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Dictionnaire en ligne: DÉDAIGNER, verbe.

Publié le 12/12/2015

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Dictionnaire en ligne: DÉDAIGNER, verbe. [Sujet animé] I.— Transitif direct. A.— Considérer quelque chose ou quelqu'un, par orgueil, par fierté ou par dignité, comme indigne d'attention ou d'intérêt. 1. [Le sujet désigne une personne ou un ensemble de personne] Dédaigner son adversaire, ses proches; dédaigner les honneurs, les compliments, l'argent. Synonymes : mépriser; antonymes : estimer, respecter, vénérer. Si les générations actuelles dédaignent les générations vieillies, elles perdent les frais de leur mépris en ce qui me touche (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 580 ). Je ne suis point du tout de ceux qui dédaignent un peu ces premières fables de La Fontaine (ANDRÉ GIDE, Journal, 1943, page 243) : Ø 1. L'évêque était d'autre carrure. Non seulement il dédaignait l'opinion qu'on pouvait avoir de lui, (...) mais il bravait délibérément l'opinion. ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 56. — Emploi factitif. La connaissance du voilier te doit faire chérir et non dédaigner tes planches et tes clous (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 908 ). — En particulier, dans le langage de l'amour. — Vous n'avez pas changé, vous êtes toujours charmante! — Oh! reprit-elle [Emma] amèrement, ce sont de tristes charmes, mon ami, puisque vous les avez dédaignés (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 164 ). Violante était éprise, elle fut dédaignée (MARCEL PROUST, Les Plaisirs et les jours, 1896, page 57 ). — Emploi absolu (par ellipse d'un complément facile à suppléer), rare. Est-ce que je ne suis pas (...) haï, déchiré (...) Je dédaigne (...) Le dédain protège et écrase (VICTOR HUGO, Choses vues, 1885, page 72 ). 2. Littéraire. a) [Le sujet désigne une abstraction personnifiée] Les petites passions se firent entendre, la vanité fut seule écoutée, l'opulence dédaigna la médiocrité (JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, page 160 ). Mes rêves palpitants, prêts à prendre leur vol, Tournoyaient dans les airs et dédaignaient le sol (THÉOPHILE GAUTIER, Poésies, 1872, page 257) : Ø 2. Or, cet enchantement [du théâtre] , personne au monde n'en exploite mieux les ressources que Christian Bérard, lorsqu'il oppose au réalisme et aux stylisations, ce sens de la vérité en soi, d'une vérité qui dédaigne la réalité, méthode inimitable n'ayant d'autre objectif que de mettre dans le mille à chaque coup. JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, page 138. b) Dédaigner jusqu'à, dédaigner même. La longue figure d'un contemplateur qui dédaigne jusqu'aux méditations (MAURICE BARRÈS, Sous l'oeil des Barbares, 1888, page 74 ). Il me faut bien vous en informer, puisque vous ne me faites pas l'honneur de vous en apercevoir : vous dédaignez jusqu'à mon indifférence (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1380 ). c) Par litote, construction négative. Ne pas dédaigner. Aimer assez, beaucoup. Au cas où votre famille ne se chargerait pas de l'établissement de Calyste, la fortune de mademoiselle de Pen-Hoël n'est pas à dédaigner (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix, 1839-45, page 49 ). Je ne dédaigne pas totalement ce petit jeu (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 146 ). d) Emploi pronominal réfléchi ou réciproque. Il y a des sociétés qui se dédaignent et ne se voient point entre elles (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 353 ). — Dans un contexte de spiritualité. J'ai compris que Dieu est si grand qu'il faut nous dédaigner devant lui en riant (FRANCIS JAMMES. De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir, 1898, page 128 ). Répondez-moi! Dois-je me dédaigner? Parlez-moi franchement : que suis-je? (EDMOND ROSTAND, L'Aiglon, 1900, II, page 80 ). B.— Par extension. 1. Ne pas voir l'importance de quelque chose, ne pas tenir compte de quelque chose ou quelqu'un. Dédaigner les acquis, les conseils, l'effort. Synonymes : ignorer, négliger; antonymes : apprécier, faire cas. a) [Le sujet est un nom de personne] Après la Marne, nous avons vu ce qu'il nous en cuisait d'avoir dédaigné les fortifications de campagne (JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 180 ). Le reste, dédaignant le taux des sages placements de M. Thibault, il l'avait converti en valeurs russes, aujourd'hui tombées à zéro (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 818) : Ø 3. Les Carrache, hommes très supérieurs, on ne peut le nier, hommes savants et doués d'un grand sentiment de l'art, se sont dit un jour qu'il fallait reprendre pour leur compte ce qui avait échappé à ces devanciers illustres [Michel-Ange et Raphaël] ou plutôt ce qu'ils avaient dédaigné. EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1860, page 269. b) Littéraire. [Le sujet est un nom de chose personnifiée] Nos voitures sans frein dévalèrent d'un train de chute dédaignant les lacets, coupant court au gré des périlleux raccourcis (ANDRÉ GIDE, Journal, 1914, page 407 ). Tous les tutus se haussent; les pieds dédaignent leurs articulations merveilleuses (PAUL MORAND, Rococo, 1933, page 8 ). 2. [En opposition virtuelle avec prendre] Ne pas prendre, laisser de côté. Dédaigner un taxi, la porte; dédaigner l'avion et prendre le bateau. Ils dédaignaient nos haches, nos étoffes et tous nos autres articles de traite (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 186 ). Dédaignant la porte, elles ont sauté la grille du jardin (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 33) : Ø 4. Elle passait le bras devant moi et le touchait, dédaignant salières et huiliers que tous les délégués des environs s'empressaient alors de lui tendre. JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, page 220. II.— [Complément verbal à l'infinitif introduit par de] A.— Refuser de faire une chose parce qu'on juge qu'elle ne vaut pas la peine d'être accomplie; refuser par dédain. Dédaigner de parler, de s'asseoir, de se justifier. (Quasi-)synonymes : s'abstenir, refuser. Dîner chez Villot (...) Les domestiques servant pitoyablement et à leur fantaisie des morceaux de hasard, en un mot ce qu'ils dédaignent de se conserver pour eux-mêmes (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1852, page 456 ). Nadine se pensait laide et c'est surtout par dépit qu'elle dédaignait de se féminiser (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 348) : Ø 5. Les mathématiciens peuvent dédaigner de jeter les yeux sur tout mémoire qui a pour objet la quadrature du cercle ou le mouvement perpétuel;... JEAN ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 162. B.— Par litote, construction négative, usuel. Ne pas craindre de, aimer, faire volontiers. Ce qui a déjà prodigieusement vieilli, ce sont les ornements, c'est la parure indiscrète qu'un magnifique génie [Rossini] ne dédaignait pas d'ajouter à ses heureuses conceptions (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1854, page 157 ). Elle ne dédaignait pas de s'encanailler (JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, page 69 ). Un tout Paris qui ne dédaignait pas de mettre la main à la pâte (LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 50) : Ø 6. Il [M. de Seigneulles] s'y installait souvent pendant des semaines entières, longeant dans un galetas à peine meublé, mangeant avec les fermiers et ne dédaignant pas de pousser lui-même la charrue ou de brandir le fléau. ANDRÉ THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, page 109. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 659. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 019, b) 2 261; XXe. siècle : a) 1 991, b) 2 065. DÉRIVÉS : Dédaignable, adjectif. Qui mérite d'être dédaigné. Antonyme : estimable. Cela s'ajoute d'ailleurs à cette ignorance et à ce dédain si dédaignable que notre monde observe à l'égard des efforts autres que les siens (PAUL VALÉRY, Correspondance [avec André Gide] , 1899, page 355 ). Au négatif. Avantage non dédaignable. [Les six sonates pour piano, avec accompagnement de violon] Elles sont si peu dédaignables que Beethoven en personne les a étudiées de près (HENRI GHÉON, Promenades avec Mozart, 1932, page 87 ).

