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DÉPRÉCIER, verbe transitif.

Publié le 07/01/2016

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DÉPRÉCIER, verbe transitif.  

A.—  [L'objet désigne une chose, le plus souvent concrète, ayant une valeur marchande] 

1. [Le sujet désigne généralement une chose]  Faire baisser la valeur de (quelque chose), diminuer sa valeur. Des billets au porteur trop multipliés déprécient les monnaies en général (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique,  1832, page 310 ). Il fallait s'attendre pour l'hiver à une augmentation de son activité sur l'étendue des vignes dépréciées par le mildiou qu'il achèterait pour peu aux vignerons ruinés (PIERRE HAMP, Marée fraîche,  1908, page 142 ). 

—  Emploi pronominal à sens passif.  Perdre de sa valeur : Le premier effet, l'effet inévitable de la multiplication des valeurs est de les avilir : plus une marchandise abonde, plus elle perd à l'échange et se déprécie commercialement (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la Misère, tome 1, 1846, page 62) : 

Ø 1. Le vieux n'en dormait plus. Cette terre que son père, son grand-père, avaient convoitée si fort et si durement gagnée! Cette terre possédée, gardée jalousement comme une femme à soi! La voir s'émietter ainsi dans les procès, se déprécier, passer aux bras d'un autre, d'un voisin, pour la moitié de son prix!

ÉMILE ZOLA, La Terre,  1887, page 330. 

2. [Le sujet désigne une personne]  Rabaisser la valeur de (quelque chose), porter des jugements défavorables sur. L'un dépréciait la marchandise dont l'autre exaltait toutes les beautés (MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé,  1853, page 159 ). Il dépréciait mon boulot pour me faire marner gratuitement (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 170) : 

Ø 2. Il s'était arrêté, il dépréciait la vache. Ça n'était pas bâti, ça manquait de reins, enfin un animal qui avait souffert et qu'on nourrirait deux ans à perte. Ensuite, il prétendit qu'elle était blessée au pied, ce qui n'était pas vrai.

ÉMILE ZOLA, La Terre,  1887, page 174. 

B.—  Par métaphore ou au figuré.  [L'objet désigne une chose concrète ou abstraite, plus rarement une personne, en tant qu'elles ont une certaine valeur morale ou intellectuelle; le sujet désigne une personne]  Rabaisser (la valeur ou le mérite de); porter ou exprimer un jugement défavorable sur. Les enfants ont toujours une tendance soit à déprécier, soit à exalter leurs parents (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,  1918, page 771) : 

Ø 3. Après deux ou trois phrases banales, elle commença par déprécier légèrement ses convives, ce qui était le mettre au-dessus d'eux. Il ne manqua pas de dénigrer un peu les autres femmes, manière habile de lui adresser des compliments.

GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale,  1869, page 185. 

Ø 4. Joanny, en l'écoutant, croyait voir l'envers de la vie. Les joies mondaines, la richesse, la gloire même, devenaient méprisables et insupportables. Elle remuait en lui tant de pensées, qu'il ne lui en voulait pas de déprécier les choses qu'il estimait le plus.

VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez,  1911, page 113. 

—  Emploi pronominal réfléchi.  Abaisser soi-même sa propre valeur. Elle s'accusait elle-même, se dépréciait, se déniait toute valeur, et supprimait sa raison d'être, et ne se reconnaissait plus de vertu (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs,  1925, page 1077 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation a) Le participe passé adjectivé déprécié, ée. Qui a perdu de sa valeur. Affluence d'une monnaie d'argent incommode et dépréciée (Documents d'Histoire contemporaine (PAR ODETTE VOILLIARD, GUY CABOURDIN, FRANÇOIS-GEORGES DREYFUS, ROLAND MARX), 1876, page 141). b) Le verbe transitif désapprécier. Antonyme de apprécier. Désappréciant le moi, nous surestimons du même coup la situation à la hauteur de laquelle nous ne pouvons réussir à nous hausser (Jules Vuillemin, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 216). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 165. 

DÉRIVÉS : Dépréciateur, -trice,  adjectif et substantif (Personne) qui déprécie, qui a tendance à déprécier, rabaisser, dénigrer. Chenavard, qui est dépréciateur par excellence, a dit que c'était [le Natoire] une chose capitale (HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 3, 1850, page 263 ). Aimons ceux qui admirent, évitons les détracteurs, les insulteurs, les dépréciateurs de profession (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 95 ). 

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