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Fig. 14 Plaquette d'ivoire de Djer. croissance (Peret), la troisième la récolte

Publié le 06/01/2014

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Fig. 14 Plaquette d'ivoire de Djer. croissance (Peret), la troisième la récolte (Chemou). Or il se trouve que le début de la montée des eaux, choisi donc comme point de départ de l'année, est observable à la latitude de Memphis, que l'on suppose être le lieu de l'unification du pays, justement au moment du lever héliaque de Sirius. Ce phénomène se produit, dans le calendrier julien, le 19 juillet (environ un mois plus tôt dans le calendrier grégorien), -- mais pas tous les 19 juillet. Chacun sait, en effet, que l'année solaire réelle est de 365 jours et six heures : le décalage d'un quart de jour qui se produit chaque année éloigne peu à peu la date des deux phénomènes, dont la concomitance ne peut, par conséquent, être constatée que lorsque ce décalage a effectué, si l'on peut dire, un tour complet : tous les 1460 ans -- ce que l'on appelle une « période sothiaque ». Ce phénomène -- la coïncidence du premier de l'an et du lever de Sirius -- a été constaté dans l'histoire égyptienne au moins une fois : en 139 après JésusChrist. On peut donc, grâce à quelques points de repère reposant sur des observations faites par les Égyptiens ux-mêmes, fixer des dates précises à l'intérieur de ces périodes, que l'on fait ainsi remonter à 1317, 2773 et 323 avant notre ère. On sait, par exemple, que l'an 9 d'Amenhotep Ier correspond à 1537 ou 1517 selon le lieu 'observation du phénomène et l'an 7 de Sésostris III à 1877. La date de 4323 a été abandonnée, parce que rop peu conforme aux données archéologiques; 2773, en revanche, paraît un bon point de départ pour la réation du calendrier, même si cette date est trop basse pour le règne de Djer. On peut lever l'argument en aisant remarquer que la présence de Sothis sur cette tablette n'est pas une preuve en soi. Le fait d'avoir onstaté le phénomène n'implique pas forcément, en effet, qu'un nouveau calendrier ait été adopté. De même ue les calendriers civil et religieux coexisteront tout au long de la civilisation égyptienne, il ne paraît pas éraisonnable de supposer que le calendrier lunaire était toujours en vigueur sous le règne de Djer et qu'il n'a té remplacé par le calendrier solaire qu'à l'occasion de la période sothiaque suivante : vers la fin de la IIe ynastie. La fin de la dynastie u successeur de Djer, Ouadji ou, si l'on préfère considérer son nom comme un pictogramme, « Serpent », on e sait pas grand-chose, sinon qu'il mena une expédition vers la mer Rouge, dans le but probable d'exploiter es mines du désert oriental. Son tombeau à Abydos a livré de nombreuses stèles, dont l'une, à son nom, est onservée au Louvre. en, le quatrième roi de la dynastie, a laissé le souvenir d'un règne glorieux et riche, qui a peut-être, lui aussi, commencé par une régence, celle de Merneïth, laquelle aurait favorisé le pouvoir des hauts fonctionnaires -- pouvoir que Den aurait limité par la suite. Ce qui est sûr, c'est que le nouveau souverain a conduit une politique xtérieure vigoureuse, de très bonne heure tournée vers le Proche-Orient, puisqu'il a mené une campagne « siatique » dès sa première année de règne. Il en aurait même ramené un harem de prisonnières, ce qui ferait e lui un précurseur d'Amenhotep III en la matière. On peut supposer que cette activité guerrière, augmentée ncore par une expédition dans le Sinaï contre les Bédouins, a guidé le choix de son nom de « roi de Haute et asse-Égypte » (nysout-bity) : Khasty, « l'étranger » ou « l'homme du désert », déformé en grec en Ousaphaïs chez Manéthon. Il est d'ailleurs le premier à ajouter à sa titulature ce troisième nom, dans lequel on pense rouver le reflet d'une politique intérieure active : construction d'une forteresse, célébration de cérémonies onsacrées aux dieux Atoum et Apis, recensement du pays, si l'on en croit la Pierre de Palerme, mais aussi politique de conciliation avec le Nord, qui se traduit, au-delà du nom de son épouse Merneïth, par la création d'un poste de « chancelier du roi de Basse-Égypte », dont on a retrouvé à Saqqara le tombeau du titulaire, Hémaka. Outre un riche mobilier, cette tombe a livré une tablette, au nom du roi Djer, mais qui témoigne peutêtre d'une fête jubilaire de Den, connue par ailleurs (Hornung & Staehelin : 1974, 17); cette tablette porte la plus ancienne mention d'une momie -- peut-être celle de Djer (Vandier : 1952, 845-848) --, ce qui ne laisse pas d'être surprenant, dans la mesure où la pratique de la momification n'est attestée que plus tard. On a retrouvé dans le tombeau élevé par Den à Abydos un pavement de granit qui en fait le premier exemple connu d'utilisation de la pierre dans une architecture jusque-là exclusivement de