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Dictionnaire en ligne: ÉCRASÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 23/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ÉCRASÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de écraser* II.— Emploi adjectival. A.— Broyé sous l'effet d'un choc violent. 1. [En parlant d'une substance] · Fraise écrasée. Couleur rose violacée : Ø 1. [Renoir] s'amuse à assembler le rose turc, la fraise écrasée, le citron, le vert acide; il les noue et les dénoue, en longs filaments, en écheveaux mariés et dissociés. CAMILLE MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, pages 112-113. — PEAUSSERIE. Maroquin écrasé. Un truité ressemblant au chagrin écrasé des étuis de galuchat de nos grand' mères (EDMOND DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, page 212 ). 2. [En parlant d'une personne, d'un animal] Qui a été blessé ou tué par une voiture qui l'a renversé. Il est mort écrasé. — Familier. La rubrique des chiens écrasés et, par ellipse, les chiens écrasés. La rubrique des faits divers dans un journal. J'ai débuté [dans le journalisme] aux chiens écrasés, aux interviews de stars en graine (ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 40 ). B.— Aplati, déformé comme sous l'effet d'un choc. 1. [En parlant de la face, d'une partie du visage] Nez écrasé. L'orpheline avait le teint jaune et le masque écrasé des filles qu'on oublie sous les portes (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 142) : Ø 2.... de larges pommettes saillantes; un nez très peu important, parfois même aplati ou en pied de marmite; un menton écrasé lui aussi et tout en largeur; chez les hommes, une moustache menue. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page 278. 2. [En parlant d'une forme, des proportions d'un ensemble] Dôme, voûte écrasé(e); un panier de forme écrasée. Toutes deux (...) se haussaient curieusement examinant chaque chose, le plafond bas, (...) les colonnes écrasées, reliées par des pleins cintres (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 916 ). Autant cette place du Saint-Sépulcre, constamment ouvert à tous, est étroite, écrasée et sombre, autant il y a d'espace, de vide et de silence, là-bas, autour de la mosquée bleue (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Jérusalem, 1895, page 208) : Ø 3.... je baisais la pierre froide où s'était accoudée Vanessa, je revenais par les rues noires de la banlieue, entre les silhouettes basses des maisons blanches écrasées près de leurs ifs et de leurs cyprès dressés... JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 58. · Taille écrasée. " Taille trop courte et engoncée " (Dictionnaire de l'Académie Française). — TYPOGRAPHIE. Lettre écrasée. Égyptiennes écrasées (Charles-Louis Carabelli, [Langage de la typographie] ). 3. [En parlant d'une sonorité] Sa voix était rauque, écrasée (MAURICE GENEVOIX, Les Mains vides, 1928, page 157 ). On entendait un appel, une plainte écrasée, on sentait une douleur véritable (JACQUES CHARDONNE, Les Destinées sentimentales, I, 1934, page 251 ). Certains trompettes remuent même leur instrument d'un geste sec pour obtenir une sorte de vibrato écrasé (HUGUES PANASSIÉ, Jazz hot, 1934, page 80 ). C.— Au figuré. 1. [En parlant d'une personne, de ce qui lui est propre] a) [Physiquement] Rendu pesant, lourd (par la fatigue). Jean Bussant, se penchant vers la route, vit ceci : Trois hommes qui avancent à la file, d'une allure écrasée, mécanique, affreusement lasse (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Le Silence dans la campagne, 1925, page 89 ). Dans le lit voisin, au lourd acajou enrobé de rideaux, M. Méridier dormait du sommeil écrasé des nerveux (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 202) : Ø 4. « Vous n'imaginez pas, dit le Marquis [à Angelo] , la séduction que peuvent exercer sur cette femme, sur moi-même et sur toute la maison, la boue ou la poussière des routes et cet air écrasé que les grands voyageurs conservent dans le pliement de leur échine jusque dans le repos complet. » JEAN GIONO, Angelo, 1958, page 211. b) Moralement ou intellectuellement abattu. Tout ce qui s'amassait en lui [Pierre] de colères impuissantes, de rancunes écrasées (...) lui montant à la tête, l'étourdit comme un coup de sang (GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, page 400 ). Ce n'était plus la détresse de la veille, écrasée et sans espérance, l'accablement de l'irrémédiable (PAUL BOURGET, Un Drame dans le monde, 1921, page 288) : Ø 5. Si j'avais (à Dieu ne plaise!) vingt ans de moins, je serais sans doute assez fou pour essayer de prouver que cela n'était pas le repos, que vous appeliez repos la révolte silencieuse d'une pauvre petite âme écrasée. GEORGES BERNANOS, Dialogues d'ombres, 1928, page 43. 2. [En parlant d'un groupe de personnes, d'une communauté humaine] Oui, je l'affirme! La France, blessée, écrasée, humiliée, a repris sa marche en avant (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 596) : Ø 6. L'ouvrier, qui n'était plus la bête de somme écrasée, méprisée, redevenait une conscience, une intelligence, désormais libre et glorieux... ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 221. III.— Emploi comme substantif. A.— Substantif masculin et féminin. 1. Personne blessée ou morte pour avoir été renversée par une automobile : Ø 7. À Sherman Square, impressionné par un monument commémoratif aux écrasés de New-York, (821 morts dans les huit premiers mois de 1929), je ne traverse plus la chaussée qu'avec précaution. PAUL MORAND, New-York, 1930, page 252. 2. Personne abattue, accablée physiquement ou moralement. M. Montalivet a de moins que tous les autres le grand ridicule de jouer l'écrasé d'affaires (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1809-11, page 194 ). C'était comme une rumeur infinie de toutes les voix dolentes des écrasés de tous les âges (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 140 ). B.— Emploi comme substantif masculin, avec valeur de neutre, dans le domaine artistique. Aspect écrasé. Rien de gris, d'encroûté comme disent ces Messieurs; rien de cet écrasé de la pierre qui plaît tant à voir (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 1, 1818-69, page 152 ). Son fondu [de Vermeer] n'est pas le fondu sentimental de Hooch, lié à l'apparence et à la profondeur; mais souvent une sorte d'« écrasé » qui semble répondre à une autre partie du tableau (ANDRÉ MALRAUX, Les Voix du silence, 1951, page 474 ). C.— Emploi comme substantif féminin. Effondrement survenant au-dessus d'une ancienne fouille non boisée ou non remplie. Ce phénomène a reçu des noms divers, tels que ceux d'éboulement, effondrement, tombée, écrasée, foudroyage (JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 40 ). Fréquence absolue littéraire : 1 695. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 649, b) 2 953; XXe. siècle : a) 3 131, b) 2 335. Forme dérivée du verbe "écraser" écraser ÉCRASER, verbe transitif. A.— Aplatir, broyer (une chose, un être vivant) en exerçant une forte pression, sous l'effet d'un choc violent. Écraser (quelque chose) sous ses doigts, au mortier, à la meule. Il écrasa du pied la bougie, furieusement (GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 519 ). On dirait que, là-haut, on écrase une portée de chatons à coups de talon (JEAN GIONO, Colline, 1929, page 29 ). Elle épluchait les légumes, écrasait des fruits (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 52) : Ø 1. Le grand gaillard s'effondra d'une masse, écrasa la bête sous son poids. Il eut, debout, le geste familier aux chasseurs de grillages, une traction appuyée dont craquèrent les frêles vertèbres : le lapin tomba au fond du sac. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 252. — Spécialement. · Écraser le raisin. Fouler aux pieds les grappes de raisin pour en extraire le jus. Josille écrasait les grappes, et Mariette, par paniers, les jetait sous ses pieds (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 63 ). Remarque : Écraser est souvent employé quand on tue des animaux qui inspirent le dégoût. Écraser une araignée, un serpent. Par comparaison Avec dégoût, je regarde cet abominable visage de mourant aux cartilages d'une transparence jaunâtre. J'ai envie de l'écraser comme un sale cancrelat (MARCEL AYMÉ, Vaurien, 1931, page 211). · Écraser (quelqu'un ou un animal). Renverser et blesser ou tuer par une automobile. Se faire écraser : Ø 2. C'est ce moment que le chauffeur choisit pour écraser un basset. Quelle peine, au moment où l'on tuerait volontiers des hommes, de voir soudain couler le sang d'un chien. JEAN GIRAUDOUX, Bella, 1926, page 153. — Locutions. · Écraser une cigarette. Presser le bout incandescent afin de l'éteindre. Elle jeta sa cigarette et, comme font les Landais, l'écrasa avec soin (FRANÇOIS MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, page 276 ). · Écraser une larme. Essuyer une larme du doigt ou de la main, généralement pour tenter de dissimuler sa peine. Par métaphore. Faire semblant d'avoir de la peine. Je n'aime pas les images d'Épinal de la guerre. Le rude guerrier y écrase une larme, et dissimule son émotion sous des boutades bourrues (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 276 ). · Écraser l'accélérateur; écraser le champignon (familier). Enfoncer la pédale de l'accélérateur à fond. Et Pierre rit, écrasant l'accélérateur de tout son pied (PAUL MORAND, L'Homme pressé, 1941, page 28 ). — Par analogie. Charger, appuyer. · Écraser sous une charge, un poids (une personne, un animal). Plier en portant un fardeau. Le chemin montait et Patissot soufflait, écrasé sous le sac (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 290 ). · Écraser le corps, la bouche (de quelqu'un). Embrasser, tenir embrassé. Soudain elle sentit deux lèvres ardentes lui écraser la bouche (EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 114 ). · Écraser (une partie du corps). Appuyer contre une surface dure. Écraser son front contre la vitre, son dos contre le mur : Ø 3. J'écrase mon nez contre un carreau de la fenêtre qui donne sur la grande cour extérieure, et j'aperçois les plantons qui causent sur un banc. SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1927, page 55. Remarque : On rencontre dans la documentation plusieurs composés dont le premier élément, formé sur le radical de écraser, sert à former des substantifs désignant dans la langue familière ou argotique une personne ou un inanimé concret. a) [Personne] a ) Écrase-chrétiens. Des mange-vert, des écrase-chrétiens, pour dire tous les surnoms que les hommes apprivoisés leur donnent. Mais pour leur mettre leur véritable nom : des Bergers (JEAN GIONO, Eau vive, 1943, page 40 ). ß ) .) Écrase-museaux. Boun Diou! criai-je en le reconnaissant [le divin blond] , écrase-museaux et casse-gueules! — Sans doute que c'est lui! tu t'en avises seulement? (LÉON CLADEL, Ompdrailles, 1879, page 322). b) [Objet] ] a ) Écrase-cigarettes. Cendrier (...) avec écrase-cigarettes (Catalogue jouets [Trois-Quartiers] , 1936 ). ß ) .) Écrase-merde. Chaussure de ville sans clous et à semelle plane (confer ESNAULT, [Commentaire (IGLF 1948) de l'ouvrage de Bruant, Dictionnaire français-argot (1901)] ). · Écraser la figure, écraser son poing sur la figure (de quelqu'un). (Le) frapper au visage. Pendant la promenade, il [Léopold] avait pris à partie l'un des gardiens, le menaçant de lui écraser la gueule (MARCEL AYMÉ, Uranus, 1948, page 150 ). B.— Au figuré. 1. Écraser quelqu'un de.. Faire succomber (quelqu'un) sous une charge excessive. Écraser de fatigue, de travail; écraser de dettes, d'impôts; écraser de chaleur, de fièvre. J'ai vu que d'innombrables chefs de peuples, écrasés de responsabilités, se réfugient dans l'imaginaire (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 12, 1919-20, page 234 ). Sa nation [du clerc] lui met un sac sur le dos si elle est insultée, l'écrase d'impôts même si elle est victorieuse (JULIEN BENDA, La Trahison des clercs, 1927, page 196 ). Pas un bruit ne venait des différents bâtiments de la fazenda. Le soleil écrasait tout (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 355) : Ø 4.... je me sens en vacances; et mon devoir, — oui, mon devoir — est de préserver cette sensation, de ne pas l'écraser sous le poids des labeurs nombreux qui m'accompagnent jusqu'ici... CHARLES DU BOS, Journal, 1924, page 143. 2. Abattre, anéantir (une force ennemie). Écraser une armée, un pays, une révolution. Jamais le père n'a heurté de résistance qu'il n'ait écrasée. Il feint le calme (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1190 ). Après Sedan et la chute de Paris, il n'était que d'en finir, traiter et, le cas échéant, écraser la Commune, comme, dans les mêmes circonstances, Thiers l'avait fait jadis (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 60) : Ø 5.... l'obsession communiste le mènera [Borodine] à unir contre lui un Kuomintang de droite singulièrement plus fort que celui de Tcheng-Daï et à faire écraser par celui-ci les milices ouvrières. ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 148. — Locutions. · Écraser dans l'oeuf. Anéantir (un complot, une révolte, au stade des préparatifs). Ils disent qu'en 1668 la France pouvait s'étendre d'un coup jusqu'à Anvers, c'est-à-dire écraser dans l'oeuf la future Belgique (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 241 ). · Écraser dans le sang. Elle n'a pas d'autre issue que les révoltes serviles, écrasées dans le sang, ou le hideux espoir du suicide atomique (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 271 ). 3. [Avec ou sans complément de cause] Accabler, dominer. Écraser d'ennui, de honte; écraser par la grandeur, la puissance. a) [D'un point de vue moral] Je ne savais que dire, ne voulant pas paraître étonné, et écrasé par tant de mensonges (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 335) : Ø 6. Le jour où il [Balthazar] eut achevé la série de ses travaux, le sentiment de son impuissance l'écrasa : la certitude d'avoir infructueusement dissipé des sommes considérables le désespéra. HONORÉ DE BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, page 203. b) [D'un point de vue intellectuel, spirituel] L'idée, au moins, que Sade se fait de Dieu est donc celle d'une divinité criminelle qui écrase l'homme et le nie (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951 page 55 ). Un esprit timoré et rassis, toujours prêt à écraser sous le poids des « réalités solides » toute tentative audacieuse, toute velléité d'évasion (NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 60) : Ø 7. Le nombre et la répétition ont pour effet de nous faire sentir la loi et la machine, et presque leur ridicule; et tantôt écrasent l'esprit, tantôt lui font inventer pour sa défense ce qu'il lui faut pour se croire unique et maître de soi. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929 page 29. c) Submerger. Écrase-moi de détails; je suis comme un aveugle tant que tu ne m'en donnes pas (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Correspondance, tome 1, 1800-42, page 226 ). 4. Éclipser, rabaisser. a) [Le sujet et le complément désignent une personne] Ils [les Rogron] sont puants, dit Julliard. Il semble qu'il n'y ait qu'une maison dans Provins. Ils veulent nous écraser tous (HONORÉ DE BALZAC, Pierrette, 1840, page 35 ). Mademoiselle de Halbois, qu'elle [Erneste] écrasa de son luxe et de ses diamants en la traitant comme sa meilleure amie, en sécha de douleur (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Mademoiselle Merquem, 1868, page 304 ). Il avait le dernier mot, et quand il s'attaquait à des absents, il les écrasait (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 108) : Ø 8. Elle se souvenait de mes mots d'enfant et me les ressortait pour m'éblouir. Elle voulait m'écraser avec ça. Elle me rappelait que je me voyais déjà pape, académicien, empereur! RAYMOND QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, page 148. b) [D'un point de vue esthétique; le sujet et le complément désignent un objet représenté ou représentable] Faire paraître plus petit ou plus massif. Une armoire de poirier noir, énorme, opprime cette chambre basse aux murs blancs, écrase entre elle et le lit une chaise de paille (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 110 ). Les rares femmes que l'on rencontre portent toutes la mantille noire, mais sans peigne, ce qui leur écrase la tête et les raccourcit (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 70) : Ø 9. En pleine verdure (cette épaisse verdure anglaise entassée par les siècles, respectée par les hommes), courent les hauts autobus rouges ou les bas autocars verts, dont les masses écrasent les vieilles fermes élisabéthaines et les vieilles auberges aux enseignes naïves,... PAUL MORAND, Londres, 1933, page 137. Remarque : On rencontre en français régionalisme (Centre, Ouest et Canada) le verbe transitif écrapoutir, synonyme de écraser et issu en 1575 du croisement de ce dernier terme avec moyen français et dialectal espoutir " broyer ". a) Domaine concret. Assis-toué pas su mon chapeau, tu vas l'écrapoutir (variantes : écrapoutiller, écrapoutiner) (Vie et Langage, n° 68, novembre 1957, page 504). Cette poire est toute écrapoutie (Le français régional (PIERRE RÉZEAU, GLOSÉ PAR G. TUAILLON) 1969). Par extension J'ai reçu un coup de poing qui m'a écrapouti le nez (Le Parler populaire des Canadiens français (NARCISSE-EUTROPE DIONNE) 1909). Emploi pronominal [En parlant de personnes] Se blottir, se ratatiner (ibidem; Société du Parler français au Canada, 1930). b) Au figuré Faire succomber. S'est-il fait écrapoutir, ce vilain menteur? (Le Parler populaire des Canadiens français (NARCISSE-EUTROPE DIONNE) 1909). C.— Emploi pronominal. 1. S'écraser en tombant contre; s'aplatir, éclater. Un avion s'écrase au sol, une voiture contre un mur; les projectiles s'écrasent contre le blindage d'un char. Au cours d'une de ces missions, il s'écrasa sur le sol, dans les environs de Boulogne, avec l'avion qui le portait (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, L'An prochain à Jérusalem, 1924, page 273 ). La neige volait, s'écrasait sur les pèlerines, étoilait les murs (JEAN COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, page 14) : Ø 10. Avec un bruit de pierre lancée à travers les branches, un marron d'Inde tomba de l'arbre et s'écrasa sur le sol. JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 428. — [Le sujet désigne une partie du corps] Il mit tout le paquet. Son droit s'écrasa sous l'oreille de Bervi (LANGUE VERTE ET NOIRS DESSEINS (AUGUSTE LE BRETON), Razzia sur la Chnouf, 1954, page 108 ). 2. [Avec un sujet au pluriel ou collectif] S'écraser chez quelqu'un, quelque part. S'entasser dans un endroit où il y a foule. Synonyme : se presser. On s'écrasait devant certaines toiles (ÉMILE ZOLA, Madame Neigeon, 1884, page 202 ). Tout ce monde criait, crachait, gesticulait, s'écrasait, emplissait de sa frénésie la vaste salle d'attente (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, L'Ombre de la Croix, 1917, page 50 ). Elle était bien obligée de constater qu'on s'écrasait aux « jours » de la duchesse (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 457) : Ø 11. Au fond de la rue étroite, les spectateurs s'écrasaient. Un barrage se rompait. HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 473. 3. Au figuré. [En parlant d'une personne, d'une partie du corps, ou d'un animal] S'affaisser, se tasser, être pressé. Le menton s'écrasait sur la serviette que la soeur lui avait nouée au cou (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Consultation, 1928, page 1059 ). Le premier patricien s'écrase sur son siège (ALBERT CAMUS, Caligula, 1944, page 87 ). Soudain il n'y avait plus rien qui méritât un sanglot. Je m'écrasai contre le mur (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 536 ). 4. Terme d'escrime " Il se dit de celui qui après le coup tiré, pousse le genou en avant, laisse tomber le corps et lève le pied gauche " (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). D.— Argotique ou populaire. 1. En écraser; écraser de la paille, des punaises. Dormir profondément. Le môme il en écrasait dur... Je l'enferme dans le dortoir à clef (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 329 ). 2. Écraser le coup et, absolument, écraser, ou pronominalement, s'écraser. Renoncer à (une prétention, une revendication). Tu vas pas remettre ça, non? Écrase le coup, merde! (LANGUE VERTE ET NOIRS DESSEINS (AUGUSTE LE BRETON), Razzia sur la Chnouf, 1954, page 118 ). On sait que t'as cent fois raison, mais pour la tranquillité du coin, on te demande d'écraser (JULES SIMON, Petit Simonin illustré par l'exemple, 1957, page 120 ). 3. Argot des prostituées. Se débarrasser d'une obligation importune. Quelle belle journée, j'en ai au moins écrasé une dizaine [de clients] (DOCTEUR JEAN LACASSAGNE, L'Argot du "milieu", 1935, page 75 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 728. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 820, b) 4 374; XXe. siècle : a) 4 834, b) 3 943.

« entendait un appel, une plainte écrasée, on sentait une douleur véritable (JACQUES CHARDONNE, Les Destinées sentimentales, I, 1934, page 251 ).

Certains trompettes remuent même leur instrument d'un geste sec pour obtenir une sorte de vibrato écrasé (HUGUES PANASSIÉ, Jazz hot, 1934, page 80 ). C.— Au figuré. 1.

[En parlant d'une personne, de ce qui lui est propre] a) [Physiquement] Rendu pesant, lourd (par la fatigue).

Jean Bussant, se penchant vers la route, vit ceci : Trois hommes qui avancent à la file, d'une allure écrasée, mécanique, affreusement lasse (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Le Silence dans la campagne, 1925, page 89 ).

Dans le lit voisin, au lourd acajou enrobé de rideaux, M.

Méridier dormait du sommeil écrasé des nerveux (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 202) : Ø 4.

« Vous n'imaginez pas, dit le Marquis [à Angelo] , la séduction que peuvent exercer sur cette femme, sur moi-même et sur toute la maison, la boue ou la poussière des routes et cet air écrasé que les grands voyageurs conservent dans le pliement de leur échine jusque dans le repos complet.

» JEAN GIONO, Angelo, 1958, page 211. b) Moralement ou intellectuellement abattu.

Tout ce qui s'amassait en lui [Pierre] de colères impuissantes, de rancunes écrasées (...) lui montant à la tête, l'étourdit comme un coup de sang (GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, page 400 ).

Ce n'était plus la détresse de la veille, écrasée et sans espérance, l'accablement de l'irrémédiable (PAUL BOURGET, Un Drame dans le monde, 1921, page 288) : Ø 5.

Si j'avais (à Dieu ne plaise!) vingt ans de moins, je serais sans doute assez fou pour essayer de prouver que cela n'était pas le repos, que vous appeliez repos la révolte silencieuse d'une pauvre petite âme écrasée. GEORGES BERNANOS, Dialogues d'ombres, 1928, page 43. 2.

[En parlant d'un groupe de personnes, d'une communauté humaine] Oui, je l'affirme! La France, blessée, écrasée, humiliée, a repris sa marche en avant (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 596) : Ø 6.

L'ouvrier, qui n'était plus la bête de somme écrasée, méprisée, redevenait une conscience, une intelligence, désormais libre et glorieux... ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 221. III.— Emploi comme substantif. A.— Substantif masculin et féminin. 1.

Personne blessée ou morte pour avoir été renversée par une automobile : Ø 7.

À Sherman Square, impressionné par un monument commémoratif aux écrasés de New-York, (821 morts dans les huit premiers mois de 1929), je ne traverse plus la chaussée qu'avec précaution. PAUL MORAND, New-York, 1930, page 252. 2.

Personne abattue, accablée physiquement ou moralement.

M. Montalivet a de moins que tous les autres le grand ridicule de jouer l'écrasé d'affaires (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Journal, 1809-11, page 194 ).

C'était comme une rumeur infinie de toutes les voix dolentes des écrasés de tous les âges (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 140 ). 2. »

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