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Définition / vocabulaire: AUTORITÉ, substantif féminin.

Publié le 01/11/2015

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Définition / vocabulaire: AUTORITÉ, substantif féminin. Pouvoir d'agir sur autrui. L'autorité de l'homme sur l'homme : Ø 1. L'autorité. — La plus cruelle des « nécessités » pour M. Godeau était celle qui lui venait des autres. Pourquoi se serait-il irrité davantage cependant contre l'autorité d'un homme et moins contre la hauteur d'une montagne qui se dressait devant lui sur son chemin? S'il était fatigué, autant que possible, il l'évitait; s'il ne pouvait l'éviter, il s'élevait par elle au-dessus d'elle. Et quand il avait mis ses deux pieds sur le front de la montagne, pour laquelle il éprouvait plus d'amour que de haine, il se retournait pour voir le paysage du monde et découvrait l'horizon le plus lointain. L'autorité des autres devait être utilisée par M. Godeau comme un moyen : celui qui le commandait devait d'abord le servir. MARCEL JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, page 121. A.— [Autorité acquise en vue du gouvernement des personnes ou des choses] 1. Domaine gouvernemental, administratif, etc. a) [Autorité par voie légale] Pouvoir légalement conféré à une personne, à un groupe humain de régir l'ensemble ou une partie du corps social, de régler les affaires publiques. L'autorité de l'État, du roi : Ø 2. Les voilà donc enfin, ces ministres audacieux, décriés par leur ineptie, avilis par leurs déprédations, abhorrés par leurs excès, et proscrits par l'indignation publique! Traîtres à leur maître, traîtres à leur pays, ils ont, à force de forfaits, compromis l'autorité, et poussé l'État sur le bord de l'abîme. Naguère encore leurs lâches suppôts répétaient, avec insolence, que les Monarques ne tiennent leur pouvoir que de Dieu et de leur épée, qu'ils sont maîtres de leur sujets, comme un berger est maître de ses moutons, (...). (...) le temps est passé, où l'homme abruti se croyait esclave. Honteux de leurs funestes maximes, les suppôts de la tyrannie gardent le silence; de toutes parts les sages élèvent la voix, ils répètent aux Monarques, qu'en tout état, la souveraine puissance réside dans le corps de la Nation, que de lui émane toute autorité légitime, que les princes ont été établis pour faire observer les loix, qu'ils y sont soumis eux-mêmes, qu'ils ne règnent que par la justice, et qu'ils la doivent au dernier de leurs sujets. JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Offrande à la Patrie, 1789, pages 2-3. Ø 3. Là où le pouvoir suprême, la souveraineté, appartient à tous ou à plusieurs, la société est démocratique ou aristocratique; là où un seul est souverain et n'a au-dessous de lui que des pouvoirs subordonnés, elle est monarchique. Mais toujours faut-il une souveraineté, un pouvoir suprême qui ait le droit de commander et à qui l'on doive obéir, pour qu'il existe une société quelconque : et déjà l'on conçoit que toute secte qui refuse de reconnoître un pareil pouvoir, qui nie l'autorité et proclame l'indépendance individuelle, n'est point une société,... FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil, 2e. partie, 1826, page 56. Ø 4.... une diversité de races sociales est alors reconnue à la base de la hiérarchie des fonctions sociales et des relations d'autorité, qu'il s'agisse de l'autorité politique dans l'état ou des autres sortes d'autorité qui interviennent dans la vie sociale et économique du pays. On peut dire qu'au Moyen Âge, l'autorité temporelle était conçue avant tout selon le type de l'autorité paternelle dans les conceptions elles-mêmes sacrales de la famille, (...). (...) le père exerce son autorité comme une fonction sacrée, et revêt pour ainsi dire la personne de Dieu. Le sacre du roi le constitue père de la multitude, et confirme dans l'ordre de la grâce son autorité naturelle de chef de la cité, en attestant qu'il gouverne au temporel au nom du souverain roi. JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, pages 163-164. · Principe d'autorité (Confer Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 241; Maurice Barrès, Mes cahiers, tome 6, 1908, page 295). · Régime d'autorité (Confer Jacques Bainville, Histoire de France, tome 2, 1924, page 226 :... un régime à poigne, un régime d'autorité). — [L'autorité légale dans ses manifestations extérieures] Une autorité sans bornes, gouverner avec autorité, représenter l'autorité : Ø 5. Les traits de rudesse et de tristesse qui l'obscurcissent lui sont imprimés par l'ennui, mais surtout par une position toujours fausse vis-à-vis de la Nation et par la comédie nécessaire de l'autorité. L'autorité absolue qu'exerce un homme le contraint à une perpétuelle réserve. Il ne peut dérider son front devant ses inférieurs, sans leur laisser prendre une familiarité qui porte atteinte à son pouvoir. Il se retranche l'abandon et la causerie amicale, de peur qu'on ne prenne acte contre lui de quelque aveu de la vie ou de quelque faiblesse qui serait de mauvais exemple. ALFRED DE VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, page 25. Ø 6. Aurelle imagina les cheveux gris également divisés, les traits fins du général, l'or et la pourpre des parements souillés par la boue ignoble des batailles. « Tant de dignité aisée, pensait-il, tant d'autorité courtoise, et demain une charogne que les soldats fouleront aux pieds sans le savoir. » ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 164. · Acte, coup d'autorité. Coup de force manifestant l'exercice d'une autorité absolue (confer Baudry des lozières Voyage à la Louisiane, 1802, page 280 :... injustices (...) coups d'autorité). — Par métonymie. · Personne, groupe de personnes qui exerce légalement une certaine autorité à l'échelon national ou local. Les autorités compétentes, constituées, locales : Ø 7. Les bruits des pas et des voix, le grondement des élèves se levant tous à la fois à l'entrée des autorités, — il entendait tout cela, et l'incertitude et l'anxiété l'affolaient. Et ces bruits se répétaient de proche en proche. Voici que ces messieurs entraient dans la salle voisine. Enfin c'était le tour de la classe de Léniot. Les autorités, en redingote et en chapeau haut de forme, faisaient leur entrée; les élèves et le professeur se levaient. « Asseyez-vous, messieurs », disait le Préfet des études qui prenait un air solennel. VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez, 1911, page 50. · Moderne. Organisme d'intérêt économique, scientifique, etc. qui exerce officiellement une certaine autorité à l'échelon national ou international : Ø 8. Il propose que toutes les étapes dangereuses (du point de vue de la fabrication des armes atomiques) soient soustraites à la compétence des états et confiées à une autorité internationale. Cette autorité serait propriétaire des mines et des matériaux nucléaires et aurait la gestion des usines de production de combustibles nucléaires, ainsi que des piles productrices d'énergie, tandis que des inspecteurs internationaux auraient pour mission de déceler les activités clandestines éventuelles. (...) L'autorité envisagée devait être un organisme supranational possédant en propre une grande industrie, l'exploitant et la développant au nom et dans l'intérêt de toutes les nations; en somme, un échantillon de gouvernement mondial dans une affaire de portée mondiale. BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, pages 65-66. — Par extension. Force de tout acte émanant d'une autorité. Les coutumes locales et arbitraires cédaient à l'autorité générale des ordonnances des princes, à l'autorité savante de la jurisprudence romaine. (FRÉDÉRIC OZANAM, Essai sur la philosophie de Dante, 1838, page 27 ). SYNTAXE : a) Autorité + adjectif : autorité centrale, civile, despotique, directe, économique, étrangère, illimitée, légale, militaire, monarchique, municipale, nationale, nécessaire, nulle, publique, responsable, royale, sociale, souveraine, suprême; adjectif + autorité : grande, haute, pleine autorité. b) Autorité + des/du + substantif : autorité du comité, des institutions, du patron, du pays; substantif + d'autorité : par voie d'autorité; substantif + de l'autorité : agent, dépositaires, exercice, habitude, représentant, respect, source de l'autorité; substantif + des autorités : intervention des autorités; c) Verbe + autorité : donner autorité (à); verbe + son/l'autorité : admettre, affirmer, conférer, conserver, défendre, établir, étendre, perdre, reconnaître, rejeter, respecter, rétablir, tenir son/l'autorité; verbe + de son/l'autorité : abuser, s'affranchir, revêtir, user de son/l'autorité; verbe + à l'autorité : se soumettre, se soustraire à l'autorité; verbe + aux autorités : s'adresser, faire appel aux autorités. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : absolutisme, autocratie, césarisme, commandement, despotisme, dictature, domination, férule, majesté, omnipotence, oppression, ordre, suprématie, totalitarisme. b) Antonymes anarchie, assujettissement, impuissance, liberté, servitude, soumission, subordination, sujétion. b) En particulier, péjoratif. [Autorité contraire à la loi] Pouvoir qu'une personne s'attribue par voie illégale. Abus d'autorité : Ø 9. Tandis que la tyrannie s'étoit glissée à Athènes, elle avoit aussi levé l'étendard en Sicile. Tranquille possesseur d'une autorité usurpée par la ruse, Denys l'Ancien soutint trente-huit années sa puissance par des vices et des vertus; avec les premiers il extermina ses ennemis; avec les secondes il rendit son joug supportable : en cela, comme Auguste, il proscrivit et régna. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, tome 2, 1797, page 125. — Par métonymie. Personne qui exerce le pouvoir illégalement : Ø 10. Mon fils, sommé par l'autorité et en vertu d'un décret du tyran, d'aller prêter le serment de fidélité, s'est présenté, d'après mes conseils, avec plusieurs de ses camarades à la sous-préfecture, pour déclarer qu'il ne pouvait pas prêter un serment contraire à l'honneur et à la conscience. (...) Il est venu dîner avec ses camarades, satisfaits de leur démarche et de la réponse du Sous-Préfet. Nos révolutionnaires se sont grossièrement trompés, et quoique leur erreur soit bien funeste pour notre repos et recule peut-être de plusieurs années nos progrès vers le bien, elle leur coûtera peut-être encore plus cher qu'à nous. Ils se sont fait une illusion complète sur les dispositions et les sentiments des Français en général, lorsqu'ils ont espéré d'associer la multitude à leurs fureurs, à toutes leurs passions insensées et féroces, à leur haine invétérée pour toute autorité légitime;... MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1815, pages 90-91. SYNTAXE : Verbe + l'autorité : usurper, prendre l'autorité. — PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : arbitraire, contrainte. c) Parfois péjoratif. [Autorité sans référence à la loi, à la légalité] Pouvoir qu'une personne s'attribue sans ratification officielle. · (Agir) de sa propre autorité. (Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne : Ø 11. Ce Wallstein, à la vérité, ne porta jamais les armes que pour la maison d'Autriche : mais l'armée qu'il commandait était à lui, réunie en son nom, payée par ses ordres, et avec les contributions qu'il levait sur l'Allemagne, de sa propre autorité. Il négociait comme un potentat, du sein de son camp, avec les monarques ennemis de l'empereur. Il voulut enfin s'assurer, de droit, l'indépendance dont il jouissait de fait; et s'il échoua dans cette entreprise, il ne faut pas attribuer sa chute à l'insuffisance des moyens dont il disposait, mais aux fautes que lui fit commettre un mélange bizarre de superstition et d'incertitude. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Wallstein, 1809, page IX. · (Agir) d'autorité (Confer Prosper de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 1, 1824, page 143 : agir de force et d'autorité); (Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne. (agir) de son autorité privée (Confer Jules Michelet, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 81). (Agir) de son propre chef, sans référence au droit positif, sans consulter personne. 2. Juron. Pouvoir légalement conféré aux magistrats ou à certaines personnes, de régir, conformément à la loi, les individus ou les biens relevant de leur juridiction ou responsabilité. L'autorité (...) des jurisconsultes (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Pétition aux deux chambres, 1816, page 5 ). — Par métonymie. Magistrat investi de ce pouvoir : Ø 12.... il déclare qu'il n'y a plus de pouvoir, plus de gouvernement, plus rien, qu'il n'existe qu'une seule autorité : le juge d'instruction armé du cabriolet... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1896, page 919. — Par extension. Force exécutoire de tout acte émanant d'une autorité judiciaire. Autorité d'un jugement : Ø 13. L'autorité de l'homme sur l'homme est-elle juste? Tout le monde répond : non; l'autorité de l'homme n'est que l'autorité de la loi, laquelle doit être justice et vérité. La volonté privée ne compte pour rien dans le gouvernement, qui se réduit d'une part, à découvrir ce qui est vrai et juste, pour en faire la loi; d'autre part, à surveiller l'exécution de cette loi. PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, page 152. · Autorité de la chose jugée. Force exécutoire de ce qui est définitivement jugé et ne peut se remettre en cause : Ø 14. 1350. La présomption légale est celle qui est attachée par une loi spéciale à certains actes ou à certains faits; tels sont, 1. les actes que la loi déclare nuls, (...); 3. l'autorité que la loi attribue à la chose jugée; 4 la force que la loi attache à l'aveu de la partie ou à son serment. 