Définition et usage du mot: BLASÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Définition et usage du mot: BLASÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de blaser* II.— Adjectif. A.— [En parlant des sens] Émoussé par l'excès des plaisirs ou de ce qui les procure. Je ne sais rien de plus flatteur pour une femme que de réveiller un palais blasé (HONORÉ DE BALZAC, Les Employés, 1837, page 198) : Ø 1.... le goût de l'effet l'emporte sur le sens spirituel chez des êtres falots toujours à la poursuite d'un piment pour leur sens incertain ou blasé;... EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 488. B.— [En parlant d'une personne, de son âme, etc.] Qui est dégoûté, revenu de tout; qui conçoit une indifférence totale vis à vis de ce qui doit émouvoir, convaincre : Ø 2. La présence de tous les soirs d'une jolie danseuse donne de l'attention forcée aux âmes blasées ou privées d'imagination qui garnissent le balcon de l'Opéra. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 46. Ø 3. S'il était encore assez jeune pour se livrer à un élan d'heureuse admiration, il avait un égoïsme trop large, une indifférence trop railleuse, il éprouvait déjà trop de lassitude réelle, pour ne pas se déclarer écoeuré, blasé, fini. ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 328. — Emploi comme substantif. Un blasé; jouer au blasé; faire le blasé : Ø 4.... ils [Jean et Fanny] se torturaient jusque dans leurs caresses... lui, s'épuisant à vouloir procurer à cette blasée d'amour une commotion qu'elle ignorât encore... ALPHONSE DAUDET, Sapho, 1884, page 186. Ø 5. Pour un blasé comme M. de Bièvre, une réunion où on ne peut pas tout se permettre est un maigre régal!... SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Pas jalouse! 1893, page 225. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 286. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 473, b) 460; XXe. siècle : a) 445, b) 297. Forme dérivée du verbe "blaser" blaser BLASER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. 1. Vieux. Émousser le sens du goût par excès de mets ou de boisson (attesté dans la plupart des dictionnaires généraux). 2. Rendre, par une pratique abusive, insensible, indifférent aux émotions vives, aux plaisirs. Une bonne pendaison, cela distrait, en province, et cela blase un peu les gens sur la mort (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mouches, 1943, page 15) : Ø 1. Il y a même des personnes vraiment sensibles que l'exagération doucereuse affadit sur leurs propres impressions, et qu'on blase sur le sentiment comme on pourroit les blaser sur la religion, par les sermons ennuyeux et les pratiques superstitieuses. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 361. Ø 2. Il voyagea ainsi en Italie, et ce lui fut une ivresse. Il fallut la vie administrative et le séjour à poste fixe au consulat de Cività-Vecchia pour le blaser sur les sensations. PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 238. Remarque : S'emploie fréquemment au passif et se construire avec les prépositions de ou sur. Être blasé de quelque chose ou sur quelque chose : Ø 3. Le public est blasé sur ces accumulations de richesses, avant même que les échafauds ne soient enlevés. EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture, tome 2, 1872, page 114. B.— Emploi pronominal. Devenir blasé, n'avoir plus de goût pour : Ø 4. À peine arrivée à la ville, Un évêque la remarqua; Puis, se blasant de l'évangile, Pour les drapeaux elle abdiqua. PETRUS BOREL, Rhapsodies, 1831, page 148. Ø 5. C'était pourtant un charmant et gentil service que celui de la belle Fleur-De-Lys, et il lui avait paru tel autrefois; mais le capitaine s'était blasé peu à peu;... VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 280. Ø 6.... il faut profiter du fait que, ne me blasant jamais sur nulle grande chose, chacune d'elle me donne toujours davantage. CHARLES DU BOS, Journal, 1925, page 384. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 52.