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Vocabulaire: COMMANDÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 14/11/2015

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Vocabulaire: COMMANDÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de commander* II.— Adjectif. A.— [Correspond à commander* I] 1. [En parlant d'un soldat plus généralement d'un combattant, ou en parlant d'un groupe de soldats ou de combattants] Qui est sous les ordres, sous le commandement d'un supérieur (ou d'un groupe de supérieurs) de qui il reçoit des consignes impératives réglant sa conduite, son activité. Les nôtres n'étaient pas beaucoup plus habiles. Cependant mieux commandés et plus sages, ils cassèrent bel et bien cinq têtes avant la tombée de la nuit (EDMOND ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, page 266 ). Une armée suffisamment nombreuse, bien organisée, bien commandée et pourvue d'un puissant matériel (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 184 ). — [En parlant d'une manoeuvre] Qu'il est ordonné d'exécuter. Ce sont de braves miliciens de la ville qui se réunissent (...) pour aller faire l'exercice de la cible (...). C'est ici un simple exercice commandé (MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 140 ). — Locution adverbiale. Être en service commandé. Accomplir une mission dont on a reçu l'ordre de s'acquitter. En service commandé. En mission. Le général Vautrin envoyé en Libye comme chef d'état-major du groupement Larminat et qui allait, en cette qualité, être tué en service commandé (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 90 ). · Par extension. [En dehors d'un contexte strictement militaire] : Ø 1. Nous sommes ici en service commandé, disait Renaudin; pourquoi mêler à nos rapports de représentants du peuple des querelles qui ne peuvent que gêner nos travaux communs? MAURICE BARRÈS, L'Appel au soldat, 1897, page 445. 2. Emploi comme substantif. Personne soumise aux ordres, aux directives de quelqu'un ou, plus généralement, au pouvoir plus ou moins direct, plus ou moins accentué, d'une personne, d'un groupe social, etc. Ainsi l'enfant [noble] apprenait les dessous d'une vaste organisation, débutait à sa vie de commandement par l'intérieur, en vivant parmi les commandés (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Le Centaure de Dieu, 1938, page 20) : Ø 2. Il semblerait à entendre certaines formules, que le commandement départage deux classes d'hommes homogènes et affrontées : celle des commandants et celle des commandés. Elles oublient qu'il y a, dans l'aptitude au commandement, autant de diversité, voire d'incompatibilités, qu'entre la catégorie des « chefs » et celle des commandés. Cette confusion conduit dans la pratique à des erreurs répétées. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 463-64. 3. [En parlant d'une chose] Qui est imposé par quelque nécessité, par les événements; qui n'est pas spontané, naturel, mais inspiré, voire plus ou moins imposé, par quelque chose ou quelqu'un. Bonaparte se faisait dire sa volonté sur divers tons, tantôt par la voix sage du Sénat, tantôt par les cris commandés des tribuns (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2, 1817, page 21 ). Les « essais de morale » sont le produit naturel et non commandé de l'esprit de Nicole (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 352 ). Les lettres du Cantal émanaient d'elle. Le jeune Pierre ajoutait une grosse ligne banale et commandée (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 305 ). Le régime libéral a vécu. Nous pratiquons actuellement le système de l'économie commandée (L'Œuvre. 12 février 1941). B.— [Correspond à commander* III; en parlant de quelque chose] Qui a fait l'objet d'une commande*. — Par plaisanterie. Avec cela, un beau soleil, le soleil d'Austerlitz, commandé et exact, en son uniforme d'or (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1851, page 40 ). C.— [Correspond à commander* II; en parlant d'un mécanisme] Qu'il est nécessaire d'actionner, dont la commande n'est pas automatique. Antonyme : automatique. Parachute à ouverture commandée (Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965). Pompe à soupapes commandées (JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 567 ). Fréquence absolue littéraire : 1 335. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 357, b) 1 675; XXe. siècle : a) 1 576, b) 1 820. Forme dérivée du verbe "commander" commander COMMANDER, verbe transitif. I.— [Le sujet désigne une personne ou une chose ayant un pouvoir d'autorité ou d'influence] A.— Emploi transitif indirect, vieilli. 1. Commander à quelqu'un. [Le sujet désigne une personne ou un groupe de personnes] Avoir l'autorité supérieure sur quelqu'un; imposer son autorité à quelqu'un. Murat. — Oubliez-vous que, si vous commandez à l'infanterie, je vous commande, à vous? L'empereur vous a mis sous mes ordres (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Napoléon Bonaparte, ou trente ans de l'histoire de France. 