« (MARCEL PROUST, Les Plaisirs et les jours, 1896, page 57 ).

? Emploi absolu (par ellipse d'un compl?ment facile ? suppl?er), rare.

Est-ce que je ne suis pas (...) ha?, d?chir? (...) Je d?daigne (...) Le d?dain prot?ge et ?crase (VICTOR HUGO, Choses vues, 1885, page 72 ).

2.

Litt?raire.

a) [Le sujet d?signe une abstraction personnifi?e] Les petites passions se firent entendre, la vanit? fut seule ?cout?e, l'opulence d?daigna la m?diocrit? (JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Pamphlets, Appel ? la Nation, 1790, page 160 ).

Mes r?ves palpitants, pr?ts ? prendre leur vol, Tournoyaient dans les airs et d?daignaient le sol (TH?OPHILE GAUTIER, Po?sies, 1872, page 257) : ? 2.

Or, cet enchantement [du th??tre] , personne au monde n'en exploite mieux les ressources que Christian B?rard, lorsqu'il oppose au r?alisme et aux stylisations, ce sens de la v?rit? en soi, d'une v?rit? qui d?daigne la r?alit?, m?thode inimitable n'ayant d'autre objectif que de mettre dans le mille ? chaque coup. JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, page 138.

b) D?daigner jusqu'?, d?daigner m?me.

La longue figure d'un contemplateur qui d?daigne jusqu'aux m?ditations (MAURICE BARR?S, Sous l'oeil des Barbares, 1888, page 74 ).

Il me faut bien vous en informer, puisque vous ne me faites pas l'honneur de vous en apercevoir?: vous d?daignez jusqu'? mon indiff?rence (HENRI DE MONTHERLANT, Les L?preuses, 1939, page 1380 ).

c) Par litote, construction n?gative.

Ne pas d?daigner.

Aimer assez, beaucoup.

Au cas o? votre famille ne se chargerait pas de l'?tablissement de Calyste, la fortune de mademoiselle de Pen-Ho?l n'est pas ? d?daigner (HONOR? DE BALZAC, B?atrix, 1839-45, page 49 ).

Je ne d?daigne pas totalement ce petit jeu (HERV? BAZIN, Vip?re au poing, 1948, page 146 ).

d) Emploi pronominal r?fl?chi ou r?ciproque.

Il y a des soci?t?s qui se d?daignent et ne se voient point entre elles (FRAN?OIS-REN? DE CHATEAUBRIAND,M?moires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 353 ).

? Dans un contexte de spiritualit?.

J'ai compris que Dieu est si grand qu'il faut nous d?daigner devant lui en riant (FRANCIS JAMMES.

De l'ang?lus de l'aube ? l'ang?lus du soir, 1898, page 128 ).

R?pondez-moi! Dois-je me d?daigner? Parlez-moi franchement?: que suis-je? (EDMOND ROSTAND, L'Aiglon, 1900, II, page 80 ).

B.? Par extension.. »

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