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Dictionnaire en ligne: EN2, pronom atone de la 3e.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: EN2, pronom atone de la 3e. personne. GÉNÉRALITÉS. 1. En tant que pronom, en se construit avec un antécédent de nature substantive, qu'il s'agisse d'un substantif proprement dit ou d'un pronom qui le représente, ou d'un substantif inclus dans une locution adverbiale, ou enfin d'une proposition reprise en tant qu'entité globale après nominalisation implicite par en. 2. Quelle que soit sa forme, l'antécédent relève normalement de l'inanimé ou de l'animé non humain (animaux); plus rarement en peut représenter un substantif désignant un animé humain. 3. Dans certains cas, en nombre limité, l'antécédent est sous-entendu (implicite) et se dégage de la situation en vertu de l'usage. Dans d'autres cas, il est réduit à l'emploi d'élément formateur modifiant le sens du verbe avec lequel il est construit; on présentera cet emploi en entrée distincte. 4. À l'intérieur de la proposition où il est placé, en remplit auprès des termes de cette proposition toutes les fonctions assumées par de, soit dans ses emplois de préposition, soit dans ses emplois d'article indéfini ou partitif. Lorsqu'il représente un antécédent substantival proprement dit, il peut être lui-même déterminé dans certaines limites. 5. Enfin, en tant que pronom atone, il pose des problèmes de place dans la phrase. I.— [L'antécédent est explicite et de nature nominale] A.— [L'antécédent est un substantif, un adverbe ou un pronom] 1. [L'antécédent est représenté sans être à son tour déterminé] a) [En correspond aux emplois de la préposition de en tant que morphème introducteur de complément (ou à un de ses équivalents : à, sur)] — [Dans des constructions où en a valeur de complément circonstanciel il exprime] : · [L'éloignement d'un lieu pour représenter un groupe nominal en fonction de complément circonstanciel : de là, de cet endroit, de + nom de lieu] La Femme? — J'en sors La mort Dans l'âme (JULES LAFORGUE, Poésies complètes, 1887, page 153) : Ø 1. Les maisons du bourg sont vétustes; mais il en sort, tout à coup, nombre de filles et de garçons rieurs. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 289. [Employé avec certains verbes à la forme pronominale, en particulier aller, avec un antécédent souvent tiré implicitement du contexte (confer infra II B)] Les policiers s'en retournèrent bredouilles, furieux de cette expédition manquée (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 330 ). Le type ne répond pas, la femme crie : « Allez-vous en, sale type, sale froussard» (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 198 ). [Sans idée nette de point de départ] Confer aller exemple 60. · [L'origine, la source] Les effets cumulatifs de K Wicksell et les variantes qu'on en a tirées (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 257) : Ø 2. La sagesse de Dieu n'aime point à faire des présents inutiles; vous êtes, en faveur des vertus que vous en avez reçues, condamnée à en faire un exercice continuel. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 212. · [L'éloignement dans le temps (à mesure qu'on s'éloigne ou que l'on se rapproche de cette date s'en éloigner, en sortir)] Elle n'eût pas recherché cette union (...) mais chaque jour l'en rapprochait (MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 161 ). · [La cause (à la suite de, à cause de)] Ainsi celui-là qui anéantit son ennemi. Et il vivait de lui. Donc il en meurt (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 773 ). N'empêche que quand il m'a causé d'amour, j'ai eu comme un coup de langueur dans le poitrail. Encore maintenant, j'en suis toute chose (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, III, 7, page 168 ). · [Le moyen] Le bon homme s'approcha d'elle et, ouvrant son vaste parapluie rouge, lui demanda la permission de l'en abriter (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 292 ). Ces jeunes gens bien intentionnés qui s'inquiétaient hier de refaire la France, qu'en feront-ils avec les misérables débris qui vont en rester? (ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 29) : Ø 3. Et celui-là s'égare à rechercher parmi les pierres ce qui n'est point de leur essence, alors qu'il pourrait en user pour en bâtir sa basilique, sa joie n'étant point à tirer d'une pierre parmi d'autres pierres mais d'un certain cérémonial des pierres, une fois la cathédrale bâtie. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 953. · [Le propos] C'est une affaire majeure pour notre commerce. Je vous en ai écrit par le dernier courrier (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Congrès de Vérone, tome 2, 1838, page 102 ). Cette fameuse tour de Mélusine, que nos auteurs ont rendue si célèbre par les fables qu'ils en ont racontées (MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, page 170 ). Remarque : En correspond parfois dans ce cas à la préposition sur. — [Dans des constructions où en a valeur de complément de nom marquant la possession, l'appartenance] Ma mère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 17) : Ø 4. Le couloir était froid et nu, la salle d'attente, qu'on ne fit qu'entrevoir, banale. Du moins les sièges n'en étaient-ils pas élimés, comme chez la plupart des médecins, et n'y voyait-on pas aux murs les aquarelles habituelles. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 121. Remarque : 1. En est généralement préféré au possessif pour représenter un inanimé. Toutefois, la règle est précaire. " Les portes des wagons de métro ont cette pancarte : Ne pas gêner leur fermeture " (Grammaire Larousse du français contemporain (Jean-Claude Chevallier) 1964, § 382). 2. En est généralement employé aux dépens du possessif lorsqu'il complète : a) Le sujet d'un verbe passif. La propulsion nucléaire (...) sera (...) utilisable (...) pour les grands avions, et l'étude en a été faite, puis abandonnée (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 271). b) Le sujet d'un verbe intransitif J'ai malheureusement oublié le détail de cette épopée paternelle. Le sujet n'en changera jamais (HENRI BOSCO, Un oubli..., page 280 dans JACQUELINE PINCHON, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, page 157). c) Le sujet d'une proposition attributive. Voici un petit travail sur les antinomies de la pensée et de l'action que je vous offre, quoique la matière en soit misérable (MAURICE BARRÈS, Renan, 1888, page 175). d) Le complément d'objet direct d'une forme transitive Un corps, c'est si juste, c'est même étriqué, on a envie d'en faire craquer les coutures (SIMONE DE BEAUVOIR, Mandarins, 1954, page 497). 3. En revanche, lorsque en détermine le sujet d'un verbe transitif c'est généralement la forme possessive qui est privilégiée : " Le soleil se leva : ses rayons caressèrent la cime de la montagne " (LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1969, § 429, rem). En est impossible lorsque le substantif déterminé est construit indirectement : a) Le substantif est complément de nom. " Je revoyais (...) l'antique château (...), la rivière qui baignait le pied de ses murailles " (B. CONSTANT, Adolphe, VII, ibidem). b) Le substantif est complément circonstanciel. " Si cette pièce était un tableau, comme on s'extasierait sur sa matière " (ANDRÉ GIDE, Journal, 1939-42, page 132, ibidem). — [Dans des constructions où en a valeur de complément déterminatif] · [D'un nom en construction directe] Il prit des mains d'Anne un verre de Martini et en but une gorgée (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 553 ). J'étais étourdie par toutes ces nouveautés qu'il me révélait, et j'avais un peu l'impression qu'il en était lui-même l'auteur (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 201 ). Le poids relativement léger de ce petit moteur en compense le coût élevé (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 272 ). · [D'un adjectif] : Ø 5. Quel grand écrivain du XVIIIe. siècle n'avait pas eu une meute de libellistes à ses trousses? Mais il savait en rire. Jean-Jacques en était incapable. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, page 199. · [D'un participe employé comme adjectif] Ils n'ont à me prêter que leur propre indigence, ils en sont prodigieusement satisfaits (LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 19 ). Remarque : Accord de la forme adjectivale du verbe. Lorsque en est complément d'objet d'un participe passé conjugué avec avoir et qu'il le précède, le participe passé est généralement invariable. On justifie l'invariabilité en disant que " en est un neutre partitif signifiant « de cela, une partie de cela » et qu'il est (...) complément déterminatif du nom partie (ou quantité) sous entendu " (LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1969, § 795). L'usage toutefois est indécis et en relation avec un adverbe de quantité (beaucoup, combien, tant), le participe passé peut s'accorder. Combien j'en [d'hommes] ai déjà passés! combien j'en puis encore atteindre! pourquoi mon égal irait-il plus loin que moi? (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, page 32). Mais, là encore, la règle est imprécise et précaire. J'en ai tant vu des rois! (VICTOR HUGO, Le Feuilles automne, III, dans LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1969, § 795). Il faut noter enfin que l'arrêté du Journal Officiel du 9 février 1977 admet l'un et l'autre accord. · [D'un adverbe de quantité] Elle avait inscrit en épigraphe deux phrases de Nietzsche (pourquoi deux? Les femmes en mettent toujours trop) (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 326) : Ø 6. SEVRAIS. — Et puis, c'est vrai, si j'étais ton frère, j'en ferais moins pour toi. SOUBRIER. — Oui, tu en fais beaucoup pour moi! — Est-ce que tu mourrais pour moi? Tiens, si je me noyais... HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, II, 4, page 896. — [Dans des constructions où en a valeur de complément d'un verbe] · [Objet indirect] Les garçons, tu t'en moquais (JACQUES AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 1er. tableau, page 42 ). La piste sur laquelle les défenseurs espéraient voir débarquer des renforts, c'est l'ennemi qui s'en empare (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 283 ). — [Dans certaines constructions, en a valeur de complément secondaire] Confer supra exemple 2 et François Perroux, loco citato; exemple 3 et André Gide, Journal, 1940, page 29. b) [En correspond à l'article partitif de le, du...] — Michel, tu en veux de cette bonne andouillette? (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 10 ). On voyait cette année-là dans les vitrines d'absurdes jupons longs et soyeux : j'en achetai (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 509) : Ø 7. — Monsieur est servi, murmure-t-elle avec une touchante simplicité. — Je n'aime pas le chien, répond mon père, j'en ai mangé en Chine et je trouve cela mauvais. JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 43. Remarque : Il arrive que en ne reprenne pas l'antécédent dans la même extension. a) Passage de la plus grande extension à la plus petite. J'étais un homme sans honneur. Et, tout d'un coup, j'en ai eu un (Becket dans JACQUELINE PINCHON, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, page 63). b) Passage de la plus petite extension à la plus grande. Je laisse ma viole à mon Seigneur. Il sait déjà presque en jouer (Jean Anouilh, Becket dans ibidem). Je suis le tout s'il en fut [un] (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 193). 2. [L'antécédent est repris avec une détermination propre qui ne figure pas dans l'antécédent; en correspond à l'article indéfini] a) [Le déterminant est un quantificateur qui précise une partie par rapport au tout que l'antécédent est supposé représenter] — [un numéral indéfini] · En... un autre. « Je ne peux pas vous aimer... j'en aime une autre... » (HENRI MEILHAC, LUDOVIC HALÉVY, La Grande-duchesse de Gérolstein, 1867, II, 7, page 255 ). · En... d'autres. Il ne copie jamais ses compositions, tandis qu'il y en a d'autres, et des plus cotés... (HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant. 1951, I, 3, page 870 ). Physiquement, si je n'ai plus tout à fait les mêmes atouts qu'autrefois, je sais que j'en ai d'autres (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 494 ). · En... un pareil. Vous voyez ce que peut l'attachement d'un être dévoué. Qui de vous ne serait touché d'en rencontrer un pareil en une circonstance que je suis loin de souhaiter pour vous? (HENRI DE LATOUCHE, LOUIS-FRANÇOIS L'HÉRITIER. Dernières lettres de deux amans de Barcelone, 1821, page 34 ). · En... plusieurs, peu, beaucoup... Je n'y ai guère trouvé de phrases qui n'aient au moins une demi-page de longueur et il y en a beaucoup qui couvrent une page et demie (JULIEN GREEN, Journal, 1946, page 66 ). — [un numéral à valeur précise] En voilà deux, tout de même, deux curés que je vois mourir ici (GEORGES BERNANOS, Un Crime, 1935, page 729 ). Sur ces treize millions, il y en a dix que j'ai perdu dans le coup des Sonchelles (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 200) : Ø 8. Il y a un long silence, pendant lequel l'Archevêque compulse des papiers qui lui ont été passés par le Grand Vicaire. Il finit par en signer un. Il en donne d'autres au Lieutenant civil. HENRI DE MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, page 1023. b) [La détermination est de nature qualificative avec valeur d'épithète; en est généralement suivi de de] — [avec un adjectif] Vous avez vu les principales personnalités locales... Il y en a de pittoresques... Le docteur Bellamy les surclasse de beaucoup... (GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 31) : Ø 9. Il n'y a pas chez lui d'affaissement intellectuel, mais, selon la formule de Dugas, « confiscation de l'esprit au profit d'un sentiment fixe ». Il en est de savants, il en est de ministres. Entre le monde rigoureux du logicien et le symbolisme plastique du poète ou du mythomane, son univers de pensée se présente comme un symbolisme idéologique, tenant du premier sa rigidité formelle, du second son aptitude à rendre, sous le symbole, autre chose que ce qu'on y a d'abord placé. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 551. — [avec une locution substantif] Je la range dans le placard, ma chanson, et je la retrouve quand j'en ai envie. J'en ai de toutes sortes, vous savez, et je leur laisse pas le temps de se rouiller (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, I, 7, page 54 ). 3. [La détermination est une proposition relative avec ou sans antécédent pronominal indéfini; les emplois sont très fréquents] a) [Dans les tournures impersonnelles exprimant l'existence] Il y en a qui ont la vocation d'être valet de chambre (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 170 ). Il en est qui sont poussés au point de ne pas comprendre ce qu'ils font (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 101 ). b) [Avec les présentatifs voici, voilà] Qu'on ne me parle pas de Jean Racine. En voilà un dont je ne suis pas fière! (HENRI DE MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, page 1030 ). Remarque : 1. Note sur la nature de l'antécédent de en. On a coutume de dire que le français moderne réserve les pronoms personnels lui, elle(s), eux pour représenter des personnes et restreint l'emploi de en à la représentation des choses. En plus des exemples cités précédemment (confer exemple 2), en s'emploie pour des personnes avec des verbes exprimant un sentiment, une sensation : Se plaindre de; avoir pitié de; être en peine de; s'éprendre de; raffoler de; être amoureux de, être fou de; être jaloux de (confer Henri Meilhac, Ludovic Halévy, loco citato); avec des verbes exprimant un mouvement : s'approcher de, être près de; s'éloigner de; être loin de (confer Latouche, L'Héritier, loco citato); ainsi qu'avec d'autres verbes : parler de; dire de; obtenir de; recevoir de, tirer de, s'occuper de, faire de. Au XIIIe, Jean Sans Terre enlèvera, pour en faire sa femme, Isabelle de Lusignan (Jules Michelet, Chemins Europe, 1874, page 187). 2. Note sur quelques valeurs stylistiques de en. a) Valeur d'insistance. Dans une construction segmentée, en peut reprendre un antécédent postposé pour le détacher. L'antécédent est antéposé : Je passe deux séances sur le bruit des tampons. Finalement, j'en ai d'assez bons (Pierre Schaeffer, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 20); l'antécédent est postposé : Vous en avez bien eu, là-bas, des négresses (Valéry Larbaud, Barnabooth, 1913, page 240). C'est comme le boulanger, il en a, du pain (Jean-Paul Sartre, La mort dans l'âme, 1949, page 83). b) Valeurs pléonastiques, familières. En peut être employé avec le possessif Peut-être hésitez-vous à en demander son prix (Combat dans Jacqueline Pinchon, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, page 310). En peut être employé en liaison avec dont. Tu ne te serviras point de tous les mots, dont il en est de rares et de baroques qui tirent à eux toute l'attention (Paul Valéry, Remerciements au Dictionnaire de l'Académie Française, édition Pléiade, tome 1, page 741 dans Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1969, § 560). B.— [L'antécédent est une proposition reprise après nominalisation implicite] 1. [La proposition à reprendre est une proposition autonome] : Ø 10. Aussi c'est dans ce temps où tout marche au cercueil, Que la religion prend un habit de deuil; Elle en est plus auguste, et sa grandeur divine Croît encore à l'aspect de ce monde en ruine. LOUIS DE FONTANES, Œuvres, Le Jour des Morts dans une Campagne, 1821, page 35. 2. [En figure dans une proposition intercalée dans la proposition qu'il est censé reprendre] Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence (ALPHONSE DE LAMARTINE, Méditations poétiques, 1820, page 135 ). C.— [Place du pronom en] 1. [En se place avant le verbe (avant l'auxiliaire à un temps composé)] On en voyait arriver au loin par les sables de la plage (LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 42 ). 2. [Après un impératif positif, en suit le verbe] Pour trouver l'essence d'une philosophie du monde, cherchez-en l'adjectif (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 136 ). Remarque : Parce que en se réduit à un seul son vocalique et qu'il appartient, comme les pronoms personnels, au groupe verbal, il influe sur la désinence et sur la liaison du verbe à l'impératif — Charges-en Raoul, si ça te chante, lui dis-je (Raymond Abellio, Heureux les pacifiques, 1946, page 403). 