Devoir de Philosophie

Définition et usage du mot: BASSESSE, substantif féminin.

Publié le 02/11/2015

Extrait du document

Définition et usage du mot: BASSESSE, substantif féminin. A.— Rare. [Correspond aux sens A et B de bas adjectif] État de ce qui est situé en un lieu bas; état de ce qui est petit; état de ce qui est de moindre valeur : Ø 1. L'enfant (...) ignore qu'il est lord Clancharlie (...). Cela tient à la bassesse de l'âge et à la petitesse de mémoire qu'il avait quand il a été vendu et acheté, étant à peine âgé de deux ans. VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 3, 1869, page 7. Ø 2. Dans ce temps-là on ne gagnait pour ainsi dire rien. Les salaires étaient d'une bassesse dont on n'a pas idée. Et pourtant tout le monde bouffait. CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1103. Ø 3. L'enfer est ce qui est bas, non pas per accidens, mais per se, d'une bassesse essentielle, qui exclut toute capacité à l'ascension et dont la réalité physique ne fait que condenser sous nos pieds l'image. PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 230. Remarque : Emploi signalé comme " vieux " ou " peu usité " dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré, et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892 se borne à mentionner l'emploi; les autres dictionnaires ne le mentionnent pas ou disent que le mot ne s'emploie (plus) qu'au figuré. — Au figuré. État d'une personne ou d'une chose qui est à un bas niveau. 1. État d'infériorité, de déchéance, indignité de la nature humaine : Ø 4.... le Dieu-cause de la philosophie du sens commun aime le monde, s'en occupe, le gouverne; il répond par des bienfaits à nos prières; il peut donc être touché, nous avons dans notre bassesse quelque action sur cette grandeur infinie. JULES SIMON, La Religion naturelle, 1856, page 203. Ø 5. Dans ces soirs de splendeur pacifique où l'on souffre À sentir sa bassesse et sa pauvreté d'homme, ... On a des mots d'enfant qui pleurent et supplient Vers ce vaste univers qu'on voudrait croire Dieu. CHARLES GUÉRIN, Le Coeur solitaire, Fenêtres, à Maurice Magre, 1904, page 55. 2. [Du point de vue social] Bas niveau, infériorité sociale. Bassesse de la naissance : Ø 6. Il est juste de dire que ces esclaves privilégiés [les commandeurs] (...) joignant à la bassesse de leur condition l'insolence de leur autorité, trouvaient un malin plaisir à l'accabler de travail [l'esclave] ... VICTOR HUGO, Bug-Jargal, 1826, page 52. Ø 7. « Messieurs les Jurés, l'horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune. » HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 482. B.— [Au sens moral] 1. État de ce qui est bas moralement; manque de grandeur. a) État d'une personne dont le comportement, les pensées, les sentiments sont bas, vils; manque d'élévation dans les sentiments, les pensées, etc. : Ø 8.... ce qu'il y a de plus étonnant dans les hommes et de plus inépuisable en eux, c'est encore leur bassesse et leur platitude. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 2, 1851-62, page 363. Ø 9. Un fait qui indique la profondeur et la précocité de la corruption de la jeunesse, c'est qu'on en voit qui se réunissent à trois ou quatre pour entretenir, à frais commun, une femme. Cette communauté est le dernier degré de la bassesse. PIERRE-JOSEPH PROUDHON, La Pornocratie, 1865, page 247. Ø 10.... vous n'ignorez pas plus que moi l'égoïsme, la bassesse et la lâcheté de la classe moyenne. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 129. Ø 11. Ébloui par le journal de Virginia Woolf (...). Il y a chez elle un mépris de toute bassesse, de toute vulgarité. Quand elle est méchante, elle sait l'être avec hauteur. JULIEN GREEN, Journal, 1950-54, page 228. — [Suivi d'un déterminatif] : Ø 12.... certes j'attaquais avec violence : 1. Les instituteurs hervéistes; 2. Certains instituteurs qui, à mon avis, — et c'eût été l'avis d'un libre penseur comme M. Renan — apportent dans les questions religieuses une ignorance et une bassesse d'esprit vraiment insupportables. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1908, page 7. Ø 13. Parlant de mon film [les Enfants terribles] le Herald déclare que la neige de la bataille des boules de neige, la neige de mon enfance, veut dire : cocaïne. Je cite cela comme un chef-d'oeuvre du genre, de bassesse d'âme et de niaiserie. JEAN COCTEAU, Essai de critique indirecte, 1932, page 194. — Vieux, collectif. Ceux qui ont de la bassesse : Ø 14.... la conversation [avec le Général de Budberg] nous ayant menés au Roi de France, je trouvai l'occasion naturelle de réfuter le sophisme de la bassesse et de la poltronnerie qui ne cessent de prêcher aux grandes puissances qu'elles le compromettraient en reconnaissant le Roi de France... JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Correspondance, tome 2, 1796-1821, page 187. b) Caractère bas, vil de quelque chose : Ø 15. Jamais il [Étienne] n'avait tant réfléchi, il se demandait pourquoi son dégoût, le lendemain de la furieuse course au travers des fosses; et il n'osait se répondre, des souvenirs le répugnaient, la bassesse des convoitises, la grossièreté des instincts, l'odeur de toute cette misère secouée au vent. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1460. — Spécialement. [En parlant du langage, d'une oeuvre littéraire, d'un tableau, etc.] Manque de grandeur, vulgarité : Ø 16.... Il [Beyle] reprochait aux Flamands et même aux Vénitiens la trivialité des formes et la bassesse de l'expression. PROSPER MÉRIMÉE, Portraits historiques et littéraires, 1870, page 185. Ø 17.... comment, dans la bassesse de notre langue, désigner l'ineffable immersion d'une âme en Dieu? GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, page 146. — Au pluriel. Choses de caractère bas, vil : Ø 18. Oh! Que de bassesses inédites je devine dans la carrière de ce Monsieur [de Lescure] — Rien que par ses bassesses imprimées, ses épîtres de chien couchant au Figaro, qui l'a fouaillé! EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1864, page 97. Ø 19.... j'ai peur que ma « conversion » ne soit qu'à demi sincère, qu'elle ne dure qu'un instant et que je retombe dans les bassesses et les platitudes de la vie et du Dieu des bonnes gens. Ce doit être si dur de vivre sans idéal, sans foi et partant sans espérance! GEORGES BERNANOS, Lettres inédites, 1905, page 1730. 2. Action basse, vile, honteuse. Commettre une bassesse. Synonyme : vilenie : Ø 20. — La suprême loi, c'est la justice. — Quand il seroit prouvé qu'on serviroit les intérêts terrestres d'un peuple par une bassesse ou par une injustice, on seroit également vil ou criminel en la commettant;... GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 298. Ø 21. Eh bien! écoutons un Père de l'église, écoutons Massillon : « Que de bassesses pour parvenir! Il faut paraître, non pas tel qu'on est, mais tel qu'on nous souhaite. » PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Procès de Paul-Louis Courier, 1821, page 117. Ø 22. 12 août. Popelin, l'émailleur de faux émaux anciens, vient d'être décoré. Il l'a été par mille petites bassesses : celles que je connais me donnent l'idée de celles que je soupçonne. Mais sa plus belle invention est celle-ci. Un mendiant, pour attendrir l'aumône, pince son enfant pour le faire pleurer; lui, Popelin, a pincé son fils pour qu'il fît rire la princesse. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1869, page 535. Remarque : Dans certains cas (confer exemple suivant) bassesse possède à la fois le sens signalé sous B 1 et celui signalé sous B 2 (supra) : Ø 23. Au début du siècle passé, les romantiques se frappaient le coeur où ils voyaient le siège du génie. Maintenant, ils se frappent les parties. On se demande jusqu'où et à quelle bassesse descendra le génie. MARCEL AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, page 206. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 904. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 549, b) 1 468; XXe. siècle : a) 1 371, b) 910.

