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EXCUSE, substantif féminin.

Publié le 02/02/2016

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EXCUSE, substantif féminin.  

A.—  Manifestation physique ou verbale visant à abolir la culpabilité résultant d'une faute, d'un manquement vis-à-vis de quelqu'un. Un geste d'excuse : 

Ø 1. Justin tenait les yeux baissés, et se gardait de l'interrompre, pour ne pas l'irriter davantage. Épuisé, Gilbert se tut et parut un instant dormir.

—  Mon cher ami, je t'excuse bien volontiers de...

—  Je n'ai pas besoin d'excuses.

MARCEL ARLAND, L'Ordre,  1929, page 496. 

—  Fais, faites excuse (vieux, familier). Excusez-moi (de vous contredire, confer Littré). Le Gendarme. —  Faites excuse. J'ai réglé ma montre ce matin sur l'horloge de la caserne (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Gendarme sans pitié,  1899, page 176 ). Se prononce sans liaison [fε tε ksky:z] 

B.—  1. Comportement, affect, geste ou parole interprétable comme un argument montrant que l'auteur d'une action jugée incorrecte n'a pu (ne pourra) agir autrement qu'il l'a fait (ou qu'il le fera). Chercher, fournir, trouver une bonne excuse; avoir une excuse toute prête; une excuse valable, inacceptable; sotte, mauvaise excuse (Dictionnaire de l'Académie Française); inventer une excuse; exiger des excuses. (Quasi-)synonymes : justification, motif, raison. Léon. — ... Pardon d'être entré ainsi, madame, mais je vous croyais chez vous. D'ailleurs, j'étais avec monsieur votre mari, c'est mon excuse (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Mari de la veuve,  1832, page 285 ). —  Marquis! fit Cernuwicz, vous ne nous quitterez pas si tôt? Je parie que vous allez, de ce pas, voir des filles, Hein, ne dites pas non! nous aussi, nous irons. Demeurez donc avec nous. J'essayai une excuse (CLAUDE FARRÈRE, L'Homme qui assassina,  1907, page 221 ). Je l'ai vu fureter autour de mon bureau. Sa myopie lui est une excellente excuse pour mettre son nez partout (GEORGES DUHAMEL, Journal de Salavin,  1927, page 43) : 

Ø 2. Mais, puisqu'il en est ainsi, pouvez-vous me dire quand votre appartement va devenir libre. J'ai mille excuses à vous faire d'une telle incivilité —  mais la meilleure est ici. Et il me tendit ce billet singulier...

JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux.  1945, page 36. 

—  Locutions. 

·    La belle excuse! 

·    Être sans excuse. N'être pas excusable. Nous ne lui avons montré que le bon exemple! hein? Tu n'as rien à te reprocher? (...) Je te répète qu'il est sans excuse. Nous avons été trop bons pour lui (MARCEL ARLAND, L'Ordre,  1929 page 246 ). 

·    Avoir l'excuse d'être + substantif désignant une qualité, un état qui est une raison suffisante pour disculper ou justifier (le comportement de) quelqu'un. Souvent à la forme négative. Son avocat, un avocat d'office pourtant, et qui n'a pas l'excuse d'être l'ami de son client (PAUL BOURGET, Le Disciple,  1889, page 230 ). 

·    Donner, prendre pour excuse + substantif désignant un fait, un état, une qualité qui est une raison suffisante pour disculper ou justifier (le comportement de) quelqu'un. Vers ce temps, Lazare se lassa des affaires. Sa paresse revenait, il traînait des journées oisives, en donnant pour excuse son mépris des manieurs d'argent (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre,  1884, page 1055 ). 

[En position de déterminant à un nom d'acte]  Cri, sourire d'excuse(s); paroles d'excuse(s); une lettre, un mot d'excuse. Le type s'assit péniblement. —  J'ai les jambes gourdes, dit-il avec un rire d'excuse (JEAN-PAUL SARTRE, Le Sursis,  1945, page 185 ). Tous ses baisers d'excuses ajoutent encore à la nuit qui s'installe en moi et autour de moi (JEAN GENÊT, Poèmes, 1948, page 102 ). 