3. [En relation avec un pronom régime de la 1re ou de la 2e. personne, en se place après ce pronom personnel qui s'élide] Donne m'en, va-t'en. Va-t-en. C'est un ordre (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 305 ). Remarque : La forme tonique du pronom personnel est parfois conservée avec un z intercalé (familier). Donne-moi-z-en! II.— [Dans des locutions figées ou familières, en a un antécédent implicite] A.— [L'antécédent est un substantif tiré de situations (très) familières ou marquées par la pudeur] 1. [Employé seul] a) En avoir. — (de l'argent). Être riche. — (de la virilité). Être brave. — T'y fie pas, i' n'est pas épais, mais il est mâle : il en a (ARISTIDE BRUANT, Dictionnaire français-argot, 1901, page 74; avoir II, F, 3) — En avoir dans l'aile (un coup). Être ivre. b) En baver (des ronds de chapeau). — Être très étonné (Confer baver I B 1). — S'épuiser sur un travail pénible. Il faut qu'ils en bavent; ils n'en baveront jamais assez (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 205 ). c) En découdre. Se battre : Ø 11.... quelle que fût la hâte d'en découdre qui animait Leclerc et ses troupes, leur débouché n'eut lieu que le 12 décembre, en raison d'un arrêt dans l'avance de la VIIIe. armée à hauteur d'El-Agheila. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 62. d) En être. — En être (de la classe libérée dans l'année). En être, [de la Classe] , voir venir la fin de la guerre : Ha! on n'en est pas!, se dit à toute distribution de nouveautés d'habillement et d'équipement (...) : Un qui voudrait bien en être (DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES ARGOTS FRANÇAIS (GASTON ESNAULT) Notes complémentaires au "Poilu tel qu'on le parle" (Gaston Esnault) [1919] 1957 1919, page 319 ). — En être (des pédérastes). Car tôt ou tard il faut en être [à Biribi] (ARISTIDE BRUANT, Dictionnaire français-argot, 1901, page 354 ). — En être (d'un complot, d'une chose que l'on tient à tenir secrète). Marcel, bas à Marthe. Il en était (CASIMIR DELAVIGNE, Louis XI, 1832, III, 2, page 93 ). e) S'en donner (du plaisir). Nous nous en donnions à coeur joie (PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 41 ). f) En pincer (de la guitare). Être amoureux : Ø 12. DANSE-LA-NUIT.— (...) — La vérité toute pure est que notre charmante Strombô... VOLPILLA. — ... en pince... VOIX en haut en bas et de tous les côtés passant de l'aigu au grave. — Pince pince pince pince pince. LE POËTE, éperdu. — ... LE PRÉPO. — ... et presque sanglotant! LE POËTE. — ... pour moi? PAUL CLAUDEL, La Lune à la recherche d'elle-même, 1949, page 1286. 2. En + verbe + un(e) a) En casser une (graine, croûte). Manger. b) En griller une (cigarette). Fumer. c) En faire une (partie). Jouer. — Allons, dit M. le préfet (...), en prenant une queue au ratelier, allons! Peloux, nous en faisons une? M. le préfet (...) était d'une jolie force au billard (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail. 1797, page 312 ). d) En écluser un, s'en jeter un (verre). Boire. e) N'en pas rater une (sottise, gaffe). Tu ne m'en épargnes pas une (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1436 ). 3. En + verbe + adjectif au pluriel. a) En avoir de bonnes (histoires). Vous en avez de bonnes, vous, proteste vivement Balimont, retrouvant soudain son énergie (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 241 ). J'étais sûre qu'elle m'en aurait raconté de belles (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 207 ). b) En entendre de belles, de raides. Korzakow avait le buste couvert de tatouages, c'est dire que nous en entendîmes de raides (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 75 ). c) En voir de dures (des épreuves). J'espère, pour votre commun profit, que vous lui en ferez voir de dures (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946 page 51 ). d) En voir de toutes les couleurs. En voilà un qui en a fait de toutes les couleurs (EUGÈNE LABICHE, Célimare le bien-aimé, 1863, I, 1, page 5 ). C'est bizarre que vous ayez le vertige! dis-je. Vous en avez tant vu, de toutes les couleurs : je vous aurais cru plus aguerri! (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 428 ). 4. En + verbe + substantif déterminé. a) En connaître un rayon. b) En boucher un coin, une surface. " Interloquer " (Charles-Louis Carabelli, [Langage familier] ). B.— [L'antécédent représente une proposition antécédente, ou une idée parfois vague tirée du contexte] . 1. En = de cela. a) [Dans des locutions familières ou argotiques] Mais toi les nuances tu t'en balances et puis dans le fond ce que je t'en dis... (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 160 ). Voilà quinze jours que je marche, j'en ai plein le cul, je veux me reposer (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 202 ). b) En avoir le coeur net. Mon fils est un monstre et me prévenant contre une infirme appelée à jouer un grand rôle dans mon existence. Je veux en avoir le coeur net (ALBERT CAMUS, Les Possédés, 1959, 1re. partie, 4e. tableau, page 976 ). c) S'en tirer, s'en sortir. Mais non, soi, on ne meurt pas. Les vieux s'en tirent toujours; ce sont les fils qui paient pour eux (HENRI DE MONTHERLANT, Demain il fera jour, 1949, III, page 743 ). Ils furent l'un devant l'autre également embarrassés et s'en tirèrent tous deux par la pieuse comédie des larmes (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, page 204 ). d) En revenir, ne pas en revenir (au figuré) (Ne pas) s'étonner. Faut monter la garde, c'est tout. Oh! vous en reviendrez. Ce n'est pas spectaculaire (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, 3e. tableau, 2, page 80 ). 2. En = sur cela (qui a été dit ou va l'être). a) En appeler à. J'en appelai à l'unité et à la fraternité « pour guérir la France blessée. » (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 274 ). b) En croire quelqu'un. Et si vous voulez m'en croire... (GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 911 ). c) [En relation avec un adverbe de quantité] En savoir long, en apprendre davantage. Combien de journaux de captivité pourraient en dire autant? (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 115 ). Elle fit un mouvement pour se lever, comme si elle avait craint d'en entendre davantage (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 81 ). Ø 13.... les légendes locales en savaient long sur les conciliabules qu'avaient abrités ces coupoles mauresques et ces hautes voûtes noires aux suintements de cave... JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 198. d) [En relation avec un adverbe de lieu] En arriver là, en revenir là. Mais sur un signe de Rieux, on en resta là (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1242 ). Remarque : 1. Le pronom en s'observe sous une forme non liée avec des verbes de mouvement (principal : aller) dans des formes périphrastiques. a) S'en aller + infinitif pour traduire une idée de but. Les bras de la brouette qui le porte (...) où je m'en vais buter (André Gide, Voyage en Andorre, 1910, page 312). Tu t'en iras voir les bûcherons et tu les trouveras abattant des arbres (Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, 1944, page 764). Garric et Guéhenno s'en allèrent boire ensemble un verre dans un bistrot voisin (Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 327). b) S'en aller + participe présent pour traduire le déroulement de l'action. Un couplet qu'on s'en va chantant (Alfred de Musset dans Grammaire Larousse du XXe. siècle en six volumes 1950, page 333). 2. Dans plusieurs cas, en s'est soudé au verbe, devenant ainsi élément formateur (confer en-2.). Cette tendance s'observe aujourd'hui dans la langue où l'on peut noter la forme il s'est en allé. L'âme s'est en allée (Jules Vuillemin, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 126). Mon ami s'est en allé sur sa barque et la distance entre moi et lui ne cesse de s'élargir (Paul Claudel, Poésies diverses, 1952, page 887). 3. On rencontre dans la documentation la locution substantivale néologique un(e) en-allé(e). a) Au féminin Action de s'en aller (confer allée exemple 3). — En particulier [Dans le domaine psychologique ou religieux, par référence à la croyance selon laquelle l'âme se sépare du corps pendant le sommeil et à la mort] a ) [En parlant du sommeil] Cette en-allée de soi-même que donne le lit (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1872, page 998 ß ).) [En parlant de la mort] Une en-allée de l'existence (Idem, ibidem, page 668). b) Au masculin [En parlant des disparus] Armes, vibrez! mains admirables, prenez-les, Mains scélérates à défaut des admirables! Prenez-les donc et faites signe aux En-allés Dans les fables plus incertaines que les sables (Paul Verlaine, Poèmes divers, 1896, page 264). STATISTIQUES : En1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 798 415. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 176 198, b) 1 135 542; XXe. siècle : a) 1 081 159, b) 1 133 281.

« inutiles; vous êtes, en faveur des vertus que vous en avez reçues, condamnée à en faire un exercice continuel. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 212. · [L'éloignement dans le temps (à mesure qu'on s'éloigne ou que l'on se rapproche de cette date s'en éloigner, en sortir)] Elle n'eût pas recherché cette union (...) mais chaque jour l'en rapprochait (MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 161 ). · [La cause (à la suite de, à cause de)] Ainsi celui-là qui anéantit son ennemi.

Et il vivait de lui.

Donc il en meurt (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 773 ). N'empêche que quand il m'a causé d'amour, j'ai eu comme un coup de langueur dans le poitrail.

Encore maintenant, j'en suis toute chose (MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, III, 7, page 168 ). · [Le moyen] Le bon homme s'approcha d'elle et, ouvrant son vaste parapluie rouge, lui demanda la permission de l'en abriter (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 292 ).

Ces jeunes gens bien intentionnés qui s'inquiétaient hier de refaire la France, qu'en feront-ils avec les misérables débris qui vont en rester? (ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 29) : Ø 3.

Et celui-là s'égare à rechercher parmi les pierres ce qui n'est point de leur essence, alors qu'il pourrait en user pour en bâtir sa basilique, sa joie n'étant point à tirer d'une pierre parmi d'autres pierres mais d'un certain cérémonial des pierres, une fois la cathédrale bâtie. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 953. · [Le propos] C'est une affaire majeure pour notre commerce.

Je vous en ai écrit par le dernier courrier (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Congrès de Vérone, tome 2, 1838, page 102 ).

Cette fameuse tour de Mélusine, que nos auteurs ont rendue si célèbre par les fables qu'ils en ont racontées (MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, page 170 ). Remarque : En correspond parfois dans ce cas à la préposition sur. — [Dans des constructions où en a valeur de complément de nom marquant la possession, l'appartenance] Ma mère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 17) : Ø 4.

Le couloir était froid et nu, la salle d'attente, qu'on ne fit qu'entrevoir, banale.

Du moins les sièges n'en étaient-ils pas élimés, comme chez la plupart des médecins, et n'y voyait-on pas aux murs les aquarelles habituelles. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 121. Remarque : 1.

En est généralement préféré au possessif pour représenter un inanimé.

Toutefois, la règle est précaire.

" Les portes des wagons de métro ont cette pancarte : Ne pas gêner leur fermeture " (Grammaire Larousse du français contemporain (Jean-Claude Chevallier) 1964, § 382).

2.

En est généralement employé aux dépens du possessif lorsqu'il complète : a) Le sujet d'un verbe passif.

La propulsion nucléaire (...) sera (...) utilisable (...) pour les grands avions, et l'étude en a été faite, puis abandonnée (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et 2. »

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