1351. L'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du jugement. Il faut que la chose demandée soit la même; que la demande soit fondée sur la même cause; que la demande soit entre les mêmes parties, et formée par elles et contre elles en la même qualité. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 245. Remarque : S'emploie au figuré en parlant du comportement d'une personne (confer BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 17). · Vente par autorité de justice (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 243 ). SYNTAXE : a) Autorité + adjectif : autorité judiciaire, législative; b) Autorité + substantif : autorité de la famille, des parents, du père. B.— [Autorité acquise ou naturelle de manière à exercer une influence d'ordre intellectuel, moral, psychique] 1. Force de considération s'attachant : a) À une personne, à une collectivité qui représente ou promeut certaines valeurs (généralement reconnues comme telles par une société donnée) et qui joue un rôle important dans l'opinion publique. L'autorité de l'Église, du pape : Ø 15. Une situation d'esprit exceptionnelle se paye toujours chèrement. Nous venons de voir la rançon de celle-ci. Elle a aussi ses avantages. Le plus incontestable est l'autorité. L'homme qui possède ce don de l'autorité peut devenir impopulaire. Il peut être haï, calomnié. Il n'en garde pas moins ce prestige singulier, presque indéfinissable, qui ajoute un poids considérable à chaque parole tombée de sa bouche, à chaque écrit échappé de sa plume. Ce qui assure cette sorte de pouvoir au philosophe isolé dans son système, c'est précisément cet isolement et la qualité de certitude qu'il suppose. PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 162. Ø 16. On dirait, ma parole, qu'ils prennent pour une supériorité, non seulement leur fortune, mais leur habitude de bien vivre, leur goût du confort, de la « qualité »! ça devient pour eux un mérite personnel! un mérite qui leur crée des droits sociaux! et ils trouvent parfaitement légitime cette « considération » dont ils jouissent! légitimes, leur autorité, l'asservissement d'autrui! oui, ils trouvent tout naturel de « posséder »! ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 123. — Par métonymie. Personne qui jouit d'une grande considération, dont on invoque l'exemple à l'appui d'une thèse : Ø 17. Vous me citez des autorités. C'est un argument, mais un faible argument. On a toujours des autorités. J'ai pour ces Hugo, ces Lamartine la plus respectueuse admiration, une admiration que je voudrais dire filiale, mais ils n'obligent pas ma raison. Ils sont de grandes forces sentimentales. Je ne les admire pas s'ils deviennent de grandes forces pleurardes. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1908, page 333. b) À une chose. L'autorité d'une chose. Pouvoir de s'imposer comme valeur, référence. — [Chose concrète] L'autorité de l'Écriture : Ø 18. Il importerait d'examiner si ces livres français qui ont tant de popularité en Europe, tant d'autorité, représentent vraiment la France,... JULES MICHELET, Le Peuple, 1846, page 11. — [Chose abstraite] L'autorité de l'expérience, de la tradition : Ø 19.... elle affirme qu'avec une certaine personne, à elle et à moi connue, je retrouverai le goût à la vie qui s'est trop affaibli en mon coeur. Bref, Philine me répète les exhortations que je me suis maintes fois adressées, mais qui n'ont pour moi de valeur, d'autorité, de gravité que lorsqu'elles me reviennent du dehors. Me défiant absolument de moi-même, j'ai besoin d'être encouragé par l'amitié dans le sens de mes secrètes aspirations. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 125. · Spécialement. PHILOSOPHIE. Méthode d'autorité ou l'autorité. Par opposition à la critique individuelle, au libre examen, à la raison : Ø 20.... il [Jansénius] expose et met en présence les deux méthodes de pénétrer les mystères de Dieu : l'une des philosophes et par la seule raison, voie très-trompeuse, l'autre des Chrétiens, très-sûre, et dans laquelle intervient, que dis-je? à laquelle préside la charité; car il ne distingue pas la méthode dite d'autorité, de cette méthode de charité. (...). De sorte qu'aux philosophes spéculatifs, et qui n'étudient que pour étudier, à ces Chrétiens d'opinion si communs de nos jours et qui, selon le mot de Saint-Cyran, ne veulent que découvrir des terres nouvelles, à ceux-là, pour les rabattre et les humilier dans leur science même et sur le trône si creux de leur intelligence où ils se complaisent, il suffit de dire avec saint Augustin, avec Jansénius, avec ceux qui parlent des Enfants de Dieu, étant eux-mêmes de ces enfants : On ne comprend (absolument, à la limite et dans la plénitude), on ne comprend que ce qu'on croit. On ne comprend que ce qu'on aime. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 125. — Par métonymie. Chose qui, par sa valeur reconnue, peut servir de référence, d'appui à une démonstration : Ø 21. Je me souviens d'avoir lu dans le livre De L'Esprit, qui n'est pas toujours le livre du bon sens, qu'on pouvait raisonner fort juste en partant d'un principe très-faux. Helvétius, pour démontrer cette proposition, va chercher ses exemples dans l'Inde; que ne citait-il son propre ouvrage? Pour moi, si j'étais chargé de mettre cette vérité en lumière, je me ferais une autorité de la lettre du professeur de Picpus sur le mélodrame. Je ne crois pas qu'il soit possible d'employer plus d'esprit, plus d'adresse et plus d'instruction à défendre une mauvaise cause;... VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 274. — Faire autorité. S'imposer comme règle, avoir force de preuve (confer Roger Martin du Gard, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 954 : faire autorité [...] servir [...] de base aux recherches). SYNTAXE : a) Autorité + adjectif : autorité divine, ecclésiastique, incontestée, infaillible, morale, religieuse, sainte, spirituelle, supérieure. b) Autorité + de + substantif : autorité de l'âge, de la foi, de la religion. c) Verbe + l'autorité : invoquer l'autorité de. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : appui, célébrité, crédit, éminence, garantie, importance, influence, notabilité, prépondérance, renom, renommée, réputation, témoignage. b) Antonymes discrédit, infériorité. 2. Force de caractère qui permet à une personne d'inspirer le respect, l'admiration, d'imposer sa personnalité à son entourage : Ø 22. Elle a une autorité singulière, voilà la vérité. Partout où elle passe, elle imprime sa marque. — C'est une femme forte selon l'Évangile... dit l'abbé. — Oui; mais, cette force, j'ai le sentiment qu'elle peut la mettre au service du mal comme au service du bien, et que ce sera la même force, la même violence... HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, page 56. — [L'autorité psychique dans ses manifestations extérieures] Air, geste, ton d'autorité : Ø 23. Ses yeux à lui, brillants d'autorité, de maîtrise et d'intelligence, la dominent cette fois, l'intimident et la soutiennent en même temps. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 51. · D'autorité (confer supra A 1 c). De façon impérative (confer Maine de Biran, Journal, 1817, page 92); argot : d'autor = d'autorité (confer Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936, pages 161, 264, 266, 275, 363, 414, 464, 563, 670, 696). — Péjoratif : Ø 24. L'enfant est, pour la mère, un homme indéfini, maniable, sur qui l'imagination travaille sans limites, bref une réduction de l'idéal. C'est pourquoi, aux yeux de la mère, le mari tombe au second rôle, devient un fournisseur de l'enfant, un premier domestique. L'autorité s'est renversée dans le mariage. Les caractères s'étant adoucis, l'homme n'est plus assez ferme pour supporter le chagrin de la femme; il cède par pitié. Le travail s'étant accru, l'homme est trop las pour résister à la volonté obsédante de la femme : il cède par fatigue. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 301. — Rare. Empire sur soi-même. Autorité sur soi : Ø 25. Je songeai avec stupeur, avec horreur à ce que j'avais fait, me demandant d'où viennent ces tempêtes de l'âme où l'homme perd toute notion des choses, toute autorité sur lui-même, et agit dans une sorte d'ivresse affolée, sans savoir ce qu'il fait, sans savoir où il va, comme un bateau dans un ouragan. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Confession, 1884, page 462. SYNTAXE : a) Autorité + adjectif : autorité méconnue, personnelle; adjectif + autorité : douce autorité. b) Substantif + d'autorité : absence, manque d'autorité; c) Verbe + autorité : imposer son autorité. — PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : aplomb, arrogance, ascendant, assurance, décision, emprise, énergie, fermeté, fierté, superbe. b) Antonymes humilité, modestie, mollesse. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 654. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 12 597, b) 7 144; XXe. siècle : a) 6 848, b) 9 602.

