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Thoutmosis fit désensabler le dieu, et celui-ci lui fit don d'un trône qu'il n'espérait pas.

Publié le 06/01/2014

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dieu
Thoutmosis fit désensabler le dieu, et celui-ci lui fit don d'un trône qu'il n'espérait pas... et dont il ne profita que neuf ans, car il mourut lui aussi prématurément, à l'âge d'environ trente ans. Derrière la belle histoire se cache une orientation politique déjà sensible chez Amenhotep II. Que le jeune prince se soit trouvé à Memphis n'a rien d'étonnant, puisque c'est là qu'étaient élevés tous les princes héritiers depuis Thoutmosis Ier. Ce qui est plus remarquable, c'est le soin qu'il prend de ses dieux : il poursuit l'aménagement du temple consacré par Amenhotep II à proximité du sphinx, mais on a retrouvé aussi un dépôt de fondation à son nom dans le temple de Ptah de Memphis. Peut-être faut-il voir là le désir de contrebalancer la puissance de Thèbes, dont la noblesse jouit alors d'un luxe que l'on peut mesurer à la splendeur des tombes des grands personnages du royaume : le vizir Aménémopé (TT 29), dont le frère, Sennefer (TT 96), est gouverneur de Thèbes, Qenamon, 'intendant du palais royal de Memphis, et son frère le troisième prophète d'Amon Kaemhéryibsen (TT 98), les grands prêtres d'Amon Méri et Amenemhat (TT 97), le chef des greniers Menkhéperrêséneb (TT 79), Ouserhat (TT 56), Khây, dont le « trésor » est conservé à Turin, etc. Amenhotep III et l'apogée de la dynastie Si la peinture thébaine tend à son apogée sous Thoutmosis IV, le règne d'Amenhotep III, en ouvrant encore lus le pays aux influences orientales, atteint un degré de raffinement qui restera inégalé par la suite, même orsque les produits précieux d'Asie et de Nubie alimenteront à nouveau les ateliers royaux. Amenhotep III est le ils d'une concubine de Thoutmosis IV, Moutemouia, dans laquelle on a voulu voir à tort la fille d'Artatama Ier. Il st né à Thèbes, et lorsqu'il monte sur le trône, il n'a que douze ans : sa mère assure la régence. Il épouse, au lus tard en l'an 2, une femme d'origine non royale qui aura une influence déterminante sur l'avenir de la ynastie, la reine Tiy. Elle est la fille d'un notable d'Akhmîm, Youya, qui va, lui aussi, jouer un rôle politique en ompagnie de son épouse Touya, préparant le terrain à l'un de ses fils, le divin père Ay qui succédera à outankhamon dans des heures difficiles. Tiy donne six enfants à Amenhotep III : peut-être un Thoutmosis, qui eurt sans régner, le futur Amenhotep IV et quatre filles, dont deux porteront aussi le titre de reines, Satamon t Isis. Fig. 91 La famille royale et la fin de la XVIIIe dynastie : généalogie sommaire des générations 9-11. À la XVIIIe dynastie comme à la Ve, les liens familiaux dominent la politique du pays. Les principales charges gouvernementales sont distribuées aux membres de la famille royale, ou bien, au contraire, le mariage vient consacrer la réalité d'un pouvoir politique trop fort pour être contourné. C'était le cas de Thoutmosis Ier ; ce sera encore celui d'Ay et d'Horemheb. Le mariage d'Amenhotep III et de Tiy est, à cet égard, bien loin du roman d'amour qu'on a parfois voulu y voir. Youya est un officier de la charrerie, maître des haras. On a supposé qu'il était parent de la reine mère Moutemouia, ce qui ferait de lui un oncle d'Amenhotep III. Il installe son fils Ay comme maître des haras sous le règne de son petit-fils, non sans avoir fait auparavant de son autre fils, Anen, le Deuxième Prophète d'Amon à Thèbes et le « Grand des Voyants » du temple de Rê de Karnak. L'influence de Tiy sur la conduite des affaires vient de sa forte personnalité, mais aussi de sa longévité : elle survit à son mari et meurt seulement en l'an 8 de son fils Amenhotep IV, après avoir été liée à la politique des deux rois à la fois en tant qu'épouse et en tant que mère. Elle met en effet en avant pour la première fois le rôle de l'épouse -- la « Grande Épouse du Roi » -- , qui prend le pas sur la reine mère, image traditionnelle du matriarcat. Tiy est associée à son époux de façon complémentaire. Elle est à ses côtés la personnification de Maât et reçoit en tant que telle certains privilèges régaliens : elle participe aux grandes fêtes cultuelles, y compris la fête-sed, se fait représenter en sphinx, et se voit consacrer