—  Par métonymie. Une excuse. Un mot d'excuse. Synonyme : justification. Vous étiez absent à la classe du matin, vos parents vous ont-ils donné une excuse? (Dictionnaire de l'Académie française.  1932). 

—  Spécialement.  DROIT PÉNAL.  \" Fait spécifié par la loi qui, constaté par le juge, entraîne l'atténuation ou la suppression de la peine \" (Dictionnaire de droit de A. Perraud-Charmantier (RAYMOND BARRAINE) Supplément 1974). 

2. Emploi auto-référentiel, généralement au pluriel.  [Paroles dont l'énonciation sert à s'excuser]  Nos excuses; mille excuses. Synonyme : pardon. « Pardon, excuse, dit-il [un gendarme] vous m'avez dévisagé; conséquemment, je voudrais voir votre signalement (...) » (HECTOR MALOT, Romain Kalbis,  1869, page 106 ). « Dans soixante ans on vous jouera ça. » Picard : —  Mes excuses pour tout ce que je vous ai dit (JULES RENARD, Journal, 1909, page 1253) : 

Ø 3. —  Parlons-en! s'écria Pernichon d'une voix si stridente que Mme.  Jérôme se boucha une oreille du bout de son doigt ganté.

—  Pardonnez-moi... Je vous prie de m'excuser... Toutes mes excuses! dit le vicomte Lavoine de Duras en agitant vers son hôte une main qui tremblait de lassitude et d'écoeurement.

GEORGES BERNANOS, L'Imposture,  1927, page 402. 

—  Locutions. 

·    Faire, offrir, présenter des/ses excuses (à quelqu'un). Dire (à quelqu'un) des paroles servant à s'excuser. Une Grecque fait ce qu'elle veut. Elle n'a pas à te demander la permission. C'est un cas de guerre. Hector. —  Nous pouvons vous offrir des excuses (JEAN GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu,  1935, II, 9, page 151 ).   Familier. Présenter les excuses les plus plates. 

·    Devoir des excuses (à quelqu'un) Devoir (à quelqu'un) des paroles par lesquelles on s'excuse. Oh mais! Je dois des excuses à la petite Heredia, que j'avais mal, très mal vue le jour de son mariage avec de Régnier (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1896, page 977 ). 

·    Recevoir les/des excuses (de quelqu'un). Se voir adresser par quelqu'un des paroles par lesquelles il s'excuse. Voyons, Félix, écoute... Escartefigue. —  Je n'écoute rien. Je me présenterai ici demain matin pour recevoir tes excuses. Bonsoir, Monsieur Brun. M. Brun. —  Allons, capitaine... (MARCEL PAGNOL, Marius,  1931, III, 1er.  tableau, 5, page 168 ). 

·    Se confondre en excuses. Répéter (à quelqu'un) des paroles servant à s'excuser. Il est supposé détenir quelque fragment de vérité. C'est assez : on le honnit et l'infortuné ne songe qu'à se confondre en excuses (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation,  1899, page 52 ). Sans doute, le prince étant arrivé en retard, le duc se confondait-il en excuses. « Mon adorable duc! pensait Alban avec tristesse. En quel état le met le droit divin! » (HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires,  1926, page 536 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 885. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 2 282, b) 2 810; XXe.  siècle : a) 2 622, b) 2 982. 

 

Forme dérivée du verbe \"excuser\"

 excuser

EXCUSER, verbe transitif.  

I.—   [Le sujet désigne une personne] 

A.—  Exprimer des paroles ou faire des gestes visant à abolir les effets d'une faute ou d'un manquement vis-à-vis de quelqu'un. (Quasi-)synonyme : pardonner. 

Remarque : Ce verbe a un emploi performatif aux 1res.  personnes de l'indicatif présent. 