brique. Le règne de Den est évalué à près d'un demi-siècle, ce qui explique la relative brièveté de celui de son successeur, Adjib, « l'homme au coeur vaillant », dont le nom de roi de Haute et Basse-Égypte, placé pour la première fois sous l'invocation des « deux dieux » (nebouy), Merpoubia(i), est devenu Miébis chez Manéthon. Adjib est probablement monté tard sur le trône, suffisamment pour célébrer très vite la fête jubilaire que devait lui valoir son grand âge. Cette cérémonie, la fête-sed, tient son nom de celui de la queue de taureau, peut-être aussi de celui du canidé Sed, un dieu que l'on a rapproché d'Oupouaout, « l'ouvreur de chemins », le chacal auquel Anubis emprunte ses compétences funéraires. Elle se perd dans la nuit des temps et constitue un rite de renouvellement du pouvoir destiné à montrer la vigueur du roi, en principe après trente ans de règne. Elle est essentiellement constituée par la répétition des rites de couronnement : assomption des couronnes et des insignes du pouvoir sur les deux Égyptes dans des pavillons particuliers à chaque royaume. Une partie plus physique s'y ajoute, qui comporte une course et une visite processionnelle aux divinités du pays dans leur chapelle. Le roi, enfin, exécute divers rites de naissance et de fondation. Cette cérémonie est l'occasion d'une émission d'objets commémoratifs : à l'époque qui nous occupe, de vases en pierre portant la titulature du roi. On possède de ces vases commémorant la fête qu'Adjib a fait célébrer dans son nouveau palais de Memphis, au nom révélateur : « la protection entoure Horus ». On retiendra de son règne l'introduction du nom placé sous l'invocation des « Deux Seigneurs », c'est-à-dire d'Horus et de Seth, les dieux antagonistes du Nord et du Sud réunis dans la personne du roi. C'est dire que celui-ci réunit dans sa personne la dualité de l'Égypte, mais aussi celle du pouvoir d'Horus, qui assure le maintien de l'équilibre, et celui, plus destructeur, de Seth, qu'il détourne vers l'extérieur de l'Égypte. La fin de la Ire dynastie est plus trouble. Sans doute à cause de la longueur du règne de Den, la succession ne s'est pas passée sans heurt. Semerkhet se démarque nettement de son prédécesseur, dont il va jusqu'à faire effacer le nom sur des vases jubilaires, voulant manifestement marquer par là sa propre légitimité -- légitimité remise en cause par la Table de Saqqara, sur laquelle son nom est, à son tour, effacé. Sa titulature révèle sans doute une carrière antérieure à sa montée sur le trône, peut-être religieuse, puisqu'il choisit comme nom de nebty « celui qui garde les Deux Maîtresses », c'est-à-dire Nekhbet, la déesse-vautour de Nekhen (Elkab), et Ouadjet, la déesse-serpent de Pe et Dep (Bouto), les protectrices du Sud et du Nord, et comme nom d'Horus, « le familier des dieux ». La IIe dynastie Il se fait enterrer à Abydos comme son successeur, Qaâ, qui est peut-être son fils et dont le règne clôt la Ire dynastie, sans qu'aucun affrontement vienne expliquer ce changement rapporté par Manéthon. Il semble simplement que le pouvoir se soit déplacé vers Memphis si l'on en juge d'après le fait que les trois premiers rois au moins de la IIe dynastie se sont fait enterrer à Saqqara. Un autre signe de ce glissement géographique est le nom même du souverain qui inaugure la nouvelle dynastie : Hotepsekhemoui, « les Deux Puissants sont en paix ». Les « Deux Puissants » sont, bien entendu, Horus et Seth. Son nom de nebty confirme cette interprétation. Il choisit en effet de se faire appeler « les Deux Maîtresses sont en paix », ce qui doit être une allusion politique à une opposition entre le Nord et le Sud, qui n'a pas nécessairement pris une forme violente mais témoigne de ce que le pays est toujours prompt à se couper en deux en cas de conflit. La famille royale elle-même entretient des relations avec le Delta oriental, sans doute la région de Bubastis : c'est ce que l'on a déduit de la pratique du culte de Bastet et de Soped, un dieu faucon local assimilé de bonne heure à Horus fils d'Osiris. C'est à cette époque également que se met en place le culte solaire, même si le nom de Rê n'apparaît que dans le nom d'Horus du successeur de Hotepsekhemoui, Nebrê, « le Maître du Soleil », ou, plus vraisemblablement et avec moins d'orgueil, « Rê est (mon) maître ». Rê prend définitivement la place du « dieu de l'horizon » dont il est issu. Ce choix religieux est confirmé par le successeur de Nebrê, Nineter, « celui qui appartient au dieu ». Tous deux sont probablement les propriétaires de tombes situées sous la chaussée d'Ounas à Saqqara, dans lesquelles on a retrouvé des sceaux-cylindres à leur nom. Mais cette attribution, en l'absence d'autre document écrit, est peu sûre : ces sceaux, en effet, ne sont pas forcément restés liés au roi dont ils portent le nom. On en a retrouvé dans des tombes