Devoir de Philosophie

ÉLÈVE2, substantif féminin.

Publié le 23/01/2016

Extrait du document

 

ÉLÈVE2, substantif féminin.  

Vieilli.  [À propos d'un animal ou d'une plante]  Synonyme : élevage. L'élève des chevaux (Dictionnaire de l'Académie française.  1932).  Encourager la production du beurre, c'est non-seulement encourager l'élève des bestiaux, mais c'est faire fleurir l'agriculture (PROSPER MÉRIMÉE, Les deux héritages,  1853, page 12 ). Il [Pécuchet] tenta ce qui lui semblait être le summum de l'art : l'élève du melon (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, , 1880, page 32 ). 

—  Par métaphore. La femme (...) entreprend l'élève des métayers et le dressage des fermiers (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 718 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 575. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 4 793, b) 4 826; XXe.  siècle : a) 6 198, b) 4 794. 

 

Forme dérivée du verbe \"élever\"

 élever

ÉLEVER1, verbe transitif.  

I.—  [La notion dominante est celle d'une hauteur bien en vue ou d'un accroissement de valeur]  Faire monter quelque chose, ou plus rarement quelqu'un, d'un niveau à un autre situé plus haut, de manière qu'elle soit bien ou mieux en vue ou qu'elle acquière une valeur supérieure. 

A.—  [La montée est physique] 

1. [Le point de départ exclut l'idée de degré ou ne se situe pas déjà à une certaine hauteur] 

a) [Avec une idée de mouvement]  Mettre, porter vers le haut. Élever les mains, la tête, les yeux. Il éleva sa bougie pour vérifier la pancarte (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 240 ). Les roues ruisselantes qui tournent, (...) au fil du fleuve pour en élever l'eau bienfaisante (MAURICE BARRÈS, Un Jardin sur l'Oronte,  1922, page 1) : 

Ø 1. Heureux cet homme [Siméon] qui prit l'enfant Jésus dans ses bras, qui l'éleva dans ses deux mains, le petit enfant Jésus, comme on prend, comme on élève un enfant ordinaire...

CHARLES PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,  1910, page 44. 

—   [Souvent avec un complément de direction ou de but indiquant jusqu'où, vers quoi un objet est élevé]  Cette noble crapule élevait les bras vers le ciel (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, 1re.  partie, 7, page 87 ). [Il] éleva le bougeoir au-dessus de sa tête (GEORGES BERNANOS, L'Imposture,  1927, page 518) : 

Ø 2.... et quand le wagon s'arrêta, elles [mes amies] me poussèrent, elles me hissèrent sans trop pleurer, comme si elles m'élevaient simplement à la hauteur où la vitesse de la terre n'emporte plus...

JEAN GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique,  1921, page 25. 

—  Emploi pronominal réfléchi. S'élever en l'air, dans les airs. Les goëlands s'élèvent à perte de vue (CHARLES NODIER, Jean Sbogar,  1818, page 114 ). Grimper par ruse au lieu de s'élever par force (EDMOND ROSTAND, Cyrano de Bergerac,  1898, II, 8, page 92 ). 

·    MARINE.  locutions verbales.  [Le sujet désigne une embarcation]  S'élever à la lame. Céder facilement à l'action de la lame qui soulève le navire. Il [le Pourquoi-Pas?] s'élève admirablement à la lame (JEAN-BAPTISTE CHARCOT. Le \"Pourquoi-Pas?\" dans l'Antarctique, deuxième expédition antarctique française, 1908-1910, page 363 ).  S'élever en latitude, en longitude. S'écarter de l'équateur, du premier méridien. La première [frégate] s'élèvera jusqu'au parallèle intermédiaire entre 16 et 17 degrés (Voyage de La Pérouse (Milet de Mureau), 1797, page 17 ).  S'élever au/ dans le vent. Avancer dans la direction d'où souffle le vent. Notre beau navire (...) se mit (...) à tirer des bordées pour s'élever dans le vent (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer,  1948, page 174 ). 

—  En particulier.  [L'objet désigne une construction]  Faire monter à partir du sol. Élever un autel, un échafaud, une statue, un temple; élever autel contre autel*. Synonymes : bâtir, construire, dresser, ériger. Élever une belle petite maison chaude et solide (LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine,  1916, page 189 ). 

Les habitants d'Oberkalbach ont promis d'élever un monument sur la tombe de notre camarade (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 196 ). 

·    Emploi pronominal à sens passif. Maintenant, les murs s'élevaient au premier étage (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames,  1883, page 596 ). Sur la table, les fruits se dressaient en pyramides, et les gâteaux s'élevaient en monuments (GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean,  1888, page 398 ). 

—  GÉOMÉTRIE.  Élever une perpendiculaire. La tracer, à partir d'un point donné, perpendiculairement à une droite ou à un plan. Le parallélisme supposé de toutes les perpendiculaires élevées de la surface terrestre (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété?  1840, page 138 ). 

Remarque : Quand la notion d'aspect progressif-perfectif de « bien en vue » est absente, le verbe est par exemple lever (Lever les bras/élever les bras) ou construire (élever une statue/construire une cabane). Quand il s'agit d'objets à soulever, \" élever suppose plus d'efforts et une opération plus difficile [que lever] \" (DICTIONNAIRE DES SYNONYMES DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PIERRE-BENJAMIN LAFAYE) 1878). 

b) Littéraire.  [Le mouvement est fictif] 

—   Dresser à partir du sol : 

Ø 3. Par les temps clairs et tempérés, nous poussions jusqu'au Jardin des plantes ou jusqu'au Trocadéro qui élevait alors, au bord de la Seine, dans la solitude, sa colline verte et fleurie.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre,  1918, page 101. 

·    Souvent en emploi pronominal.  [Souvent suivi d'un complément de direction ou de but indiquant jusqu'où, vers quoi l'objet s'élève]  Se dresser de toute sa hauteur. Le mont Hymète s'élevoit à l'orient comme revêtu d'une robe d'or (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 2, 1810, page 221 ). D'énormes rochers arides et perlés qui s'élevaient jusqu'aux nues (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 151 ). Du milieu de ces rocailles s'élevait un pin noir et tors (PAUL CLAUDEL, Connaissance de l'Est,  1907, page 35 ). 

—  Par analogie.  [Le sujet désigne un végétal ou un inanimé concret]  Tenir à une certaine hauteur. Cyprès qui élèvent leurs têtes pyramidales au-dessus des portiques de la mosquée El-Aksa (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 454 ). Les cyprès élèveront leurs branches entre ces falots agrandis (ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord,  1942, page 135 ). 

·    Emploi pronominal à sens passif. L'ombrelle rouge de la femme s'élevait dans les feuillages avec un mouvement altier (JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame,  1921, page 253 ). 

2. [Le point de départ est déjà situé à une certaine hauteur ou sur un objet comportant des degrés; le verbe est généralement suivi d'un complément de mesure indiquant de combien de degrés est monté l'objet]  Faire monter plus haut. Synonymes : exhausser, surélever. La tour carrée qu'il a fallu élever d'un étage au-dessus du toit de la maison (ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,  1851, page 392 ). Il faudrait élever la barricade de cinquante centimètres (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir,  1937, page 537 ). 

B.—  Au figuré.  [La montée concerne des valeurs] 

1. [Valeurs physiques ou financières, correspondant à des réalités comptables, mesurables; le point de départ est déjà situé à une certaine hauteur]  Augmenter. Élever le prix, le taux, la température. Je ne puis pourtant élever les salaires, sans faire faillite (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 369 ). On a élevé le prix du pain et, demain sans doute, on sera forcé de l'augmenter encore (FRANÇOIS COPPÉE, La Bonne souffrance,  1898, page 40 ). Le produit transféré permet à l'emprunteur d'élever son produit réel global (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.  siècle.  1964, page 381 ). 

—   [Avec un complément prépositionnel de mesure indiquant à combien est élevé l'objet]  On avait élevé ses appointements à neuf mille francs (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames,  1883, page 655 ). L'Allemagne élevait le même budget de 85 à 137 millions (CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger,  1914, page 166 ). 

—  ALGÈBRE.  Élever un nombre à la seconde, à la troisième puissance. \" Le carrer, le cuber \" (Dictionnaire de l'Académie Française). Élever un nombre au carré. 

·    Par métaphore. Il [Mallarmé] a essayé, pensai-je, d'élever enfin une page à la puissance du ciel étoilé (PAUL VALÉRY, Variété II,  1929, page 181 ). J'ai élevé la géométrie et l'algèbre à une puissance inconnue, inespérée (ALEXANDRE ARNOUX, Le seigneur de l'heure, 1955, page 113 ). 