1. [Le complément désigne une personne] 

a) [Avec un complément introduit par de + substantif ou infinitif exprimant la faute ou le manquement]  Il l'excuse de sa négligence. Il lui semblait si bon, elle l'aimait tant, qu'après l'avoir excusé de barbouiller de pareilles horreurs, elle en venait à leur découvrir des qualités, pour les aimer aussi un peu (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre,  1886, page 116 ). —  Oh! Pardon! Monsieur! (le duc s'incline). Excusez-moi d'être en costume de voyage, je descends de chemin de fer et je ne me doutais pas qu'il y eût déjà réception ce soir (GEORGES FEYDEAU. La Dame de chez Maxim's, 1914, II, 6, page 40) : 

Ø 1. —  « C'est là », fit-il. « Oh, c'est très modeste... Vous m'excuserez de vous recevoir si simplement. » La maison était, en effet, de pauvre apparence...

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 937. 

—  Participe passé employé comme adjectif. « Hé bien, Monsieur, je suis presque excusé d'être dans un salon puisque je vous y trouve » (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1,  1920, page 203 ). 

·    Emploi comme substantif.  Personne qu'on a ou qui s'est excusée. Il fera la proportion pour chacune des catégories que nous avons distinguées : sexe, âge, profession, quartier, dénominateur, on ne portera que les assujettis, on déduira les excusés (Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch)  1968, page 95 ). 

b) [Avec un complément introduit par pour exprimant la faute ou le manquement]  Je te prie de m'excuser pour tout à l'heure, mais j'étais très pressé (ÉDOUARD BOURDET, Le Sexe faible,  1931, III, page 431 ). 

c) [Sans complément spécifiant la faute ou le manquement]  —  Cher agneau, dit Malvina venant à mon secours, comme on le calomnie! —  Ne l'excusez pas, ma belle; il est impardonnable (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale,  1842, page 191 ). « Oh! Ça, c'est la belle vie, pour sûr. Et qu'est-ce-qu'il y a comme gonzesses! M'excuserez, Madame Cartuywels. » (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers,  1936, page 234) : 

Ø 2.... —  je vous prends à témoin des façons singulières de votre compagnon. Je suis ici chez moi, et je n'admets pas...

—  Il faut excuser mon camarade, Monsieur, —  fit Morhange en s'avançant. —  Ce n'est pas un homme d'étude, comme vous.

PIERRE BENOÎT, L'Atlantide,  1919, page 129. 

—  Emploi pronominal réciproque. Jusqu'à minuit, une douzaine de messieurs avaient causé bas devant la cheminée, tous amis, tous travaillés par la même idée de paternité. Ils semblaient s'excuser entre eux, avec des mines confuses de maladroits (ÉMILE ZOLA, Nana,  1880, page 1412 ). 

d) Par ellipse du complément, familier. —  Ma parole, c'est notre curé! dit-il. Excusez! Je ne m'attendais pas à votre visite, je ne pensais pas à vous... (RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève,  1907, page 234 ). 

Remarque : Les demandes d'excuse : excusez-moi, vous m'excuserez, excusez, etc. sont souvent employées lorsqu'on veut contredire, interrompre poliment quelqu'un ou faire cesser une situation. Mais il n'est plus temps, ils se lèvent. Le Polonais reprend la parole : —  C'est l'heure du polo. Excusez-nous. À bientôt, cher Monsieur : nous reparlerons de Racine (CLAUDE FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, page 68). Et puis il voyait qu'il ne pourrait pas, ce soir-là, s'entretenir sérieusement avec Philippe. Il se leva : —  Excusez-moi, murmura-t-il, il faut que je parte (ARLAND, Ordre, 1929, page 114) : 

Ø 3. —  Reprenons l'histoire dès le début, vieux farceur (...). Il est descendu au haut de la côte. Ça va. Le chemin mène droit au presbytère, pas moyen de se tromper, ça va encore. Jusqu'ici rien ne cloche, tout est clair.

—  Excusez, remarqua le gendarme. Il aurait pu bifurquer sur la droite, face à la rivière, par le raidillon.

GEORGES BERNANOS, Un Crime,  1935, page 777. 

