Définition et usage du mot: BARBE1, substantif féminin.

Définition et usage du mot: BARBE1, substantif féminin. Poil qui pousse au bas du visage de l'homme, sur le menton et les joues : Ø 1. Je regardais hier le buste d'un philantrope; c'était une tête à moitié chauve, une barbe en pointe, et l'air d'un sous-chef à son bureau. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1910, page 86. Ø 2. À ces deux types s'en superposait un autre, arménoïde (Hittite), avec l'occiput vertical et le nez grand, proéminent et recourbé, qui donnait au visage un profil d'oiseau, et qui lui aussi se rasait la barbe;... ALFRED-CORT HADDON, Les Races humaines et leur répartition géographique, traduit par Arnold Van Gennep. 1930, page 192. SYNTAXE : Barbe blanche, clairsemée, fournie, grise, soignée; barbe romantique, vénérable; collier de barbe, port de barbe; couper sa barbe, laisser croître, pousser sa barbe, porter la barbe longue; faire, couper la barbe; se raser la barbe. · Barbe de bouc, ou simplement bouc. Barbe courte et taillée en pointe sous le menton, et ressemblant à celle d'un bouc. Barbe fleurie (vieux). Barbe grise ou de poils blancs (comme les fleurs des arbres au printemps). Femme à barbe : Ø 3. — Vous êtes trop jeune pour avoir visité l'Admirable's Gallery, continua la dame. En dehors de banalités comme la femme à barbe et l'homme-squelette... RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 171. Ø 4. [L'instituteur à Léone :] — Je n'ai pas de goût pour les femmes à barbe. FRANÇOIS MAURIAC, Le Sagouin, 1951, page 80. · Jours de barbe (vieux). Les jours où l'on se fait la barbe. Plat, bassin à barbe. Confer plat. A.— Par analogie. 1. [En parlant d'animaux] a) Ensemble des poils qui poussent près du nez ou sous la mâchoire inférieure de certains animaux. La barbe d'une chèvre, d'un bouc. b) Spécialement. — [En parlant du cheval] Point de réunion des deux branches du maxillaire inférieur qui n'est recouvert que par la peau. — Chacun des filaments implantés de chaque côté du tuyau des plumes des oiseaux. · Barbes de poissons. Cartilages qui servent de nageoires horizontales aux poissons plats. Barbe de coq. Appendice charnu qui pend sous le bec des coqs. Barbes de baleine. Crins qui terminent les fanons des baleines : Ø 5. Je rentrai à la maison satisfait et je fis cadeau à Bépino d'un magnifique fouet esquimau qui lui faisait envie depuis longtemps, dont le manche trapu était fait des barbes de baleine et la longue lanière tressée de cuirs de différentes couleurs. BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 230. 2. [En parlant de plantes] a) Généralement au pluriel. Filaments qui garnissent certains végétaux, en particulier les épis des graminées : Ø 6. La besogne des boeufs terminée, vinrent des serviteurs qui, armés d'écopes de bois, élevaient le blé en l'air et le laissaient retomber pour le séparer des pailles, des barbes et des cosses. THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 266. Ø 7. Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule Les bercent, le long des calices accroupis Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules — Et leur membre s'agace à des barbes d'épis. ARTHUR RIMBAUD, Poésies, Les Assis, 1871, page 84. b) Élément de composition utilisé pour la formation de noms de plantes. Barbe-de-bouc. Salsifis sauvage. Barbe-de-capucin. Chicorée sauvage comestible. Barbe-de-chèvre. Espèce de spirée aux petites fleurs blanches disposées à l'extrémité des tiges. Barbe-de-moine. Plante parasite dont les tiges rougeâtres sont dépourvues de feuilles. Barbe-de-Jupiter. Petit arbrisseau aux feuilles argentées et soyeuses. Barbe-de-renard. Astragale épineux. 3. Emplois spéciaux ou techniques. a) Chose qui, par son aspect, sa forme ou ses caractères, ou encore par son emplacement, rappelle la barbe. — ANATOMIE. Barbes du calamusique " Stries acoustiques " (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). — ASTRONOMIE. " Prolongement lumineux qu'on observe parfois à l'avant d'une comète " (Dictionnaire français-français des mots rares et précieux 1965). — ARTILLERIE. Tirer en barbe. " Tirer le canon par-dessus la hauteur du parapet sans le pointer par les embrasures " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — HABILLEMENT. · Frange qui occupe le bas d'un masque. La barbe d'un loup, d'un masque de femme (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). · Au pluriel " Bandes de toile ou de dentelle qui pendent à certaines coiffures de femme. " (Dictionnaire de l'Académie Française) " Les barbes