de particuliers, voire dans celles de leurs successeurs ; par exemple, la tombe de Khâsekhemoui, à Abydos, a livré un cylindre justement au nom de Nineter, sans qu'il puisse y avoir de doute sur l'identité du propriétaire de la tombe. Un autre type de documents est sujet à des déplacements hors contexte. Ce sont les vases en pierre, dont les inscriptions sont tout aussi précieuses que l'étaient celles des tablettes d'ivoire de la Ire dynastie pour la connaissance de certains faits historiques et de l'organisation administrative du pays. On en a retrouvé des lots très importants, dont une partie date du règne de Nineter, dans les galeries souterraines de la pyramide de Djoser, le deuxième souverain de la IIIe dynastie. Cette trouvaille confirme la durée de tels témoins historiques, transmis, après avoir été utilisés ou non, de génération en génération. Dans le cas du tombeau de Djoser, ils sont restés dans un même contexte, alors que les vases royaux jubilaires que nous évoquions plus haut ont, eux, changé de destination : offerts aux dignitaires et conservés par les familles de ceux-ci, ils ont fini dans le mobilier funéraire d'un lointain descendant. Les successeurs de Nineter, Ouneg et Senedj, ne sont guère connus, à part les listes royales, que par ces inscriptions sur vases provenant de la pyramide de Djoser. Il se pourrait que leur pouvoir se soit limité à la région memphite. Le dernier a été contemporain du roi Peribsen, dont une statue devait se trouver dans sa tombe, si l'on en croit l'existence d'un « supérieur des prêtres ouâb de Peribsen dans la nécropole de Senedj : dans le temple et les autres endroits » à la IVe dynastie. De ce dernier on connaît la sépulture à Abydos que lui aménagea son successeur local Sekhemib, « l'homme au coeur puissant », et le matériel qu'elle a livré : vases en pierre et objets de cuivre, et deux stèles portant le nom du roi dans le serekh -- une représentation du palais en plan précédé de sa façade, vue, elle, en élévation : le nom du souverain est inscrit dans le cadre défini par le plan. Le tout constitue l'écriture normale du nom d'Horus des souverains. D'ordinaire, cette « façade de palais » est surmontée du faucon Horus : le nom de Peribsen est, lui, sous l'invocation de Seth. Ces divers éléments invitent à penser que les relations entre les deux royaumes se sont détériorées vers la fin du règne de Nineter, peut-être à cause de la nouvelle orientation religieuse choisie par Nebrê, qui aurait trop privilégié le Nord. Le silence des listes royales sur Peribsen et son successeur abydénien ainsi que ce choix affirmé de Seth comme dieu tutélaire suggèrent que le Sud avait repris son autonomie -- Peribsen possède, par exemple, un « chancelier du roi de Haute-Égypte » --, ou, tout au moins, ne reconnaissait plus celle des souverains memphites, en qui la tradition voit les détenteurs légitimes du pouvoir, selon un schéma qui deviendra classique par la suite. Le pouvoir de Peribsen s'étendait au moins jusqu'à Éléphantine, où l'on a retrouvé en 1985 des empreintes de sceaux à son nom, et où l'on sait que se trouvait plus tard un temple consacré à Seth. Le fait que Senedj et Peribsen aient vu leur culte funéraire associé à la IVe dynastie laisse croire que cette opposition n'était, au moins sous son règne, pas violente. Les choses changent avec Khâsekhem, « Le Puissant (c'est-à-dire Horus) est couronné ». Originaire de Hiérakonpolis, il a consacré dans son temple, à l'occasion de son couronnement, des objets commémorant une victoire sur le Nord : des inscriptions sur vases de pierre et deux statues, l'une en schiste, l'autre en calcaire, le représentant assis sur un siège à petit dossier. Ces statues, pratiquement les premières du type, donnent déjà le canon des représentations royales. Le souverain est vêtu du manteau enveloppant de la fête-sed et coiffé de la couronne blanche de Haute-Égypte sur les deux statues. Cela ne veut pas nécessairement dire pour autant que Khâsekhem avait choisi de donner la Haute-Égypte comme origine de son pouvoir. Étant donné la tenue qu'il porte, ces deux statues devaient faire partie d'un ensemble, comme on en a trouvé ailleurs, représentant le souverain lors des cérémonies de couronnement, alternativement comme roi de Haute et Basse-Égypte, selon le mécanisme de la fête-sed. Le socle de ces statues est décoré de prisonniers, entassés dans un enchevêtrement de corps disloqués. C'est sans doute à l'occasion de cette victoire qu'il transforme son nom en Khâsekhemoui, « les Deux Puissants sont couronnés », plaçant Horus et Seth au-dessus du serekh, et choisit comme nom de roi de Haute et Basse-Égypte, « les Deux Maîtresses sont en paix à travers lui ». Cette prise en main de l'Égypte, qui a les apparences d'une réunification, coïncide avec une évolution dans l'architecture, servie par une vigoureuse