Devoir de Philosophie

Y a-t-il de l’inimaginable ?

Publié le 23/03/2011

Extrait du document

Si le monde réel est limité en ce qu’il s’impose à nous, le monde imaginaire semble lui, au contraire, infini. Il y a, au premier abord, dans la faculté d’imaginer, quelque chose qui s’apparente à une certaine liberté. Il semble en effet, que l’imagination puisse créer à sa guise des mondes s’apparentant plus ou moins au monde concret. Pourrait-on dire alors qu’il existe de l’inimaginable ? Par définition, l’inimaginable est ce que l’on ne peut imaginer, ce qui dépasse l’imagination. Cela fait donc intervenir la dimension de l’impossible, c’est-à-dire que l’on ne parvient pas à se représenter une chose ou alors que l’on ne pensait pas possible la production d’un événement incroyable ou invraisemblable. Cette conception nous amène ainsi à nous questionner sur les limites de l’imagination : à l’inverse de notre première approche, peut-on dire que l’imagination rencontre des limites ? Existe-t-il des obstacles qui peuvent bloquer ou borner notre imagination ? De quelle nature sont-ils ? Cependant, fournir une telle vision de l’imagination voudrait dire qu’elle est dans son ensemble limitée, mais est-ce le cas pour les différentes conceptions de cette notion ? De plus, ces limites peuvent-elles être dépassées ? De quelle manière ? L’imagination en est-elle capable ? Enfin, est-ce totalement légitime d’accorder une certaine importance à l’inimaginable ? Quelles sont les conséquences d’une telle approche ?

« peuvent chercher à représenter.

En tenant compte toujours de ce danger, quelle peut être la limite que rencontrel'imagination dans la religion ? Est-elle en mesure d'apporter un complément à la croyance religieuse ? Ou aucontraire, rencontrons nous une nouvelle fois la nécessité l'éloigner du culte porté à une divinité ?Les religions sont traversées par ce rapport entre l'homme et une « nature supérieure » (Cicéron).

Si l'on s'intéresseplus particulièrement à la religion chrétienne, le culte est voué à un Dieu unique, et ce Dieu est généralementtraversé par des représentations imaginaires que lui donnent les hommes.

Au delà de lui prêter une apparencehumaine, des caractères lui sont souvent donné : Dieu serait par exemple nécessairement bon.

Ces projectionsimaginaires effectuées par les hommes comportent cependant un risque majeur comme l'expose Spinoza.

DansL'Ethique, Spinoza montre que les êtres humains ont une tendance anthropocentrique qui les pousse à projeter surDieu des attitudes et des modes de fonctionnement qui sont les leurs.

Ces projections imaginaires sont dangereusesdans la mesure où elles peuvent être sujettes à la manipulation de la part des instances dirigeantes.

L'imaginationatteint ici ses limites car elle met en place des représentations erronées et même dangereuses.

On peut donclégitimement considérer une part d'inimaginable, ou tout du moins qu'il faut tenir compte de la nécessité de cettepart d'inimaginable.On a pu voir dans cette première partie les limites que peut rencontrer l'imagination, et donc la nécessite deconsidérer une certaine part d'inimaginable.

Mais est-elle complètement bornée ? Ne peut-on pas voir dansl'imagination une capacité de production presque infinie à certains égards ? Ou du moins, est-ce possible dedépasser les limites que l'on a pu observer, et comment ? L'imagination peut dans une certaine mesure être considérée comme cette capacité de l'esprit humain à produire desimages nouvelles, des compositions inédites, avec l'accent porté sur la nouveauté.

L'imagination possède quelquechose de profondément démiurgique, la richesse de l'imagination outrepasse toujours le perçu, elle permet de sereprésenter un autre monde.

Bachelard dans L'air et les songes définit d'ailleurs l'imagination comme étant « dans lepsychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience de la nouveauté ».

En effet, comment ne pas voirdans les productions en matière d'urbanisme de Le Corbusier par exemple une véritable innovation liée à des besoinsfonctionnels de l'époque.

C'est par un travail créateur de l'imagination qu'il a pu mettre en place des productionsinédites.

On pourrait parler alors, comme E.

Roy dans La pensée intuitive « d'imagination novatrice ».

Dans cetteapproche de l'imagination, elle apparaît donc comme toute puissante, capable de produire l'impensable, en ce qu'ellea cette capacité de production d'inédit.

Il semble donc nécessaire d'effectuer la distinction entre imaginationcréatrice et les autres types de conceptualisation de l'imagination, notamment l'imagination reproductrice(immanquablement limitée), quant à l'approche de l'inimaginable.

Cependant, l'imagination créatrice ne peut pas semettre en œuvre dans toutes les situations, notamment dans la clarification de concepts philosophiques, dansl'approche de la religion ou même dans l'établissement de connaissances.

Comment répondre alors aux lacunes del'imagination ?Descartes observe dans les Méditations Métaphysiques la particularité de l'imagination, qui est limitée, et qui nepermet pas d'établir des connaissances claires.

« Je connais clairement que j'ai besoin d'une particulière contentiond'esprit pour imaginer, de laquelle je ne me sers point pour concevoir » (Deuxième méditation) ; Descartes considèrequ'il y a une tension particulière pour imaginer, car il faut se tourner vers le corps et solliciter les images présententpar l'intermédiaire des sensations.

Il montre ainsi que l'on ne peut former une image du chiliogone, alors qu'on peut leconcevoir, et même raisonner sur ce dernier, par l'intermédiaire de concepts géométriques qui peuvent y être liés.L'imagination n'est donc pas la faculté qui permet de connaître, et c'est donc la pure intellection qui prend le relais,qui vient dans une certaine mesure suppléer à l'imagination, pour établir des « idées claires et distinctes ».

Maislorsque la raison atteint des limites, comme dans le cadre de questions métaphysiques, et que l'imagination se révèleégalement insuffisante, ou même dangereuse, comment apporter une possibilité de réponse ?Kant montre dans La critique de la raison pure que la raison à tendance à poser des questions métaphysiquesauxquelles elle ne peut apporter de réponse.

Et d'après ce que l'on a pu observer, l'imagination se révèle égalementinsuffisante.

Quand on pense à des préoccupations métaphysiques, on peut penser tout d'abord envisagerl'exploitation des mythes anciens.

On peut ainsi considérer les mythes grecs, les mythes cosmogoniques entresautres, qui avaient par exemple pour fonction de donner une explication sur l'origine du monde.

Cependant, cesmythes ont perdu de leur influence aujourd'hui, et donc ne paraissent plus légitime pour apporter un quelconquetype de réponse.

On peut également évoquer l'importance dans la religion dans ce domaine.

Mais alors quelle seraitla position des non-croyants ? Et la religion ne doit-elle pas être vue comme une consolation (au sens de Freuddans L'avenir d'une illusion), et donc ne pas apporter de véritable réponse ? Il faudrait alors peut être prendre enconsidération la philosophie, et plus particulièrement la métaphysique, et voir dans les études métaphysiques unepossibilité pour les athées de trouver des réponses à leur questionnements.On a pu donc observer au travers de notre étude une présence à la fois inévitable et indispensable de l'inimaginable,mais cette conception ne mène t-elle pas à certains égards à certains risques ? L'inimaginable ne tendrait-il pas àdevenir refuge ? Pour revenir à notre définition initiale, l'inimaginable est ce que l'on ne peut imaginer, ce qui tend à aller au delà despossibilités de l'imagination.

On a pu donc examiner que certaines limites sont effectives quant au travail del'imagination.

Cependant, trop considérer l'imagination comme étant bornée ne revient-il pas à nier sa capacité àêtre innovante que l'on a exposé dans la deuxième partie ? Intéressons nous à ce risque de négation.

L'imaginationpeut être anticipatrice ou créatrice, dans ces deux conceptions, elle paraît capable alors de proposer des modèlespour participer à une évolution positive de la société.

Si l'on tient compte d'une part trop grande d'inimaginable – caron considère que les évènements futurs ne peuvent être anticipés, ou que les productions de l'imagination créatriceont trop souvent tendance à être irréalisables – alors on peut faire face à certain risque d'immobilisme, notamment. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles