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Dictionnaire en ligne: ÉPAISSEUR, substantif féminin.

Publié le 29/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ÉPAISSEUR, substantif féminin. I.— Au singulier. A.— Distance séparant deux surfaces, deux courbes. Épaisseur d'une étoffe, d'une paroi; épaisseur d'une ligne; surfaces sans épaisseur. On eût dit un tapis de velours de trois couleurs et d'épaisseur inégale (EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 16 ). On déchargeait la terre à coups de tombereau, sur une épaisseur d'un mètre au moins, car elle devait se tasser (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 141) : Ø 1.... quand nous cherchons à imaginer une courbe, nous ne pouvons pas nous la représenter sans épaisseur; de même, quand nous nous représentons une droite, nous la voyons sous la forme d'une bande rectiligne d'une certaine largeur. Nous savons bien que ces lignes n'ont pas d'épaisseur; nous nous efforçons de les imaginer de plus en plus minces et de nous rapprocher ainsi de la limite; nous y parvenons dans une certaine mesure, mais nous n'atteindrons jamais cette limite. HENRI POINCARÉ, La Valeur de la science, 1905, page 17. SYNTAXE : Épaisseur d'une couche, d'un revêtement, d'un tissu; épaisseur du crâne, de la peau; épaisseur d'un trait. Faible, forte, grande, mince épaisseur; épaisseur uniforme; à épaisseur égale. Avoir beaucoup, peu, plusieurs mètres, quelques centimètres d'épaisseur. Une épaisseur de cinq pouces; de l'épaisseur d'un doigt. — En particulier. 1. L'une des dimensions d'un solide, en général la plus petite. a) [Par opposition à la longueur et à la largeur (dimension verticale) ou par opposition à la longueur et à la hauteur (dimension horizontale) dans le cas du parallélipipède] Épaisseur d'un livre, d'un mur. Le tout [des planches] de dimension diverse, en épaisseur, longueur, largeur (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 49) : Ø 2. On démolirait à coups de fusil ces fortifications ridicules, mangées de lierre et couronnées de giroflées sauvages, tout au plus égales en hauteur et en épaisseur aux murailles d'un couvent. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 38. · Spécialement. IMPRIMERIE. Longueur, largeur, profondeur, nommées en imprimerie corps, épaisseur, et hauteur, sont les trois dimensions géométriques des caractères, qui sont tous autant de parallélipipèdes (ANTOINE-FRANÇOIS MOMORO. Traité élémentaire de l'imprimerie, ou le manuel de l'imprimeur, 1794, page 191 ). b) [Par opposition au rayon, au diamètre, à la section, ou inversement à la longueur ou à la hauteur, dans le cas du cylindre] : Ø 3. On n'a pas facilement dans l'oeil le poids et la surface d'une croquette, alors, avec une petite différence de rien dans le rayon ou l'épaisseur, on gagne incroyablement sur la quantité. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 26. · Locution figurée. [Pour exprimer une quantité ou une différence infime] L'épaisseur d'un cheveu, d'un fil. Il ne faut qu'une minute, la tentation d'un instant, l'épaisseur d'un cheveu (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 406 ). On obtient à l'épaisseur d'un cheveu près la longueur d'une circonférence ayant pour rayon la distance moyenne de la terre au soleil (Les Grands courants de la pensée mathématique. 1948, page 100 ). [Suivi d'un nom abstrait] Il y a juste l'épaisseur d'une impatience (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 75 ). 2. Portion d'espace ou quantité de matière envisagée d'après cette dimension. D'innombrables expansions nerveuses, cachées dans l'épaisseur des chairs (PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 83 ). Il y a aussi une lucarne ménagée dans l'épaisseur du granit (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 194 ). B.— Caractère de ce qui est épais. 1. Caractère de ce qui est important en épaisseur (Confer supra I A). Une glace verdâtre dont les côtés, coupés en biseau pour en montrer l'épaisseur, reflétaient un filet de lumière (HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 27 ). — Par extension. Caractère de ce qui a un volume important, parfois excessif; de ce qui a un aspect massif. Épaisseur de la taille, de la tournure. Un « romain racinien », la masse, la robustesse, l'épaisseur des architectures romaines, mal civilisées (CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 58 ). Le type « terre », (...) a l'étroitesse de front, la lourdeur de visage et l'épaisseur de cou qui symbolisent son instinct dominant (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 122) : Ø 4. C'est ignoble, cette épaisseur! Des joues, du ventre, et de l'importance comme un tonneau. JULES RENARD, Journal, 1903, page 844. 2. Caractère de ce qui est constitué d'éléments nombreux et serrés, de ce qui a beaucoup de consistance ou une forte densité. a) Domaine physique. L'épaisseur d'une forêt, d'un taillis, de la végétation; l'épaisseur des cheveux; l'épaisseur d'un sirop; l'épaisseur de l'atmosphère, du brouillard, des ténèbres. Au lieu de ces clairs miroirs où l'on aperçoit si nettement l'âme des fillettes, elle [Thérèse] avait deux trous sombres, d'une épaisseur d'encre, dans lesquels il était impossible de lire (ÉMILE ZOLA, Le Capitaine Burle, 1883, page 155 ). Il (...) se heurta aux ouates noires et trembla devant l'épaisseur, l'hostilité, l'impossible opacité de la nuit (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 320) : Ø 5. Des mamelons herbus y descendaient jusqu'à la mer en amples pâtis auxquels la saturation de l'humidité et du sel donnait une épaisseur, un moelleux, une vivacité de tons extrêmes. MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 895. — Par métonymie. Partie la plus épaisse d'une chose ou masse constituée par une chose épaisse. Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1852, page 220 ). Un nourrisson perdu dans l'épaisseur de la foule (GEORGES DUHAMEL, Cécile parmi nous, 1938, page 156 ). b) Au figuré, péjoratif. Caractère de ce qui manque de finesse, de pénétration, d'élégance ou de raffinement. Épaisseur de l'esprit, du jugement. Que vous êtes grossier, monsieur! quelle épaisseur dans vos paroles! (ALFRED DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet. 1836, page 670 ). On ne verrait plus des peintres sourire dédaigneusement et crier à la vulgarité et à l'épaisseur devant ce précurseur qui a atteint, dès le XVIIe. siècle, aux plus tendres, aux plus exquises fluidités impressionnistes (ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 81 ). C.— Au figuré (de A et B) [Appliqué à une réalité d'ordre intellectuel ou moral] Qualité de ce qui apparaît comme doté d'une troisième dimension (relief, profondeur) et constitué d'éléments nombreux et variés qui lui confèrent richesse, consistance et densité. L'épaisseur de la réalité, de la vie; épaisseur humaine, romanesque : Ø 6.... je n'eus plus l'impression d'être en présence d'un morceau particulier d'un certain livre de Bergotte, traçant à la surface de ma pensée une figure purement linéaire, mais plutôt du « morceau idéal » de Bergotte, commun à tous ses livres et auquel tous les passages analogues qui venaient se confondre avec lui auraient donné une sorte d'épaisseur, de volume, dont mon esprit semblait agrandi. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 94. Ø 7.... il n'y aurait pas le présent, c'est-à-dire le sensible avec son épaisseur et sa richesse inépuisable, si la perception, pour parler comme Hegel, ne gardait un passé dans sa profondeur présente et ne le contractait en elle. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 277. II.— Au singulier et au pluriel. Chose épaisse ou plus ou moins épaisse. A.— Couche, étendue de matière plus ou moins épaisse. Une épaisseur de bois, de neige. Cette opération se fait à l'aide d'épaisseurs successives de papier (ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie, 1932, page 240 ). En dépit des fenêtres closes, et la triple épaisseur des rideaux de tulle (GEORGES BERNANOS, La Joie, 1929, page 679) : Ø 8. Il y avait, à sa partie supérieure [de la berge] , une bonne épaisseur de terre végétale où on voyait pendre par touffes les racines du chiendent; dessous venait une couche de sable, puis une couche de cailloux; enfin venaient en pente douce les bancs de gravier... CHARLES-FERDINAND RAMUZ, La Grande peur dans la montagne, 1926, page 155. — Par métaphore. Au moment où fut si étrangement articulé ce nom qu'il avait enseveli sous tant d'épaisseurs (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 271 ). B.— Chose épaisse ou ensemble de choses constituant une couche ou une masse épaisse. [Les] quatre-vingts escadrons de Murat, qui traversèrent de part en part l'armée russe, jonchant le sol d'une telle épaisseur de cadavres, que Napoléon lui-même en pleura (ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 59 ). Les colossales épaisseurs calcaires édifiaient dans le ciel de hauts autels d'une noblesse angélique (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 507 ). — Par métaphore. Tout cela très étouffé, très amorti par des murailles, des portes, (...) des épaisseurs d'air domestique dix et dix fois respiré (GEORGES DUHAMEL, Le Notaire du Havre, 1933, page 51 ). — Au figuré. Achevé « Une Page d'amour »; non indigne de la série, et remarquable malgré des lourdeurs, lenteurs et épaisseurs de style presque constantes (ANDRÉ GIDE, Journal, 1934, page 1207 ). Si brusquement, entre les deux armées, un éclair de conscience déchirait cette épaisseur de mensonge! (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 645 ). Remarque générale : Il existe un autre emploi du pluriel d'ordre stylistique. Le substantif conserve sa valeur abstraite et le pluriel a une valeur augmentative. Il ouvrit les yeux et essaya de percer les épaisseurs de l'obscurité (ALEXANDRE DUMAS père, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 237). Dans les épaisseurs de la nuit sèche et froide, des milliers d'étoiles se formaient sans trêve (ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 1572). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 427. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 436, b) 1 698; XXe. siècle : a) 1 243, b) 2 331.

« différence infime] L'épaisseur d'un cheveu, d'un fil.

Il ne faut qu'une minute, la tentation d'un instant, l'épaisseur d'un cheveu (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 406 ).

On obtient à l'épaisseur d'un cheveu près la longueur d'une circonférence ayant pour rayon la distance moyenne de la terre au soleil (Les Grands courants de la pensée mathématique.

1948, page 100 ). [Suivi d'un nom abstrait] Il y a juste l'épaisseur d'une impatience (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 75 ). 2.

Portion d'espace ou quantité de matière envisagée d'après cette dimension.

D'innombrables expansions nerveuses, cachées dans l'épaisseur des chairs (PIERRE CABANIS.

Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 83 ).

Il y a aussi une lucarne ménagée dans l'épaisseur du granit (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 194 ). B.— Caractère de ce qui est épais. 1.

Caractère de ce qui est important en épaisseur (Confer supra I A).

Une glace verdâtre dont les côtés, coupés en biseau pour en montrer l'épaisseur, reflétaient un filet de lumière (HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 27 ). — Par extension.

Caractère de ce qui a un volume important, parfois excessif; de ce qui a un aspect massif.

Épaisseur de la taille, de la tournure.

Un « romain racinien », la masse, la robustesse, l'épaisseur des architectures romaines, mal civilisées (CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 58 ).

Le type « terre », (...) a l'étroitesse de front, la lourdeur de visage et l'épaisseur de cou qui symbolisent son instinct dominant (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 122) : Ø 4.

C'est ignoble, cette épaisseur! Des joues, du ventre, et de l'importance comme un tonneau. JULES RENARD, Journal, 1903, page 844. 2.

Caractère de ce qui est constitué d'éléments nombreux et serrés, de ce qui a beaucoup de consistance ou une forte densité. a) Domaine physique.

L'épaisseur d'une forêt, d'un taillis, de la végétation; l'épaisseur des cheveux; l'épaisseur d'un sirop; l'épaisseur de l'atmosphère, du brouillard, des ténèbres.

Au lieu de ces clairs miroirs où l'on aperçoit si nettement l'âme des fillettes, elle [Thérèse] avait deux trous sombres, d'une épaisseur d'encre, dans lesquels il était impossible de lire (ÉMILE ZOLA, Le Capitaine Burle, 1883, page 155 ).

Il (...) se heurta aux ouates noires et trembla devant l'épaisseur, l'hostilité, l'impossible opacité de la nuit (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 320) : Ø 5.

Des mamelons herbus y descendaient jusqu'à la mer en amples pâtis auxquels la saturation de l'humidité et du sel donnait une épaisseur, un moelleux, une vivacité de tons extrêmes. MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 895. — Par métonymie.

Partie la plus épaisse d'une chose ou masse constituée par une chose épaisse.

Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1852, page 220 ).

Un nourrisson perdu dans l'épaisseur de la foule (GEORGES DUHAMEL, Cécile parmi nous, 1938, page 156 ). 2. »

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