« souveraine puissance r?side dans le corps de la Nation, que de lui ?mane toute autorit? l?gitime, que les princes ont ?t? ?tablis pour faire observer les loix, qu'ils y sont soumis eux-m?mes, qu'ils ne r?gnent que par la justice, et qu'ils la doivent au dernier de leurs sujets. JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Offrande ? la Patrie, 1789, pages 2-3.

? 3.

L? o? le pouvoir supr?me, la souverainet?, appartient ? tous ou ? plusieurs, la soci?t? est d?mocratique ou aristocratique; l? o? un seul est souverain et n'a au-dessous de lui que des pouvoirs subordonn?s, elle est monarchique.

Mais toujours faut-il une souverainet?, un pouvoir supr?me qui ait le droit de commander et ? qui l'on doive ob?ir, pour qu'il existe une soci?t? quelconque?: et d?j? l'on con?oit que toute secte qui refuse de reconno?tre un pareil pouvoir, qui nie l'autorit? et proclame l'ind?pendance individuelle, n'est point une soci?t?,... F?LICIT?-ROBERT DE LAMENNAIS, De la Religion consid?r?e dans ses rapports avec l'ordre politique et civil, 2e.

partie, 1826, page 56.

? 4....

une diversit? de races sociales est alors reconnue ? la base de la hi?rarchie des fonctions sociales et des relations d'autorit?, qu'il s'agisse de l'autorit? politique dans l'?tat ou des autres sortes d'autorit? qui interviennent dans la vie sociale et ?conomique du pays.

On peut dire qu'au Moyen ?ge, l'autorit? temporelle ?tait con?ue avant tout selon le type de l'autorit? paternelle dans les conceptions elles-m?mes sacrales de la famille, (...).

(...) le p?re exerce son autorit? comme une fonction sacr?e, et rev?t pour ainsi dire la personne de Dieu.

Le sacre du roi le constitue p?re de la multitude, et confirme dans l'ordre de la gr?ce son autorit? naturelle de chef de la cit?, en attestant qu'il gouverne au temporel au nom du souverain roi. JACQUES MARITAIN.

Humanisme int?gral, probl?mes temporels et spirituels d'une nouvelle chr?tient?, 1936, pages 163-164.

? Principe d'autorit? (Confer Gustave Flaubert, L'?ducation sentimentale, tome 2, 1869, page 241; Maurice Barr?s, Mes cahiers, tome 6, 1908, page 295).

? R?gime d'autorit? (Confer Jacques Bainville, Histoire de France, tome 2, 1924, page 226?:...

un r?gime ? poigne, un r?gime d'autorit?).

? [L'autorit? l?gale dans ses manifestations ext?rieures] Une autorit? sans bornes, gouverner avec autorit?,. »

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