« des bienfaits ? nos pri?res; il peut donc ?tre touch?, nous avons dans notre bassesse quelque action sur cette grandeur infinie. JULES SIMON, La Religion naturelle, 1856, page 203.

? 5.

Dans ces soirs de splendeur pacifique o? l'on souffre ? sentir sa bassesse et sa pauvret? d'homme, ... On a des mots d'enfant qui pleurent et supplient Vers ce vaste univers qu'on voudrait croire Dieu. CHARLES GU?RIN, Le Coeur solitaire, Fen?tres, ? Maurice Magre, 1904, page 55.

2.

[Du point de vue social] Bas niveau, inf?riorit? sociale.

Bassesse de la naissance?: ? 6.

Il est juste de dire que ces esclaves privil?gi?s [les commandeurs] (...) joignant ? la bassesse de leur condition l'insolence de leur autorit?, trouvaient un malin plaisir ? l'accabler de travail [l'esclave] ... VICTOR HUGO, Bug-Jargal, 1826, page 52.

? 7.

? Messieurs les Jur?s, l'horreur du m?pris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole.

Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir ? votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est r?volt? contre la bassesse de sa fortune.

? HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 482.

B.? [Au sens moral] 1.

?tat de ce qui est bas moralement; manque de grandeur.

a) ?tat d'une personne dont le comportement, les pens?es, les sentiments sont bas, vils; manque d'?l?vation dans les sentiments, les pens?es, etc.?: ? 8....

ce qu'il y a de plus ?tonnant dans les hommes et de plus in?puisable en eux, c'est encore leur bassesse et leur platitude.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 2, 1851-62, page 363.

? 9.

Un fait qui indique la profondeur et la pr?cocit? de la corruption de la jeunesse, c'est qu'on en voit qui se r?unissent ? trois ou quatre pour entretenir, ? frais commun, une femme.

Cette communaut? est le dernier. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles