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Définition du terme: CUIT, CUITE2, participe passé et adjectif.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CUIT, CUITE2, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de cuire* II.— Adjectif. A.— [L'état qualifié par l'adjectif résulte d'une intervention de la volonté humaine; correspond à cuire I A; en parlant d'une substance] 1. [En parlant d'un aliment] Qui a été soumis à l'action d'une source de chaleur qui le modifie dans sa substance. Une tranche de jambon cuit, pommes cuites. Antonyme : cru. Il surveillait maman Coupeau, exigeant les biftecks très cuits, pareils à des semelles de soulier (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 609 ). Le lait concentré, les crèmes cuites, les confitures, étaient ses mets préférés (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1949, page 1117 ). SYNTAXE : Un oeuf à moitié cuit; une odeur de viande cuite; nourriture cuite ou nourriture crue; fruits cuits; des biftecks tendres et cuits à point. — En particulier. Vin cuit. Vin de consistance sirupeuse obtenu par la fermentation de moût concentré à chaud. Arôme de vin cuit; vin cuit de Palette (confer Blaise Cendrars, Bourlinguer, 1948, page 311 ). — Avoir son pain cuit. Avoir sa subsistance assurée. Remarque : On rencontre dans la documentation la variante populaire avoir son pain de cuit (où de cuit fonctionne comme attribut de l'objet). Les marchands étaient sur le pas de leurs portes. Petits et grands regardaient la carriole (...) Par ici, l'un disait : « Elle a du pain de cuit, celle-là » (HONORÉ DE BALZAC, Vieille fille, 1836, page 326). — Emploi comme substantif singulier avec valeur de neutre. Le cru et le cuit, titre d'un volume des Mythologiques de C. Levi-Strauss. Quand on dépasse 70o (...) le lait prend (...) un goût de cuit très défavorable (ARMAND-FLORIAN POURIAU, La Laiterie, 1895, page 51 ). — VITICULTURE. « Le goût du cuit résulte de l'oxydation, au contact de l'air et à des températures élevées, des éléments végétaux les plus divers » (Dictionnaire de l'Académie Gastronomique. 1962). 2. [En parlant de substances non comestibles] Qui a été soumis à l'action d'une source de chaleur afin d'être approprié à un usage spécifique. — Usuel. Qui a été chauffé de manière à durcir afin d'être façonné. Brique crue ou cuite; mur de brique cuite. Son teint paysan tournait à la brique trop cuite (HERVÉ BAZIN, La Tête contre les murs, 1949, page 248 ). · Terre cuite. Terre argileuse durcie et façonnée au feu. Terres cuites émaillées, dites faïences; terres cuites façonnées par un potier. — Locution figurée, familière. Cuit et recuit. Endurci. Un vieux barbu cuit et recuit murmure : « Pauvre Déroulède! » (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913-14, page 307 ). SYNTAXE : Carreaux, fourneau, jarres, pipe, pots, statuettes, vase de terre cuite; assiette, buste, casserole, lampes, ustensiles en terre cuite; terre cuite boueuse, poreuse, rouge; poêles en terre cuite ou en faïence, en terre cuite ou en pierre. — Huile cuite. " On augmente la siccavité naturelle de l'huile (...) en la cuisant avec des composés métalliques, d'où le nom primitif d'huile cuite donné aux huiles dont on augmente la siccavité " (Charles Coffignier, Les Vernis, 1921, page 431). Les huiles cuites donnent une protection [contre la rouille] moins bonne que les huiles crues (CHARLES COFFIGNIER, Couleurs et peintures, 1924, page 689 ). — Soie cuite. " Soie complètement débarrassée de son grès (manchon entourant le fil de soie pure et qui est soluble dans l'eau savonneuse bouillante) " (Jean Coulon, Technologie générale pour la modiste, 1951, page 38). B.— Par extension. [L'état qualifié par l'adjectif résulte de l'action spontanée de la nature; correspond à cuire I B] Qui a été soumis à l'action de la grande chaleur, aux intempéries ou à d'autres effets violents. (Quasi-)synonyme : brûlé; synonyme ou parfois antonyme : gelé. 1. [En parlant des végétaux, de la nature] Brûlé, desséché (par le soleil, la chaleur, le froid ou le gel). Ces giroflées (...) qui ressemblaient, cuites de froid (...) à de pauvres salades ébouillantées (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 12) : Ø 1. La Beauce, à l'infini, s'étendait, écrasée sous un sommeil de plomb. On en sentait la désolation muette, les chaumes brûlés, la terre écorchée et cuite... ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 301. — Par analogie. PEINTURE. " Se dit de tons très chauds qui semblent en quelque sorte, avoir été dorés, cuits et recuits par la lumière " (Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884). Tons cuits, couleurs cuites. Le rouge cuit des poteries environnantes (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 73 ). Remarque : On rencontre aussi dans cette acception la forme cuit et recuit (supra A 2). Les marches cuites et recuites, toutes brunies, du château (Maurice Barrès, Une enquête aux pays du Levant, tome 1, 1923, page 294). 2. [En parlant d'une partie du corps humain, en particulier de la peau] Bruni, desséché. Sa peau cuite fait des plis serrés autour de ses yeux (JULES RENARD, Nos frères farouches, 1910, page 148 ). Des mains tannées à la grande tannerie, des mains cuites, des mains sans vie (JEAN GIONO, Solitude de la pitié, 1932, page 107 ). — Par métaphore (et par rencontre partielle avec le sens A 1) Des yeux cuits. Des yeux inexpressifs, vides. Ses yeux jaunes [de Claude] m'observaient, cuits, inexpressifs : deux oeufs de moineau sur le plat (HERVÉ BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, page 89 ). C.— Par métaphore et/ou au figuré (des emplois A et B) 1. [Par référence à un aliment prêt, parce que cuit, à être consommé] a) [En parlant d'une affaire, d'une situation] Achevé, terminé, prêt. Remarque : Dans cet emploi, cuit n'est employé que comme attribut, alors que tout cuit fonctionne comme épithète. a ) Achevé et de ce fait prêt pour une utilisation ou une exploitation immédiate, un effet facile. C'est cuit, l'affaire est cuite : Ø 2. Ils avaient forcé la main au syndicat, l'atelier avait fermé ses portes (...) le syndicat avait conseillé de céder (...) Ils avaient décidé la reprise du travail. En crânant, bien sûr, en disant que ce n'était pas cuit, que c'était à revoir. ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 80. — Tout(e) cuit(e) (en épithète). Une occasion toute cuite. · Locution métaphorique, vieille. C'est tout cuit. La chose est toute préparée, simple à obtenir ou à accomplir. [Un donneur de cambriolages :] ils ont caché (...) un grand pot (...) plein d'or (...) c'est tout cuit et bon à manger (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 8, 1842-43, page 135 ). — Emploi comme substantif singulier avec valeur de neutre. C'est du tout cuit. L'affaire est faite, le succès est assuré; " c'est gagné d'avance " (Dictionnaire de l'argot moderne (GÉO SANDRY, MARCEL CARRÈRE), argot des courses 1963); " c'est dans le sac " (L'argot d'hier et d'aujourd'hui (JEAN RIVERAIN, FRANÇOIS CARADEC) 1969). Passer une frontière, dès maintenant [que j'étais suspecté d'un rapt] , ça devait pas être du tout cuit (JULES SIMON, Touchez pas au grisbi, 1953, page 134 ). ß ) Péjoratif. Achevé, et de ce fait non modifiable. Locution familière. Les carottes* sont cuites. Les jeux sont faits; on ne peut plus rien changer. Remarque : Suivant les contextes, l'expression a aussi la valeur de a) ou b). b) [En parlant d'une personne] Mûr, prêt à être exploité (emploi érotique). Une de ces filles qui ne sont savoureuses qu'une fois cuites, je veux dire éprises (HERVÉ BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, page 37 ). 2. [Par référence à une substance soumise à l'action violente et destructrice de la chaleur; en parlant d'une personne] a) Argot, vieilli. Dont la raison a été brûlée par l'alcool; ivre. T'est rond... t'es cuit... Rond, cuit, saoul d'la veille et malade (ARISTIDE BRUANT. 1901). b) [Par référence à une substance brûlée au feu] L'affaire est cuite; c'est cuit. " C'est manqué, fichu " (L'argot d'hier et d'aujourd'hui (JEAN RIVERAIN, FRANÇOIS CARADEC) 1969). C'est cuit; nous avons perdu le procès (PAUL MORAND, Les Extravagants, 1936, page 198 ). c) Ruiné, perdu. Je suis bien bête, Dieu me protège, car si cet animal s'était adressé demain à ces messieurs, j'étais cuit (HONORÉ DE BALZAC, Melmoth réconcilié, 1835, page 327 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 473. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 363, b) 817; XXe. siècle : a) 848, b) 753. Forme dérivée du verbe "cuire" cuire CUIRE, verbe. I.— Emploi transitif. A.— Soumettre une matière à l'action du feu ou d'une source de chaleur correspondante qui modifie cette matière dans sa substance, généralement pour la rendre propre à un certain usage. 1. [Le complément d'objet désigne des aliments] Soumettre à l'action d'une source de chaleur qui modifie l'aliment dans sa substance, pour le rendre propre à la consommation. a) [Le sujet désigne une personne] Cuire du pain, cuire quelque chose à la broche, à petit feu. Le dîner était acheté : la concierge le cuirait (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 450 ). Elle sait (...) cuire les confitures de cassis (GEORGES DUHAMEL, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 51) : Ø 1.... il n'est pas un prisonnier qui n'ait profondément méprisé la barbarie teutonne en matière de cuisine. Un pays où la grillade est inconnue, où l'on ne conçoit pas de cuire une viande autrement qu'à l'eau,... FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 191. SYNTAXE : Cuire une brioche, un potage; cuire quelque chose en cocotte, au four, à four doux, sur le fourneau; cuire quelque chose sur un feu vif. · À cuire [En parlant d'un aliment] Qui n'est à consommer que cuit. Loche [en normand : « secoue l'arbre pour faire tomber... »] des pommes à cuire (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Le Vieux, 1884, page 133 ). · Au figuré. Dur à cuire [En parlant d'une personne] Qui résiste. Notre colonel, qui était ce qu'on nomme un dur à cuire (ALFRED DE VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, page 196 ). Des gaillards durs à cuire (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Knock, 1923, I, page 3 ). Confer dur*-à-cuire. — Emploi pronominal à sens passif. Tout cela se cuisait en cachette sur des feux de fortune (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946page 40 ). — En particulier, emploi absolu. Cuire du pain. Ce boulanger cuit deux fois par jour (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Ceux qui avaient cuit la veille lui offrirent du pain frais (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Ville et les champs, 1907, page 140 ). · Proverbe, vieilli. Vous viendrez cuire à mon four, " Vous aurez quelque jour besoin de moi, et je trouverai l'occasion de me venger " (Dictionnaire de l'Académie Française). b) [Le sujet désigne l'agent physique de la cuisson] Un trop grand feu brûle les viandes, au lieu de les cuire (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). — Par analogie, vieilli. [Le complément d'objet désigne des fruits] Faire mûrir. Le soleil n'est pas assez chaud dans ce pays-là pour bien cuire les melons (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Le jour est brûlant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit (ANNA DE NOAILLES, L'Ombre des jours, 1902, page 12 ). 2. [Le complément d'objet désigne certains matériaux] Soumettre à l'action d'une source de chaleur qui modifie le matériau dans sa substance pour le rendre propre à un usage spécifique. a) [Le sujet désigne une personne] Cuire des briques, la chaux, des couleurs; fourneau à cuire les émaux. Ils (...) pétrissaient et cuisaient des vases d'argile (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, page 19) : Ø 2. [Les habitants des Pays-Bas] ont eu l'idée de cuire [la terre] et de cette façon la brique, la tuile, qui sont les meilleures défenses contre l'humidité, se trouvent sous leur main. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 258. — Emploi pronominal à sens passif. Le plâtre se cuit entre murs (LOUIS SER, Traité de physique industrielle, 1890, page 2 ). b) [Le sujet désigne l'agent physique de la cuisson] La vapeur destinée à cuire les couleurs est introduite entre l'enveloppe intérieure et l'enveloppe intermédiaire (Manuel du fabricant de couleurs. tome 2, 1884, page 303 ). — emploi absolu. Les fours très vieux cuisent moins vite et moins bien que les fours neufs (ALEXANDRE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, 1844, page 229 ). 