'ordonnance de cette fête (...). On se croirait vraiment à Versailles (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Les Demoiselles de Saint-Cyr, 1843, III, 7, page 154 ). B.— Absolument, péjoratif et familier. Avoir une haute opinion de soi-même; être rempli de vanité, de présomption, d'orgueil (confer exemple 9). III.— Emploi transitif indirect. A.— [Le complément est précédé de à] Croire + à + substantif. Être persuadé de quelque chose par adhésion de l'esprit, de manière rationnelle, mais aussi avec confiance. 1. [Le substantif désigne une personne] Croire à quelqu'un. a) Être persuadé de l'existence réelle de quelqu'un. Croire à Dieu, au diable. Il m'a même dit qu'il avait cru au diable avant de croire à Dieu (ANDRÉ GIDE, Journal, 1914, page 491 ). Certains ont cru aux anges, aux démons, aux génies (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 878) : Ø 10. — Et puis quand il va s'apercevoir que je me suis fichue de lui, dit Sylvaine, ça va être terrible! — Oh! il a cru au gosse; il croira bien à une fausse couche. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 135. — Croire au Père Noël (confer Jean-Paul Sartre, La Mort dans âme, 1949, page 53 et 254 ). Être très naïf; se faire beaucoup d'illusions. b) Croire à une catégorie de personnes, y ajouter foi; s'y fier. Croire aux astrologues, aux médecins (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Ce qui lui manquait [à Manette] pour l'aimer [Coriolis] , c'était d'y croire, d'avoir foi en lui (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, page 217 ). Ne te fie pas à la jeunesse, crois aux vieillards (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire. 1890, page 357) : Ø 11. Ce groupe met à sa tête un homme que j'estime comme particulier, auquel je ne crois pas comme homme politique... AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 3, 1812-76, page 211. 2. [Le substantif désigne une chose] Croire à quelque chose. a) Penser que quelque chose a une existence réelle. Croire à l'âme, à l'immortalité. Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 189) : Ø 12. Les plus grands esprits sont toujours des esprits sceptiques. Ils croient cependant à quelque chose : ils croient à tout ce qui peut les rendre plus grands. C'est le cas, par exemple, de Napoléon, qui croyait à son étoile, c'est-à-dire à soi-même. Or, ne pas croire aux croyances communes, c'est évidemment croire à soi, et souvent à soi seul... PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 220. — Croire à quelque chose dur comme fer. Y croire fermement, sans en démordre. Il [Leconte de Lisle] a cru dur comme fer à une Grèce qui n'a jamais existé que dans le cerveau de son ami [Louis Ménard] (MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, page 4 ). b) Avoir confiance en quelque chose : Croire à l'avenir, à la révolution. Ah, messieurs! croyez à l'Assemblée de vos représentants (Le Moniteur. 1789, page 347 ). [Ils] ont cru aux dés (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 569) : Ø 13. Car il [Brichot] avait cette curiosité, cette superstition de la vie, qui unie à un certain scepticisme relatif à l'objet de leurs études, donne dans n'importe quelle profession, à certains hommes intelligents, médecins qui ne croient pas à la médecine, professeurs de lycée qui ne croient pas au thème latin, la réputation d'esprits larges, brillants, et même supérieurs. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 251. Ø 14.... vous êtes capable de mourir pour une idée, c'est visible à l'oeil nu. Eh bien, moi, j'en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je ne crois pas à l'héroïsme, je sais que c'est facile et j'ai appris que c'était meurtrier. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime. ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1349. — Veuillez croire à..., je vous prie de croire à... (mes amitiés, mes sentiments). Formule épistolaire de politesse. [Je] vous prie de croire, mon Général, à mes sentiments profondément et fidèlement dévoués (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 571 ). c) Penser qu'il peut s'agir de quelque chose; penser que quelque chose est probable. On ne peut rien dire encore (...). Je croirais à une fièvre cérébrale. L'excitation nerveuse est très intense (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 24) : Ø 15. On peut l'avoir poussée, certes, mais sans lui donner de coups, sans qu'elle se défende... — On ne l'a pas poussée. — Vous croyez donc à l'accident? GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 62. — C'est à n'y pas croire (confer Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 338). C'est inouï; ceci est si peu vraisemblable qu'il semble difficile à croire. B.— [Le complément est précédé de en] Croire + en + substantif. Apporter une adhésion totale mais personnelle, en y attachant une valeur éthique qui porte l'individu à se comporter en conséquence avec confiance et amour. 1. [Le substantif désigne une personne] Croire en quelqu'un.. Avoir confiance en lui. Pour aimer la gloire, il faut faire grand cas des hommes; il faut croire en eux (PAUL VALÉRY, Tel quel I, 1941, page 34 ). Vous avez perdu confiance, vous ne croyez plus en moi, on ne croit plus en moi, c'est ce qui me tue (GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 939) : Ø 16. La Ville-aux-Fayes croyait d'ailleurs en son Maire. La capacité de Gaubertin n'était pas moins prônée que sa probité, que son obligeance; il appartenait à ses parents, à ses administrés tout entier, mais à charge de revanche. HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844-50, page 176. — Croire en Dieu. Croire à son existence et avoir beaucoup d'amour et de confiance en Lui; avoir la foi : Ø 17. À peine quelque préjugé est-il détruit par le tems, qu'on le voit remplacé par d'autres. Qu'y avons-nous gagné? Nous ne croyons plus en Dieu; mais nous croyons au diable : nous nous moquons des martyrs, et nous révérons les magiciens; nous rions des mystères, et nous redoutons les prestiges; nous jouons les esprits forts, et nous sommes des illuminés. JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, page 258. — Croire en soi. Être confiant en soi-même, en sa valeur, en son mérite, en ses possibilités. Mais seraient-elles [les circonstances actuelles] un obstacle insurmontable si vraiment je croyais en moi avec la foi, avec l'illusion, de jadis? (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1943, page CXXI. ). 2. [Le substantif désigne une chose] Croire en quelque chose. Avoir confiance en quelque chose : Ø 18.... le temps pendant lequel tu auras cru en quelque fausse nouvelle t'aura grandement déterminé, car elle sera travail de graine et croissance de branches. Et ensuite, même si te voilà détrompé, tu seras autrement devenu. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 855. Remarque : Noter également la forme croire dans, contraction de croire en le ou, devant un nom pluriel, croire en les. — En faire croire. Abuser de la crédulité. C.— Croire + de (confer I A 3 croire nécessaire de, croire bon de). Croire de son devoir de. S'imaginer qu'on a le devoir de. Il croyait de son devoir d'accompagner l'annonce d'un petit commentaire particulier (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 282 ). Remarque : On rencontre dans la philosophie un emploi substantival de l'infinitif du verbe au sens de « fait de croire ». Je suis venu, disait-il [Kant] , supprimer le « savoir » pour y substituer le « croire », ce qui ne signifiait pas détruire la science, mais la situer (JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 96; confer également DU BOS, Journal, 1926, page 88). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 78 833. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 116 246, b) 110 528; XXe. siècle : a) 103 369, b) 114 688.