2. [Le complément désigne une réalité dont l'existence est considérée comme anormale ou fautive]  Excuser l'absence de porte-manteaux; excusez mon style; il n'excuse aucune faute. Tu mériterais bien que je te tirasse (excusez le subjonctif) les oreilles pour ton « réintroniser », expression de droit canonique que tu me fourres là! (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance 1852, page 448 ). Excusez mon griffonnage, mais j'ai travaillé longuement et j'ai la vue fatiguée (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance,  1886, page 150) : 

Ø 4. Elle excusa l'enfance du mauvais diable qui jadis avait fait sauter avec de la poudre le bénitier de l'église, à Sainte-Catherine-les-Arras.

PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 64. 

—  Par ellipse du complément. Ici nous n'avons pu pendre qu'un père et son fils, que l'on prit endormis dans un fossé. Monseigneur excusera (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie,  1806, page 719 ). Cet esthétisme d'emprunt n'était pour lui qu'un revêtement ingénieux pour cacher en révélant à demi ce qu'il ne pouvait laisser voir au grand jour; pour excuser, prétexter, et même motiver en apparence (ANDRÉ GIDE, Journal,  1927, page 847 ). 

—  Locution. Excusez du peu! [S'emploie par ironie pour exprimer son étonnement face à l'excès de quelqu'un ou face au caractère outrancier d'une attitude ou d'un comportement]  Par exemple, ce qui ne s'était jamais vu, il y avait vingt-cinq mille Français par terre. Excusez du peu! (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne,  1833, page 183 ). Et puis comment diable voulez-vous qu'il moucharde? (...) il ne parle à personne et personne ne lui parle (...) S'il faut qu'il fasse des rapports avec ça, excusez du peu! (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 8, 1843, page 163 ). 

B.—  Dire des paroles ou faire des gestes interprétables comme des arguments montrant que l'auteur d'une action jugée incorrecte ne pouvait agir autrement qu'il l'a fait. 

1. Emploi transitif. Il s'efforçait vainement de l'excuser (Dictionnaire de l'Académie française. ). Ces jours-là, M. de Charlus relayait la princesse en allant chercher les nouveaux à la gare, excusait Mme.  Verdurin de ne pas être venue à cause d'un état de santé qu'il décrivait si bien que les invités entraient avec une figure de circonstance et poussaient un cri d'étonnement en trouvant la patronne alerte et debout (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe,  1922, page 1044 ). 

2. Emploi pronominal réfléchi. 

a) [Avec un complément introduit par de exprimant une faute ou un manquement]  Ils étaient arrivés dès l'aube et regardaient monter les vagues. Je m'excusai de m'être fait attendre (ANDRÉ GIDE, Le Voyage d'Urien,  1893, page 15 ). M. Thibault présenta les hommes. —  « Je m'excuse de vous déranger, Monsieur », dit Mme.  de Fontanin, gênée par les regards dirigés sur elle, mais sans rien perdre de son aisance (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Cahier gris, 1922, page 598 ). Il parlait à voix basse, et il s'en excusa en me montrant le mort, puis il m'offrit une chaise (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime,  1945, page 220) : 

Ø 5. —  Je pars à une condition, c'est que vous viendrez dîner demain soir, Harriet sera contente de vous voir... Je m'excuse d'avoir avec moi une horrible créature : Miss Hitchener, mais elle nous quittera dans deux jours.

ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Ariel ou la vie de Shelley,  1923, page 132. 

—   [Avec un complément introduit par auprès de spécifiant le destinataire de l'excuse]  Et, si quelque auteur se permet de les violer [les unités] encore, il a toujours soin de s'en excuser auprès du public (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au XVIe.  siècle, 1828, page 259 ). Il les lut avidement, maniant chaque feuille avec respect, (...) puis s'étant levé, s'excusait déjà auprès de ma grand'mère d'être resté aussi longtemps (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,  1918, page 866 ). 

b) [Sans complément exprimant la faute ou le manquement]  La concierge sourit aussi d'un air embarrassé. —  Alors, je m'excuse... excusez-moi, Monsieur... —  Voilà qui est fait. Pas de lettres, naturellement. En ce cas, Madame Gerbois, je vous dis bonsoir (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 59 ). 

