Devoir de Philosophie

Dictionnaire en ligne: EH1, HÉ1, mot invariable.

Publié le 23/01/2016

Extrait du document

Dictionnaire en ligne: EH1, HÉ1, mot invariable. I.— [Eh est employé pour spécifier la (ou les) personne(s) à laquelle (auxquelles) on s'adresse comme destinataire(s) de l'acte de parole] A.— [Les personnes entre lesquelles s'établit l'acte de parole entrent dans une relation de communication par cet acte même] 1. [Eh précède un nom ou un groupe nominal désignant le destinataire] — V'là Eudore! Eh! Eudore! Eh! cette vieille noix, c'est donc que t'es r'venu! s'écrièrent-ils ensuite (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 112 ). L'épicier, (frappant dans ses mains). Eh la mère, des cartes. Pilar. Voilà, messieurs (ALBERT CAMUS, Révolte dans les Asturies, 1936, I, 2, page 404 ). Monsieur Choque n'a jamais été mordu par un pou? — Je ne sais pas. Eh, vieux con, tu n'as jamais été mordu par un pou? (RAYMOND QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, page 57 ). 2. [Eh précède un adverbe de lieu localisant le destinataire] Quand le Joseph les a vu arriver il a crié : — Eh, là-bas, dépêchez-vous (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 36 ). — Eh, là-haut, le petit brun! cria le prélat (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 48 ). 3. [Eh précède dis/dites] — Eh! dites donc, la vieille, frottez-moi ça plus sérieusement, que je ne trouve pas une tache! criait M. Gourd (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 99 ). Le garde, s'arrête. — Eh! dites, vous allez trop vite. Comment voulez-vous que j'écrive? Il faut le temps tout de même (JEAN ANOUILH, Antigone, 1946, page 206 ). 4. [La personne à laquelle s'adresse le locuteur n'est pas explicitée] — Eh! dit le caporal, pas tant de bruit! Si vous avez à vous engueuler, sortez dehors, foutez la paix à ceux qui sont tranquilles (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 203 ). B.— [Eh suit une phrase adressée à l'interlocuteur et précède un nom dépréciatif, sans que l'interpellation vise expressément à établir une relation de communication] — Peux pas te garer, eh! ballot! cria un chauffeur de taxi. François s'aperçut qu'il se tenait arrêté au milieu de la chaussée (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 96 ). « Il n'y a plus d'heure française, eh! Fada. De Marseille à Strasbourg les Fritz ont imposé la leur (...) » (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 257 ). Remarque : L'acte d'énonciation est provoqué par l'attitude de l'interlocuteur ou l'expression verbale de ses pensées que le locuteur juge ne pas correspondre à l'attitude qu'il attendait de l'interlocuteur dans la situation où ils se trouvent; l'énonciation du locuteur notifie cette inadéquation. II.— [Eh est employé pour exprimer que le locuteur asserte, découvre, met en doute, exige que l'on confirme l'évidence d'un contenu qu'il exprime ou qui est déjà exprimé dans le contexte ou la situation] . A.— [Eh est employé à l'intérieur d'une énonciation assertive] 1. [En employant eh le locuteur présente comme évident le contenu de l'énoncé qui suit eh; ce contenu est une réflexion personnelle du locuteur qu'il présente comme nouvelle] a) [Le locuteur fait une constatation] — Qu'est-ce que j'ai encore fait, maman? — Eh... tu ressembles à la fille de mon père (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 97) : Ø 1.... il tenait à sa main un morceau de drap qu'en sa qualité de tailleur il s'apprêtait à changer en un revers d'habit. — Eh! Te voilà donc revenu, Edmond? dit-il avec un accent marseillais... ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 18. b) [Le locuteur fait un commentaire à propos de ce qui a été dit ou de la situation] Synonymes : en fait, à vrai dire. — [Dans une situation de dialogue] Ces dames achetaient des dentelles à pleines mains. — Eh! dit enfin Mouret, quand il put parler, on vend ce qu'on veut, lorsqu'on sait vendre! (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 459 ). Vivre lié à Balimont, à Bichat? Autant nier la vie. — Eh, mon cher, dit Raoul avec impatience, la conscience malheureuse, cela aussi doit être surmonté (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 172 ). — [Dans un discours suivi ou un monologue intérieur] : Ø 2. Le Recteur rougit, du front à la nuque, mais, au lieu de se mettre en colère, il éclata de rire. En somme, les îliens connaissaient leur propre valeur! Ils se décernaient à eux-mêmes le titre de bons chrétiens! Eh! pour des sauvages ils ne manquaient pas d'ambition! HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 47. — Spécialement. · [L'énoncé est présenté sous forme d'une interrogation oratoire] Il vouloit que Claire lui appartînt; eh! ne s'est-elle pas donnée mille fois à lui dans son coeur? (MADAME COTTIN, Claire d'Albe, 1799, page 175 ). Sur le plan de l'accoutumance, ma foi est un enfant : eh! ne suis-je pas moi-même de mille manières un enfant? (CHARLES DU BOS, Journal, 1927, page 373 ). · [L'énoncé est une réponse à une question] Pourquoi, ai-je dit? Par calcul, par réflexion? Eh! par instinct (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 14, 1923, page 246 ). — Mais, Mulot, cela ne me dit pas pourquoi vous avez été condamné, vous qui n'aviez rien fait... — Eh parbleu! Pour faux témoignage (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1949, page 1097 ). c) [Le locuteur évoque quelque chose ou quelqu'un sans exprimer explicitement le commentaire qu'il lui inspire] Il se rappelait les paroles de son père, à la croix verte! Eh!... son père! Mais son pauvre père n'était qu'un simple, presque un paysan! (ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, page 240 ). 2. [En employant eh le locuteur présente comme évident le contenu d'un énoncé référé à quelque chose qui a déjà été exprimé auparavant ou qui était implicite] Vous parlez toujours d'éducation scientifique. Eh! qui donc n'en veut pas! Mais ne vous payez pas de mots. Que veut dire le mot « science » (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-10, page 60 ). Je considère que je manquerais à mon devoir si je ne vous mettais pas en garde contre un mariage fait dans ces conditions-là. — Eh! à qui le dites-vous! (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1283 ). Remarque : Dans ce cas la phrase est toujours exclamative. 3. [Eh est suivi de oui ou de non/si référés à un contenu déjà exprimé dans un énoncé antérieur ou que le locuteur peut déduire de la situation; le locuteur présente comme évident le contenu] a) [Le locuteur confirme le point de vue de l'interlocuteur (fictif ou réel)] Synonyme : effectivement. — [Dans un dialogue] Elle ajouta : « Vous venez pour visiter la maison? — Eh! oui, parbleu » (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, À vendre, 1885, page 703 ). — Attention aux aspics! murmura un des hommes, courbé vers la terre, sans lever les yeux. — Eh oui, ça mord (HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 49) : Ø 3. Ce jour-là, ayant son tabac à acheter, il était sorti presque tout de suite après Émilienne. Comme il descendait l'escalier, il entendit la voix de Mme. Sallé qui causait avec Eugénie. — Eh oui, disait-elle, ça ne m'étonne pas, c'est une jolie fille. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 194. — [Dans un dialogue rapporté, ou un monologue intérieur] À ceux qui lui faisaient grief de ne jamais se montrer à la ville, « Eh! oui... Eh! oui... disait-il, je mourrai sans avoir bien connu le visage des hommes! » (ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, page 9 ). On me reproche mon optimisme, on me reproche ma confiance. Eh! oui, elle est pleine, ne vacillera jamais (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1917-18, page 214 ). Il est parti depuis longtemps Eh oui! Ça fait déjà un bon quart d'heure (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 162 ). Remarque : L'aspect évident de la réponse du locuteur se trouve parfois souligné par parbleu, pardi. b) [Le locuteur infirme le point de vue de l'interlocuteur ou notifie l'inadéquation de son comportement; dans un dialogue ou un dialogue rapporté] Camerlin. Voyons! voyons! On peut s'entendre! Rabagas. Non! non! Tous, « l'entourant ». Eh! si! (VICTORIEN SARDOU, Rabagas, 1872, IV, 9, page 193 ). — Mettez une épingle ici. Eh! non, pas là, ici, près de la manche (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 692 ). Est-ce vrai? Je crois rêver Eh non! Ce n'est pas un rêve (GUILLAUME APOLLINAIRE, Casanova, 1918, I, 10, page 982 ). B.— [Eh est employé dans une énonciation interrogative] 1. [Eh est suivi d'un énoncé interrogatif dont le contenu porte sur les propos de l'interlocuteur ou sur son comportement; en employant eh le locuteur demande à son interlocuteur de justifier ses propos ou son comportement] — [Dans un dialogue ou un dialogue rapporté] Ce mot fit rougir Madame de Chasteller. — Eh! Bon Dieu, ma chère, dit Madame de Constantin en s'interrompant, que se passe-t-il donc? (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1835, page 271 ). — Tenez, vous les voulez? — Eh, qu'est-ce que j'en ferais? (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 784 ). — Spécialement. [L'énoncé est présenté sous la forme d'une interrogation oratoire] Eh! Madame Isotta, n'est-il pas de règle que celui qui demande parle longtemps, d'abord, de choses qui ne l'intéressent pas? (HENRI DE MONTHERLANT, Malatesta, 1946, III, 5, page 497 ). 2. [Eh suit un énoncé assertif; en employant eh le locuteur demande à l'interlocuteur de confirmer ou d'infirmer le contenu de l'énoncé afin de conforter sa propre croyance; dans une situation de dialogue uniquement] Synonyme : n'est-ce pas. — Et la créature qui est avec lui, c'est sa fille, eh? Maria... — Ouais (LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, page 12 ). Et demain, en étude, j'irai voir un peu avec vous ce devoir d'allemand! et à la Schola, ça ne va pas fort, eh? (HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, I, 1, page 860 ). 3. [Eh n'est suivi d'aucun énoncé; en employant eh le locuteur manifeste qu'il a été soudainement tiré d'un état de distraction, de torpeur par un stimulus quelconque (bruit, question, etc.) et demande à l'interlocuteur de lui dire quelle est la signification de ce stimulus] Faible bruit d'une sonnette qui tinte. Coufontaine. — Eh? Sygne. — C'est M. le curé qui est venu dire la messe comme il l'a promis (PAUL CLAUDEL, L'Otage, 1911, I, 1, page 234 ). Le Duc, « comme si on le réveillait en sursaut ». — Eh? Le Général. — Quoi, « eh? » je vous demande si c'est votre avis? (GEORGES FEYDEAU. La Dame de chez Maxim's, 1914, III, page 17 ). Hugo tape à la machine. (...) Ivan se promène de long en large. Ivan. — Dis! Hugo. — Eh? Ivan. — Tu ne pourrais pas t'arrêter de taper (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, 2e. tableau, 1, page 35 ). C.— [L'énoncé qui suit eh est introduit par mais] 1. [Le contenu de l'énoncé présente un argument contraire à une opinion qu'avait le locuteur auparavant; en employant eh le locuteur signifie que cet argument devient évident pour lui] — Popinot est sorti sans permission, dit César en ne le voyant pas. Eh! mais, il ne couche pas ici, je l'oubliais (HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 150 ). Avide de briller, Gilbert s'y risqua un jour. — Des vers! Eh! mais c'est charmant, charmant (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 120 ). 2. [Le contenu de l'énoncé présente un argument contraire à une opinion qu'avait l'interlocuteur; en employant eh le locuteur signifie que cet argument est évident pour lui] Que veux-tu de plus? — Eh mais, la lettre. — La lettre est pour moi (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1834, page 12) : Ø 4. Et voici les premières maisons de Serravalle, la seconde ville de la République après Saint-Martin. Nous nous y arrêtons. Eh! mais, pour envoyer des cartes postales timbrées de ce bureau : cela est d'une importance capitale pour les collectionneurs. VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 220. 3. [L'énoncé constate un fait qui jusqu'alors avait échappé à l'attention du locuteur ou qu'il avait oublié; en employant eh le locuteur signifie que le contenu de l'énoncé devient évident pour lui ou rappelle à l'interlocuteur qu'il l'était déjà] Enfin un élève de Cottard... — Eh! mais à propos, je ne vous faisais pas mes condoléances, il a été enlevé bien vite, le pauvre professeur! (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 241 ). À l'enregistrement, ils déclareraient les deux tiers. — Eh! Mais, vous n'avez pas signé encore? Nous allons souper; vous ne perdrez rien à causer avec moi (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1930, page 166 ). D.— [Eh est suivi de quoi; en employant eh le locuteur justifie son opinion] 1. [Le locuteur présente comme évidentes les raisons de ne pas croire à l'opinion de l'interlocuteur, opinion qu'on lui présente, qu'il rapporte ou qu'il déduit du comportement de l'interlocuteur] a) [L'énoncé qui suit eh quoi contient deux assertions dont l'une reprend le contenu de l'opinion de l'interlocuteur (ou de son comportement) et l'autre présente une conséquence de cette opinion jugée comme contradictoire avec celle-ci par le locuteur] Si cette idée était vraie, je n'y survivrais pas. Eh quoi! J'aurai travaillé pendant quarante ans de ma vie, (...) j'aurai sué des averses, (...); et aujourd'hui ma fortune, ma vie s'en iraient en fumée! (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 252) : Ø 5. — Eh quoi! lui disait à quelques jours de là le père Anselme, vous auriez, au cours de vos erreurs, propagé par tous les moyens l'hérésie, et vous vous déroberiez aujourd'hui à l'enseignement supérieur que le ciel entend tirer de vous-même? ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 704. — Spécialement. [La seconde assertion est présentée sous la forme d'une interrogation oratoire] Eh! quoi, dira-t-on, en affirmant que l'état d'un système artificiel dépend exclusivement de son état au moment précédent, (...) ne mettez-vous pas le système dans la durée? (HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 21 ). b) [L'énoncé qui suit eh quoi présente l'opinion de l'interlocuteur jugée contradictoire avec l'opinion ou le comportement que le locuteur attendait de lui] Tout commence par des reproches réciproques. Eh quoi! Tu me dépouilles! Tu m'enlèves mes enfants et mon bien! Et même ces idoles dont tu n'as que faire, tu me les dérobes! (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 300 ). — Spécialement. [L'énoncé est présenté sous forme d'une interrogation oratoire] : Ø 6. Je relus le Songe d'une nuit d'été, Le Roi Lear. (...) je relus Julie, les confessions. Eh quoi! me disais-je, ce Shakespeare, ce Rousseau! n'ont-ils donc jamais tenu un caillou dans leurs mains? OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 89. c) [L'énoncé qui suit eh quoi est une question par laquelle le locuteur demande à l'interlocuteur de justifier son comportement qu'il juge en désaccord avec celui qu'il devrait avoir] L'abbé Badilon n'est pas loin. Dois-je le faire venir? Silence. Sygne, ai-je bien compris? Eh quoi, vous ne dites rien? (PAUL CLAUDEL, L'Otage, 1911, III, 4, page 302 ). Je cherche quelle est mon objection contre mon mariage avec Gertie. J'ai essayé de me dire : eh quoi, si tôt? avant d'avoir eu ta part d'aventures? (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 286 ). — C'est lui que Monaco a établi geôlier en chef de Léon XIII. — Eh! quoi! le Cardinal! s'écria la comtesse; un Cardinal peut-il donc être franc-maçon? (ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 753 ). 2. [En employant eh le locuteur présente comme évidentes les raisons fondant une opinion ou un comportement qui lui sont propres] J'assumai mon bonheur comme une vocation. Eh quoi! pensais-je alors, si ton âme avec ton corps doit se dissoudre, réalise au plus tôt ta joie (ANDRÉ GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, page 258 ). «... Mon cher, c'est ridicule, mais j'étais ému. Ces braves gens! Eh quoi, je m'étais senti un peu Italien! » (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913 page 266 ). Elle, ici, déjà! Eh quoi, elle nous a suivis dans notre longue et pénible émigration! Elle est attirée... (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 75 ). Remarque : La présence de eh est obligatoire dans ce cas. E.— [Eh est redoublé; eh eh marque que le locuteur établit une complicité du savoir entre lui-même et l'interlocuteur] 1. [Le locuteur fait part à l'interlocuteur d'une réflexion personnelle] a) [L'énoncé suit eh eh] — « Nous n'avons plus l'âge des folies, n'est-ce pas, Monsieur Bouvard? — Eh! eh! moi, je ne dis pas ça » (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, , 1880, page 108 ). « Eh, eh! faisait-il en se frottant les mains et lançant son coup d'oeil dans l'espace, on pourrait se fâcher là-haut! » (JULES VALLÈS, Le Réfractaire, 1865, page 124 ). b) [L'énoncé précède eh eh] C'est que c'est une bonne cliente pour ce qui est du champagne, eh! eh! continuait l'avocat avec un gros rire (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 13 ). « Elle ira pour vous chez les éditeurs et, comme elle est jolie, eh! eh! elle vous obtiendra de beaux contrats », achevait Costals, plein d'âcreté (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1268 ). D'autre part, je sais aussi que, vers la même époque, vous serez dangereusement excité... Eh, eh! ajouta-t-il en riant (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 73 ). — Spécialement. [Eh eh est employé seul] : Ø 7. Quel est donc ce roi, Paccoux, qui a bu du vin au berceau? — C'était Henri IV, Monsieur; c'est ce qui l'a rendu paillard. — Eh! eh! mon ami, dit le bonhomme en appliquant une claque sur les mollets nus du gamin,... HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, page 186. 2. [Le locuteur annonce à l'interlocuteur, ou lui rappelle, qu'il sait quelque chose que ce dernier croyait qu'il ignorait] Alors un soldat déposa aux pieds de l'officier le filet plein de poissons, qu'il avait eu soin d'emporter. Le Prussien sourit : « Eh! eh! Je vois que ça n'allait pas mal (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Deux amis, 1883, page 191 ). 3. [Le locuteur indique à l'interlocuteur qu'il prend connaissance de quelque chose qu'ils ignoraient l'un comme l'autre] — Eh, eh, eh! dit Caderousse, qu'aperçois-je donc là-bas, au haut de la butte, dans la direction des Catalans? Regarde donc, Fernand, tu as meilleure vue que moi (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 1, 1846, page 33 ). Remarque : Dans ce cas eh eh se trouve toujours en tête de l'énoncé. F.— [Eh est suivi de là; en employant eh là le locuteur manifeste son étonnement face au comportement de quelqu'un] — Eh là! Eh là! Est-ce qu'il est fou, ce gaillard-là de courir comme un dératé! Il a failli me flanquer les quatre fers en l'air! (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re. partie, II, page 21 ). Le geôlier a à peine le temps de se porter vers elle pour la soutenir. M. Tubbs. — Eh là! Asseyez-vous sur le banc! Je vais vous chercher un verre d'eau! (ALBERT CAMUS, Requiem pour une nonne, 1956, 2e. partie, 7e. tableau, page 919 ). Remarque : Dans tous ses emplois eh peut être remplacé par hé.

