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Dictionnaire en ligne: ENNEMI, -IE, substantif.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ENNEMI, -IE, substantif. Personne qui n'aime pas (quelqu'un, quelque chose) ou personne, chose qui n'est pas aimée (de quelqu'un). Antonyme : ami. I.— Personne ou collectivité qui est (vis-à-vis d'une autre personne ou collectivité) un objet et/ou un agent de haine, d'actions nuisibles. L'ennemi des lois. Combien de philosophes ont trouvé que le plus cruel ennemi de l'homme était l'homme! (PIERRE LEROUX, Humanité, de son principe et de son avenir, tome 1, 1840, page 16 ). La seule estime qui vaille est l'estime d'un ennemi. Et l'estime des amis ne vaut que s'ils dominent leur reconnaissance et leurs remerciements (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 605 ). A.— Domaine des relations affectives. 1. Personne qui éprouve ou suscite de l'inimitié, qui montre ou provoque une attitude inamicale, fortement défavorable et néfaste (par manque d'affinités psychologiques, parti-pris de méchanceté ou motifs particuliers de rancune). Un ennemi redoutable. Richelieu était aussi bon ami qu'ennemi cruel (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, page 215 ). L'esprit de guerre et de haine est l'état normal de ces malheureux; le missionnaire exige qu'ils pardonnent à leurs ennemis et leur dit d'abord : « La paix soit avec vous » (FRANÇOIS COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, page 70 ). Confer aussi ami exemple 2, amical exemple 8 : Ø 1. Qui dit voisins dit ennemis. Voyez le champ qui touche au mien. C'est celui de l'homme que je hais le plus au monde. Après lui mes pires ennemis sont les gens du village qui grimpe sur l'autre versant de la vallée, au pied de ce bois de bouleaux. Il n'y a dans cette étroite vallée, fermée de toutes parts, que ce village et le mien : ils sont ennemis. Chaque fois que nos gars rencontrent ceux d'en face, ils échangent des injures et des coups. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 10. SYNTAXE : a) Ennemi(s) + adjectif : ennemi capital, commun, implacable, puissant; ennemis irréconciliables; (être) l'ennemi déclaré/ juré/né de (telle personne). b) Adjectif + ennemi(s) : éternel, principal, vieil ennemi de; vrais ennemis de. c) Substantif + préposition + ennemis : haine des ennemis. d) Verbe + (préposition) + ennemi(s) : se déclarer/ devenir l'ennemi de; se faire des ennemis; traiter en ennemi(s). Remarque : On rencontre dans la documentation des formules qui évoquent antithétiquement l'expression les amis de mes amis sont mes amis. Comment voulez-vous que je vous reçoive et que je supporte seulement votre présence, si vous n'êtes pas l'ennemi de mes ennemis? Qui non est mecum, contra me est (LÉON BLOY, Journal, 1898, page 274). — Emploi adjectival (et souvent par référence à la tragédie de Racine La Thébaïde ou les frères ennemis) Ce n'est pas sans raison que Janus a deux visages. Le monde ne marche que par la haine de frères ennemis! (ERNEST RENAN, Drames philosophiques, Le Prêtre de Nemi, 1885, V, 5, page 607 ). 2. Rare. [L'objet et l'agent de l'inimitié correspondent à la même personne] L'ennemi invisible; être l'ennemi de soi-même : Ø 2.... toujours coupées et toujours renaissantes, les racines secrètes de l'amour propre ne peuvent périr. Non qu'il doive non plus traiter son ennemi intérieur avec une sorte de colère et d'âpreté violente; car le sacrifice, loin d'endurcir le coeur, attendrit souvent les sentiments qu'il refoule. MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 383. 3. Par analogie. a) [L'inimitié a pour objet ou agent un être spirituel une figure allégorique] Être l'ennemi de Dieu. Le Dieu, source de tout esprit, et qui a la chair pour ennemie, comme le diable est son ennemi (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 251 ). Je dis que la nature est notre ennemie, qu'il faut toujours lutter contre la nature, car elle nous ramène sans cesse à l'animal (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1157 ). · L'ennemi du genre humain/des hommes ou absolument l'Ennemi. Le diable. L'ennemi du genre humain voyoit en frémissant de rage cette vierge innocente échapper à son pouvoir. Il en accuse Astarté (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 2, 1810, page 190 ). Que Dieu vous reçoive au nombre de ses élus, (...) vous protège contre les embûches de l'ennemi (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 36 ). — Emploi adjectival. Destins ennemis. Le sort ennemi m'assiège et me désole (ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, 1794, page 153 ). Confer aussi ami exemple 134 : Ø 3.... si ma naissance fut prodigieuse, mon étoile ne le fut pas moins. Tour à tour ennemie et charitable, elle m'accable et me préserve. ALBERT CAMUS, La Dévotion à la croix, 1re. journée, 1953, page 532. b) [L'inimitié a pour objet ou agent un animal, un élément naturel ou une chose personnifié(e)] Ces redoutables ennemis sont des loups assez hardis pour oser, même en plein jour, attaquer les troupeaux (JEAN DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées fait en 1788, tome 1, 1796, page 166 ). Le froid!... Quel ennemi acharné et terrible (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 10 ). L'homme est certainement l'ennemi le plus redoutable de la forêt. (...) Par des prélèvements abusifs et désordonnés il ruine les peuplements dans l'immédiat et en compromet l'avenir (JEAN COCHET, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, page 136 ). Confer aussi ami exemple 158. — Emploi adjectival. Aussitôt que l'homme a conscience de lui-même, il se trouve dans un monde étranger, ennemi, dont les lois et les phénomènes semblent en contradiction avec sa propre existence (VICTOR COUSIN, Histoire de la philosophie moderne, tome 1, 1847, page 5 ). Ma botte ennemie a réveillé mes cors (MAURICE ROLLINAT, Les Névroses, 1883, page 302) : Ø 4. Le jardin, tout à coup ennemi, rebrousse, autour d'une petite fille dégrisée, ses feuilles froides de laurier, dresse ses sabres de yucca et ses chenilles d'araucaria barbelées. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 38. B.— Domaine des relations amoureuses. 1. Personne (généralement femme) qui répond à l'amour par de l'indifférence, des refus, des rigueurs et qui est considérée par l'être aimant comme un adversaire à vaincre ou personne dont l'amour est ressenti par l'être aimé comme une agression, une menace à sa vertu, à son indépendance, à sa prédominance, etc. Une belle ennemie. Qui de nous ne connaît, malgré l'institution du divorce, une foule de mauvais ménages dont les conjoints sont des ennemis? (FÉLIX LE DANTEC, Savoir! Considérations sur la méthode scientifique, la guerre et la morale, 1920, page 67) : Ø 5. — Parfois (...) tous les enchantements sont vains et l'ennemi pénètre en la place (...). — C'est que la princesse (...) favorisait l'ennemi de quelque complicité curieuse ou amoureuse, s'ennuyant d'être ainsi recluse... THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 283. Ø 6.... jamais vous ne trouverez en moi l'ennemie féminine. Jamais, quoi que vous fassiez, vous ne me verrez retournée contre vous, ni vous faire un reproche. Je suis votre ami. Mais il ne peut plus y avoir en moi, pour vous, que cet ami. HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1001. — Emploi adjectival. Comme une nation armée et forte désire assurer sa place dans le monde avant de renvoyer ses soldats, la femme veut traiter avec le sexe ennemi avant que l'envahissante lourdeur de la vieillesse vienne lui imposer une pacifique résignation (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Ariel ou la vie de Shelley, 1923, page 139 ). 2. Personne qui représente une rivalité amoureuse (réelle ou supposée). Ainsi se trouvèrent-elles, dès le premier instant, sur un plan où il n'y avait plus ni rivales ni ennemies, mais deux femmes, que la présence d'un enfant suffisait à lier. Pas une seconde, Laure ne douta que ce petit ne fût le fils de son mari : pas un instant, elle ne ressentit de la haine (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 440 ). C.— Domaine des relations politique et idéologiques. Nous consentons des hécatombes de nos frères, amis, ennemis, à nos idéologies dures et vagues (ALEXANDRE ARNOUX, Calendrier de Flore. 1946, page 309 ). Confer aussi ami exemple 84 : Ø 7. On fait des voeux pour les succès du tyran; on s'unit à lui pour repousser l'ennemi étranger; on oublie que le plus dangereux ennemi est celui qui restera pour nous dévorer, que les autres passeront; nous sommes un troupeau de moutons qui nous rallions en ce moment au tigre pour chasser les lions en guerre avec lui, sans penser qu'après s'être servi de nous pour chasser ses ennemis personnels, il tournera contre nous-mêmes ses griffes ensanglantées. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, page 7. 1. Domaine de la politique intérieure. Personne dont les conceptions idéologiques, les actions politiques s'opposent fortement à celles de telle(s) personne(s), telle institution ou sont considérées comme nocives et devant être combattues. Ennemis politiques; ennemi de l'État, de la patrie, du peuple, de la révolution, du roi. Il n'était point infidèle à la règle qui fait du général l'ennemi naturel et instinctif du préfet qui fait tout dans le pays, tandis que le général n'a à vexer qu'une douzaine d'officiers supérieurs au plus (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1835, page 115 ). Les uns disaient qu'il fallait le fusiller [le roi] sans jugement, comme ennemi de la république et du genre humain; (...) d'autres qu'il méritait d'être guillotiné pour avoir trahi la patrie (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 88) : Ø 8.... quel est l'homme assez généreux ou assez impassible pour sacrifier son repos au désir d'être utile, à celui de servir sa patrie, lorsqu'il voit, en imagination, cette lice remplie d'agresseurs et d'ennemis cachés, prêts à l'attaquer et à le harceler? MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 2, 1801, page 329. Ø 9. Le système politique chargé de faire vivre la nation contient donc un ennemi de cette nation? Il lui faut vaincre l'ennemi intérieur pour remplir le premier de tous ses devoirs, qui est de repousser l'ennemi du dehors... CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, page XCV. · L'ennemi public (numéro un), l'ennemi numéro un. Individu (considéré comme) très dangereux pour l'ordre social. Luc n'était-il pas l'ennemi public, l'étranger venu on ne savait d'où pour corrompre Beauclair, pour y ruiner le commerce, y souffler la guerre civile, en ameutant les ouvriers contre les patrons? (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 278) : Ø 10. L'autorité n'est possible qu'à la condition qu'on se taise. Qui parle, sous prétexte qu'il pense, est un ennemi public. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 391. Par métaphore. On se tournait désormais contre moi, l'ennemi numéro un, contre qui toutes les armes allaient devenir bonnes (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 177 ). — Emploi adjectival. D'anciennes idées, de vieilles méfiances, l'habitude de se considérer comme politiquement ennemis, séparent encore les hommes dont le concours est indispensable pour préserver la France des plus extrêmes calamités (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Articles publiés dans le journal L'Avenir, 1831, page 172 ). La société entière se partage en deux grands camps ennemis, en deux classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat (L'Univers économique et social (sous la direction de François Perroux) 1960, page 5011 ). 2. Domaine de la politique extérieure. Chez les Anciens, étranger étoit synonyme d'ennemi (LOUIS-GABRIEL A. DE BONALD, Législation primitive considérée dans les derniers temps par les seules ténèbres de la raison, tome 2, 1802, page 107 ). a) Emploi comme substantif, généralement au pluriel ou au singulier collectif, le plus souvent en emploi absolu (Membre d'une) nation qui est objet et/ou agent d'hostilité, d'attaque armée, d'asservissement matériel et moral vis-à-vis (d'un membre) d'une autre nation (généralement pour des motifs de domination impérialiste et de profit). Ennemi héréditaire; haïr, rejeter, l'ennemi. Les Européens tuent leurs ennemis et les enterrent. Les sauvages tuent leurs ennemis et les mangent (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 59 ). Le mieux encore est de frapper sur l'ennemi. Celui qu'on tue ne vous tuera pas (ERNEST RENAN, Drames philosophiques, Le Prêtre de Nemi, 1885, III, 3, page 580 ). C'est la victoire de la France! L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 497) : Ø 11. Je t'écris un mot, mon amie, afin que tu ne sois pas inquiète. L'ennemi a perdu la bataille, 40 pièces de canon, 10 drapeaux, 12 000 prisonniers; il a horriblement souffert. J'ai perdu du monde, 1 600 tués, 3 à 4 000 blessés. NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1807, page 131. SYNTAXE : a) Ennemi(s) + adjectif : ennemi(s) extérieurs, vaincu(s). b) Substantif + préposition + ennemi(s) : défense, lutte, résistance contre l'ennemi, les ennemis; approche, entreprises, marche, nombre, offensive, poursuite, pression, résistance, retraite de l'ennemi, des ennemis. c) Ennemi + verbe : l'ennemi approche, occupe (un pays, une ville); être entouré d'ennemis. d) Verbe + ennemi(s) : arrêter, attaquer, battre, charger, combattre, contenir, empêcher (de), fuir, poursuivre, rejeter l'ennemi, les ennemis. e) Verbe ou locution verbale + préposition + ennemi : être face à l'ennemi, être tué à l'ennemi; se livrer/marcher/passer à l'ennemi (au figuré « trahir une cause quelconque »); demeurer/être/livrer/rester/tomber aux mains de l'ennemi; être aux prises/en intelligence avec l'ennemi; se défendre/lutter contre l'ennemi; être en présence de/sous le feu de l'ennemi; travailler pour l'ennemi. · Expression. C'est toujours autant/cela de pris sur l'ennemi. [À propos d'une chose que l'on soustrait à la mainmise de l'ennemi, ou au figuré, d'une personne, d'une entité quelconque, considérée comme adversaire] : Ø 12. L'étranger envahit la France, Et je maudis tous ses succès. Mais, bien que la douleur honore, Que servira d'avoir gémi? Puisqu'ici nous rions encore, Autant de pris sur l'ennemi ! (...) Buvons gaîment, buvons encore : Autant de pris sur l'ennemi! PIERRE-JEAN DE BÉRANGER, Chansons, tome 1, Ma dernière chanson peut-être, 1829, pages 100-101. Au figuré (avec une variante adjectivale) Si les enfants ont l'âme bien faite, la tendresse qu'on leur montre ne leur nuira jamais. Elle les soutiendra plus tard, dans les heures mauvaises. C'est toujours cela de pris sur l'existence ennemie (LÉON DAUDET, Alphonse Daudet, 1898, page 191 ). b) Emploi adjectival. Qui est constitué de membres d'une nation objet ou agent d'hostilité pour une autre nation, qui appartient ou se rapporte à ceux-ci. L'artillerie ennemie, les lignes ennemies. Une violente attaque ennemie dans la région de Vaux qui échoua sous nos feux (HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, page 287 ). Que seulement, sur un seul point des lignes, les troupes ennemies fraternisent, et la contagion gagnera aussitôt comme une traînée de poudre! (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 682 ). Dans les métros et les tramways on lisait : « Taisez-vous, méfiez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent » (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 31 ). SYNTAXE : Armée, avance, bataillons, batteries, canon, cavalerie, détachements, front, mitrailleuses, nations, offensive, pays, peuples, positions, races, rangs, terre, territoire ennemi(e) (s). — Par métaphore. Sous chaque mot qu'il [Gide] a écrit se poursuit un travail de sape contre la cité ennemie : celle où la nature est combattue, où l'assouvissement des passions s'appelle le mal (FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, page 184) : Ø 13. L'île, comme une place forte, lance une sortie à chaque marée basse : elle récupère ses douves, elle pille le camp ennemi... HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 113. II.— Par affaiblissement. A.— Personne qui éprouve, manifeste une antipathie prononcée pour quelqu'un ou quelque chose représentant une valeur ou (plus rarement) personne, chose représentant une valeur et qui suscite une aversion marquée (de la part de quelqu'un). 1. [En parlant d'un certain type de personne, notamment d'un écrivain, d'un artiste et, par extension, de sa pensée, de son oeuvre] Je sentais que ce compagnon méprisait d'une belle ardeur toutes les idées qu'il ne partageait pas, et c'est un plaisir de séduire des ennemis de cette sorte jusqu'à jeter ainsi le désarroi dans leur esprit catégorique (MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 77 ). Une tolérance générale atténue [aujourd'hui] les rivalités de ces anciens ennemis [les artistes des différentes écoles] ; (...) la complexité de la société répond à celle des styles; il y a des admirateurs pour tout (LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 439 ). S'ils [les régimes de dictature] mènent contre la liberté de la presse une lutte sans merci, c'est parce qu'ils voient dans la pensée indépendante leur ennemie peut-être la plus grande et la plus menaçante (La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 4407 ). Confer aussi adversaire exemple 12. 2. [En parlant d'une chose] Ennemi de. a) [concret] Adjectif. Cet autre, partisan du clair-obscur d'école, est ennemi de la teinte plate (ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 130 ). b) [abstrait] Ennemi de la foi, de la liberté, de la philosophie. L'Ennemi des Lois (ouvrage de Barrès, 1893). Ce Rousseau malheureux par son propre génie (...) Triste ennemi des arts, et célèbre par eux (JOSEPH-FRANÇOIS MICHAUD, Le Printemps d'un proscrit, 1803, page 73 ). Il est positiviste et ennemi acharné du catholicisme (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 530 ). Confer aussi ami exemple 111 et 115. — Emploi adjectival. Je vois que vous personnellement, vous êtes ennemie du mariage, et que vous pensez qu'il ne faut jamais se marier (LOUIS-ÉMILE-EDMOND DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, page 32 ). Ennemi de la débauche, portant un coeur sentimental qui emplissait ses yeux songeurs et magnifiques, il détestait et méprisait les filles (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 211 ). B.— Par analogie. Chose qui, par sa nature, est en opposition avec une autre chose et peut nuire à celle-ci. 1. [À propos de choses concrètes] Les rides, ces redoutables ennemies de la beauté (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 146 ). On ne peut se figurer avec quelle rage l'eau attaque son ennemi [le brasier] (VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 150 ). À côté de la force centripète, se dresse une force antagoniste, une ennemie née : la force centrifuge (MAURICE MAETERLINCK, La Grande loi, 1933, page 77 ). — Emploi adjectival. Les couleurs opposées sont souvent moins ennemies que les nuances d'une même couleur (JULES MICHELET, Journal, 1821, page 169 ). Les savants conflits de sons ennemis qui se combattent d'abord pour s'embrasser ensuite (HECTOR BERLIOZ, À travers chants, 1862, page 42 ). Une sombre toison ennemie du peigne (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 247 ). 2. [À propos de choses abstraites] Les catholiques, et j'en ai connu de très-sincères, m'ont crié que, dans ces trois termes, il y en avait un qui tuerait les deux autres. La soif de connaître est suivant eux, l'ennemi et le destructeur impitoyable du besoin de croire et du plaisir d'aimer (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 304 ). L'ennemi mortel de l'âme, c'est l'usure des jours (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 343 ). L'Église a (...) fort bien pressenti le redoutable ennemi que devait être pour elle (et devenir de plus en plus) la science (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1937, page 1287 ). · Locution proverbiale. Le mieux est l'ennemi du bien. On gâche une chose assez réussie en voulant l'améliorer. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1878, 1932. — Emploi adjectival. La répression et le mal constituent, au sein de notre société, deux puissances ennemies qui (...) luttent de ruse, et nous condamnent à assister sans fin ni trève aux péripéties de leur combat éternel (LOUIS BLANC, Organisation du travail, 1845, page 26 ). La terre et le ciel, l'esprit et l'apparence, l'amour et la peine, le temps et l'éternité, ces quatre couples ennemis, vivent, par la magie poétique, dans une miraculeuse concorde (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 285) : Ø 14. Les Anciens se servaient ordinairement du mot vague le plus voisin du mot précis, afin de causer plus de plaisir à l'attention. Ils interdisaient le style ennemi de l'ampleur, les traits vifs qui disent tout, et qui rendent ainsi une longue éloquence impossible. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 402. Remarque : Ennemi, ie dans ses emplois comme attribut ou en apposition ne prend une valeur adjectivale vraiment nette que s'il est précédé d'adverbe intensifs ou comparatifs. Mais le plus souvent dans ces emplois, il n'est guère possible de discerner s'il s'agit de l'adjectif ou du substantif (confer ami IV Remarque : finales).m. finales). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 12 826. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 22 793, b) 12 066; XXe. siècle : a) 13 351, b) 20 314.

« même personne] L'ennemi invisible; être l'ennemi de soi- même : Ø 2....

toujours coupées et toujours renaissantes, les racines secrètes de l'amour propre ne peuvent périr.

Non qu'il doive non plus traiter son ennemi intérieur avec une sorte de colère et d'âpreté violente; car le sacrifice, loin d'endurcir le coeur, attendrit souvent les sentiments qu'il refoule. MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 383. 3.

Par analogie. a) [L'inimitié a pour objet ou agent un être spirituel une figure allégorique] Être l'ennemi de Dieu.

Le Dieu, source de tout esprit, et qui a la chair pour ennemie, comme le diable est son ennemi (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 251 ).

Je dis que la nature est notre ennemie, qu'il faut toujours lutter contre la nature, car elle nous ramène sans cesse à l'animal (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1157 ). · L'ennemi du genre humain/des hommes ou absolument l'Ennemi.

Le diable.

L'ennemi du genre humain voyoit en frémissant de rage cette vierge innocente échapper à son pouvoir.

Il en accuse Astarté (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 2, 1810, page 190 ).

Que Dieu vous reçoive au nombre de ses élus, (...) vous protège contre les embûches de l'ennemi (GEORGES- CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 36 ). — Emploi adjectival.

Destins ennemis.

Le sort ennemi m'assiège et me désole (ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, 1794, page 153 ).

Confer aussi ami exemple 134 : Ø 3....

si ma naissance fut prodigieuse, mon étoile ne le fut pas moins.

Tour à tour ennemie et charitable, elle m'accable et me préserve. ALBERT CAMUS, La Dévotion à la croix, 1re.

journée, 1953, page 532. b) [L'inimitié a pour objet ou agent un animal, un élément naturel ou une chose personnifié(e)] Ces redoutables ennemis sont des loups assez hardis pour oser, même en plein jour, attaquer les troupeaux (JEAN DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées fait en 1788, tome 1, 1796, page 166 ).

Le froid!...

Quel ennemi acharné et terrible (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 10 ).

L'homme est certainement l'ennemi le plus redoutable de la forêt.

(...) Par des prélèvements abusifs et désordonnés il ruine les peuplements dans l'immédiat et en compromet l'avenir (JEAN COCHET, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, page 136 ). Confer aussi ami exemple 158. — Emploi adjectival.

Aussitôt que l'homme a conscience de lui-même, il se trouve dans un monde étranger, ennemi, dont les lois et les phénomènes semblent en contradiction avec sa propre existence (VICTOR COUSIN, Histoire de la philosophie moderne, tome 1, 1847, page 5 ).

Ma botte ennemie a réveillé mes cors (MAURICE ROLLINAT, Les Névroses, 1883, page 302) : Ø 4.

Le jardin, tout à coup ennemi, rebrousse, autour d'une petite fille dégrisée, ses feuilles froides de laurier, dresse ses sabres de yucca et ses chenilles d'araucaria barbelées. 2. »

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