—   Dire en guise d'excuse. Après douze valses, son faux-col était une loque de linge plus molle encore que sa cravate blanche. Il s'excusa : —  Cinq minutes, dit-il, et je reparais. Attendez-moi (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau.  1908, page 60 ). —  Je suis abominablement en retard, s'excusa-t-il, mais j'ai rencontré, à la division coloniale, des camarades de promotion! Je ne pouvais pas m'en sortir! (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 39) : 

Ø 6. Le président interrompit une seconde fois : « Prenez garde! Vous insultez Mme.  veuve Flamèche, ici présente. » Renard s'excusa : « Pardon, pardon, c'est la passion qui m'emporte. »

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Le Trou, 1886, page 579. 

—  Proverbe. Qui s'excuse s'accuse. 

—   [Avec un complément introduit par auprès de spécifiant le destinataire de l'excuse]  On le descendit alors, sans mot dire, par le moyen d'une échelle dressée. On était gêné. On s'excusait auprès de lui (HENRI MICHAUX, Plume,  1930, page 174 ). Mathilde revint, coiffée, le maquillage refait. —  Oui, dit-elle, j'ai été idiote l'autre fois avec ton amie Chloé, je m'excuserai auprès d'elle (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu,  1945, page 191 ). 

Remarque : Cet emploi (B 2) est performatif aux 1res.  personnes du présent de l'indicatif. 

C.—  Emploi pronominal réfléchi.  [Avec un complément introduit par sur indiquant la cause pour laquelle on s'excuse]  Vieilli.  Alléguer quelque chose comme un motif pour lequel on présente des excuses (voir ce mot B). Il s'excusa sur sa myopie. Ils s'en sont excusés sur ce qu'ils n'avaient pas d'ordre; il s'en excuse sur sa maladie (Dictionnaire de l'Académie française. ). Je refusai quelque temps en m'excusant sur mon costume qui me rendait indigne de m'asseoir à leur table (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences,  1849, page 298 ). Lemaître arriva rue Oudinot (chez Coppée) en retard. Guilleret, il s'excusait sur ce qu'il s'était attardé au salon (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, 1902-04, page 13 ). M. Élie s'excusa sur ses rhumatismes pour n'aider pas Léon (HENRI DE MONTHERLANT. Les Célibataires,  1934, page 867) : 

Ø 7. Il commença par s'excuser sur l'inconvenance de l'heure.

—  Pardon, Madame, dit-il, après s'être assis entre Charles et Madame Dilois; pardon de me présenter si tard...

FRÉDÉRIC SOULIÉ. Les Mémoires du diable, tome 1, 1837, page 111. 

—   [Le complément est introduit par là-dessus]  Mais prendre l'avis de Gaspard lui avait coûté; et, maintenant, le cric et la charpente lui montraient bien son tort. C'était un peu tard. Gaspard s'excusa là-dessus à Anne-Marie (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes,  1930, page 109 ). 

Remarque : Dans cet emploi, s'excuser semble n'être que constatif, c'est-à-dire employé pour rapporter un discours. 

II.—  [Le sujet désigne un inanimé]  Servir d'excuse à quelque chose ou à quelqu'un. Sa maladie excuse sa paresse. Rien ne peut faire excuser une telle conduite (Dictionnaire de l'Académie française. ). Les sentiments exprimés dans votre lettre m'excuseront sans doute auprès de vous d'être à la campagne et de fuir Paris (HONORÉ DE BALZAC, Correspondance,  1839, page 648 ). C'était au « tempérament artistique » de l'oncle Ben qu'on recourait et par égard pour ce fameux tempérament qui excusait tout, on acceptait sa sauvagerie, ses sautes d'humeur (JULIEN GREEN, Journal, 19, page 279) : 

Ø 8. Encore une fois, ces contradictions n'excusent pas l'attitude des radicaux lillois, qui, eux, ont commis la contradiction suprême : celle d'affirmer la république, et de la livrer ensuite, en ressentiment de quelques outrages électoraux, les plus vains de tous.

JEAN JAURÈS, Études socialistes,  1901, page 28. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 632. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 4 105, b) 4 102; XXe.  siècle : a) 6 197, b) 6 109. 

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