Vocabulaire: COMMÈRE, substantif féminin.

Vocabulaire: COMMÈRE, substantif féminin. A.— Vieux. Marraine d'un enfant par rapport au parrain ou aux parents. Si madame Bernier est la marraine, j'aurai là une commère de mon goût (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Un Beau mariage, 1859, page 197 ). B.— Par extension. 1. Vieilli et familier. a) Femme avec qui on entretient des rapports familiers, amie, compagne : Ø 1. On ne voit pas le nombril... Peut-être qu'elle [la femme] n'en a pas, pareille à Adam et à sa commère, aux deux du couple de l'Eden, à qui personne n'a coupé le cordon... ALEXANDRE ARNOUX, Carnet de route du Juif errant, 1931, page 158. · [Comme appellatif amical] La Lune. — M'entends-tu? L'Ours. — Est-ce toi, commère? (PAUL CLAUDEL, L'Ours et la lune, 1919, 2, page 594 ). · Par métaphore. Et la vie et la mort Sont tes commères (CHARLES PÉGUY, Quatrains, 1914, page 612 ). — Spécialement. THÉÂTRE. Celle qui donne la réplique à un acteur comique, à un clown. Il [le maigre baladin] pérore et se tait tout soudain (...) Baise au cou sa commère énorme, et fait la roue (PAUL VERLAINE, Jadis et naguère, 1884, page 207 ). · Animatrice dans une revue de music-hallemand Il composa une revue en vers. Ma soeur fut choisie comme commère (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 103 ). b) Femme hardie et énergique. Un air qui annonce une résolution indomptable. Fière commère! (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 1er. Memorandum, 1838, page 213 ). — Souvent avec une nuance hypocoristique. Femme habile, espiègle ou rusée. Nous ferions, avec l'effronterie de notre innocence, deux petites commères passablement éveillées (HONORÉ DE BALZAC, Mémoires de deux jeunes mariées, 1842, page 175 ). 2. Langage moderne, péjoratif. Femme curieuse, indiscrète et bavarde, généralement malveillante, à l'affût des moindres nouvelles, vraies ou fausses, et prompte à les colporter. Grosse, vieille commère; les commères du quartier. Les commères à larges faces bavardaient avec une volubilité de moulin (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 72) : Ø 2. Et que dire de leurs épouses [des vieux] ? Avec leurs lèvres serrées comme des bourses, leurs yeux de quatre-vingts ans vivants et cruels (...), leurs méchancetés articulées en un français parfait et glacial, elles menaient contre les libérateurs une sorte de grève perlée dans les omnibus, de cartel des commères dans les loges... PAUL MORAND, L'Europe galante, 1925, page 251. · Par ironie. [En parlant d'un homme] J'ai rencontré le supérieur, jadis — une commère, une vraie commère, molle et joufflue, des hanches énormes (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1346 ). — [Emploi en apposition avec valeur d'adjectif] Ce petit pays commère (VICTOR HUGO, Correspondance, 1866, page 573 ). Elle est un peu bavarde — un peu commère et médisante, mais elle a bon coeur (JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, Le Bachelier, 1881, page 383 ). Remarque : On rencontre dans la documentation les dérivés a) Commèrement, adverbe. À la manière d'une commère bavarde. Je désirerais qu'il m'écrivît le plus tôt, le plus minutieusement, voire le plus commèrement possible (PAUL VERLAINE, Correspondance, tome 1, 1871, page 290). b) Comméreux, euse, adjectif. Qui a un comportement de commère, qui colporte des médisances. La niaise malveillance de toute cette bande comméreuse (SIMONE DE BEAUVOIR, L'Invitée, 1943, page 254). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 281. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 358, b) 555; XXe. siècle : a) 459, b) 314. Forme dérivée du verbe "commérer" commérer COMMÉRER, verbe intransitif. Faire des commérages*. Ils vous privent du plaisir de papoter, de cancaner, de commérer et de médire (THÉOPHILE GAUTIER, Mademoiselle de Maupin, tome 1, 1835, page 35 ). Volontiers médisant quand il [Sorel] commérait sur les professeurs de la Sorbonne (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Notre cher Péguy, 1926, page 257 ).