Fig. 150 Plan général de Tanis (d'après le plan dressé par A. Lezine, 1951). « Grand constructeur dans Karnak » -- ce qui est exact : en l'an 40 de son règne, le Grand Prêtre enkhéperrê fait une inspection des temples de Karnak qui a pour conséquence la construction, huit ans plus ard, d'un mur d'enceinte au nord du temple d'Amon pour le protéger (déjà !) de l'envahissement par les aisons d'habitation toutes proches. La même mesure a probablement été appliquée au même moment à ouxor. Psousennès Ier consolide d'ailleurs ses liens avec le clergé d'Amon en mariant sa fille Asetemkheb au rand Prêtre Menkhéperrê. Lui-même, comme ses successeurs, exerce le pontificat d'Amon à Tanis. Mais il se éclame aussi de la succession de Ramsès XI en se faisant également appeler « Ramsès-Psousennès », et est 'un des grands bâtisseurs du temple consacré à Tanis à la triade formée par Amon, Mout et Chonsou, dont il onstruit l'enceinte. ans doute ne se limita-t-il pas à l'enceinte, si l'on en croit quelques traces de remplois de monuments ntérieurs, mais l'état du site ne permet pas d'en savoir plus. On ne sait pas non plus quelle part il a pu prendre l'édification de la ville, qui n'a pas encore été dégagée. Le site de Tanis a été relevé à la fin du XIXe siècle par Fl. Petrie. Dès sa découverte, il avait été mis en relation avec la capitale hyksôs, à cause des nombreux monuments en provenant que l'on pouvait rattacher à cette époque, mais aussi avec Pi-Ramsès, Ramsès II y étant plus qu'abondamment représenté. Le principal fouilleur du site, P. Montet, qui y travailla de 1929 à 1940, puis de 1946 à 1951, défendit longtemps cette double équivalence entre Avaris, Tanis et Pi-Ramsès, malgré des découvertes essentiellement en rapport avec les époques postérieures. Les recherches actuelles, menées depuis une vingtaine d'années par J. Yoyotte, puis par Ph. Brissaud ont essentiellement porté sur l'analyse stratigraphique du tell sur lequel est construit le site, ce qui a d'ailleurs permis de mettre en évidence une réelle occupation à l'époque ramesside (Yoyotte : 1987, 25-49). L'interprétation historique de Tanis n'est pas facile. À la présence au sol de monuments d'époque hyksôs et ramesside s'ajoute la destruction de pratiquement tous les matériaux en calcaire du site par les chaufourniers. Toutefois les dépôts de fondation permettent d'attribuer à Psousennès Ier l'enceinte et le noyau du grand temple. La porte monumentale orientale et l'essentiel des constructions d'Amon datent de la XXIIe dynastie. Il en va de même du temple de Chonsou, au nord de celui d'Amon, auquel il est perpendiculaire : il ne reste rien des constructions de Psousennès Ier, seulement des blocs provenant des embellissements apportés par Chéchonq V et réutilisés plus tard dans la maçonnerie du lac sacré voisin. Le temple de Mout, implanté au sud du site probablement par Psousennès Ier de façon à parfaire le parallélisme avec Karnak, n'a pas non plus gardé de trace de son premier état, mais uniquement des remaniements dont il a été l'objet. L'oeuvre des rois de la XXXe dynastie, qui furent aussi grands constructeurs à Tanis qu'à Karnak, puis celle des Lagides contribue à estomper celle des fondateurs du temple : le remaniement qui fut fait alors des trois temples et de celui d'Horus de Mésen auquel avait travaillé Siamon remodelèrent complètement le site. Psousennès Ier se fait construire une tombe au sud-ouest de l'enceinte, dans laquelle P. Montet a trouvé, outre sa momie et son mobilier, ceux de son épouse Moutnedjmet. Un caveau avait été aménagé également pour le prince héritier Ankhefenmout et un haut dignitaire, Oundebaounded, qui cumulait de hautes charges religieuses et la fonction de général en chef des armées. Pour quelque obscure raison, le successeur de Psousennès Ier, Aménémopé, ne se fit pas enterrer dans le caveau qui avait été préparé pour lui mais dans celui de Moutnedjmet. Osorkon Ier enterra dans cette même tombe Héqakhéperrê Chéchonq II. À proximité, P. Montet a encore trouvé la tombe d'Osorkon II et de son fils Hornakht, ainsi que celle de Chéchonq III, qui contenait également les restes de Chéchonq Ier. Ces sépultures, en partie pillées, ont jeté un jour nouveau sur l'histoire des rois tanites. La passation de pouvoir a lieu à peu près en même temps à Thèbes et à Tanis : Smendès II succède à son ère Menkhéperrê avant la mort de Psousennès Ier, puisqu'il envoie à l'occasion de celle-ci des bracelets que P. ontet a retrouvés dans le mobilier funéraire du roi. Il est probablement âgé lorsqu'il prend la charge de Grand rêtre : il cède la place au bout de deux ans à son jeune frère Pinedjem II. À Tanis, Aménémopé succède à sousennès Ier, qui est peut-être son père. Il règne à peine dix ans, et sa tombe, moins riche que celle de son rédécesseur, trahit un pouvoir moindre, même s'il reste incontesté à Thèbes. Son successeur, Aakhéperrê étépenrê, probablement le premier Osorkon (Osochor), est peu connu. Il n'en va pas de même de Siamon, qui st l'une des figures illustres de la XXIe dynastie, même si c'est sous son règne que se produisit le dernier rand pillage de la nécropole thébaine qui conduisit le Grand Prêtre d'Amon à réensevelir les momies royales ans la tombe d'Inhâpy. Il construit à Tanis : il double le temple d'Amon et fait des travaux dans celui d'Horus de ésen, transfère les restes d'Aménémopé dans le caveau de Moutnedjmet. Il travaille aussi à Héliopolis, peuttre à Pi-Ramsès (Khâtana) où son nom apparaît sur un bloc. Plus intéressant est de voir qu'il fait ériger à emphis un temple à une forme secondaire d'Amon. Ce temple est d'une facture classique que l'on retrouve ans le petit sphinx de bronze niellé d'or du Louvre à l'effigie du roi (E 3914 = Paris: 1987, 164-165). Il favorise galement le clergé memphite de Ptah, mais son activité se limite à la Basse-Égypte : il n'apparaît que comme ponyme sur quelques monuments thébains. ous son règne, l'Égypte retrouve une politique extérieure plus dynamique. On ne dispose en effet d'aucune ttestation égyptienne concernant la politique étrangère des rois antérieurs de la XXIe dynastie, et pour cause ! a situation décrite dans le Rapport d'Ounamon n'avait aucune raison de s'améliorer. La principale source non gyptienne dont on dispose est la Bible. La période qui va de la fin du règne de Psousennès Ier au milieu du ègne de Siamon correspond à la fédération des tribus autour du royaume de Jérusalem par David et donc au ombat contre les Philistins. L'Égypte n'intervient au départ dans ces luttes que d'une façon très indirecte : en ccueillant le prince héritier d'Édom, Hadad, lorsque David conquiert son royaume. Hadad épouse une rincesse égyptienne et son fils Genoubath est élevé à la Cour d'Égypte. À la mort de David, Hadad retourne ans son royaume. On peut tout au plus induire de ce fait que l'Égypte avait conservé certaines relations istoriques avec ses anciens vassaux. u moment où Salomon succède à David, l'Égypte intervient à son tour contre les Philistins en prenant et en avageant Gezer. Cette campagne est relatée dans le Livre des Rois (1R9,16) et trouve peut-être un écho ans un relief de Tanis montrant une scène de massacre rituel des ennemis (Kitchen : 1986, 281). La raison de ette intervention est probablement d'ordre commercial : les Philistins menaçaient le trafic avec la Phénicie. iamon a manifestement profité à la fois de leur affaiblissement à la suite des guerres menées par David et de a période de flottement provoquée par la succession en Israël pour intervenir le premier, avant que les edoutables forces mises en place par David n'écrasent les Philistins et imposent leurs conditions aux marchands égyptiens. Cette nouvelle alliance, dans laquelle les deux partenaires trouvaient qui un débouché commercial assuré, qui une frontière méridionale sûre, fut consacrée par un mariage. Mais l'union, signe des temps, se fit cette fois dans un sens nouveau pour les Égyptiens : c'est Salomon qui épouse une Égyptienne, ouvrant une tradition de mariages non royaux pour les princesses de la vallée. Les relations familiales qui unissent Siamon à Aménémopé et Osorkon l'Ancien ne sont pas établies. Celles qui l'unissent à son Fig. 151. Tableau chronologique sommair successeur Psousennès II non plus : on ne saurait même pas dire si Psousennès II est le même que le Grand Prêtre Psousennès qui succède à Pinedjem II. Dans ce dernier cas, il faudrait en déduire que Siamon mourut sans descendance. Psousennès II, probablement allié par mariage à la famille royale, est le dernier représentant de la XXIe dynastie, qui s'éteint peut-être dans un relatif dénuement à Tanis (Yoyotte : 1987, 64, mis en doute par A. Dodson, RdE 38 (1988), 54) : le pouvoir échoit à sa mort à la lignée des grands chefs des Mâchaouach, dont le règne de Chéchonq l'Ancien avait annoncé la montée. La domination libyenne commence. Les Libyens Lorsque Chéchonq Ier monte sur le trône, il est déjà l'homme fort du pays : général en chef des armées et onseiller du roi, il est aussi son gendre puisqu'il a épousé sa fille, Maâtkarê. Avec lui commence une nouvelle re : celle des chefs libyens, qui va redonner au pays pendant quelques générations une puissance bien ubliée depuis Ramsès III, avant de s'éteindre dans les nouvelles luttes intestines qui ravagent le pays à partir u règne de Chéchonq III. D'emblée, Chéchonq Ier se réclame de la dynastie précédente, toujours selon le ême schéma : il adopte une titulature décalquée sur celle de Smendès Ier. Lui-même est originaire d'une hefferie libyenne Fig. 152. Généalogie de la XXIIe dynastie. installée à Bubastis, ce que ne manquent pas de souligner les annales thébaines des pontifes d'Amon qui le ésignent comme « Grand Chef des Mâ(chaouach) », montrant par là une répugnance évidente à reconnaître on autorité. Il pratique la même politique que Pinedjem Ier autrefois en faisant de son fils Ioupout le Grand rêtre d'Amon en même temps que le général en chef des armées et le gouverneur de Haute-Egypte : le lien ntre les trois charges assure celui du temporel et du spirituel. Il lui adjoint au moins un autre de ses fils (?), jedptahiouefânkh comme troisième prophète et Nésy, le chef d'une tribu alliée, comme quatrième prophète 'Amon. Il mène aussi une politique d'alliance par mariages en donnant une de ses filles au successeur de jedptahiouefânkh, Djeddjéhoutyiouefânkh. Ce mariage, et d'autres, renforcent les relations entre les deux ouvoirs, ce qui n'empêche pas le prudent Chéchonq Ier de ménager un contre-pouvoir en Moyenne-Égypte en onnant à son autre fils, Nimlot, le commandement militaire d'Hérakléopolis, qui est plus que jamais le lieu tratégique commandant les échanges entre les deux royaumes. u retour de sa campagne victorieuse de Palestine de 925, le roi entreprend un programme de construction ambitieux dans le temple d'Amon-Rê de Karnak. Il en donne le détail sur une stèle érigée à l'occasion de la réouverture des carrières du Gebel el-Silsile en 924. Son fils, le Grand Prêtre Ioupout, dirige les travaux : il fait ménager la cour en avant du IIe pylône, lui donnant l'aspect que nous avons décrit plus haut. Sur le mur xtérieur du portail sud de la cour ainsi créée, il représente le triomphe de l'Égypte sur les deux royaumes juifs e Juda et d'Israël, qu'il rappelle également par une stèle triomphale affichée dans Ipet-sout, à proximité des Annales de Thoutmosis III. Le rapprochement ainsi suggéré n'est pas pure vantardise : la « salle des fêtes » âtie par Chéchonq Ier pour Amon témoigne elle aussi d'une renaissance spectaculaire à l'échelle du Procherient d'alors. héchonq Ier avait en effet tiré profit de la politique extérieure de Siamon en renouant avec Byblos, débouché raditionnel du commerce égyptien. Une statue de lui consacrée par le roi Abibaal dans le sanctuaire de Baalatebal est peut-être la marque d'un traité plus économique que militaire. Les relations avec le royaume de érusalem, en revanche, se détériorent, et les deux États entrent en compétition au moment où le pouvoir de Salomon est remis en cause par la révolte de Jéroboam, auquel le prophète Ahiyya promet la royauté sur Israël. Chéchonq accueille Jéroboam jusqu'à la mort de Salomon (1R14,25). À la mort de ce dernier, vers 930, Jéroboam rejoint ses partisans et fonde le royaume d'Israël, qui se sépare de celui de Juda, dirigé par le uccesseur de Salomon, Roboam. Les forces des Hébreux étant divisées entre Samarie et Jérusalem, héchonq Ier prend prétexte d'incursions de Bédouins dans la zone des Lacs Amers pour marcher en 925 sur érusalem : de Gaza, il s'enfonce profondément dans le Néguev, fait tomber les places fortes de Juda et 'installe face à Jérusalem, qui décide de se soumettre et livre le trésor de Salomon (mais pas l'Arche : Yoyotte : 987, 66). De là, il passe en Israël, d'où Jéroboam, comprenant un peu tard les buts de la politique de son rotecteur, s'enfuit au-delà du Jourdain. Une colonne le rattrape et remonte jusqu'à Be(th-)San. L'avance gyptienne s'arrête à Megiddo où Chéchonq Ier fait élever une stèle commémorative. Il franchit alors le mont armel vers le sud et s'en retourne par Askalon et Gaza : L'Égypte est redevenue pour un temps le suzerain de a Syro-Palestine. En l'an 28 d'Osorkon, en effet, un général kouchite, Zerah, conduit une expédition contre le oyaume de Juda (2Ch14,8-15). La date de l'an 28 d'Osorkon Ier (897) est obtenue par correspondance avec 'an 14 du roi Asa qui défait et poursuit l'envahisseur. Si l'on admet que Zerah était un général