politique de construction. Khâsekhemoui Fig. 15 Statue de Khâsekhem provenant de Hiérakonpolis. Schiste. Musée du Caire. bâtit en pierre à Hiérakonpolis, Elkab et Abydos, où sa tombe est la plus grande de celles des souverains de la dynastie. Ie n arrête la période thinite avec son règne à la suite de Manéthon, sans raison particulière. Cette coupure peut ême paraître surprenante dans la mesure où l'on sait que Khâsekhemoui a eu pour épouse une princesse imaâtapis qui fut la mère de Djoser, le grand roi qui fut son successeur indirect. Mais nous avons vu que la notion même de monarchie « thinite » ne rend plus compte de la situation politique de la IIe dynastie, déjà plus memphite que thinite. Le règne de Khâsekhemoui voit simplement la fin des affrontements entre le Nord et le Sud et la mise en place définitive des structures économiques, religieuses et politiques du pays. C'est le point de départ d'une grande époque, au cours de laquelle la civilisation et l'art atteignent un degré d'achèvement et une maîtrise presque définitifs. La monarchie thinite La monarchie thinite diffère assez peu de celle de la IIIe dynastie, et l'essentiel des institutions est en place avant Djoser. Le principe de la transmission du pouvoir par filiation directe, sur lequel repose l'institution pharaonique, fonctionne déjà, puisque le roi après sa mort n'est plus qualifié d'Horus. De même, il porte désormais les trois noms qui constituent la base de la titulature : le nom d'Horus qui exprime sa nature d'hypostase du dieu héritier du trône, celui de roi de Haute et Basse-Égypte (nysout-bity), et, depuis Semerkhet, un nom de nebty qui est probablement le reflet de la carrière du prince héritier antérieure à son couronnement, mais déjà annonciatrice de celui-ci. À noter aussi le rôle de l'épouse du roi dans la transmission u pouvoir : elle est « Celle qui unit les Deux Seigneurs », « Celle qui voit Horus et Seth », autant que « La mère des enfants royaux ». 'organisation de la maison royale est désormais ce qu'elle sera dans les siècles qui suivent. Le palais, que l'on peut supposer construit en brique d'après l'architecture funéraire censée en être la reproduction, abrite en ême temps les appartements privés -- le harem -- et l'administration, c'est-à-dire la tête des principaux services qui constituent le prolongement du roi qu'est sa « maison ». S'il assume théoriquement l'ensemble du pouvoir, en effet, il est assisté, dans la pratique, par de hauts fonctionnaires. Il n'est pas toujours facile de démêler les titres purement auliques de ceux qui recouvrent une réalité, mais on peut se faire quand même une idée approximative des grands rouages de l'administration. Le roi était entouré de conseillers plus ou moins spécialisés, comme le « contrôleur des Deux Trônes », « Celui qui est placé à la tête du roi », ou le « chef des secrets des décrets ». Ce dernier titre donne une idée du dispositif législatif. En tant qu'héritier des dieux, le roi est le détenteur du pouvoir théocratique qui fonde sa charge. Il n'en est d'ailleurs que le détenteur temporaire : les titres de propriété du pays lui sont remis lors de son couronnement, en principe directement par le dieu (Grimal : 1986, 441), à charge pour lui de gouverner le ays en faisant respecter ses lois qui sont elles-mêmes l'expression de celles de l'univers. Pour ce faire, il romulgue des décrets. À la limite, toute parole émanant de sa bouche est un décret ayant force de loi, que l'on eut fixer ou non par écrit -- un peu comme dans le système islamique du daher. Il semble que l'interprétation e ces décrets ait Fig. 16 Carte des nomes de Basse-Égypte. constitué, avec le recours aux lois écrites et la consultation de la jurisprudence, l'essentiel du Droit. ntre ce cercle proche du roi, où l'on trouve déjà à la IIe dynastie un tjaty, qui n'a pas encore les pouvoirs que ette fonction -- souvent comparée à celle du vizir ottoman -- comportera à la IVe dynastie et la chancellerie, volue tout un corps de scribes : ils sont la cheville ouvrière omniprésente de l'administration. Le premier hancelier du roi de Basse-Egypte que l'on connaît est Hemaka, sous le règne de Den, la chancellerie de Haute-Égypte étant apparue sous celui de Peribsen. Cette double institution se charge du recensement, de 'organisation de l'irrigation et, partant, de tout ce qui touche au cadastre. Elle s'occupe de la collecte des taxes et de la redistribution des biens, qui sont versés à des « trésors » et des « greniers » spécialisés dans les éréales, les troupeaux, la nourriture en général. Ceux-ci gèrent l'acheminement de ces biens vers les grands corps pris en charge par l'État : l'administration elle-même, mais aussi les temples. Ces organes du pouvoir central traitent avec des rouages locaux qui sont répartis par provinces, que les Grecs nt appelées « nomes » et

« commencé parune régence, celledeMerneïth, laquelleauraitfavorisé lepouvoir deshauts fonctionnaires — pouvoir queDen aurait limitéparlasuite.

Cequi estsûr, c'est quelenouveau souverain aconduit unepolitique extérieure vigoureuse, detrès bonne heuretournée versleProche-Orient, puisqu'ilamené unecampagne « asiatique »dès sapremière annéederègne.

Ilen aurait même ramené unharem deprisonnières, cequi ferait de luiun précurseur d'Amenhotep IIIen lamatière.

Onpeut supposer quecette activité guerrière, augmentée encore parune expédition dansleSinaï contre lesBédouins, aguidé lechoix deson nom de«roi de Haute et Basse-Égypte »(nysout-bity) :Khasty, «l'étranger »ou «l'homme dudésert »,déformé engrec enOusaphaïs chez Manéthon.

Ilest d'ailleurs lepremier àajouter àsa titulature cetroisième nom,danslequel onpense trouver lereflet d'une politique intérieure active:construction d'uneforteresse, célébration decérémonies consacrées auxdieux Atoum etApis, recensement dupays, sil'on encroit laPierre dePalerme, maisaussi politique deconciliation avecleNord, quisetraduit, au-delà dunom deson épouse Merneïth, parlacréation d'un poste de«chancelier duroide Basse-Égypte »,dont onaretrouvé àSaqqara letombeau dutitulaire, Hémaka.

Outreunriche mobilier, cettetombe alivré unetablette, aunom duroiDjer, maisquitémoigne peut- être d'une fêtejubilaire deDen, connue parailleurs (Hornung &Staehelin :1974, 17);cette tablette portelaplus ancienne mentiond'unemomie —peut-être celledeDjer (Vandier :1952, 845-848) —,cequi nelaisse pas d'être surprenant, danslamesure oùlapratique delamomification n'estattestée queplus tard.

Onaretrouvé dans letombeau élevéparDen àAbydos unpavement degranit quienfait lepremier exemple connu d'utilisation delapierre dansunearchitecture jusque-làexclusivement debrique. Le règne deDen estévalué àprès d'undemi-siècle, cequi explique larelative brièveté decelui deson successeur, Adjib,«l'homme aucœur vaillant »,dont lenom deroide Haute etBasse-Égypte, placépourla première foissous l'invocation des«deux dieux »(nebouy), Merpoubia(i), estdevenu MiébischezManéthon. Adjib estprobablement montétardsurletrône, suffisamment pourcélébrer trèsvitelafête jubilaire quedevait lui valoir songrand âge.Cette cérémonie, lafête- sed,tient sonnom decelui delaqueue detaureau, peut-être aussi decelui ducanidé Sed,undieu quel'onarapproché d'Oupouaout, «l'ouvreur dechemins »,lechacal auquel Anubis emprunte sescompétences funéraires.Elleseperd dans lanuit destemps etconstitue unrite de renouvellement dupouvoir destinéàmontrer lavigueur duroi, enprincipe aprèstrente ansderègne.

Elleest essentiellement constituéeparlarépétition desrites decouronnement :assomption descouronnes etdes insignes dupouvoir surlesdeux Égyptes dansdespavillons particuliers àchaque royaume.

Unepartie plus physique s'yajoute, quicomporte unecourse etune visite processionnelle auxdivinités dupays dans leur chapelle.

Leroi, enfin, exécute diversritesdenaissance etde fondation.

Cettecérémonie estl'occasion d'une émission d'objetscommémoratifs :à l'époque quinous occupe, devases enpierre portant latitulature duroi. On possède deces vases commémorant lafête qu'Adjib afait célébrer danssonnouveau palaisdeMemphis, au nom révélateur :« la protection entoureHorus».On retiendra deson règne l'introduction dunom placé sous l'invocation des«Deux Seigneurs »,c'est-à-dire d'Horusetde Seth, lesdieux antagonistes duNord etdu Sud réunis danslapersonne duroi.

C'est direque celui-ci réunitdanssapersonne ladualité del'Égypte, maisaussi celle dupouvoir d'Horus, quiassure lemaintien del'équilibre, etcelui, plusdestructeur, deSeth, qu'ildétourne vers l'extérieur del'Égypte. La finde laIre dynastie estplus trouble.

Sansdoute àcause delalongueur durègne deDen, lasuccession ne s'est paspassée sansheurt.

Semerkhet sedémarque nettementdeson prédécesseur, dontilva jusqu'à faire effacer lenom surdes vases jubilaires, voulantmanifestement marquerparlàsa propre légitimité —légitimité remise encause parlaTable deSaqqara, surlaquelle sonnom est,àson tour, effacé.

Satitulature révèlesans doute unecarrière antérieure àsa montée surletrône, peut-être religieuse, puisqu'ilchoisitcomme nomde nebty «celui quigarde lesDeux Maîtresses »,c'est-à-dire Nekhbet,ladéesse-vautour deNekhen (Elkab),et Ouadjet, ladéesse-serpent dePe etDep (Bouto), lesprotectrices duSud etdu Nord, etcomme nomd'Horus, « le familier desdieux ». LaIIe dynastie Il se fait enterrer àAbydos commesonsuccesseur, Qaâ,quiestpeut-être sonfilsetdont lerègne clôtlaIre dynastie, sansqu'aucun affrontement vienneexpliquer cechangement rapportéparManéthon.

Ilsemble simplement quelepouvoir sesoit déplacé versMemphis sil'on enjuge d'après lefait que lestrois premiers rois au moins delaIIe dynastie sesont faitenterrer àSaqqara.

Unautre signe deceglissement géographique est le nom même dusouverain quiinaugure lanouvelle dynastie:Hotepsekhemoui, «les Deux Puissants sonten paix ».Les «Deux Puissants »sont, bienentendu, HorusetSeth.

Sonnom denebty confirme cette interprétation.

Ilchoisit eneffet desefaire appeler «les Deux Maîtresses sontenpaix »,ce qui doit être une allusion politique àune opposition entreleNord etleSud, quin'apas nécessairement prisune forme violente mais témoigne deceque lepays esttoujours promptàse couper endeux encas deconflit.

Lafamille royale elle-même entretientdesrelations avecleDelta oriental, sansdoute larégion deBubastis :c'est ceque l'ona déduit delapratique duculte deBastet etde Soped, undieu faucon localassimilé debonne heureàHorus fils d'Osiris.

C'estàcette époque également quesemet enplace leculte solaire, mêmesile nom deRê n'apparaît que dans lenom d'Horus dusuccesseur deHotepsekhemoui, Nebrê,«le Maître duSoleil »,ou, plus. »

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