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Vocabulaire: CHOSE1, substantif féminin.

Publié le 12/11/2015

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Vocabulaire: CHOSE1, substantif féminin. Ce qui se manifeste et que l'on ne désigne qu'en tant que tel. I.— Ce qui est, ce qui existe; réalité de toute espèce, envisagée indépendamment de la durée. A.— Ce qui existe à titre d'appartenance à quelque chose ou à quelqu'un, ce qui concerne quelque chose ou quelqu'un. 1. Au pluriel. [L'accent est mis sur l'appartenance à un tout dont les choses sont les éléments] a) Les choses de + substantif abstrait déterminé.. Tout ce qui concerne un sujet, une matière, un domaine. Les choses de la nature, de la religion, de l'amour. La France a, dans les choses de la civilisation, l'autorité que Rome avait dans les choses de la religion (VICTOR HUGO, Actes et paroles, 1, 1875, page 130 ). Ils sont sans allégresse et presque sans envie, Ayant beaucoup souffert des choses de la vie (ANNA DE NOAILLES, Le Coeur innombrable, 1901, page 168) : Ø 1. Mlle. Ampère est gentille, son expression est extrêmement douce et elle a l'air tout à fait étrangère aux choses de ce monde. Elle n'a même pas la plus simple coquetterie extérieure, celle des habillements. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 150. · Les choses de Dieu. La religion. SYNTAXE : Les choses du coeur, de l'esprit, de l'intelligence, du sexe, de la terre; les choses d'ici-bas, d'en haut. b) Les choses + adjectif. Les choses humaines. Tout ce qui se rapporte à l'existence et à la vie des hommes. Synonyme : condition humaine. Des réflexions philosophiques sur la fragilité des choses humaines (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 385 ). SYNTAXE : Les choses corporelles, célestes, divines, éternelles, naturelles, mortelles, pratiques, profanes, matérielles, terrestres, temporelles, sacrées, spirituelles, surnaturelles. 2. Au singulier et, moins souvent, au pluriel. Propriété, possession, objet dont on fait son usage propre. C'est sa chose, avoir des choses de valeur. Synonyme : bien3. La guerre contre Carthage était sa chose personnelle; il s'indignait que les autres s'en mêlassent sans vouloir lui obéir (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 2, 1863, page 11) : Ø 2.... si mon débiteur aliène la chose sur laquelle j'ai un droit d'hypothèque, celui-ci n'est en rien atteint, mais le tiers-acquéreur est tenu ou de me payer, ou de perdre ce qu'il a acquis. ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893, page 84. Ø 3.... sa main [de l'organiste] se sent en contact direct avec la matière sonore qu'elle pétrit à plaisir et qui devient sa « chose ». CHARLES-MARIE WIDOR, Technique de l'orchestre moderne, 1904, page 180. — DROIT. Choses corporelles, incorporelles; la chose prêtée, léguée, déposée, mobilière. Une chose mobilière dont la propriété ou la possession est litigieuse entre deux ou plusieurs personnes (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 352 ). — Spécialement. a) Familier. Faire de quelqu'un sa chose. Le mettre sous sa dépendance, sa domination : Ø 4. Le pauvre fou Jacques Féray, objet de sa pitié, subit son ascendant, se voue à elle [Sibylle] et devient son serf et sa chose. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 5, 1863-69, page 27. b) Choses fongibles, consomptibles, communes, hors du commerce. « La mer, disait-il [le droit romain] , est une chose commune comme l'air et l'eau de pluie » (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 270 ). B.— En général. Ce qui existe et que l'on ne détermine pas ou que l'on détermine par le contexte. 