3. Par plaisanterie. [Le complément d'objet désigne une personne] Brûler, soumettre au supplice du feu. Démons, damnés, maudits, sont dans la cuve atroce (...) et le bain Qui les cuit, rafraîchit là-haut le chérubin (VICTOR HUGO, Religions et religion, 1880, page 194 ). B.— Par analogie. 1. Soumettre à l'action de la chaleur qui peut en modifier l'apparence. a) Rare. [Le sujet désigne une personne] Vinca (...) cuisait paisiblement au soleil ses hautes jambes (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Blé en herbe, 1923, page 125 ). b) [Le sujet désigne l'agent physique (source de chaleur)] Peau cuite par le soleil. Nous ne sentons même pas les rayons qui nous cuisent (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 82) : Ø 3. En semaine, Philippe ne va pas à l'auberge, et le soleil seul cuit ses joues; mais chaque dimanche, après vêpres, le vin achève de les cuire. JULES RENARD, Nos frères farouches, 1910, page 153. 2. [La cause du processus peut ne pas être une source de chaleur] Donner l'aspect de quelque chose qui a été soumis à l'action de la chaleur qui en modifie l'état. Je devine (...) Quelles larmes cuisaient comme l'eau de la mer, Au long des nuits, tes yeux (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, Noces corinthiennes, 1876, page 246 ). Fougères cuites par la gelée (PAUL MORAND, Lewis et Irène, 1924, page 24 ). Le soleil cuisait les pivoines (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 137 ). C.— Au figuré. [Le sujet désigne un sentiment] Provoquer une sensation d'irritation ou de douleur psychologique. Alors j'avais envie de l'interroger, une envie qui me cuisait le coeur (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Masque, 1889, page 1165 ). II.— Emploi intransitif. A.— Être soumis à l'action du feu ou d'une source de chaleur correspondante qui modifie la matière traitée dans sa substance, généralement pour qu'elle devienne propre à un certain usage. 1. [Le sujet désigne des aliments] Être soumis à l'action d'une source de chaleur pour devenir propre à la consommation. Faire cuire à petit feu, dans du vin, au four; mettre à cuire cinq minutes. Le bouc en morceaux cuisait dans le beurre rance (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1856, page 642 ). Des légumes cuisaient à la vapeur dans des percolateurs (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 94) : Ø 4. Tante Agathe, (...) a fait cuire le souper. Mais vous pensez bien qu'il faut néanmoins surveiller à la cuisine. Même les plats qui paraissent cuire tout seuls, comme le jambonneau, le salé aux pommes de terre, (...) on dirait qu'ils ont besoin de sentir qu'on a l'oeil sur eux. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 45. · " Ces légumes, ces fèves, ces pois, etc., cuisent bien, ne cuisent pas bien. " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Ils sont faciles ou difficiles à cuire " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Au figuré, familier. [Le sujet désigne une personne] Rester sans aide, sans secours. Je cuisais dans cette affreuse situation, quand Monseigneur vous envoya chez nous (FERDINAND FABRE, Les Courbezon, 1862, page 127 ). Il faut le laisser s'énerver dans l'attente! Le laisser cuire! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Képi, 1943, page 46 ). Il me met surtout en garde contre le mauvais esprit de la population qui, gavée depuis la guerre, dit-il, a besoin de cuire dans son jus (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1063 ). Remarque : Dans la conversation familière, on emploie l'expression Va te faire cuire un oeuf au sens de " va-t-en, tu m'importunes ". 2. [Le sujet désigne des matériaux] Être soumis à l'action d'une source de chaleur qui modifie le matériau dans sa substance, pour devenir propre à un usage spécifique. [Il y a] cuisson simple (...) [quand] la pâte et l'enduit vitreux [peuvent] cuire à la même température (ALEXANDRE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, 1844 page 181) : Ø 5. Il trouva de l'argile sur des terres qu'il possédait à Leers, fit cuire de la brique « à l'air », sans four, à la mode d'autrefois comme l'a fait Vauban pour ses fortifications. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 477. 3. Par plaisanterie. [Le sujet désigne une personne] Être soumis au supplice du feu. [Théodore d'Héraclée] que l'on fit cuire jadis, dans la ville d'Amasée, à petit feu (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, La Cathédrale, 1898, page 462 ). B.— Par analogie. [La cause du processus peut ne pas être une source de chaleur] Prendre l'aspect de quelque chose qui a été soumis à l'action de la chaleur qui en modifie l'état. Ses yeux bleus avaient cuit dans les larmes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 305 ). Il a fait cet été une chaleur extraordinaire, il semblait vraiment que le soleil était une arme du mal. Qui pouvait regarder sans colère les beaux feuillages en train de cuire? (JEAN GIONO, Chroniques, Noé, 1947, page 321 ). C.— Par extension. 1. [Le sujet désigne un animé ou un inanimé] Être soumis à une grande chaleur. Pendant que tu avais froid à Terre-Neuve, on cuisait ici, et, pendant que tu grillais en Afrique, nous grelottions dans nos habits d'été (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 4, 1812-76, page 278 ). D'amples parkings sans ombrage où cuisent les tôles des voitures (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 36 ). · [Avec un sujet impersonnel] : Ø 6. Dans la ville, (...) une torpeur morne régnait. (...) Seul le vieux malade de Rieux triomphait de son asthme pour se réjouir de ce temps. — Ça cuit, disait-il, c'est bon pour les bronches. Ça cuisait en effet, mais ni plus ni moins qu'une fièvre. Toute la ville avait la fièvre, c'était du moins l'impression qui poursuivait le docteur Rieux,... ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1240. — [La cause n'est pas une source de chaleur] Le beau froid! un cent d'aiguilles me picotent les joues. (...) Je cuis. Loué soit Dieu! mon teint reprend son lustre (ROMAIN ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, page 26 ). 2. [Le sujet désigne une partie du corps humain; le verbe est suivi d'un complément secondaire désignant une personne] Être le siège ou la cause d'une sensation de brûlure. La peau lui cuit. Il cacha dans ses mains ses joues chaudes, ses yeux dont les paupières lui cuisaient (JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 101) : Ø 7. La rouette de madame Lepic se lève, prête à cingler. Poil de Carotte, pâle, croise ses bras, (...) les reins chauds déjà, les mollets lui cuisant d'avance,... JULES RENARD, Poil de carotte, 1894, page 210. · Rare. [Sans complément second] Tu ne connais pas le désert, quand il y monte une tempête de sable... Les yeux cuisent, le sang vous aveugle, on n'y voit plus clair (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 296 ). · Locutions proverbiales, vieillies. Trop gratter cuit, trop parler nuit (Dictionnaire de l'Académie Française). Si l'on dépasse la mesure, il en résulte un mal au lieu d'un bien. 3. Au figuré. Causer une douleur morale, un sentiment pénible. Mon remords, qui me cuisait cruellement parfois, a disparu sans raison (LÉON DAUDET, Le Coeur et l'absence, 1917, page 159 ). Me précipitant tout-à-fait dans la franchise, au risque de recevoir quelque demi-mot ou quelque regard humiliant qui me cuise pendant six mois (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Correspondance, tome 2, 1800-42, page 310 ). — Emploi impersonnel. En cuire à quelqu'un. S'il vous en cuit, je m'en lave les mains, vous l'aurez cherché! (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, tome 1, 1858, page 164 ). Tâche à présent de voir l'avenir plus en rose, ou cette fois il t'en cuira (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 171) : Ø 8.... je ne te conseille pas de dresser contre Egisthe ta petite tête venimeuse : il sait, d'un coup de bâton, briser les reins des vipères. Crois-moi, fais ce qu'il t'ordonne, sinon il t'en cuira. JEAN-PAUL SARTRE, Les Mouches, 1943, I, 5, page 38. · [Le verbe est suivi d'un complément à valeur causale (substantif ou infinitif) introduit par de] Il vous en cuira de votre trop de confiance (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 2, 1821-24, page 124 ). On n'est sage qu'après qu'il en a cuit de ne pas l'être (ROMAIN ROLLAND, L'Âme enchantée, 1925, page 25 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 602. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 468, b) 1 111; XXe. siècle : a) 1 081, b) 914.

« en pierre. — Huile cuite.

" On augmente la siccavité naturelle de l'huile (...) en la cuisant avec des composés métalliques, d'où le nom primitif d'huile cuite donné aux huiles dont on augmente la siccavité " (Charles Coffignier, Les Vernis, 1921, page 431).

Les huiles cuites donnent une protection [contre la rouille] moins bonne que les huiles crues (CHARLES COFFIGNIER, Couleurs et peintures, 1924, page 689 ). — Soie cuite.

" Soie complètement débarrassée de son grès (manchon entourant le fil de soie pure et qui est soluble dans l'eau savonneuse bouillante) " (Jean Coulon, Technologie générale pour la modiste, 1951, page 38). B.— Par extension.

[L'état qualifié par l'adjectif résulte de l'action spontanée de la nature; correspond à cuire I B] Qui a été soumis à l'action de la grande chaleur, aux intempéries ou à d'autres effets violents.

(Quasi-)synonyme : brûlé; synonyme ou parfois antonyme : gelé. 1.

[En parlant des végétaux, de la nature] Brûlé, desséché (par le soleil, la chaleur, le froid ou le gel).

Ces giroflées (...) qui ressemblaient, cuites de froid (...) à de pauvres salades ébouillantées (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 12) : Ø 1.

La Beauce, à l'infini, s'étendait, écrasée sous un sommeil de plomb.

On en sentait la désolation muette, les chaumes brûlés, la terre écorchée et cuite... ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 301. — Par analogie.

PEINTURE.

" Se dit de tons très chauds qui semblent en quelque sorte, avoir été dorés, cuits et recuits par la lumière " (Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884).

Tons cuits, couleurs cuites.

Le rouge cuit des poteries environnantes (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 73 ). Remarque : On rencontre aussi dans cette acception la forme cuit et recuit (supra A 2).

Les marches cuites et recuites, toutes brunies, du château (Maurice Barrès, Une enquête aux pays du Levant, tome 1, 1923, page 294). 2.

[En parlant d'une partie du corps humain, en particulier de la peau] Bruni, desséché.

Sa peau cuite fait des plis serrés autour de ses yeux (JULES RENARD, Nos frères farouches, 1910, page 148 ).

Des mains tannées à la grande tannerie, des mains cuites, des mains sans vie (JEAN GIONO, Solitude de la pitié, 1932, page 107 ). — Par métaphore (et par rencontre partielle avec le sens A 1) Des yeux cuits.

Des yeux inexpressifs, vides.

Ses yeux jaunes [de Claude] m'observaient, cuits, inexpressifs : deux oeufs de moineau sur le plat (HERVÉ BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, page 89 ). C.— Par métaphore et/ou au figuré (des emplois A et B) 1.

[Par référence à un aliment prêt, parce que cuit, à être consommé] a) [En parlant d'une affaire, d'une situation] Achevé, terminé, prêt. Remarque : Dans cet emploi, cuit n'est employé que comme attribut, alors que tout cuit fonctionne comme épithète. a ) Achevé et de ce fait prêt pour une utilisation ou une exploitation immédiate, un effet facile.

C'est cuit, l'affaire est cuite : Ø 2.

Ils avaient forcé la main au syndicat, l'atelier avait 2. »

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