un temple par son mari à Sédeinga, entre a Deuxième et la Troisième Cataracte. Elle prend aussi une grande part à la politique extérieure et gère le pays ans les premières années du règne de son fils, pour lequel elle exerce la régence après lui avoir probablement lus ou moins insufflé les fondements du nouveau dogme qu'il va développer. Elle le suit en effet à Amarna où lle se fait enterrer. Sa momie sera « rapatriée » sous Toutankhamon avec celle de Smenkhkarê dans la tombe 5 de la Vallée des Rois. e règne d'Amenhotep III est marqué par la paix : le seul acte de guerre est une campagne dissuasive qu'il mène au début de son règne, en l'an 5. Pour le reste, les relations avec le Proche-Orient témoignent du grand rayonnement de l'Égypte en Asie et dans le bassin méditerranéen. On le suit à travers les attestations du nom d'Amenhotep III en Crète, à Mycènes, en Étolie, en Anatolie, au Yémen, à Babylone, Assur... On possède une autre source d'information sur la politique extérieure de l'époque : un ensemble de 379 tablettes découvertes par une paysanne en 1887 à côté du palais royal d'Amarna. Ces textes, rédigés en cunéiformes, l'écriture diplomatique de l'époque, contiennent la correspondance d'Amenhotep III et IV avec les rois du Proche-Orient. Les renseignements qu'ils fournissent, comparés aux archives de la capitale des Hittites, Bogazkôy, et aux chroniques assyro-babyloniennes permettent de suivre les échanges entre les deux puissances, mais aussi les vicissitudes du royaume de Mitanni, qui continue à perdre du terrain. Le rapprochement égypto-mitannien est consommé par le mariage, en l'an 11, d'Amenhotep III et de Gilu-Heba, fille de Sutarna II. Mais vers le dernier tiers du règne, le prince d'Amourrou, Abdi-Achirta, forme une coalition pour soulever le joug égyptien en basculant du côté des Hittites. La situation se détériore dans la capitale mitannienne : Artassumara, fils aîné de Sutarna II, est assassiné par le parti pro-hittite commandé par Tuhi, qui se proclame régent du royaume. Mais Tushratta venge son père et reprend le pouvoir. Il consolide à nouveau l'alliance avec l'Egypte en accordant à Amenhotep III la main de sa fille Tadu-Heba(t). La Babylonie, toujours inquiète du voisinage mitannien, fait de même, et Amenhotep III épouse la soeur, puis la fille de Kadashman-Enlil. Ces réseaux matrimoniaux ne sont pas une garantie bien solide face aux appétits territoriaux des uns et des autres : l'Assyrie, théoriquement vassale du Mitanni, est convoitée par Babylone, et Assur-Uballit Ier aura beaucoup de mal à maintenir la balance égale. Il ne parviendra à conserver une relative indépendance qu'au prix d'une habile politique d'amitié ostensiblement affichée avec l'Égypte. La puissance montante, ce sont les Hittites, qui vont prendre un ascendant décisif à la charnière des règnes d'Amenhotep III et Amenhotep IV. Le prince Suppiluliuma est monté sur le trône. Il consacre les dix premières années de son règne à pacifier l'Anatolie, puis il se tourne vers la Syrie du Nord, prend Alep et fixe la frontière méridionale hittite au Liban. Amenhotep IV a succédé à son père : l'Egypte ne vient pas au secours de l'allié mitannien qui ne peut que s'incliner. Pendant le demi-siècle qui a précédé ces événements, l'Égypte est à l'apogée de son rayonnement et de sa puissance. Amenhotep III est l'un des plus grands constructeurs que le pays ait connus. Il couvre la Nubie de monuments. À Éléphantine il fait édifier un petit temple à colonnade attribué à Thoutmosis III. À Ouadi esSéboua, il consacre un temple rupestre à Amon « Seigneur des chemins ». À Aniba, il travaille au temple d'Horus de Miam. Il fonde le temple de Kawa, celui de Sésébi, sur lequel Amenhotep IV fera le Gematon, celui de Soleb, consacré à son propre culte et à celui de sa femme, associé à celui d'Amon. Il inaugure avec ce sanctuaire une tradition qui sera largement suivie à la XIXe dynastie. En plus du temple de Sédeinga, il consacre des éléments d'architecture à Mirgissa, Kouban, et dans les îles de Saï et Argo. En Égypte même, il construit dans le Nord, à Athribis et Bubastis. Il poursuit le programme héliopolitain de ses prédécesseurs en consacrant un temple à Horus. Il commence aussi les travaux du Sérapeum à Saqqara. Dans la Vallée il bâtit à Elkab, Souménou près de Gebelein, Abydos et Hermopolis, où il fait ériger