« des vins blancs devraient être distribués aux moines pour le service des messes (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 110 ).

Posséder un cep qui fournisse un cru de table (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 34: Ø 2.

Les meilleurs vins restaient « brut », sans remplacement du sucre converti en alcool par la fermentation. Les crus parfaits seuls osaient cette nudité où le sirop n'intervenait pas pour masquer les vices. PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 173. — Par métaphore.

Un homme tout à fait de chez nous et un de nos premiers crus, d'un bouquet, d'une saveur inimitables (LÉON DAUDET, Au temps de Judas, 1920, page 63 ). Remarque : Certaines associations syntagmatiques restent ambiguës et la distinction B 1 et B 2 ne peut être précisée qu'en fonction d'un contexte élargi.

a) (confer B 1) Les vignes basses, qui caractérisaient les grands crus du nord-est viticole français (LEVADOUX, Vigne, 1961, page 107).

b) (confer B 2) La protection des vignobles de cru et l'amélioration qualitative de la production de tous les autres vignobles (LEVADOUX, Vigne, 1961, page 87). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 311.

Fréquence relative littéraire : XIXe.

siècle : a) 488, b) 396; XXe. siècle : a) 409, b) 450. Forme dérivée du verbe "croire" croire CROIRE, verbe transitif. I.— Emploi transitif direct. A.— Croire + complément. 1.

[Le complément est un substantif] a) [Le substantif désigne une personne] — Croire quelqu'un..

Attacher une valeur de vérité, ajouter foi à ce que dit une personne; tenir quelqu'un pour sincère, pour véridique; estimer vraies ses paroles.

Si nous devions croire Jean-Jacques (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 161) : Ø 1.

Alors, Pauline (...) lui raconta que le caissier [manchot] appuyait l'instrument [le cor] contre un mur; et il la crut parfaitement, en trouvant ça très ingénieux. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 523. · Je vous/te crois; j'te crois (familier).

Je considère que ce que vous dites/tu dis est vrai.

Bernard Grandin répondit avec un accent badin de conviction sincère : — Je te crois qu'elle est belle! (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1155 ). · Croyez-moi, crois-moi.

Pour confirmer ce que l'on dit et inviter l'interlocuteur à se ranger à son avis.

Et croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici car elles ne vous louent guère (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, II, page 52 ). — Croire + substantif + attribut du complément : croire quelqu'un + qualité..

Prêter à quelqu'un une qualité.

J'ai fait ce que j'ai pu pour qu'il me croie une garce, et, même, pour être, pour de bon, méchante (JACQUES AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, III, page 180 ).

Pauvre Simon, qu'elle avait cru poète! (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, 2. »

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