2. [Valeurs morales; le point de départ exclut l'idée de degré ou ne se situe pas déjà à une certaine hauteur] 

a) Élaborer progressivement, mettre sur pied. Synonymes : bâtir, construire. Il [Lamennais] est fort tranquille à La Chênaie, élevant son grand ouvrage, l'immense pyramide sous laquelle il veut se coucher (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance,  1834, page 174 ). La religion qui, dans l'enfance de l'humanité, a élevé l'édifice de la morale (GEORGES SOREL, Reflexions sur la violence,  1908, page 336 ). 

b) [Avec une idée d'hostilité]  Chaque seconde élevait un mur entre lui et moi (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits,  1863, page 119 ). Élever une barrière infranchissable entre le monde des phénomènes (...) et celui des choses en soi (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience,  1889, page 180 ). 

—  Par extension.  Faire surgir, faire naître dans un esprit d'opposition. Élever des soupçons. Élever des difficultés relativement à des retards (HONORÉ DE BALZAC, Correspondance,  1840, page 44 ). Il était impossible d'élever le moindre doute (PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 234 ). 

3. [Valeurs morales; l'objet est déjà à un certain degré de valeur, de noblesse] 

a) [Le sujet et l'objet désignent une personne] 

—   [Généralement suivi d'un complément prépositionnel indiquant à quoi la personne est élevée]  Porter dans un haut rang, dans un rang supérieur. Élever sur le trône, aux charges, aux honneurs, au plus haut rang. Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1871, page 287 ). Nous mettrons Eugénie à la porte, à moins que nous ne l'élevions à la dignité d'intendante générale de la maison (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau.  1908, page 83 ). 

·    Emploi pronominal. Je n'aurais pas désiré m'élever au rang de profès (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 265 ). [Ils] avaient mis cent ans à s'élever au trône (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 51 ). Voir ambition ex 2. 

—   Attribuer la supériorité, l'avantage sur les autres. Élever quelqu'un au-dessus des autres (Dictionnaire de l'Académie française.  1798-1932). 

·    Par exagération. Élever quelqu'un aux nues. En faire un éloge excessif. Emploi pronominal. Un danseur qui, en Italie, s'était élevé jusqu'aux nues (HECTOR BERLIOZ, Les Grotesques de la musique, 1869, page 40 ). 

·    Par métaphore, emploi pronominal.  Se mettre au-dessus des autres par orgueil. Synonyme : s'enorgueillir :  

Ø 4.... je cessai de m'élever dans mon orgueil au-dessus de mes compagnons d'infortune, je m'humiliai devant Dieu et j'acceptai de lui l'abaissement où j'étais réduit en vivant parmi eux. 

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1839, page 372. 

·    Emploi pronominal réfléchi.  Faire en sorte qu'on soit placé à un niveau social plus haut, plus important, dans une société hiérarchisée. M'élever au-dessus de ma condition princière et sortir du néant et du Gotha (VALÉRY LARBAUD,  A. O. Barnabooth,  1913, page 307 ). Il faut toujours à l'homme, pour s'élever parmi ses semblables, une petite chance supplémentaire (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 112) : 

Ø 5. Je n'ai plus le courage de m'élever au-dessus de la classe médiocre ou infime dans laquelle je suis rangé par l'opinion des hommes avec qui je suis en rapport. J'ai dans la société comme dans les conseils un ton timide, un air humble qui tend à me ravaler de plus en plus. 

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1818, page 141. 

b) [Le sujet désigne une personne; l'objet désigne un inanimé]  Accorder une place bien en vue, une importance nouvelle à. Élever la boulangerie à la hauteur d'une institution nationale (JULES RENARD, Journal,  1887, page 7 ). Élever en quelque sorte la brique à la dignité de la pierre (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine,  1921, page 162 ). Élever au rang d'idoles le rond de cuir du bureaucrate (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes,  1927, page 263 ). 

—  Emploi pronominal à sens passif. Les tragédies en prose qui s'élèvent au-dessus du genre du drame (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 3, 1810, page 172 ). Le dessin ne peut s'élever au portrait (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts,  1920, page 292 ). 

c) [Le sujet désigne une personne; l'objet désigne une faculté ou une attitude de cette personne]  Porter plus haut dans l'ordre intellectuel, moral ou spirituel. Le vin (...) élevait son âme au-dessus des élans de passion qu'il avait (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux.  1884, page 242 ). Leconte de Lisle éleva le niveau de l'intelligence artistique (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, 1898-1902, page 269) : 

Ø 6. Je veux que ceux qui suivent mon cours emportent, de leur bref contact avec moi, autre chose que quelques connaissances exactes; je fais le rêve d'élever leur niveau moral, d'exalter leurs personnalités, de marquer à jamais ces âmes qui s'offrent à l'empreinte : et vraiment je crois obtenir un résultat qui n'est pas indigne de tout mon effort.

ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois,  1915, page 263. 

—   [Avec un complément indiquant le but]  Élever son coeur, son esprit, son âme à Dieu, vers Dieu. \" Porter ses pensées, ses désirs vers Dieu \" (Dictionnaire de l'Académie Française). 

—  Emploi pronominal réfléchi.  [Suivi d'un complément prépositionnel indiquant au-dessus de quoi, jusqu'où, vers quoi la personne s'élève]  Elle est incapable de s'élever jusqu'à comprendre Wilfrid (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Pléiades,  1874, page 264 ). Ils s'élevèrent à des considérations sur l'origine du monde (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, , 1880, page 90 ). Voyons, il faudrait s'élever au-dessus de cela, tâcher de planer un peu, se débarrasser des contingences (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1908, page 325 ). 

·    Par analogie.  [Le sujet désigne une forme d'expression]  Haydn lui paraissait [à Chenavard] avoir le style comique, le style de la comédie; il s'élève rarement jusqu'au pathétique (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1854, page 160 ). 

—  Emploi pronominal à sens passif.  Devenir moralement plus grand. Au lieu de s'élever par elle [la beauté] , il [le voluptueux] jouit de la rabaisser aux amours lascives (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 88 ). Par la foi l'homme veut s'élever et s'élève en effet (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts,  1920, page 95 ). 

d) [Le sujet désigne un inanimé abstrait; l'objet désigne une personne ou un aspect de cette personne]  Porter à des sentiments plus élevés. Élever l'esprit. Synonymes : ennoblir, fortifier. Nobles textes qui élèvent l'âme (HENRI DE MONTHERLANT, Malatesta,  1946, IV, 9, page 533 ). 

—  Emploi pronominal. J'ai senti mon âme s'élever au contact de la vôtre (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1839, page 464 ). Il faut se rendre digne. Il faut s'élever! Il faut s'ennoblir (FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1876, page 97) : 

Ø 7. Les souffrances que lui cause [à l'amour] l'objet aimé le font grandir et s'élever tant qu'il peut s'élever et grandir encore, mais lorsque, émanant tous ses parfums, riche de fleurs, profond de racines et large d'ombrage, il est monté jusqu'à la hauteur où Dieu lui a permis d'atteindre...

GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale,  1845, page 202. 

Ø 8.... il n'y a rien au monde qui s'embellisse plus aisément qu'une âme. Il n'y a rien au monde qui s'élève plus naturellement et s'ennoblisse plus promptement.

MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles,  1896, page 251. 

Remarque : On rencontre dans la documentation élevant, ante en emploi adjectival. Qui élève. L'action élevante et illuminante du Christ (Pierre Teilhard de Chardin, Milieu divin, 1955, page 182). 

C.—  Emplois pronominaux spécifiques. 

1. [La montée est celle de réalités sensibles] 

a) [Avec une idée de mouvement; souvent accompagné d'un complément avec préposition de marquant l'origine]  Monter. La flamme, la fumée s'élève. Une fine poussière s'élevait des planchers (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames,  1883, page 631 ). Les vapeurs violettes de l'aube s'élevaient des rues silencieuses (PIERRE LOUÿS, Aphrodite,  1896, page 163) : 

Ø 9. Quand la nuit vient, sous le hangar, une buée embrasée commence à s'élever, un brouillard qui s'exhale des rangs des briques, filtre le long des murs, quelque chose de rouge qui danse au-dessus de la bouche du four comme la brume du soleil sur l'aire.

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous,  1923, page 200. 

Ø 10. Les deux femmes, levées tôt, commençaient de préparer le petit repas du matin. L'odeur du pain rôti et du café s'élevait d'un étage à l'autre, passait sous les portes mal jointes et tourmentait les dormeurs.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, page 100. 

—   [À propos d'un ciel découvert ou dans lequel les nuages sont hauts]  Le temps s'élève. Le temps s'éclaircit, se met au beau. Synonymes : le temps se dégage, se lève. Le temps s'élevait un peu. On eût dit que le soleil allait se montrer (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes,  1913, page 197 ). 

b) [Le mouvement est fictif]  Commencer à se manifester. Un bruit, un chant, une clameur s'élève; s'élever brusquement, confusément. Synonymes : naître, surgir, survenir. Le soir, un fort coup de vent s'éleva (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 67 ). Le rire d'Aristide s'éleva de nouveau (LOUIS-ÉMILE-EDMOND DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard,  1860, page 79 ). 

—  Au figuré. Une colère, une protestation s'élève. Une effroyable jalousie s'élevoit dans son coeur (HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 2, 1824, page 66 ). Des murmures désapprobateurs s'élevèrent contre l'oblat (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée,  1913, page 178 ). Aucune menace ne s'élevait plus contre mon bonheur (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,  1918, page 581 ). 

·    [Avec un sujet apparent]  Il s'élève une discussion, une dispute. Il s'élevait en lui violemment, mille imaginations, mille désirs (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux.  1884, page 145 ). Il s'élevait des controverses sans fin (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 233 ). 

2. Par analogie.  [La montée est celle d'un prix, d'une quantité comptable ou non; généralement suivi d'un complément prépositionnel indiquant à combien s'élève la chose]  Atteindre une certaine somme, un certain chiffre. Synonyme : se monter à. Les profits (...) s'élevèrent à 60 millions (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 510 ). Autrefois, à la bibliothèque nationale, les demandes de livres, qui ne s'élevaient pas au delà de deux à trois cents, étaient montées depuis dix ans à dix-sept cents (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1893, page 400 ). La température s'élevait brusquement à 39,5 degrés (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 887 ). Les pertes s'élevèrent à plus de 3 000 tués, blessés, disparus (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre,  1956, page 45 ). 

II.—  [La notion dominante est celle d'une progression en intensité, de manière que ce qui monte soit bien ou mieux perçu] 

A.—  [Intensité physique; le sujet désigne une personne, l'objet désigne son expression orale] 

1. Élever le ton, la voix. 

a) Prendre la parole. Un des interprètes éleva la voix et dit : « Où est le soleil? » (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez,  1826, page 109 ). 

b) Parler plus haut, plus fort. Mme.  Paloque perdit toute mesure; elle éleva le ton, elle cria (ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans,  1874, page 1078 ). Avec le plus grand calme, sans élever ni baisser la voix (GEORGES BERNANOS, La Joie,  1929, page 540 ). Il fit une pause, puis reprit, sans élever le ton (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Mort du père, 1929, page 1259 ). 

c) MUSIQUE.  Élever le ton d'un morceau. \" Transposer un morceau pour qu'il soit exécuté sur un ton plus haut que celui dans lequel il a été composé \" (Dictionnaire de l'Académie Française). 

2. Emploi pronominal.  Prendre de l'ampleur, faire plus de bruit. Quelques rires éclatèrent, le murmure augmenta, les voix s'élevèrent (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin,  1831, page 68 ). 

B.—  Au figuré.  [Intensité morale] 

1. a) Élever le ton, la voix Parler avec suffisance ou autorité. Il ne vous convient pas d'élever ici la voix (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). 

—  Emploi pronominal.  Même sens Il enfle le ton, veut s'élever (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906-07, page 33 ). 

b) Élever une protestation, la voix contre, pour, en faveur de quelqu'un ou de quelque chose Prendre hautement parti pour ou contre. Loin de moi la pensée d'élever la voix sur des points qui échappent à ma compétence (ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo,  1927, page 744 ). 

—  Emploi pronominal. S'élever pour, contre. 

·    [Le sujet désigne une personne]  Même sens Les victimes dont la voix s'élevait contre toi (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1833, page 294 ). Le procureur s'est élevé avec violence contre cette question (ALBERT CAMUS, L'Étranger,  1942, page 1187 ). 

·    [Le sujet désigne un inanimé abstrait]  Porter témoignage pour, contre. Les preuves qui s'élèvent contre l'accusé (Dictionnaire de l'Académie française.  1835-1932). 

2. Élever son cri, sa plainte, sa prière vers. Faire monter vers. Élever au Seigneur une courte prière d'actions de grâces (PROSPER MÉRIMÉE, La Jacquerie,  1828, page 21 ). 

—  Emploi pronominal. Mes cris t'éveilleront, et mon humble prière s'élèvera vers toi, comme l'encens du soir (ALPHONSE DE LAMARTINE, Méditations poétiques.  1820, page 201 ). 

3. Élever le niveau, le ton d'un débat, d'une discussion. Leur donner plus de dignité, leur donner un tour plus noble. Une manière d'élever le débat à la fin de ses discours (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 222 ). 

 

 

Liens utiles