d'un bonnet. " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 8. — « Tout est prêt, mon fils, » dit simplement la vieille, raide et droite sous sa cambrésine, la coiffe aux barbes jaunies, qu'elle ne quittait pas même pour les grandes fêtes. ALPHONSE DAUDET, Le Nabab, 1877, page 208. — MARINE. · Partie du bordage d'avant du navire à l'endroit où l'étrave s'assemble avec la quille (confer barbette). · Barbes de carène. Herbes qui poussent sur la carène. Ancres mouillées en barbe. " On dit que des ancres mouillées sont en barbe quand le navire mouille deux ancres à un faible écartement l'une de l'autre, sans que les chaînes soient reliées l'une à l'autre " (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE)). Appeler, venir en barbe (en parlant des câbles). Travailler ensemble. Être en barbe. Être mouillé à l'avant et à peu de distance d'un autre navire. Nous étions en barbe du vaisseau anglais (Larousse du 19e. siècle. ). Barbes de chat. " Nuages qui apparaissent pendant le mauvais temps et dont la disparition peut faire prévoir une accalmie " (Petit dictionnaire de marine (ROBERT GRUSS) 1952) : Ø 9. Nos ailes nous portent, et le ciel, avec ses raies de maquereau, ses queues de jument et ses barbes de chat, et la mer qui ne cesse de s'ouvrir et de se fermer comme une fleur, le ciel et la mer s'ajustent ensemble pour former une espèce de guitare ou de gondole limpide qui se déplace avec nous. JACQUES AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 1er. tableau, page 23. b) Généralement au pluriel. Petites irrégularités (filaments, bavures, etc.) que l'on fait généralement disparaître par un travail de finition. — GRAVURE. " Aspérités laissées par le burin après son passage sur le cuivre " (Albert Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, page 289) : Ø 10. Personne avant lui [Rembrandt] n'avait songé à éteindre en quelques endroits la transparence du papier (...) Rembrandt obtint cet effet, (...) en ménageant les copeaux imperceptibles que la pointe du graveur a soulevés (...) Ces copeaux, appelés barbes, retiennent le noir d'imprimeur... CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 635. — PAPETERIE. " Parties terminales d'une feuille de papier tirée à la forme " (Albert Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, page 289). c) Pièce en saillie d'un assemblage ou d'un mécanisme. — SERRURERIE. " Petite saillie ménagée sur le côté d'un pène et contre laquelle s'engage le panneton de la clef, pour faire avancer ou reculer le pène " (Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) 1881). d) CONFISERIE. Barbe à papa. Confiserie formée de filaments de sucre : Ø 11.... on laisse tomber du verre fondu sur un disque chaud. Le verre adhère au disque mais, en même temps, la force centrifuge communiquée au disque le chasse et le divise vers la périphérie (procédé donnant en confiserie la « barbe à papa »). CLÉMENT DUVAL, Le Verre, 1966, page 97. B.— Par métaphore ou au figuré. 1. Expressions et locutions familières ou argotiques. a) Familier. · Avoir de la barbe. " Jargon des gens de lettres, pour désigner une vieille histoire qui a couru toute la presse. " (Lucien Rigaud, Dictionnaire du jargon parisien, 1878, page 25). « Histoire qui a une barbe de sapeur. » (LUCIEN RIGAUD, Dictionnaire du jargon parisien, 1878, page 25 ). · Avoir de la barbe au menton. " Avoir atteint l'âge viril, ou bien appartenir au sexe masculin " (Nouveau Larousse illustré, Grand Larousse de la langue française en six volumes). · Jeune barbe. Jeune homme : Ø 12. Il était blond et frisé, il reste presque tel avec quelque barbe en plus — une jeune barbe, comme on dit dans son pays qui est le mien. PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 1, Souvenirs, 1896, page 268. Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française 1798 donne la définition suivante " On appelle ainsi, par mépris, un jeune homme quand il veut faire des choses qui demandent plus de maturité, plus de poids que n'en ont ordinairement les gens de son âge. " · Prendre de la barbe. Prendre de l'âge. · Vieille barbe ou barbe grise (vieux). Homme d'âge avancé, vieillard; au figuré homme plus ou moins âgé qui a des idées dépassées. Est-ce ainsi qu'une barbe grise se conduit? (EUGÈNE SUE. Larousse du 19e. siècle. ) : Ø 13. On est aujourd'hui, chez moi, tout à la joie et à la surprise de l'acquittement de Descaves; car le jury était presque uniquement composé de vieilles barbes grises, de gens qui avaient été militaires du temps qu'on se rachetait;... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1890, page 1145. Ø 14. [Orlando à son fils] : — ... il n'y a jamais trop de livres. Il en faut (...) C'est par le livre (...) que l'humanité vaincra le mensonge et l'injustice (...) Oui, tu souris, je sais que tu appelles ça mes idées de 48, de vieille barbe, comme vous dites en France... ÉMILE ZOLA, Rome, 1896, page 103. · Barbe bleue (par allusion au principal personnage du conte de Perrault Barbe Bleue). " Un mari cruel, et parfois même un assassin " (Dictionnaire encyclopédique Quillet, 1965) : Ø 15. Ce qui m'étonne, après cela, c'est qu'un honnête souabe, bien et duement endoctriné, ose encore traverser la frontière et s'aventurer parmi nous, nation de barbes-bleues et d'ogres épicuriens, qui sentons la chair fraîche d'une lieue, le tout par esprit de frivolité. EDGAR QUINET, Allemagne et Italie, 1836, page 100. — Expressions diverses. Faire barbe à quelqu'un. Lui tenir tête. Faire barbe de paille (vieux). Tromper Faire la barbe à quelqu'un (vieux). L'emporter, avoir l'avantage sur lui. Rire dans sa barbe. " Éprouver une satisfaction maligne qu'on cherche à dissimuler " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Locution. À la barbe de (quelqu'un ou quelque chose). En narguant (quelqu'un qui est plus âgé, en sa présence et malgré lui ou quelque chose) : Ø 16. Il n'est pas jusqu'à ce grand écrivain à tendances naturalistes, L. Reymont, qui, dans son chef-d'oeuvre Les paysans (1904-1919), n'exalte, à la barbe de la censure, les forces de résistance du village polonais dans la sourde lutte contre le maître russe ou allemand. Arts et littérature dans la société contemporaine (direction Pierre Abraham) 1936, page 5008. Ø 17.... de même, la circulation des grains, que les conditions de la meunerie et du transport obligeaient à promener sur les routes et les rivières à la barbe des affamés. GEORGES LEFEBVRE, La Révolution française, 1963, page 137. — Proverbe. Barbe bien étuvée est à demi rasée. " Une affaire bien préparée est à moitié faite " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). — Interjection. La barbe! Exclamation de lassitude, d'agacement : Ø 18. Quand je t'ai dit : « Veux-tu que je te les lise? » tu m'as répondu : « Tout à l'heure. » C'était quand même mieux que de me répondre : « la barbe. » comme je croyais que tu le ferais. HENRI DE MONTHERLANT, Fils de personne, 1943, III, 1, page 314. b) Argot. · Faire la barbe. " Gagner au jeu et pas obligatoirement en trichant " (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON), 1960). Faire la barbe. " Couper la tête, guillotiner " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). Faire la barbe. " Ennuyer. Eh oui! Faire la barbe, raser quelqu'un, ça se dit " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). — IMPRIMERIE. Prendre la barbe. S'enivrer Synonyme : prendre une cuite. — Emploi au masculin, " souteneur " (confer barbeau2 II) : Ø 19. Le grand Napoléon était un barbe fameux dans toute la Maube. (Métinier 1885). LORÉDAN LARCHEY, Dictionnaire historique d'argot, Nouveau Supplément, 1889, page 17. Ø 20. Mon homme est un rude barbe. (Argot des filles et des souteneurs). CHARLES VIRMAÎTRE, Dictionnaire d'argot fin-de-siècle, 1894, page 25. Remarque : Les dictionnaires du XIXe. et XXe. siècle signalent un dérivé barbille, substantif féminin « petite barbe »; par analogie, numismatique. " filament aux flancs des monnaies " (DICTIONNAIRE DE TECHNOLOGIE (DE CHESNEL) 1857). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 248. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 855, b) 6 231; XXe. siècle : a) 6 375, b) 4 203. Forme dérivée du verbe "barber" barber BARBER, verbe transitif. Populaire et familier. Ennuyer, assommer, raser : Ø 1. Le fait est qu'il ne perd aucune occasion de nous barber avec ses expériences dramatiques. PAUL CLAUDEL, Le Ravissement de Scapin, 1952, page 1341. · Importuner, poursuivre quelqu'un de ses réclamations, de ses récriminations : Ø 2. J'avais un boulot du diable, je vais barber tout le monde pour avoir des munitions, je reviens à quatre heures. ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 589. Remarque : Selon DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT ) Supplément 1970 " avec un sujet de personnes, moins usuel que les autres emplois ". — Emploi pronominal : Ø 3. Eh bien, c'est juste la coiffure que Landoff m'avait inventée pour le Wintergarten de Berlin, l'année que je me suis tant barbée à chanter le « petit cohn! » GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 211.