les statues monumentales de cynocéphales qui sont encore visibles sur le site. À Thèbes, il fait construire à Louxor un temple censé être le « harem méridional » d'Amon-Rê et fait consacrer dans le temple de Mout d'Achérou, au sud de l'enceinte de Karnak six cents statues de la déesse Sekhmet, dont de magnifiques exemplaires ornent le Musée du Louvre ( fig. 92 ). Sur la rive occidentale, il se fait édifier un palais à Malgata et un gigantesque temple funéraire que Mérenptah détruira pour construire le sien, et dont il ne reste que les deux statues monumentales disposées de part et d'autre du pylône. Une ressemblance phonétique entre le prénom d'Amenhotep III, Nebmaâtrê, qui devait donner approximativement le son « Mimmouria » dans la bouche des guides qui expliquaient les antiquités aux premiers visiteurs grecs, valut au colosse du nord d'être interprété comme la statue du héros Memnon, fils de l'Aurore et chef des troupes éthiopiennes, qui fut tué par Achille au cours de la guerre de Troie. Sa tombe, disait-on, était aux pieds du colosse. Un tremblement de terre survenu en 27 av. Jésus-Christ vint renforcer la légende : il disjoignit les blocs de la statue, créant une fissure qui craquait au lever du jour, lorsque les rayons du soleil faisaient évaporer l'humidité accumulée pendant la nuit. Ainsi Memnon saluait d'un gémissement l'apparition de sa mère chaque matin. Malheureusement, la piété de Septime Sévère le conduisit à faire restaurer le monument, qui depuis lors est devenu muet. Les monuments du règne d'Amenhotep III, tant officiels que civils, sont empreints d'une finesse et d'une délicatesse que vient soutenir une maîtrise technique indiscutable. L'influence orientale se fait sentir par une lus grande liberté plastique, qui tranche sur la rigueur du début de la dynastie et annonce la sensibilité des uvres amarniennes : on peut penser à la technique du « drapé mouillé » qu'illustrent les statues de la fin du règne ( fig. 93 ). Ces traits précurseurs de l'art amarnien ont fréquemment été compris comme le signe que les recherches ystiques du futur Akhenaton ne sont pas nées d'un coup, mais ont été progressivement élaborées dans une our dont on se plaît à souligner l'intellectualisme orientalisant. Les préoccupations héliopolitaines 'Amenhotep III montrent que la montée du culte d'Aton est une conséquence logique du renouveau des anctuaires de l'ancienne capitale religieuse. Mais cela ne veut pas dire que cette ascension soit exclusive : la onstruction du Sérapeum, destiné à recevoir les dépouilles des taureaux Apis, indique que le roi encourage également le culte officiel des hypostases animales. Seulement, dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit pas de cultes thébains. Là se trouve probablement l'une des motivations qui vont pousser Amenhotep IV à rompre avec Amon-Rê : la trop grande place prise dans l'État par le clergé thébain. Celui-ci voit son emprise encore accrue par les constructions qu'Amenhotep III entreprend à Karnak pour obtenir l'aide des dieux contre e mal qui le mine depuis sa première fête-sed, qu'il célèbre en l'an 34 de son règne. Les représentations de oleb et celles de la tombe du majordome de la Grande Épouse du roi Khérouef (TT 192) le montrent à cette ccasion affaibli et visiblement souffrant. Il consacre ainsi six cents statues à Sekhmet Dame d'Achérou, la uérisseuse par excellence. Son beau-père Tushratta lui envoie même une statue guérisseuse d'Ichtar. Mais ien n'y fait, et les dieux ne peuvent pas détourner le destin. Amenhotep III célèbre en l'an 37 sa deuxième fêteed -- si l'on respecte en effet le délai de trente ans pour la première, on réduit cette durée au dixième pour les uivantes --, juste avant d'épouser Tadu-Heba(t), et meurt en l'an 39, en ayant peut-être associé dans les erniers temps son fils au trône. Sa tombe (VdR 22), qui était décorée d'un exemplaire du Livre de l'Amdouat été pillée à la XXIe dynastie, mais sa momie a pu être sauvée avec celles qui ont été regroupées dans le ombeau d'Amenhotep II. C'est la dépouille d'un homme d'une cinquantaine d'années qui a succombé à la aladie. vec lui disparaît une certaine Égypte, celle des certitudes politiques et religieuses, d'un État redevenu fort et especté à l'intérieur comme à l'extérieur. Les bouleversements provoqués pendant le court règne de son fils odifieront radicalement l'équilibre du pouvoir en contraignant les pharaons à poser clairement la question qui st à la base de la théocratie : celle de la relation entre le temporel et le spirituel. CHAPITRE X Akhenaton La succession d'Amenhotep III menhotep IV règne seul à partir de 1378/1352 avec pour nom de couronnement Néferkhépérourê, « Les ransformations de Rê sont parfaites », auquel il associe l'épithète ouâenrê, « L'Unique de Rê ». Tout le reste e sa titulature le met en rapport avec Thèbes, même si son nom d'Horus d'Or appelle celle-ci « l'Héliopolis du ud ». L'importance d'Héliopolis est liée, comme nous l'avons vu, à l'éducation des princes à Memphis et n'est as forcément le signe d'une opposition à la doctrine amonienne. a corégence avec Amenhotep III est discutée. Si elle a bien eu lieu, on ne peut pas en donner avec certitude a durée : elle commencerait dans les années 28-29 d'Amenhotep III pour les uns, 37-39 pour les autres. Dans 'un comme l'autre cas, elle montre clairement que les idées qui vont conduire à la « révolution » amarnienne taient déjà suffisamment répandues pour avoir influencé les oeuvres officielles de la fin du règne. De plus, le ait qu'il se fasse couronner à Karnak est le signe qu'au moins au départ il n'était pas en lutte ouverte avec le lergé d'Amon-Rê. a continuité est aussi familiale, si tant est que l'on puisse s'y retrouver dans la famille royale amarnienne ! Il pouse sa cousine Néfertiti, fille de Ay et Tiy II, donc petite-fille de Youya et Touya. On voit que la famille 'Akhmîm reste très présente au coeur de l'aventure amarnienne, comme elle le sera encore, à travers la soeur e Néfertiti, Moutnedjmet, aux côtés d'Horemheb. Peut-être même est-elle pour quelque chose dans le choix 'un site de Moyenne-Égypte pour la nouvelle capitale... Quoi qu'il en soit, Amenhotep IV et Néfertiti forment un ouple encore plus étroitement lié politiquement que celui d'Amenhotep III et Tiy. Comme eux ils sont associés ans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art officiel les présente dès le début dans des scènes familiales ugées jusque-là trop intimes pour être montrées. Leur rôle n'est toutefois pas équivalent : dans le grand hymne Aton, par exemple, le roi est le seul à connaître le dieu. 'est seulement en l'an 2 de son règne qu'Amenhotep IV donne à Aton la place qu'occupait Amon-Rê. uparavant, il avait entrepris un programme de construction traditionnel. Lorsqu'il ouvre la carrière de grès du ebel el-Silsile, il se fait présenter en train de faire offrande à Amon (Urk. IV 1962). Il complète d'ailleurs la écoration du temple d'Amenhotep III à Soleb. Mais déjà, dans les constructions qu'il entreprend à Karnak pour ton, apparaît une volonté de nouveauté en même temps qu'une certaine précipitation. Il fait extraire dans les arrières des blocs de grès, plus facile à travailler, et de petite taille, donc plus maniables pour une main'oeuvre non spécialisée fonctionnant par grandes corvées. Ces « talatates », comme les a appelées, à la suite e la tradition locale, l'égyptologue H. Chevrier, sont décorées dans une technique souvent assez fruste, mais vec un style toujours réaliste et enlevé qui va dans le sens de la nouvelle idéologie que le roi enseigne luiême aux artistes, ainsi que nous l'apprend un graffito de son chef sculpteur Bak à Assouan. C'est robablement la petite taille de ces blocs qui les a sauvés de la destruction complète lorsque, après le retour à 'orthodoxie amonienne, les constructions élevées par le pharaon hérétique à l'est de l'enceinte d'Amon-Rê urent rasées : Horemheb les réutilisa en particulier pour bourrer le 9e pylône. Les 12 000 talatates qui en ont té extraites lors de son démontage par le Centre Franco-Égyptien des Temples de Karnak dans les dix ernières années et qui sont actuellement en cours d'étude sont une source inestimable pour la connaissance e l'histoire des cultes atoniens. n l'an 4, le roi se rend, en compagnie de la reine, sur le site « révélé par Aton lui-même » de la future capitale, u'il appellera Akhetaton, « L'Horizon du Disque ». L'année suivante, il y procède à la fondation de son nouveau omaine. Il s'agit d'un vaste cirque de montagnes situé à dix kilomètres environ au sud de Mellaoui, sur la rive rientale du Nil, d'un développement de vingt-cinq kilomètres, de Cheikh Saïd au nord à Cheikh Abd el-Hamid u sud. C'est un endroit vierge, comme la colline de sable d'Héliopolis à partir de laquelle a été créé l'univers. e roi le marque de quatorze stèles frontières : onze sur la rive orientale, trois sur la rive occidentale. La ville oit être la contrepartie de Thèbes par la nature et le nom de ses monuments. Sa nécropole royale et civile, insi qu'un cimetière consacré au taureau Mnévis en fera aussi une nouvelle Héliopolis. La réforme religieuse 'est sur les stèles de la rive orientale qu'apparaît pour la première fois, la nouvelle titulature du roi, qui révèle u pays le dogme atonien. Il transforme son nom d'Horus, « Taureau puissant aux hautes plumes » qui le liait rop à Thèbes en « Taureau puissant aimé d'Aton ». Son nom de nebty, « À la grande royauté dans Karnak », evient « À la grande royauté dans l'Horizon du Disque », son nom d'Horus d'Or, « Qui élève les couronnes ans l'Héliopolis du Sud », « Qui élève le nom d'Aton ». Il conserve son nom de couronnement et change menhotep en Akhenaton, « Agréable à Aton » : il s'agit d'un simple transfert d'Amon à Aton. e changement n'a, en soi, rien de révolutionnaire et est bien loin d'être la religion révélée que l'on a parfois eu endance à y voir pour trouver au christianisme des racines qui ne reflètent tout au plus qu'un fonds commun ux civilisations sémitiques. Nous avons suivi en effet depuis le début de la XVIIIe dynastie la montée des ultes héliopolitains, qui n'est que le prolongement d'un mouvement amorcé dès le Moyen Empire : la « solarisation » des principaux dieux comme Amon par le biais de la forme syncrétique Amon-Rê. Cette tendance épouse celle qui apparaît dans les livres funéraires, le Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès, les litanies solaires ou e Livre des Portes, et qui revient à concentrer autour de Rê la création et l'entretien de la vie. Il est sans doute exagéré de parler de monothéisme (Assmann : 1984, 235 sq.), dans la mesure où cette concentration n'écarte aucun autre dieu, mais il est certain que se produit une fusion de compétences multiples dans le Créateur par excellence qu'est le soleil. Amenhotep IV choisit d'en adorer l'aspect sensible, le Disque, dont le rôle est clairement défini dans la théologie héliopolitaine depuis l'Ancien Empire. Le résultat donne un ton universaliste qui présente les apparences du monothéisme, et l'on a souvent comparé le grand hymne à Aton, inscrit sur le mur ouest de la tombe d'Ay à Amarna au Psaume 104 : Lorsque tu te couches dans l'horizon occidental, L'univers est plongé dans les ténèbres et comme mort. Les hommes dorment dans les chambres, la tête enveloppée, Et aucun d'eux ne peut voir son frère. Volerait-on tous leurs biens qu'ils ont sous la tête, Qu'ils ne s'en apercevraient pas ! Tous les lions sont sortis de leur antre, Et tous les reptiles mordent. Ce sont les ténèbres d'un four et le monde gît dans le silence. C'est que leur créateur repose dans son horizon. Mais à l'aube, dès que tu es levé à l'horizon, Et que tu brilles, disque solaire dans la journée, Tu chasses les ténèbres et tu émets tes rayons. Alors le Double-Pays est en fête, L'humanité est éveillée et debout sur ses pieds ; C'est toi qui les as fait lever ! Sitôt leur corps purifié, ils prennent leurs vêtements Et leurs bras sont en adoration à ton lever. L'univers entier se livre à son travail. Chaque troupeau est satisfait de son herbe ; Arbres et herbes verdissent ; Les oiseaux qui s'envolent de leurs nids, Leurs ailes éployées, sont en adoration devant ton être. Toutes les bêtes se mettent à sauter sur leurs pattes. Et tous ceux qui s'envolent, et tous ceux qui se posent Vivent, lorsque tu t'es levé pour eux. Les bateaux descendent et remontent le courant. Tout chemin est ouvert parce que tu es apparu. Les poissons, à la surface du fleuve, bondissent vers ta face : C'est que tes rayons pénètrent jusqu'au sein de la mer-très-verte. C'est toi qui fais se développer les germes chez les femmes, Toi qui crées la semence chez les hommes, Toi qui vivifies le fils dans le sein de sa mère, Toi qui l'apaises avec ce qui fait cesser les larmes, Toi, la nourrice de celui qui est encore dans le sein, Toi qui ne cesses de donner le souffle pour vivifier chacune de tes créatures Lorsqu'elle sort du sein pour respirer, au jour de sa naissance, Tu ouvres sa bouche tout à fait et tu pourvois à son nécessaire.
dieu

« compris lafête-sed, sefait représenter ensphinx, etse voit consacrer untemple parson mari àSédeinga, entre la Deuxième etlaTroisième Cataracte.

Elleprend aussiunegrande partàla politique extérieure etgère lepays dans lespremières annéesdurègne deson fils,pour lequel elleexerce larégence aprèsluiavoir probablement plus oumoins insufflé lesfondements dunouveau dogmequ'ilvadévelopper.

Ellelesuit eneffet àAmarna où elle sefait enterrer.

Samomie sera«rapatriée »sous Toutankhamon aveccelledeSmenkhkarê danslatombe 55 delaVallée desRois. Le règne d'Amenhotep IIIest marqué parlapaix :le seul acte deguerre estune campagne dissuasivequ'il mène audébut deson règne, enl'an 5.Pour lereste, lesrelations avecleProche-Orient témoignentdugrand rayonnement del'Égypte enAsie etdans lebassin méditerranéen.

Onlesuit àtravers lesattestations dunom d'Amenhotep IIIen Crète, àMycènes, enÉtolie, enAnatolie, auYémen, àBabylone, Assur...Onpossède une autre source d'information surlapolitique extérieure del'époque :un ensemble de379 tablettes découvertes par une paysanne en1887 àcôté dupalais royald'Amarna.

Cestextes, rédigés encunéiformes, l'écriture diplomatique del'époque, contiennent lacorrespondance d'AmenhotepIIIet IV avec lesrois duProche-Orient. Les renseignements qu'ilsfournissent, comparésauxarchives delacapitale desHittites, Bogazkôy, etaux chroniques assyro-babyloniennes permettentdesuivre leséchanges entrelesdeux puissances, maisaussi les vicissitudes duroyaume deMitanni, quicontinue àperdre duterrain.

Lerapprochement égypto-mitannien est consommé parlemariage, enl'an 11,d'Amenhotep IIIet de Gilu-Heba, filledeSutarna II.Mais versledernier tiers durègne, leprince d'Amourrou, Abdi-Achirta, formeunecoalition poursoulever lejoug égyptien en basculant ducôté desHittites.

Lasituation sedétériore danslacapitale mitannienne :Artassumara, filsaîné de Sutarna II,est assassiné parleparti pro-hittite commandé parTuhi, quiseproclame régentduroyaume.

Mais Tushratta vengesonpère etreprend lepouvoir.

Ilconsolide ànouveau l'allianceavecl'Egypte enaccordant à Amenhotep IIIlamain desafille Tadu-Heba(t).

LaBabylonie, toujoursinquièteduvoisinage mitannien, faitde même, etAmenhotep IIIépouse lasœur, puislafille deKadashman-Enlil.

Cesréseaux matrimoniaux nesont pas une garantie biensolide faceauxappétits territoriaux desuns etdes autres :l'Assyrie, théoriquement vassale duMitanni, estconvoitée parBabylone, etAssur-Uballit Ier aura beaucoup demal àmaintenir la balance égale.Ilne parviendra àconserver unerelative indépendance qu'auprixd'une habile politique d'amitié ostensiblement affichéeavecl'Égypte.

Lapuissance montante,cesont lesHittites, quivont prendre un ascendant décisifàla charnière desrègnes d'Amenhotep IIIet Amenhotep IV.Leprince Suppiluliuma estmonté sur letrône.

Ilconsacre lesdixpremières annéesdeson règne àpacifier l'Anatolie, puisilse tourne versla Syrie duNord, prend Alepetfixe lafrontière méridionale hittiteauLiban.

Amenhotep IVasuccédé àson père : l'Egypte nevient pasausecours del'allié mitannien quinepeut ques'incliner. Pendant ledemi-siècle quiaprécédé cesévénements, l'Égypteestàl'apogée deson rayonnement etde sa puissance.

Amenhotep IIIest l'un des plus grands constructeurs quelepays aitconnus.

Ilcouvre laNubie de monuments.

ÀÉléphantine ilfait édifier unpetit temple àcolonnade attribuéàThoutmosis III.ÀOuadi es- Séboua, ilconsacre untemple rupestre àAmon «Seigneur deschemins ».ÀAniba, iltravaille autemple d'Horus deMiam.

Ilfonde letemple deKawa, celuideSésébi, surlequel Amenhotep IVfera leGematon, celui de Soleb, consacré àson propre culteetàcelui desafemme, associé àcelui d'Amon.

Ilinaugure avecce sanctuaire unetradition quisera largement suivieàla XIX e dynastie.

Enplus dutemple deSédeinga, il consacre deséléments d'architecture àMirgissa, Kouban,etdans lesîles deSaï etArgo.

EnÉgypte même,il construit dansleNord, àAthribis etBubastis.

Ilpoursuit leprogramme héliopolitain deses prédécesseurs en consacrant untemple àHorus.

Ilcommence aussilestravaux duSérapeum àSaqqara.

DanslaVallée ilbâtit à Elkab, Souménou prèsdeGebelein, AbydosetHermopolis, oùilfait ériger lesstatues monumentales de cynocéphales quisont encore visibles surlesite.

ÀThèbes, ilfait construire àLouxor untemple censéêtrele« harem méridional »d'Amon-Rê etfait consacrer dansletemple deMout d'Achérou, ausud del'enceinte de Karnak sixcents statues deladéesse Sekhmet, dontdemagnifiques exemplairesornentleMusée duLouvre ( fig.

92 ). Sur larive occidentale, ilse fait édifier unpalais àMalgata etun gigantesque templefunéraire queMérenptah détruira pourconstruire lesien, etdont ilne reste quelesdeux statues monumentales disposéesdepart et d'autre dupylône.Une ressemblance phonétiqueentreleprénom d'Amenhotep III,Nebmaâtrê, quidevait donnerapproximativement leson «Mimmouria »dans labouche desguides quiexpliquaient lesantiquités auxpremiers visiteursgrecs,valutaucolosse dunord d'être interprété commelastatue duhéros Memnon, filsde l'Aurore etchef destroupes éthiopiennes, quifuttué par Achille aucours delaguerre deTroie.

Satombe, disait-on, étaitauxpieds ducolosse.

Untremblement deterre survenu en27av.

Jésus-Christ vintrenforcer lalégende :il disjoignit lesblocs delastatue, créantunefissure quicraquait aulever dujour,lorsque lesrayons dusoleil faisaient évaporer l'humidité accumulée pendantlanuit.

Ainsi Memnon saluaitd'un gémissement l'apparitiondesamère chaque matin.Malheureusement, lapiété deSeptime Sévèreleconduisit àfaire restaurer lemonument, quidepuis lorsestdevenu muet. Les monuments durègne d'Amenhotep III,tant officiels quecivils, sontempreints d'unefinesse etd'une. »

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