ÉLÉGIAQUE, adjectif.

ÉLÉGIAQUE, adjectif.  

Qui est propre à l'élégie. 

A.—  LITTÉRATURE.  

1. MÉTRIQUE GRÉCO-LATINE.  Vers élégiaque. Vers composé de cinq pieds. Synonyme : pentamètre. Distique élégiaque. Suite de deux vers dont l'un est un hexamètre, l'autre un pentamètre. Poème élégiaque. Poème lyrique, composé d'hexamètres et de pentamètres alternés (confer Arts et littérature, 1935, page 4008). 

2. Usuel. 

a) [Appliqué à un style, à un poème]  Qui appartient à l'élégie (Confer élégie A 2). Vers, style, poésie élégiaque. Lyre aux cordes d'airain, sonnant vers le ciel des épithalames élégiaques (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 135) : 

Ø 1.... les perspectives du souvenir ont par elles-mêmes quelque chose d'esthétique, surtout par cette marche universelle du temps, où nos malheurs et nos bonheurs trouvent enfin leur juste place. Ce changement de toutes choses est le thème principal de l'élégie. C'est pourquoi les âges, les saisons, les vols des oiseaux migrateurs, les jours, les heures entrent si naturellement dans le poème élégiaque.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts,  1920, page 90. 

b) [Appliqué à un poète]  Dont l'oeuvre se compose essentiellement d'élégies. Auteur, poète élégiaque. Je suis un poète élégiaque. Je garde en moi un fond de naïveté qui est une éternelle jeunesse (JULES RENARD, Journal,  1905, page 974) : 

Ø 2. Les poètes. —  Il y a plus de force, de dignité et de grandeur dans les poètes objectifs épiques et dramatiques tels qu'Homère, Shakespeare, Dante, Molière, Corneille, que dans les poètes subjectifs ou élégiaques se peignant eux-mêmes et déplorant leurs peines secrètes, comme Pétrarque et autres.

ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète,  1839, page 1121. 

—  Par extension.  Dont les oeuvres sont dans le goût de l'élégie. Corneille est un génie vigoureux et fier, Racine élégiaque et tendre, Molière inimitable (HONORÉ DE BALZAC, Louis Lambert,  1832, page 128 ). 

—  Emploi comme substantif. Un élégiaque. Les élégiaques. Les poètes élégiaques. J'abordai les élégiaques latins autres qu'Ovide : les passages mélancoliques m'en plaisaient surtout (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté,  1834, page 17 ). 

B.—  Au figuré, familier ou ironiquement.  Qui a le ton triste et mélancolique de l'élégie ou de ses personnages; plaintif, éploré. 

1. [Appliqué à un style]  Le tour élégiaque de son discours n'était pas absolument involontaire (VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez,  1911, page 218 ). 

2. [Appliqué à une personne ou à l'un de ses attributs]  Air, voix élégiaque. Au lieu de décrire la maladie et d'étendre ses ravages par des plaintes élégiaques, chacun aurait dû mettre la main à l'oeuvre (HONORÉ DE BALZAC, Le Curé de village,  1839, page 109 ). Elle poursuivit d'un accent élégiaque et lamentable : —  Oh! Monsieur, les temps sont bien durs! (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 501 ). 

3. [Appliqué à une chose]  N'y a-t-il pas des toilettes décentes, n'y en-a-t-il pas de libidineuses comme d'élégiaques (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1854, page 22 ). Romans pour les quais, photos élégiaques (JULES LAFORGUE, Les Complaintes,  1885, page 87 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation 2 occurrences de l'adverbe élégiaquement, comme déterminant d'un adjectif. Une pose tragiquement élégiaque ou élégiaquement tragique (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 323). Rien de nocturne en nous (...) de promis au tombeau, d'élégiaquement funèbre (ALEXANDRE ARNOUX, Algorithme, 1948, page 262). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 104.