1831, III, 4, page 65 ). Il a fait tout ce qu'il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s'il avait été un roi (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Armoire, 1884, page 570) : Ø 1. Après avoir créé la plupart et les plus poignantes de nos douleurs, le pouvoir a prétendu commander à l'homme jusque dans ses consolations. La religion dogmatique, puissance hostile et persécutrice, a voulu soumettre à son joug l'imagination dans ses conjectures, et le coeur dans ses besoins. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Principes de politique, 1815, page 133. Remarque : Parfois commander à quelqu'un tend à être synonyme de commander quelqu'un. 2. Au figuré. Commander à quelque chose. a) [Le sujet désigne une personne] — [Le complément d'objet indirect désigne une partie du corps] Commander à (une partie de son corps). Agir sur (une partie de son corps), par l'intermédiaire de l'organe de direction que constituent le cerveau et les centres nerveux, pour en mouvoir les muscles. Mais Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient (FRANCIS CARCO, L'Homme traqué, 1922, page 85 ). Je ne commande plus à mes mains. Il [Pitteaux] commandait encore à son visage, il fit sa moue, sa terrible moue (JEAN-PAUL SARTRE, Le Sursis, 1945, page 116 ). — [Le complément d'objet indirect désigne un élément, une manifestation de la vie affective, le plus souvent, ou intellectuelle] Commander à (un sentiment, une réaction, une idée, etc.). Imposer la modération à un sentiment, à une réaction; les maîtriser. Commandez à votre émotion... Que votre visage reste impassible (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, V, 2, page 157 ). [Pouchkine] sait commander à son imagination, il se contient et se corrige (PROSPER MÉRIMÉE, Études de littérature russe, tome 1, 1870, page 14 ). [Claude] était de ceux qui commandent aux plus violents mouvements du coeur, à la colère, au désir, ou à l'impitoyable amour (JULIEN GREEN, L'Autre sommeil, 1931, page 178 ). b) [Le sujet désigne une chose] Agir sur quelque chose; déterminer, régir quelque chose. Ces nécessités qui commandent aux événements (LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 60 ). La permanence des deux ou trois facultés maîtresses qui commandent à ces fantaisies (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 30 ). — Spécialement. ART MILITAIRE. vieilli. [Le sujet désigne une place forte] Commander à (un lieu). Le dominer et en contrôler l'accès. · Par extension. [Le sujet désigne une chose] Dominer (un lieu). Tel qu'un vaste rocher qui commande à la plaine, Du milieu des guerriers s'élève Caïrbar;... (PIERRE-MARIE-FRANÇOIS-LOUIS BAOUR-LORMIAN, Ossian, Darthula, 1827, page 23 ). B.— Emploi transitif direct, usuel. [Le sujet désigne une personne ou un de ses attributs] 1. Commander quelqu'un.. Dicter la conduite de quelqu'un, diriger son activité en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge. — Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 49 ). De quel droit M. Ravier veut-il me commander? Je ne suis pas son employée (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, II, 4, page 798) : Ø 2. Aujourd'hui, il n'y a que des gens médiocres qui ont à commander des gens à peu près de leur force. Aussi voyez comme on commande et comme on obéit. PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, tome 1, 1870, page 262. — emploi absolu. Exercer une autorité; donner des ordres; se faire obéir. Une grosse femme, prudente et lourde, dont on dit : « Elle sait commander » (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 194 ). Ceux qui commandent ou administrent sont responsables. Ils doivent être obéis (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 407 ). · Commander en maître*, en premier*, en second*. Les chefs Francs, hier encore ses captifs, commandaient en maîtres dans son propre château (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 124 ). — Commander quelqu'un à la baguette. Le commander avec dureté, rigueur. Incapable, un homme (...) qui commandait les siens à la baguette! (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 227 ). — Spécialement, rare. [Le complément d'objet désigne un État] Gouverner : Ø 3. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n'admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 78. a) Par politesse. · Sans vous commander. Sans vouloir vous donner un ordre. Si seulement nous avions une tête de chou (...). Mon oncle, sans vous commander, passez au jardin, rapportez-m'en quelqu'un (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, page 242 ). · Vous n'avez qu'à me commander. Vous n'avez qu'à parler, qu'à demander. b) Spécialement. ARMÉE. [Le complément d'objet désigne un soldat ou un groupe de soldats] Avoir sous ses ordres, sous son commandement*. Commander une armée, un régiment, une compagnie, une section; commander la cavalerie, l'infanterie. Ils ne sortaient qu'ayant réellement gagné leur grade d'officier, et capables de commander et de faire aller des soldats (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 738 ). Commander en chef* (un ensemble de soldats) : Ø 4.... situation bizarre du général Sarrail qui, tout en commandant en chef les forces alliées, commandait directement les divisions françaises qui faisaient partie de cette armée. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 324. · emploi absolu. Si le général Sarrail « savait ordonner, il ne savait ni prévoir, ni instruire », c'est-à-dire commander (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931 page 333) : Ø 5.... commander, messieurs les généraux, ne veut pas dire simplement qu'on est capable de donner un ordre. Cela suppose aussi qu'on est capable d'en comprendre la raison, et de se rendre compte, à la fois, et des faits qui le motivent et des conséquences qu'il doit avoir. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 142. 2. Par analogie. a) [Le sujet désigne le cerveau, les centres nerveux en tant qu'organe de direction] Il ne faut point dire que le cerveau commande, mais seulement que c'est par le cerveau que la partie obéit au tout (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1910, page 89 ). b) [Le sujet désigne une force concrète ou abstraite capable d'exercer un pouvoir sur quelqu'un] Vieilli. Exercer une action, une influence sur quelqu'un; le tenir sous sa dépendance, sous son empire; l'assujettir. J'éprouvais en face de vous une exaspération perpétuelle. Je luttais contre elle, mais c'était comme une force extérieure qui me commandait (PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 225 ). Ainsi le temps, altération irréparable de l'univers et de nous-même (...) nous commande (ALEXANDRE ARNOUX, Visite à Mathusalem. 1961, page 32) : Ø 6. Je me laisse aller à des fantaisies coupables, une lecture m'entraîne et je me mets à barbouiller du papier (...). Ça m'a amusé ou plutôt ça m'a commandé car c'est en vain que je lutterais contre ces caprices... AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 5, 1812-76, page 302. — À la forme passive. J'étais tellement commandée par l'heure du chemin de fer, (...) que je n'ai pas fait retourner mon fiacre pour courir après vous (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 5, 1812-76 page 58 ). — En particulier. [Le complément d'objet désigne un sentiment, une réaction, un comportement, etc.] Maîtriser ce sentiment, cette réaction...; les maintenir sous la dépendance de sa volonté; les dominer. Elle m'a reparlé d'Auguste... de la façon qu'il se minait lui... qu'il commandait plus ses nerfs... de toutes ses terreurs nocturnes (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 567 ). Je plains celui qui arde et se consume en vain! Mais on ne commande pas ses désirs (ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1241 ). 3. Par métonymie. a) Par métonymie de sujet. [Le sujet désigne la voix, les gestes, etc., en tant qu'ils servent à exprimer un ordre] La voix commandait, sévère, brève (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 219 ). Deux ou trois garçons (...) de caractère faible, vers lesquels il allait, (...) avec des gestes qui commandaient (JACQUES DE LACRETELLE, Silbermann, 1922, page 19 ). b) Par métonymie de l'objet. — [L'objet désigne le lieu où sont établis ou à établir les personnes sur qui le sujet a autorité] Commander une région, une place... En détenir le commandement, en assumer la direction et la responsabilité. MARINE. Commander (un bâtiment). Le capitaine Javey, (...) qui commande la région (...), le capitaine Tavernier (...) commandait cette place lorsqu'on le fit gouverneur de Paris (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 257 ). C'était un navire de guerre. Vous le commandiez (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 249 ). · Par ellipse. Commander (un soldat ou un groupe de soldats) de + (substantif désignant un service spécial). Le désigner pour qu'il soit de service. Commander de corvée. On me commanda de service et (...) on me mit en faction comme un simple soldat (PROSPER MÉRIMÉE, Carmen, 1847, page 39 ). Ma compagnie fut commandée de renfort (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 403 ). — [L'objet désigne l'action qu'ont à exécuter les personnes sur qui le sujet a autorité] ARMÉE, MARINE. En assumer la responsabilité, en régler le déroulement. · [L'opération désigne l'action envisagée dans sa durée] Commander les opérations, un siège. Le général, très capable de commander un mouvement tournant, mais absolument hors d'état de faire la critique d'une pièce d'écriture (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 279) : Ø 7. D'où viennent ces hommes? (...) Demandez à l'océan. Ils ont franchi ses abîmes, ils ont roulé sur ses vagues. Aux sifflements de la tempête, leur voix rude et impérieuse commandait la manoeuvre ou le combat,... MAURICE DE GUÉRIN, Poésies, 1839, page 46. · Spécialement. [L'opération désigne la phase initiale de l'action] Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Commander l'assaut. Trois fois, le capitaine fut sur le point de commander le feu. Une angoisse l'étranglait, (...) il allait crier : Feu! Lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1509 ). Je commandai un garde-à-vous aussi réglementaire qu'ironique (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 347 ). MARINE. Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'une manoeuvre. Il [le pilote] dirige la route du vaisseau et commande la manoeuvre à l'équipage (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 277 ). Moi, qui étais de quart, je commandai : « À larguer le ris de chasse! » (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 67 ). Commander quelque chose (à quelqu'un), commander (à quelqu'un) de + infinitif, commander que quelqu'un + subjonctif. Donner (à quelqu'un), en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, l'ordre de faire quelque chose. On devait lui donner l'occasion d'aimer, attendre l'événement et non le commander; un ordre aurait tari en lui les sources de la vie (HONORÉ DE BALZAC, L'Enfant maudit, 1831-36, page 406 ). Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 54 ). Le doigt levé elle [Camille] commandait l'attention (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Chatte, 1933, page 118 ). — Au combat! Au combat! Pas de jeux! commanda l'arbitre (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 226) : Ø 8. Tu l'aimes. (...) Réveille-toi. Félicite-toi. Embrasse-moi et avoue que tu es l'homme le plus heureux du monde. Gérard éberlué, entraîné, avoua ce que commandait la jeune femme. JEAN COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, page 158. Remarque : De même que pour certains autres verbes de décision, le verbe subordonné à commander construit avec que peut se mettre à l'indicatif (le plus souvent un des temps du futur) lorsque l'exécution du commandement est certaine, le subjonctif restant la règle lorsque l'exécution est hypothétique. Ni la documentation, ni LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1969, § 1000, page 1054 et 1055 ne fournissent d'exemple d'emploi avec le verbe subordonné à l'indicatif. C.— Emploi à double construction. [En position d'objet direct, ce qui est à faire; en position d'objet indirect, la personne à qui l'ordre est donné de le faire] Commander quelque chose (à quelqu'un), commander (à quelqu'un) de + infinitif, commander que quelqu'un + subjonctif. 1. [Le sujet désigne une chose; le complément d'objet direct désigne un comportement, une réaction, un acte] Imposer (quelque chose) à quelqu'un, exiger quelque chose (de quelqu'un), rendre inévitable (à quelqu'un) de (faire quelque chose), faire que quelque chose prenne un caractère de nécessité pour quelqu'un. Parmi tant de théories vacillantes, d'expériences discutables, la raison commanderait au fond de ne pas choisir! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 353 ). L'épreuve par laquelle vous venez de passer vous commanderait plus que jamais à toutes deux le dépaysement et le repos (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1258 ). Carré, (...) avait vraiment pris toutes les précautions que sa situation illégale commandait (PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 175 ). 2. En particulier. [Le sujet désigne une chose ou une personne; le complément d'objet direct désigne un sentiment] Commander (un sentiment) (à quelqu'un). Inspirer (un sentiment) (à quelqu'un), faire s'imposer (un sentiment) (à quelqu'un). Dans toute sphère, une vie limpide, une honnêteté sans tache commandent une sorte d'admiration aux coeurs les plus mauvais (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, page 23 ). Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 31) : Ø 9. Quant à changer de coeur, cela se pouvait-il? Ce mariage devait commander ses actions : il ne saurait commander ses sentiments. Robert était son mari, non pas le compagnon de sa vie. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 85. D.— Emplois pronominaux. 1. [Correspond à I A et B] a) Emploi réfléchi. — Se commander (à soi-même). Se maîtriser, se dominer. Ne plus se commander. Perdre le contrôle de soi. L'homme moral qui exerce sa liberté et se commande à lui-même, sent bien qu'il est en même temps le prêtre et l'hostie (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1822, page 356 ). L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière, c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1856, page 60 ). Gaspard sortit. Il sentait qu'il ne se commandait plus (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, page 193 ). — Se commander de + infinitif. S'imposer de + infinitif; s'obliger à + infinitif C'est un rêveur qui rêve d'agir, qui s'impose, se commande, s'ordonne d'agir, mais sa pensée, son âme secrète lui propose le dégoût de la réalité et du monde (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1909, page 285 ). b) Emploi réfléchi à sens passif. Se commander.. Être obtenu par la volonté. Ne pas se commander. L'amour, qui est chose divine, ne se commande ni ne s'extorque. Il souffle où il veut (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 394 ). [Thérèse] n'était ni ceci ni cela : elle était son type. Or, le type, ça ne se commande pas : on le gobe ou on s'en fiche (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, La Vie secrète, 1908, page 321 ). c) Emploi réciproque, vieilli. Se commander l'un à l'autre quelque chose Se communiquer l'un à l'autre quelque chose. Les parties de l'espace et du temps qualifiés se commandent les unes aux autres leurs stabilités et changements corrélatifs (OCTAVE HAMELIN, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, page 224 ). 2. [Correspond à I C] Emploi réciproque. Se commander quelque chose. S'imposer mutuellement quelque chose. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d'activité et une fièvre de contemplations (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 30 ). II.— [Le sujet désigne une chose capable d'exercer une action, une influence] A.— [Le sujet désigne telle pièce d'un mécanisme, d'un moteur, etc.] Commander (une machine, un mécanisme...). Agir sur un mécanisme, déclencher son entrée en action, en assurer et en régler le contrôle. Pour avoir moins chaud, j'abaisse la manette qui commande le ventilateur (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 74 ). Une cellule photo-électrique qui commande par relais les moteurs (RAYMOND RUYER, La Cybernétique et l'origine de l'information, 1954, page 59 ). — Rare. [Le sujet désigne la personne qui active un mécanisme] Des typos coiffés de papier commandaient les plieuses qui vomissaient ensuite dans de hauts paniers de guillotine les différentes sections du journal (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 196 ). — Par analogie. Déterminer, fixer, régir, régler quelque chose. C'est déjà la Durance ici qui commande le chaud et le froid, avec ses eaux de glace ou ses graviers découverts (JEAN GIONO, Chroniques, Noé, 1947, page 301) : Ø 10. On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu'il croit vrai doit régler son action. La croyance dans l'absurdité de l'existence doit donc commander sa conduite. ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 19. B.— Par extension. Commander (un lieu). Être la condition d'accès à (un lieu). Ils se tenaient (...) dans une petite pièce (...) qui commandait le réduit où s'anémiait le roi (MAURICE DRUON, La Louve de France, 1959, page 394 ). — Spécialement. ART MILITAIRE. [Le sujet désigne une chose, plus rarement une personne] Commander (un lieu, une voie de communication, etc.). Le dominer et en contrôler l'accès. Ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'Union (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 465 ). Il [Berard] commandera de son feu la ligne des boulevards; il interdira aux troupes royales l'accès des faubourgs (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 272 ). · Par analogie. Des diplômes qui commandent presque toutes les carrières (CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1210 ). · Par extension. Dominer de haut (un lieu, une étendue). Nous avons été obligés de débarquer sur la pointe d'un cap couvert d'arbres, d'où nous commandons une vue immense (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Voyages en Amérique, en France et en Italie, 1827, page 115 ). Vierges noires perchées sur les sommets qui commandent la mer (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance, 1958, page 134 ). C.— Emploi pronominal réciproque. Se commander (l'un l'autre). Dépendre l'un de l'autre. Une suite d'assertions qui ne se commandent l'une l'autre par aucune interne nécessité (JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure. 1945, page 252) : Ø 11. L'avenir naturel se trouve dans tous les instincts et dans toutes les modifications physiologiques qui se commandent de proche en proche, comme les phases de la digestion, de la gestation, de la croissance, dans tous les états du vivant qui ont un sens, vont à un terme. PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 188. — [En parlant des différentes pièces d'un logement, des différents bâtiments d'un ensemble] Se présenter de telle sorte qu'il faut nécessairement traverser l'un pour accéder à l'autre. Un assez bizarre appartement, les pièces se commandant toutes et contournant en enfilade l'angle d'une très ancienne maison (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, page 91 ). Les bâtiments se suivaient sur la même ligne, (...) se commandaient les uns les autres (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 138 ). III.— [Le sujet désigne une personne, un client qui a l'initiative de l'action; l'objet désigne ce qui est demandé par le client] Commander (une marchandise) (à quelqu'un). Demander (à quelqu'un), en qualité de client, la fourniture d'une marchandise; en faire la commande*. Commander un pantalon, un déjeuner, un cocktail; commander à boire. En cinq jours, je me suis commandé et fait livrer tant, tant de choses! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 298 ). Le dernier train (...) était parti, il commanda une voiture et courut à sa chambre faire sa malle (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 164 ). Où trouver un meilleur client que l'État, dès qu'il s'agit de commander des canons,... (JULIEN GREEN, Journal, 1932, page 112 ). — Commander (un travail, un service) à quelqu'un. Lui en confier l'exécution. Des syndicats construisent des stades, des salles, des palais et en commandent les plans à de jeunes architectes (JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 40 ). J'avais deux solutions. Ou bien racheter l'habit d'un collègue défunt (...) — ... ou bien m'en commander un neuf (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 61 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4 001. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 6 114, b) 4 477; XXe. siècle : a) 5 527, b) 6 075.

« MAURICE BARR?S, L'Appel au soldat, 1897, page 445.

2.

Emploi comme substantif.

Personne soumise aux ordres, aux directives de quelqu'un ou, plus g?n?ralement, au pouvoir plus ou moins direct, plus ou moins accentu?, d'une personne, d'un groupe social, etc.

Ainsi l'enfant [noble] apprenait les dessous d'une vaste organisation, d?butait ? sa vie de commandement par l'int?rieur, en vivant parmi les command?s (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Le Centaure de Dieu, 1938, page 20) : ? 2.

Il semblerait ? entendre certaines formules, que le commandement d?partage deux classes d'hommes homog?nes et affront?es?: celle des commandants et celle des command?s.

Elles oublient qu'il y a, dans l'aptitude au commandement, autant de diversit?, voire d'incompatibilit?s, qu'entre la cat?gorie des ? chefs ? et celle des command?s.

Cette confusion conduit dans la pratique ? des erreurs r?p?t?es. EMMANUEL MOUNIER, Trait? du caract?re, 1946, page 463-64.

3.

[En parlant d'une chose] Qui est impos? par quelque n?cessit?, par les ?v?nements; qui n'est pas spontan?, naturel, mais inspir?, voire plus ou moins impos?, par quelque chose ou quelqu'un.

Bonaparte se faisait dire sa volont? sur divers tons, tant?t par la voix sage du S?nat, tant?t par les cris command?s des tribuns (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STA?L, Consid?rations sur les principaux ?v?nements de la R?volution fran?aise, tome 2, 1817, page 21 ).

Les ? essais de morale ? sont le produit naturel et non command? de l'esprit de Nicole (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 352 ).

Les lettres du Cantal ?manaient d'elle.

Le jeune Pierre ajoutait une grosse ligne banale et command?e (JOSEPH MAL?GUE, Augustin ou le Ma?tre est l?, tome 1, 1933, page 305 ).

Le r?gime lib?ral a v?cu.

Nous pratiquons actuellement le syst?me de l'?conomie command?e (L'?uvre.

12 f?vrier 1941).

B.? [Correspond ? commander* III; en parlant de quelque chose] Qui a fait l'objet d'une commande*.

? Par plaisanterie.

Avec cela, un beau soleil, le soleil d'Austerlitz, command? et exact, en son uniforme d'or (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1851, page 40 ).

C.? [Correspond ? commander* II; en parlant d'un m?canisme] Qu'il est n?cessaire d'actionner, dont la commande n'est pas automatique.

Antonyme?: automatique.

Parachute ? ouverture command?e (Dictionnaire encyclop?dique Quillet 1965).

Pompe ? soupapes command?es (JULIEN-NAPOL?ON HATON DE LA. »

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