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DOCTE, adjectif.

Publié le 17/01/2016

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DOCTE, adjectif.  

A.—  [En parlant d'une personne]  Qui possède des connaissances étendues (notamment une grande culture classique). Docte et ami des lettres (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 3, 1821-24, page 207 ). Vous êtes docte, érudit; vous employez l'érudition à haute fin, à la démonstration évangélique (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 416 ). Un docte médecin, un savant humaniste nourrissant de beaux textes antiques et de curiosités ardentes sa prodigieuse mémoire (LUCIEN FEBVRE, Combats pour l'histoire,  1931, page 252) : 

Ø ... je ne me lasse pas d'admirer la profonde variété des connaissances du docte rédacteur, M. Sallo. Combien j'aime à lire tous ces beaux passages grecs et latins dont il orne ses dissertations, et qui me ramènent à l'étude de nos anciens classiques!

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 2, 1812, page 23. 

—  Emploi comme substantif, généralement ironiquement. L'humble ignorant mieux qu'un docte parfait! (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, Paraboles de Dom Guy, 1878, page 324 ). 

—  Par extension.  [En parlant d'un groupe, généralement légèrement ironique]  Monsieur est académicien? (...) il fait partie de la docte assemblée (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 2, 1846, page 148 ). 

·    Littéraire. Les doctes soeurs, etc. Les Muses Les filles de l'Achéloüs, vaincues par les doctes soeurs (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 178 ). Amant des Muses (...) redemande à ces doctes divinités cet oeil vif et brillant de la jeunesse (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1824, page 107 ). 

B.—  [En parlant d'une personne, d'un aspect de son comportement, généralement ironique]  Qui montre ou qui fait montre d'une grande érudition, qui est infatué d'un savoir réel ou simulé. Ces mêmes objets, que vos doctes mépris Accueillent aujourd'hui d'un front dur et sévère (ANDRÉ CHÉNIER, Poèmes, L'Invention, 1794, page 16 ). Un homme, le nez surchargé de lunettes bleues, la tête chauve et le ventre proéminent, (...) vêtu d'un habit noir, cravaté de blanc, avait la docte apparence d'un avocat et d'un médecin (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, 1859, page 139 ). Cet air docte et sérieux que sur l'écran le spectateur trouve si comique (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Ces plaisirs,  1932, page 90 ). 

—  Par analogie.  [En parlant d'une chose]  Qui se caractérise par une apparence solennelle et grave. L'influence apaisante de ces antiques cloîtres, de ces verts jardins, de cet horizon docte et charmant (PAUL BOURGET, Études et portraits, Études anglaises, 1888, page 237 ). Une plaisante et noble assemblée de tours (...) de maisons doctes, d'hôtels austères (GEORGES DUHAMEL, Vue de la Terre promise,  1934, page 41 ). 

C.—  [En parlant d'une oeuvre humaine, généralement littéraire]  Qui témoigne de connaissances étendues. Les doctes et les patients ouvrages de Dom Chamart (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 214 ). La médecine, elle, était l'art noble, fier de ses beaux secrets, et qui prêtait à de très doctes et subtils discours (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis,  1942, page 88 ). 

—  Ironique. Le chocolat a donné lieu à de profondes dissertations (...) il faut avouer que ces doctes écrits ont peu servi à la manifestation de la vérité (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante,  1825, page 116 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation doctissime, adjectif au sens de « très savant ». La mère Angélique écrivait un jour à Madame de Sablé, (...) : « Vous êtes doctissime dans les passions, les dégoûts, les instances et les fourberies du monde (...) ». Pascal était « doctissime » en telle matière autant que pas un (CHARLES-AMÉDÉE DE SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 357). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 281. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 727, b) 341; XXe.  siècle : a) 318, b) 199. 

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