1. [Par opposition à ce qui n'existe pas] (Toute espèce de) réalité. De belles, bonnes, grandes, petites choses : Ø 5. Il s'agit de n'être point Mélancolique et morose. La vie est-elle une chose Grave et réelle à ce point? PAUL VERLAINE, Jadis et naguère, Les Uns et les autres, 1884, page 336. — Particulièrement. [Comme objet ou finalité] a) [De la connaissance, de la pensée] Fond des choses; connaître, ignorer une chose; la manière de présenter les choses : Ø 6. À force d'écrire quotidiennement sur toute sorte de sujets, de lire beaucoup de journaux, d'entendre beaucoup de discussions et d'émettre des paradoxes pour éblouir, il avait fini par perdre la notion exacte des choses, s'aveuglant lui-même avec ses faibles pétards. GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 12. SYNTAXE : a) Chose + des. Nature, notion, raison, sens, valeur, connaissance, contemplation, conscience, intelligence nette, vue des choses. b) Verbe + chose. Examiner, étudier une chose; voir les choses telles quelles, comme elles sont, de l'extérieur, de près, de loin, de plus haut, à fond, dans leur ensemble, dramatiquement, en noir, profondément, simplement; apprécier les choses à leur vraie valeur; peser les choses point par point; la manière d'envisager, de considérer, de présenter les choses. c) L'idée et la chose. · Locutions et proverbes. En savoir des choses! Être au courant de beaucoup de détails plus ou moins difficiles ou secrets. Juger d'une chose comme un aveugle des couleurs. Porter un mauvais jugement. · PHILOSOPHIE (en métaphysique, en particulier chez Kant). La chose en soi. Ce qui existe en soi, indépendamment de l'esprit qui l'appréhende. Synonymes : noumène, substance; antonyme : phénomène. b) [De la parole] Dire une chose, toutes sortes de choses; raconter une chose; un tas de choses à dire. SYNTAXE : Tant de choses; ce ne sont pas des choses à dire; rabâcher les mêmes choses, dire cent fois la même chose; dire des choses aimables, tendres, désagréables, désobligeants; parler de choses graves, indifférentes, insignifiantes, importantes, sérieuses, terre à terre; passons aux choses sérieuses; raconter une chose amusante, piquante; entre autres choses il lui a dit. · Locutions. Parler de choses et d'autres. Converser à bâtons rompus, aborder toutes sortes de sujets. Synonyme : parler de tout et de rien. Nous causâmes des petits ennuis quotidiens, puis de choses et d'autres (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 262 ). Les choses répétées plaisent. Le proverbe dit que les choses répétées plaisent, mais qu'à la troisième redite elles deviennent fastidieuses (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 464 ). [Dans la langue des exposés didactiques] Il y aurait beaucoup de choses à dire, à redire (à cela). [Dans le langage de la politesse] (Dire) bien des choses à quelqu'un. Lui transmettre par un message ses salutations, ses compliments. (Dites lui) bien des choses de ma part, chez vous, à tout le monde; mille choses affectueuses, aimables, amicales, gracieuses, tendres à; tout plein de choses à (vieux, familier). Mille choses aimables à toi et à tout le monde. Napoléon (NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1806, page 117 ). J'ai reçu une lettre de l'honnête Bardoux qui me charge de vous dire mille choses (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1862, page 50 ). c) [De l'action] Avoir beaucoup de choses à faire, faire les choses à fond, une chose après l'autre. Chaque chose demande son temps (ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 30 octobre 1832, page 368 ). Louis, tu as fait une chose honteuse! Voilà que tu as vendu ta femme pour de l'argent (PAUL CLAUDEL, L'Échange, 1re version, 1894, II, page 689) : Ø 7. Les premières heures furent courtes. On avait un tas de choses à faire, des paquets à mettre en ordre, des dispositions à prendre pour le voyage. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 353. SYNTAXE : a) Chose base du syntagme nominal Ce n'est pas chose aisée, facile. b) Chose dans un syntagme verbal. Avoir un tas, une foule de choses à faire; s'occuper de beaucoup de choses; remettre les choses au lendemain, à plus tard; simplifier, compliquer les choses; faire les choses selon les règles; faire les choses consciencieusement, convenablement, correctement, largement, magnifiquement, mesquinement, naturellement, lentement, progressivement, rapidement, exprès, à fond, à temps, à son idée, en une heure, en grand, en conscience, en cachette, de bonne grâce, avec douceur, avec maladresse, avec règle et mesure, par principe, sans y penser. · Locutions. Faire de grandes choses. Accomplir des exploits. Ne pas faire les choses à demi, à moitié. Ne rien négliger. Sachons profiter des leçons d'un passé récent; ne faisons pas les choses à demi (JEAN JAURÈS, Europe incertaine (1908-1911), 1914, page 18 ). Faire bien les choses. Les faire consciencieusement, convenablement; ne pas lésiner sur la dépense, payer tous les frais nécessaires, notamment pour recevoir des invités (infra II B 1 b). C'est la moindre des choses. C'est le minimum qu'il convient de faire. Toutes choses cessantes (vieilli). Immédiatement, en abandonnant tout ce que l'on faisait. Synonyme : toutes affaires cessantes. · Proverbe. À chose faite, conseil pris. Il est trop tard de demander conseil quand le fait est accompli. d) [Du commerce] Évaluer le prix des choses, acheter des choses inutiles, manquer des choses nécessaires : Ø 8.... si la masse des espèces qui circulent venait à doubler, le prix de toutes choses doublerait, c'est-à-dire que pour avoir le même objet il faudrait donner le double d'argent. JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 279. · Spécialement. Belles choses. Articles de luxe ou de qualité moins commune que les autres. Bonnes choses. Mets savoureux : Ø 9. — Je ne suis pas à jeun : le capitaine Singleton m'a donné toutes sortes de bonnes choses et même il m'a fait sauter un oeuf à la poêle, un oeuf de pétrel, paraît-il. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 116. 2. [Par opposition à une appréciation superficielle de la réalité ou à sa désignation par le langage] a) [L'accent est mis sur l'appréciation] Réalité objective, profonde des choses; rétablir les choses; par la force des choses. Synonymes : fait, objet, phénomène : Ø 10. «... les Autrichiens vous massacreront s'ils peuvent, malgré le mariage de Marie-Louise et de votre empereur; on commence à voir que les intérêts des rois ne sont pas tout en ce monde, et le plus grand génie ne peut pas changer la nature des choses. » ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Le Conscrit de 1813, 1864, page 91. Ø 11. Acculé, par la force des choses, devant l'hypothèse menaçante, il n'y a plus un seul gouvernement qui ne se dise : « Après tout, c'est une partie à jouer... et peut-être une belle occasion à saisir! » ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 470. Ø 12. Il ne se contente pas de l'apparence des choses, mais il voit au-delà, il devine les signes dont l'univers est empli. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 486. — Locutions. · C'est dans l'ordre des choses. Cela est imposé par les lois naturelles : Ø 13. Ce n'est point là certainement l'ordre de choses qui existe; et s'il étoit réellement tel, nous n'aurions pas de chevaux coureurs de la forme de ceux qui sont en Angleterre;... JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 236. · Regarder les choses en face. Ne pas avoir peur d'affronter la réalité : Ø 14.... ce n'est pas la même chose d'opprimer des hommes en secret ou bien à la face du monde. Me taire, ça serait du défaitisme; ça serait à la fois refuser de regarder les choses en face, et nier qu'on puisse les changer;... SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 372. Remarque : On notera la parenté entre ces syntagmes et ceux groupés sous I B 1 a. b) [L'accent est mis sur la désignation par le langage] (Dire) le mot et la chose. On m'a reproché d'avoir mis des brigands sur la scène. Eh! qu'importe le nom quand la chose n'y est pas? (JEAN-HENRI-FERDINAND LA MARTELIÈRE, Robert, chef de brigands, 1793, page V. ). — Locutions. · Le nom ne fait rien à la chose. Le nom ne change rien à la réalité qu'il exprime : Ø 15.... la vérité dont il doit se nourrir est la vérité d'observation sur la nature humaine, et non l'authenticité du fait. Les noms des personnages ne font rien à la chose. ALFRED DE VIGNY, Réflexions sur la vérité dans l'art, 1829, page XII. · Appeler les choses par leur nom. Parler franchement, sans détours. L'autre affreux vieillard c'est le pape/Il faut appeler les choses par leur nom (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 135 ). · Les choses parleront assez d'elles-mêmes. La réalité n'a pas besoin d'être expliquée. — Par extension. CRITIQUE LITTÉRATURE. Le fond, les idées, le contenu, par opposition à la mise en forme, au style. Ouvrage plein de belles choses. Il y a de bonnes choses dans cet ouvrage, mais il est colossal et manque de grâce (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1828, page 170 ). Beaucoup de choses peuvent se dire en peu de mots (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Intrigue et amour, traduit de Schiller, 1847, II, 4, page 223 ). 3. [Par opposition aux êtres vivants, en particulier aux humains] Objet concret, inanimé concret, matériel, du monde extérieur. Les gens et les choses, les choses qui nous entourent, l'immobilité des choses. Synonyme : objet. Ces montagnards ont des physionomies aussi tranquilles que des choses (FRANCIS JAMMES, Le Roman du lièvre, Almaïde d'Étremont, 1901, page 160 ). Un regard positif sur les choses et les personnes (PAUL VI, Hymne à la joie chrétienne, 1975) : Ø 16. De quoi est composé ce capital Culture ou Civilisation? Il est d'abord constitué par des choses, des objets matériels, livres, tableaux, instruments, etc., qui ont leur durée probable, leur fragilité, leur précarité de choses. PAUL VALÉRY, Regards sur le monde actuel, 1931, page 240. Ø 17.... il fallait, à l'improviste, organiser l'évacuation d'une masse de choses et d'une foule de gens. Je m'en occupai jusqu'au soir, tandis que partout on emballait des caisses, que bruissaient du haut en bas de l'immeuble les visiteurs du dernier moment et que sonnaient sans arrêt des téléphones désespérés. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 51. SYNTAXE : a) Tas de choses, immobilité des choses, aspect des choses. b) Une chose familière, fragile, frivole, futile, lourde, énorme, mangeable, dure, molle, précieuse, utile, vaine; choses jolies, sucrées. — Spécialement. a) Offrir quelques petites choses. Synonymes : babiole, bagatelle, gadget. b) Leçon de choses. Enseignement des classes primaires dispensé dans le cadre des activités d'éveil pour donner aux enfants à partir de l'expérience des objets usuels et des produits de la nature les notions élémentaires : Ø 18. Des souvenirs confus, naïfs, scolaires se pressaient dans l'esprit de Joseph. Il revit un livre de « leçons de choses », avec le dessin de la Grande Ourse. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 66. · Par extension. Expérience décisive, marquante : Ø 19. Ma femme de chambre ne voulait pas rester non plus, il y a eu des scènes homériques. Malgré tout, j'ai tenu ferme le gouvernail, et c'est une véritable leçon de choses qui n'aura pas été perdue pour moi. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 597. II.— Ce qui se passe, ce qui arrive dans le temps. A.— Action. 1. Action en général, en tant qu'elle est conduite ou envisagée par l'homme, et que le contexte peut préciser. Chaque chose en son temps; c'est chose faite! c'est une chose à quoi je ne saurais me résoudre. La poésie reflète ces grands événements [les guerres, les migrations de peuples] ; des idées elle passe aux choses (VICTOR HUGO, Préface de Cromwell, 1827, page 4 ). — Locution. Laisser aller les choses Ne pas intervenir. — Proverbes. Il ne faut pas négliger les petites choses. L'attention aux petites choses est l'économie de la vertu. 2. Action précise, dont la dénomination reste vague par convention tacite entre les membres de la communauté linguistique. — Par euphémisme. [Avec l'article défini singulier] L'acte sexuel. Faire la chose. Faire l'amour. Être porté sur la chose. Être enclin aux plaisirs érotiques : Ø 20. — Je te dis que je veux la belle dame rose!... — Ç'a t'y du vice!... Ah ça : t'es porté sur la chose?... ÉDOUARD-JOACHIM, DIT TRISTAN CORBIÈRE, Les Amours jaunes, 1873, page 197. Ø 21. À mon idée, c'est comme une espèce de garçon manqué, toujours à courir les bois, à rejinguer avec point de souci en tête, et des vouloirs sur la chose que vous savez quoi. MARCEL AYMÉ, La Vouivre, 1943, page 167. Remarque : Pour un autre exemple de convention tacite sur le sens précis de chose, confer supra I B 1 b : bien des choses à quelqu'un. B.— Action impliquant des développements, des rebondissements, etc. Synonymes : affaire, intrigue, entreprise. 1. [Avec une idée de convenance] a) Au singulier, littéraire, vieux. Chose publique (res publica). Ce qui convient au bien du peuple, bien commun géré par l'État. Le soin de la chose publique le retenait ici, près de l'Élysée (JULES VALLÈS, Le Réfractaire, 1865, page 69) : Ø 22. Si j'avais l'honneur d'être conservateur à quelque degré (...) je penserais que c'est le moment où jamais de s'unir, de comprendre que la chose publique s'en va dans un morcellement misérable d'intrigues... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Portraits contemporains, tome 2, 1846-69, page 488. Remarque : On rencontre dans la documentation le néologisme d'auteur chosard, substantif masculin, pour désigner le républicain (confer ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 213, 215). b) Au pluriel. [Vie mondaine] Bien faire les choses. Recevoir ses invités avec largesse, sans lésiner sur les dépenses. Il a bien (grandement, largement, magnifiquement) fait les choses : Ø 23. Je t'assure que, si je n'étais pas en deuil, c'est moi qui aurais mis au bas des invitations : « De la part de la baronne de Lermont... » et puis ce sont des gens qui font les choses bien... Oh! ça, j'en suis sûre... c'est impossible qu'ils ne te donnent pas quelque chose. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, page 183. 2. [Sans idée de convenance] a) Au singulier, langage juridique. Affaire confiée à la justice. Chose jugée. Ce qui a été décidé à l'issue d'un procès. L'autorité de la chose jugée, le respect dû à la chose jugée, jugement passé en force de chose jugée (GEORGES SCELLE, Le Fédéralisme européen et ses difficultés politiques, 1952, page 21 ). b) Souvent au pluriel. Ce qui se passe à un moment donné, action en cours, événement. Les choses présentes, passées, futures, à venir; le cours naturel des choses. J'ignore ce qui s'est passé, mais il doit y avoir eu des choses (VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 3, 1869, page 203) : Ø 24. Mais, peu à peu (...) les choses se sont gâtées. (...) Les choses ont traîné, les accords ne sont pas intervenus et la situation actuelle a été préparée [au Maroc] . JEAN JAURÈS, Europe incertaine (1908-1911), 1914, page 286. — Spécialement. L'état des choses. Ensemble de circonstances, d'événements. En cet état de choses, dans l'état actuel des choses, les choses étant ce qu'elles sont, au point où en sont les choses. Les choses en étaient là quand, soudain, on apprit qu'une nouvelle offensive était à la veille de se déclencher (MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1929, page 87 ). Synonymes : situation, conjoncture : Ø 25. Mais ces foules démoralisées, déjà assiégées par l'armée de Saladin, étaient sur le point de capituler à leur tour, quand la nef du marquis de Montferrat apparut dans le portugais Son arrivée changea la face des choses. Conrad était vraiment l'homme fort qui convenait à une situation désespérée,... RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 255. SYNTAXE : Rapporter les choses comme elles sont arrivées; ces choses n'arrivent qu'à moi; ce sont des choses qui arrivent, qui marquent; les choses ont changé de face; les choses tournent mal, au tragique; les choses se corsent, se gâtent, n'iront pas loin; accélérer, précipiter, arranger les choses; ne pas brusquer les choses; n'exagérons pas les choses; c'est forcer les choses; pousser les choses assez loin; cela va faciliter les choses; cela explique bien des choses; les choses vont vite, ont trop duré; nous verrons les pires choses. — Locutions. · Prendre les choses de loin, telles quelles, à la lettre, à coeur, au sérieux, en main, du bon côté, au tragique, bravement, simplement, impartialement, dans leur ensemble. · Prendre les choses comme elles viennent. Accepter dans chaque cas ce qui vous échoit par le sort. · Il se passe des choses bizarres, graves, extraordinaires, singulières, inouïes, énormes, drôles, étranges, troubles, imprévues. Il se passe de drôles de choses (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 43 ). · Mener les choses rondement, vivement, à leur fin, à sa guise, de front. · Mettre les choses au pire. Supposer la situation très dramatique. Mieux vaut mettre les choses au pis tout de suite, répondit l'ingénieur, et ne se réserver que la surprise du mieux (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 77 ). · C'est absolument, exactement la même chose. Il s'agit d'un cas semblable. Antonymes : c'est différent, c'est autre chose. c) En particulier, au singulier et parfois au pluriel. Ce dont il s'agit, l'affaire en question, ce dont on parle. La chose est d'importance, le côté piquant de la chose, convenir d'une chose avec quelqu'un. Parlons sérieusement, la chose en vaut la peine (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 109 ). Elle prend la chose aussi gaiement que moi (CHARLES DU BOS, Journal, 1922, page 98) : Ø 26. — Fais le tour par la porte de l'Avenue pendant que je vas serrer nos agrès, dit le père Fourchon [à Mouche] , et quand tu leur auras dégoisé la chose, on viendra sans doute me chercher au Grand-I-Vert où je vas me rafraîchir... HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 41. SYNTAXE : En deux mots voilà la chose; je vais vous conter la chose; qu'est-ce que cela fait à la chose? la chose fut résolue; c'est chose réglée, convenue; la chose paraît incroyable, évidente; se douter de la chose; la chose n'est pas rare; la chose ne lui a pas plu; la chose est sans remède; la chose fut bien accueillie; la chose n'est pas simple; apprendre une chose admirable, abominable, bizarre, curieuse, effrayante, extraordinaire, épouvantable, inouïe, incroyable, merveilleuse, monstrueuse, singulière, touchante, triste; les choses ne pressent pas; les choses sont plus claires, sont en bonne voie. III.— [En emploi anaphorique, souvent avec un adjectif démonstratif et, de ce fait, en concurrence avec un pronom démonstratif neutre (confer ce1, ceci, cela)] Ce qui se manifeste, c'est-à-dire est dit ou écrit dans la partie immédiatement postérieure ou parfois antérieure du discours. A.— [Dans une proposition introductive, ou dans un syntagme nominal syntactiquement hors phrase; pour annoncer ce qui suit] Veux-tu que je te dise une chose?... Tu ne seras jamais de Bordeaux, toi (EUGÈNE LABICHE, Un Jeune homme pressé, 1848, I, 6, page 359 ). Ils (...) ne demandaient qu'une chose, vivre tranquilles ici, ne plus retourner au front, ne plus voir le feu (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 388) : Ø 27. Une seule chose me chiffonne dans votre retour à Croisset : c'est que j'ai peur que vous remettiez indéfiniment votre voyage aux eaux et que les eaux ne coulent sans vous, ce qu'il ne faut pas faire. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1877, page 50. SYNTAXE : Je vais vous dire une chose; cela prouve, signifie une chose; je pense à une chose, je remarque une chose; il y a trois choses à considérer; une chose m'étonne, me tracasse; une chose est sûre; la chose que je redoute le plus, c'est...; la première chose que vous aurez à faire, ce sera...; la chose qui me frappe, c'est que...; je lui dis entre autres choses. — Spécialement. 1. [Pour introduire une alternative, un choix, un dilemme] De deux choses l'une, ou bien... ou bien... : Ø 28. De deux choses l'une, alors : ou il suivra le grand chemin, (...) ou il prendra quelque route de traverse,... ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Une Fille du régent, 1846, prologue 1, page 138. 2. [Pour distinguer deux cas totalement différents] Confer autre chose, infra chose2 :: Ø 29.... la rivalité offensive des égoïsmes contraires est nécessaire pour les contraindre à transiger, quand ils ne savent renoncer dans une abdication spontanée. Mais c'est une chose, pour le sociologue, de reconnaître cette nécessité, et c'en est une autre, pour le psychologue et le moraliste, de s'en représenter exactement le tableau spirituel. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 547. 3. [Avec un adjectif épithète] Chose plus grave; cette chose étonnante; c'est une chose grave que de; la seule chose sûre, c'est que. B.— [En apposition, parfois dans une incise introduit ou non par une conjonction de coordination; pour reprendre globalement l'énoncé qui vient d'être fait] 1. [Après virgule] Mes préparatifs faits, et la chose ne fut pas longue, je sortis (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Comment je devins auteur dramatique, 1833, introduction, page 3) : Ø 30. Il faut, se dit-il, en rentrant à l'hôtel, que je tienne un journal de siège; autrement j'oublierais mes attaques. Il se força à écrire deux ou trois pages sur ce sujet ennuyeux, et parvint ainsi, chose admirable! à ne presque pas penser à Mlle. de La Mole. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 400. SYNTAXE : Chose curieuse, étonnante, étrange, admirable, bizarre, extraordinaire, horrible, incroyable, naturelle, singulière, surprenante, unique, rare, digne de réflexion, de remarque. 2. [Après ponctuation forte] Chose + adjectif, chose qui, que, toutes choses qui, ce sont des choses que : Ø 31. Chose contradictoire en apparence, ce pays [l'Italie] célèbre pour la pureté de son ciel, est celui de l'Europe où la terre reçoit le plus d'eau pluviale. C'est que cette eau ne tombe guère que par grands orages. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 1, 1831, page 6. Ø 32. Certes, vous n'êtes que trop enclin au soupçon. On commence par des ruminations bénignes, on y prend goût, et on finit par devenir insensiblement un véritable paranoïaque. La chose est banale. GEORGES BERNANOS, La joie, 1929, page 639. C.— [En emploi exclamatif, en construction incise ou exclamative; spécialement pour annoncer ce qui suit] Chose étrange! La belle chose de + infinitif, la bonne chose que...! Mon ami, quelle bonne chose que la vie, et comme je suis heureux ce matin! (ANDRÉ THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, page 92 ). Fâmeuse chose que cette gélatine! (PAUL CLAUDEL. Le Partage de midi, 1949, III, page 1125 ). SYNTAXE : (Choses + adjectif). Choses belles, bonnes, claires, communes, créées, curieuses, défendues, difficiles, énormes, extérieures, essentielles, excellentes, exquises, extraordinaires, étonnantes, étrangères, gentilles, grandes, petites, honteuses, horribles, immondes, impossibles, inconnues, importantes, insignifiantes, indifférentes, incompréhensibles, inconvenantes, inertes, inouïes, intéressantes, inutiles, invisibles, lointaines, légères, frivoles, magnifiques, merveilleuses, monstrueuses, matérielles, mortes, nécessaires, nouvelles, oubliées, pareilles, perdues, particulières, permises, précieuses, profondes, rares, remarquables, réelles, saintes, secondaires, semblables, sensibles, simples, solides, sérieuses, terribles, touchantes, tristes, utiles, vieilles, vilaines, visibles, vivantes, vraies. Remarque générale : 1. À cause même de l'indétermination inhérente au sens du mot, la catégorisation des emplois ci-dessus proposée ne peut prétendre à une extrême rigueur sémantique, et plusieurs des syntagmes cités pourraient être déplacés ou figurer dans 2 cases distinctes sans inconvénient; on a cependant tenu grandement compte, pour établir la grille utilisée, des rencontres contextuelles les plus fréquemment attestées dans la documentation 2. Le pluriel, particulièrement fréquent dans les syntagmes les plus usuels, apporte généralement une nuance d'indétermination supplémentaire. Le singulier, au contraire, particularise généralement le sens. Les synonymes, dans l'un et l'autre cas, traduisent bien cette opposition. Forme dérivée du verbe "monder" monder MONDER, verbe transitif. [En parlant de plantes ou de fruits] Enlever les écorces, les pelures, les pépins ou les diverses impuretés; nettoyer. Monder l'orge; amandes de cacao mal mondées. Pétales de roses rouges mondés de leurs onglets, séchés et réduits en poudre (JEAN-BAPTISTE KAPELER, JOSEPH-BIENAIMÉ CAVENTOU. Manuel des pharmaciens et des droguistes, tome 1, 1821, page 215 ). Au milieu de cette abondance, Trésor des Fèves suffisoit à toutes choses, retournant la terre, triant les semences, mondant les plants, sarclant, fouissant (CHARLES NODIER. Trésor des fèves, 1833, page 34 ). — Par analogie ou au figuré. Ce n'était plus la voix de la femme, mais une voix tenant de celle de l'enfant, adoucie, mondée, épointée du bout (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS. En route, tome 1, 1895, page 92 ). · Rare et littéraire. Se monder.. Se purifier. Maintenant qu'il n'avait plus à se monder, à se passer au van des confessions, à se présenter à la susception matinale du viatique, il restait irrésolu (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS. En route, tome 2, 1895, page 265 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 12. Forme dérivée du verbe "choser" choser CHOSER1, verbe transitif. Poétique et vieilli. [En parlant de la mort] Tourmenter. Quant à ta mort, l'éclair aveugle en est en route Qui saura te choser, va, sans que tu t'en doutes (JULES LAFORGUE, Les Complaintes, Complainte du sage de Paris, 1885, page 199 ). Remarque : Sens et exemple attestés dans DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892., 1892. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2

« mat?rielles, terrestres, temporelles, sacr?es, spirituelles, surnaturelles.

2.

Au singulier et, moins souvent, au pluriel.

Propri?t?, possession, objet dont on fait son usage propre.

C'est sa chose, avoir des choses de valeur.

Synonyme?: bien3.

La guerre contre Carthage ?tait sa chose personnelle; il s'indignait que les autres s'en m?lassent sans vouloir lui ob?ir (GUSTAVE FLAUBERT, Salammb?, tome 2, 1863, page 11) : ? 2....

si mon d?biteur ali?ne la chose sur laquelle j'ai un droit d'hypoth?que, celui-ci n'est en rien atteint, mais le tiers-acqu?reur est tenu ou de me payer, ou de perdre ce qu'il a acquis. ?MILE DURKHEIM, De la division du travail social, 1893, page 84.

? 3....

sa main [de l'organiste] se sent en contact direct avec la mati?re sonore qu'elle p?trit ? plaisir et qui devient sa ? chose ?. CHARLES-MARIE WIDOR, Technique de l'orchestre moderne, 1904, page 180.

? DROIT.

Choses corporelles, incorporelles; la chose pr?t?e, l?gu?e, d?pos?e, mobili?re.

Une chose mobili?re dont la propri?t? ou la possession est litigieuse entre deux ou plusieurs personnes (Code civil des Fran?ais (ou Code Napol?on) 1804, page 352 ).

? Sp?cialement.

a) Familier.

Faire de quelqu'un sa chose.

Le mettre sous sa d?pendance, sa domination?: ? 4.

Le pauvre fou Jacques F?ray, objet de sa piti?, subit son ascendant, se voue ? elle [Sibylle] et devient son serf et sa chose. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 5, 1863-69, page 27.

b) Choses fongibles, consomptibles, communes, hors du commerce.

? La mer, disait-il [le droit romain] , est une chose commune comme l'air et l'eau de pluie ? (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de g?ographie humaine, 1921, page 270 ).

B.? En g?n?ral.

Ce qui existe et que l'on ne d?termine pas ou que l'on d?termine par le contexte.

1.

[Par opposition ? ce qui n'existe pas] (Toute esp?ce de) r?alit?.

De belles, bonnes, grandes, petites choses?: ? 5.

Il s'agit de n'?tre point. »

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