« contenu de l'énoncé qui suit eh; ce contenu est une réflexion personnelle du locuteur qu'il présente comme nouvelle] a) [Le locuteur fait une constatation] — Qu'est-ce que j'ai encore fait, maman? — Eh...

tu ressembles à la fille de mon père (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 97) : Ø 1....

il tenait à sa main un morceau de drap qu'en sa qualité de tailleur il s'apprêtait à changer en un revers d'habit.

— Eh! Te voilà donc revenu, Edmond? dit-il avec un accent marseillais... ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 18. b) [Le locuteur fait un commentaire à propos de ce qui a été dit ou de la situation] Synonymes : en fait, à vrai dire. — [Dans une situation de dialogue] Ces dames achetaient des dentelles à pleines mains.

— Eh! dit enfin Mouret, quand il put parler, on vend ce qu'on veut, lorsqu'on sait vendre! (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 459 ).

Vivre lié à Balimont, à Bichat? Autant nier la vie.

— Eh, mon cher, dit Raoul avec impatience, la conscience malheureuse, cela aussi doit être surmonté (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 172 ). — [Dans un discours suivi ou un monologue intérieur] : Ø 2.

Le Recteur rougit, du front à la nuque, mais, au lieu de se mettre en colère, il éclata de rire.

En somme, les îliens connaissaient leur propre valeur! Ils se décernaient à eux-mêmes le titre de bons chrétiens! Eh! pour des sauvages ils ne manquaient pas d'ambition! HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 47. — Spécialement. · [L'énoncé est présenté sous forme d'une interrogation oratoire] Il vouloit que Claire lui appartînt; eh! ne s'est- elle pas donnée mille fois à lui dans son coeur? (MADAME COTTIN, Claire d'Albe, 1799, page 175 ).

Sur le plan de l'accoutumance, ma foi est un enfant : eh! ne suis-je pas moi- même de mille manières un enfant? (CHARLES DU BOS, Journal, 1927, page 373 ). · [L'énoncé est une réponse à une question] Pourquoi, ai- je dit? Par calcul, par réflexion? Eh! par instinct (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 14, 1923, page 246 ).

— Mais, Mulot, cela ne me dit pas pourquoi vous avez été condamné, vous qui n'aviez rien fait...

— Eh parbleu! Pour faux témoignage (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1949, page 1097 ). c) [Le locuteur évoque quelque chose ou quelqu'un sans exprimer explicitement le commentaire qu'il lui inspire] Il se rappelait les paroles de son père, à la croix verte! Eh!... son père! Mais son pauvre père n'était qu'un simple, presque un paysan! (ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, page 240 ). 2.

[En employant eh le locuteur présente comme évident le contenu d'un énoncé référé à quelque chose qui a déjà été exprimé auparavant ou qui était implicite] Vous parlez toujours d'éducation scientifique.

Eh! qui donc n'en veut pas! Mais ne vous payez pas de mots.

Que veut dire le mot « science » (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-10, 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles