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dj

Publié le 27/01/2013

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Dans quelle mesure la pièce de Dom Juan relève-t-elle de l'esthétique baroque ? Réponse nuancée   SYNTHESE : Dom Juan, une pièce baroque ou une pièce classique ?   I - Dom Juan, une pièce classique ? A/ Les caractéristiques du classicisme Le classicisme est un mouvement littéraire qui se développa en France , et plus largement en Europe, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il désigne un ensemble de valeurs et de critères qui définissent un idéal s'incarnant dans " l'honnête homme "et qui développent une esthétique fondée sur l'idéal de perfection . Le théâtre classique devait obéir à des règles bien précises écrites par Nicolas Boileau dans l'Art poétique. A savoir, la règle des trois unités, c'est à dire une unité de temps (l'histoire se déroule en une seule journée), une unité de lieu (un seul décor) et une unité d'action (une seule intrigue). Cette règle des 3 unités était censée capter l'attention du spectateur. Une deuxième règle est la règle de bienséance, pour ne pas choquer les spectateurs, qui étaient souvent des femmes et des hommes de la cour du roi. Les meurtres, les suicides devaient se dérouler à l'extérieur de la scène, et racontés par un personnage. Il y a aussi la règle de vraisemblance, c'est-à-dire que l'intrigue et la situation d'énonciation doivent être possibles. De plus, les comédies classiques ont comme caractéristiques : ? une action contemporaine, se passant dans une famille de la petite bourgeoisie ; ? trois ou cinq actes, selon que la pièce est longue ou courte ; ? un registre comique , langage presque oral; ? un dénouement heureux   B/ Dom Juan La pièce comporte bien 5 actes, et la règle de vraisemblance est vérifiée Dans Dom Juan, les unités de lieu et de temps imposées par le théâtre classique sont mises à mal. On a du mal à croire que tant d'événements peuvent se passer en un jour. D'ailleurs, Don Carlos, lorsqu'il ne veut pas tuer Don Juan, dit qu'il veut lui laisser un temps supplémentaire, cela implique donc une durée plus grande qu'une journée. De plus, l'unité de lieu n'est elle non plus pas respectée, puisque chaque acte propose un lieu différent. Le dénouement se fait longuement attendre, puisqu'il est prévisible dès l'acte III. Cependant, celui ci se précipite en 2 courtes scènes, ce qui est contraire aux règles du dénouement classique, où tous les personnages se retrouvent en scènes, le sort de chacun étant fixé. Ici, les personnages ne sont pas tous réunis. Le sort de chacun est indifférent ; les personnages que Don Juan a fréquentés disparaissent dès qu'il ne pense plus à eux. On ne sait pas ce que deviennent Charlotte, Mathurine, Done Elvire. Seul Sganarelle demeure. De plus, le dénouement est ambigu : Sganarelle parle au nom de la morale (appel au repentir dans sa dernière tirade) mais au moment du danger il désavoue le maître dont il a été le complice et le double : "mes gages" prend une tournure grinçante : Dom Juan n'est plus qu'un employeur indélicat, qui part sans payer ses employés ! Le comique, grinçant, survit au milieu du tragique. Et le tenant de la morale se disqualifie définitivement, notamment aux yeux d'un public noble, pour qui parler d'argent est de la dernière vulgarité. Enfin, Dom Juan subit-il vraiment une défaite ? L'exclamation "ô ciel" est arrachée par la douleur physique, et sa dernière parole lucide est "non". Toute la puissance du ciel peut écraser physiquement un homme, mais ne peut rien contre la liberté de la conscience... La règle de bienséance n'est donc pas totalement respectée. Dom Juan est donc une pièce peu classique.   II - Dom Juan, une pièce baroque             A/ Le baroque Le baroque poursuit le mouvement artistique de la renaissance et le classicisme lui succède à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Au théâtre, le baroque est traduit grâce une certaine mise en scène qui met en évidence les caractères du mouvement (lumières, jeux, costumes, décors...). Le théâtre baroque du début du XVIIe siècle se caractérise par le mouvement, les effets de surprise, l'exacerbation de l'élan amoureux. B/ Dom Juan Dans Dom Juan, la pièce joue sur la surprise. En effet, on remarque l'apparition d'êtres surnaturels qui contribuent à donner un climat de magie et de mystère. L'intervention du surnaturel se caractérise par la présence du Spectre, et de la Statue mouvante du Commandeur. Par ailleurs, il est nécessaire d'utiliser des machines spectaculaires, ancêtres de nos « effets spéciaux «, pour représenter le scène finale. De plus, on remarque dans la pièce des retournements surprenants de Dom Juan qui en fait joue l'hypocrite... Le mouvement est aussi un thème important : Don Juan fuit, traverse les paysages, passe, ne s'arrête pas et ne se lie jamais. Son élan amoureux est irrépressible mais bien volage. C'est un vrai libertin, un inconstant.   Conclusion S'éloignant des règles strictes du théâtre classique, Dom Juan peut être lue comme une pièce manifestant de fortes influences baroques. Dom Juan est donc finalement une pièce plus baroque que classique. L'oeuvre et son environnement culturel: entre baroque et classicisme  Le but du roi est de domestiquer la pensée, cela passe par la "nationalisation" des pensions et la multiplication d'Académies qui corsètent les artistes dans une orthodoxie artistique. Mais l'esthétique baroque et le classicisme coexistent et sont complémentaires, spécialement dans cette pièce:  la construction repose sur un jeu d'oppositions (caractéristique baroque), la pensée officielle (celle de la raison) s'oppose à la philosophie libertine de la relativité, Dom Juan essaie de concilier permanence classique et changements baroques. Dans les années 1665-1670, le théâtre est un genre complexe: la tragédie, genre minoritaire, apporte une certaine tonalité à Dom Juan, Dom Juan s'apparente à la tragi-comédie, genre "sérieux" dominant,  grâce au romanesque espagnol (cf. Le Cid de Corneille), la comédie triomphe: on peut rattacher Dom Juan  à la comédie de moeurs, mais on retrouve aussi des épisodes farcesques dans la pièce, enfin, Dom Juan emprunte certains traits au divertissement de Cour : les changements de décors et la machinerie finale par exemple. je complète par quelques autres thématiques du baroque que l'on retrouve dans Dom Juan :-peinture de la diversité humaine, on y voit en effet des nobles (Dom Louis, Dom Juan, Dom Carlos, etc) ainsi que leurs valets (dont Sganarelle) le bourgeois monsieur Dimanche, des paysans (Charlotte, Pierrot, Mathurine), et un personnage qui pourrait éventuellement appartenir au clergé : le Pauvre.-libre arbitre-recherche du déséquilibre, éloge du chaos Il y a autre chose de très important à ne pas oublier c'est "le théâtre dans le théâtre" : Dom Juan se comporte comme un acteur, avec Sganarelle pour spectateur (ces deux là ne se quittent pour ainsi dire jamais dans la pièce). La mise en abyme du théâtre est quelque chose de propre au baroque. L'unité de lieu et l'unité de temps ne sont pas respectées, contrairement aux règles du classicisme : "Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli" (Boileau).L'autre règle qui n'est pas respectée est celle de bienséance, puisque Dom Juan mange et meurt sur scène (toute chose triviale ou violente étant interdite). Le mélange de comique et de tragique est aussi une spécificité du baroque. La symbolique du masque est une image récurrente dans le baroque (masque comportemental dans le cas de Dom Juan). Enfin la statue qui s'anime et la mort spectaculaire de Dom Juan impliquent l'utilisation de pièces à machines (deus-ex maquina) très appréciées dans le baroque. Effectivement, Dom Juan a très tôt été reconnue comme une oeuvre étrange, « macédoine «, « pièce bizarre, incohérente «, « habit d'arlequin « et j'en passe !   Rappelons que le baroque est un mouvement esthétique né au XVIème siècle et qui ne cesse d'alimenter tout le XVIIème, malgré la domination du classicisme dans la deuxième moitié. Ses valeurs sont l'instabilité, la métamorphose, l'illusion, le mouvement, ...À l'image de la nature, il aime ce qui va, vient, meurt et renaît. Il aime aussi et avant tout montrer, et se montrer, c'est un art de l'apparence et de l'éclat. Jean Rousset a écrit un livre sur ce sujet qui s'intitule Circé et le Paon: Magie, illusion, disparition, mais aussi ostentation, voire vanité. On comprend à quel point cette esthétique s'oppose au classicisme, art de la discipline, de la mesure, de l'ordre, de la rigueur et de l'équilibre, art de la perfection formelle, mais aussi, parfois de la froideur.   Il n'est pas difficile de voir que Dom Juan, le héros, comme la pièce, appartient à la première esthétique ! On considère parfois aujourd'hui que c'est une des pièces les plus baroques du XVIIème, avec L'illusion comique, « étrange monstre « de Corneille. le théâtre baroque peut se définir dans un premier temps comme le négatif du théâtre classique.Le baroque préfère l'émotion,la perception,la vraisemblance et l'illusion.Il privilégie l'inconstance et le paradoxe.Pour ce qui concerne le fait qu'elle soit baroque car elle n'est pas classique,vous pouvez dire que dom juan est une pièce qui respecte peu les règles de la dramaturgie classique,il n'y a pas d'unité de lieu(5décors)de temps(36h)ni d'unité d'action(beaucoup d'intrigues , beaucoup d'opposants)Enfin n'oubliez pas de vous appuyer sur des exemples précis de la pièce,des citations et de faire des recherches encore plus approfondies,parlez des registres,du personnage libertin,trompeur,qui aime le jeu , le défi.Pour ce qui est de la piece , elle est baroque mais elle ne l'est pas entièrement car sinon il y aurait beaucoup plus de moments violents,de contraste(intéressez vous à Tirso de Molina également)et le personnage de Dom Juan serait plus caricaturé.Moliere,lui,atténu tout cela. Dom Juan est une pièce baroque dans la mesure où les 5 règles classiques sont bafouées ! - Unité de lieu : on en change à chaque acte ! voir deux ou trois fois par acte. - Unité de temps : au moins 36 heures au lieu de « l'espace d'une journée «. - Unité d'action : combien de péripéties peuvent sembler (et sont réellement !) accessoires, et pourraient aisément être supprimées.- Bienséance (ni violence, ni grossièreté, ni offense à la morale, ni mélange de classes sociales) : mort de DJ, scène de repas (grossier), insulte au père, au mariage, à l'honnêteté, à la tempérance, hypocrisie, mensonge, séduction, blasphème, ...et mariage (tentative) avec des paysannes !! - Vraisemblance : on nage dans le fantastique ! De plus : -Mélange des genres (que ne tolère pas le classicisme) : farce, comédie, tragi-comédie (conflit amour/honneur avec Elvire et ses frères), et tragédie avec la scène du Pauvre et la mort de DJ. Mais c'est aussi une pièce baroque car : *thème du déguisement et de la métamorphose : au sens propre lorsque DJ et Sganarelle sont dans la foret, mais il cache ses sentiments aussi grâce à son hypocrisie *idée de théatrum mundi dans la tirade de S à l'acte 3 scène 1DJ est bien une pièce baroque, mais écrite paradoxalement écrite à une époque où le classicisme triomphe. Aujourd'hui je m'interrogerai sur le caractère baroque ou classique de Dom Juan. Il semble que ce soit un peu les deux à la fois... Mais tout compte fait puisque les règles classiques ne sont pas respectées, cette oeuvre n'est-t-elle pas plus baroque que classique ? L'aspect baroque de la pièce est-il bien contenu dans l'exagération, l'apparition d'êtres surnaturels telle la statue du commandeur, le thème du libertinage, le mélange de différents registres ? Y a-t-il autre chose ?    DJ et Sganarelle sont baroques : difficiles, voire impossibles à cerner. Toujours en mouvement, en métamorphose, même les statues bougent ! Sganarelle se donne en spectacle à Gusmann dès I,1 ; puis, c'est DJ qui se pavane (le Paon) devant Sg dès la sc.2. Les deux personnages jouent d'ailleurs l'un pour l'autre en permanence. Ils jouent des rôles, l'un est médecin, l'autre dévot ou célibataire ; ils se déguisent, changent et bougent en permanence : tout est tromperie, illusion ; tout est masque et tous se donnent en spectacle, se montrent pour ce qu'ils ne sont pas.   Non, décidément, Dom Juan, n'est pas une comédie classique, même si son auteur a été désigné, sans doute abusivement, auteur de comédie classique. Le terme « baroque « provient du portugais barroco et désigne à l'origine les perles de forme imparfaite. Au XVIIe siècle, ce terme est péjoratif car il qualifie tout ce qui est bizarre, hors des normes. Depuis le XXe siècle, les historiens de l'art appellent « baroques « les oeuvres d'art du XVIIe siècle caractérisées par des thèmes comme l'illusion, la métamorphose, les courbes, le foisonnement du décor, l'ouverture sur l'infini. C'est récemment que le terme « baroque « a été adopté par l'histoire littéraire. En littérature, les oeuvres des écrivains baroques se singularisent par leur fascination pour le changement, le mouvement, l'instabilité des choses. L'ostentation et la mort sont aussi des thèmes récurrents propres au baroque. Le mouvement baroque est apparu dans un contexte politique, scientifique et théologique particulier : Contexte politique : au XVIe siècle, les guerres de religion ; Les grandes découvertes : elles produisent des effets sur l'art ; Contexte scientifique : la théorie géocentrique est abandonnée. L'ère de l'héliocentrisme débute (Copernic / Galilée) : la Terre n'est plus au centre de l'univers, c'est le Soleil.  Ces éléments entraînent plusieurs conséquences importantes : l'homme se sent décentré, on prend conscience que l'univers est infini (et non plus bien délimité) et corruptible (la Lune présente des taches, elle n'est pas parfaite ; cf. Galilée). Il y a crise de la sensibilité, et les certitudes sont remises en cause. Le baroque littéraire Quelques textes baroques Le baroque littéraire Selon Jean Rousset, dans L'Intérieur et l'extérieur. Essais sur la poésie et sur le théâtre au XVIIe siècle (1968), les critères de l'oeuvre baroque sont : L'instabilité d'un équilibre en voie de se défaire pour se refaire de surfaces qui se gonflent ou se rompent, de formes évanescentes, de courbes et de spirales. La mobilité d'oeuvres en mouvement qui exigent du spectateur qu'il se mette lui-même en mouvement et multiplie les points de vue (vision multiple). La métamorphose ou, plus précisément : l'unité mouvante d'un ensemble multiforme en voie de métamorphose. La domination du décor, c'est-à-dire la soumission de la fonction au décor, la substitution à la structure d'un réseau d'apparences fuyantes, d'un jeu d'illusions. [...] Lire la suite sur : http://www.etudes-litteraires.com/bac-francais/mouvement-litteraire-baroque.php#ixzz2JAI0L0cN II - Le classicisme (1660 à 1680) -En latin, classicus signifie "premier ordre", "citoyen de première classe", et le terme connote l'idée d'excellence. Les termes « Classique et classicisme « surviennent au XIXe siècle et désignent les auteurs de la seconde moitié du XVIIe siècle, siècle d'or de la littérature, qui développent une esthétique fondée sur l'idéal de perfection. -Le classicisme est un mouvement littéraire, qui a remplacé le baroque et qui se développe en France, et plus largement en Europe, à la frontière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle. Le classicisme français correspond à une période brève dans l'histoire de France, la première partie du règne personnel de Louis XIV (1661-1685). Ce n'est pas une école, mais l'affirmation d'un consensus autour des mêmes modèles et des mêmes goûts. Ainsi, le classicisme possède une poétique, un ensemble de règles établies par des théoriciens. Il devient un modèle artistique à suivre et concerne la littérature,en particulier le théâtre mais aussi d'autres arts comme la musique, la peinture ou l'architecture.-Le classicisme se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans l'«honnête homme« respectant les règles de bienséances, c'est savoir ce qu'il convient de dire et de faire dans une circonstance donnée, c'est avoir le goût bon et les manières bonnes, comme on aurait dit à l'époque, l'homme cherche à formuler les règles idéales du comportement social sous le nom d'honnête homme. On doit aussi respecter les règles de vraisemblance : on ne doit pas mourir sur scène. L'artiste doit corriger la Nature, s'il y a lieu. Le classicisme développe une esthétique fondée sur une recherche de la perfection. On se réfugie dans une vie d'apparences ou il convient de dissimuler ses véritables sentiments. Le classicisme s'attache à exposer la complexité de la vie psychologique et à analyser sans complaisance le comportement des hommes. Au théâtre la règle des trois unités (unité de lieu, de temps et d'action) édictée par Boileau dans son Art poétique : «Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli, tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.« doit être respectée. Littérature : Corneille (Le Cid), Boileau (L'Art poétique), Racine (Phèdre), La Fayette (La princesse de Clèves) Don Juan, une pièce classique ou baroque ? A - Les règles classiques Mélange des genres (que ne tolère pas le classicisme) : farce, comédie, tragi-comédie (conflit amour/honneur avec Elvire et ses frères), et tragédie avec la scène du Pauvre et la mort de DJ. ) 1) Les trois unités non respectées. Aucune des trois unités n'est respectée. Tout d'abord l'unité de lieu. On change de lieu à chaque acte, voire deux ou trois pour certains. Durant les cinq actes de Dom Juan, les personnages se baladent dans différents lieux comme à l'acte I : palais, acte II : « un hameau de verdure avec un grotte au travers de laquelle on voit la mer «, acte III : une forêt, acte IV : la maison de Dom Juan, acte V : une ville... L'unité de temps n'est pas respectée elle aussi. Quoique plus que celle du lieu. L'action se déroule en trente-six heures au lieu des vingt-quatre heures conventionnelles pour le genre classiques. Molière n'a donc pas ignoré la notion d'unité de temps mais l'a aménagé. L'unité d'action, elle non plus n'est pas plus respectée. De nombreuses histoires sont racontées tout au long de la pièce. L'acte III, scène 2, appelé la scène du Pauvre raconte une histoire à elle-même qui n'est pas considérée comme un pilier de la pièce. En effet, la scène pourrait être supprimée sans avoir un impact sur Dom Juan. L'acte II lui aussi est une sorte de parenthèse dans la pièce. 2) Une pièce contre la bienséance. (Rappel de la règle : ni violence, ni grossièreté, ni offense à la morale, ni mélange de classes sociales.) La règle de la bienséance est elle aussi bafouée. Dans l'oeuvre, Molière utilise plusieurs fois les armes comme par exemple par une didascalie dans l'acte III, scène 3 quand Don Carlos est « l'épée à la main « et que Dom Juan revient lui aussi « l'épée à la main «. Toutes les classes sociales sont mélangées, il y a des paysans et des aristocrates. De plus, cette pièce mais en scène la mort (celle de Don Juan), une scène de repas (grossier), une insulte au père, au mariage, à l'honnêteté, à la tempérance, hypocrisie, mensonge, séduction, blasphème, ...et mariage (tentative) avec des paysannes. Ainsi, il fait une atteinte à la bienséance car cette règle interdit de choquer le public notamment avec des combats armés, avec la présence de la mort ainsi qu'un personnage libertin. 3) L'apparition du fantastique La principale particularité de cette pièce de Molière est la présence du fantastique vers le milieu de l'oeuvre. La statue du commandeur qui est en quelque sorte vivante dans l'acte III ainsi que l'apparition dans l'acte V d'un spectre sous la forme d'une femme voilée ne sont pas quelque chose de réel. 4) Caractéristiques qui respectent le classicisme. D'une part, la progression dramatique est complètement classique. Les oeuvres classiques se caractérisent au théâtre par des pièces en trois ou cinq actes. Dans Dom Juan les 5 actes sont présents et ils sont écrits en prose. Toute la pièce est en rapport avec Don Juan. Chaque acte illustre un aspect du personnage. On a un respect rigoureux dans la progression dramatique, dans le défi et dans la menace des autres. B - Le Baroque La pièce privilégie l'inconstance, le thème de la religion est omniprésent. Le mouvement est aussi un thème important : Don Juan fuit, traverse les paysages, passe, ne s'arrête pas et ne se lie jamais. Son élan amoureux est irrépressible mais bien volage. C'est un vrai libertin, un inconstant. Don Juan et Sganarelle sont baroques : difficiles, voire impossibles à cerner. Toujours en mouvement, en métamorphose, même les statues bougent ! Sganarelle se donne en spectacle à Gusmann dès I,1 ; puis, c'est Don Juan qui se pavane (le Paon) devant Sganarelle dès la scène 2. Les deux personnages jouent d'ailleurs l'un pour l'autre en permanence. Ils jouent des rôles, l'un est médecin, l'autre dévot ou célibataire ; ils se déguisent, changent et bougent en permanence : tout est tromperie, illusion ; tout est masque et tous se donnent en spectacle, se montrent pour ce qu'ils ne sont pas. On remarque l'apparition d'êtres surnaturels comme la présence du Spectre (p.148) qui change de figure. La Statue du Commandeur (p.112) bouge la tête, montre qu'elle est vivante. Par ailleurs, il a fallu de nombreux décors et effets pour représenter la scène finale de la mort de Dom Juan. Le mouvement est aussi un thème important : Don Juan fuit, traverse les paysages, passe, ne s'arrête pas et ne se lie jamais. Son élan amoureux est très instable. C'est un vrai libertin. La mise en abyme du théâtre est quelque chose de propre au baroque. Durant toute la pièce nous avons une mise en abyme "le théâtre dans le théâtre" : Dom Juan se comporte comme un acteur, avec Sganarelle pour spectateur. Ainsi, les masques, l'apparence, la mort, l'instabilité, l'inconstance, l'écriture qui privilégie les hyperboles et les oppositions, le mouvement, la mise en abyme sont des caractéristiques du baroque qu'on retrouve dans Don Juan. S'éloignant des règles strictes du théâtre classique, Dom Juan peut être lue comme une pièce manifestant de fortes influences baroques. Même si son auteur a été désigné, auteur de comédie classique. Dom Juan est donc finalement une pièce plus baroque que classique. Mais l'esthétique baroque et le classicisme coexistent et sont complémentaires, spécialement dans cette pièce: la construction repose sur un jeu d'oppositions (caractéristique baroque) ; la pensée officielle (celle de la raison) s'oppose à la philosophie libertine de la relativité. Dom Juan essaie de concilier en permanence le classique et les changements baroques.