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abbaye de theleme

Publié le 30/09/2012

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theleme
L'Abbaye de Theleme La fondation de l'abbaye de Thélème, qui occupe les six derniers chapitres du roman (du chap.52 à la fin), sert de conclusion au roman. Elle correspond au moniage des romans de chevalerie : le chevalier, ayant achevé son apprentissage, se retire du monde pour entrer en religion. Ici, ce moniage est paradoxal puisque les Thélémites, non seulement ne se coupent pas définitivement du monde, mais encore vivent comme des châtelains aisés. Le nom de « Thélème «, inventé par Rabelais, est formé à partir du verbe grec thélô, qui signifie « vouloir « en grec classique. Le mot « théléma «, dérivé de ce verbe, signifie « volonté «. Il apparaît surtout dans le Nouveau Testament, on le trouve notamment dans Le Notre Père : dans l'invocation « Que ta volonté soit faite «, c'est « théléma « qui est employé. Mais ici, il est question de la liberté des hommes et non de la volonté divine. La devise de l'abbaye, en effet, est « FAIS CE QUE VOUDRAS «. Il s'agit donc d'une abbaye essentiellement fondée sur un principe de liberté. 1. Une abbaye « à rebours de toutes les autres «, à l'image de Frère Jean a) Frère Jean, un moine « à rebours « des autres moines Comme nous l'avons déjà évoqué dans le chapitre sur le personnage de Frère Jean, cette abbaye a été fondée par Gargantua pour récompenser celui-ci. Le moine n'en fait toujours qu'à son idée. Il est toujours « à rebours « de tout et de tous, que ce soit dans son abbaye de Seuilly ou à la guerre. Il ne semble pas qu'il agisse ainsi par esprit de contradiction mais plutôt par indépendance d'esprit, par liberté vis-à-vis de l'ordre établi. Il ne cherche, comme nous l'avons vu, aucun honneur, aucune récompense. Il sait que ce qui lui convient n'existe pas encore et qu'il faut le créer. C'est pourquoi, lorsque Gargantua lui propose de diriger une abbaye préexistante, il rejette sa proposition, allant jusqu'à refuser
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« admis en ces lieux sortiraient quand bon leur semblerait, entièrement libres ».

Gargantua et Frère Jean prennent en effet le contrepied de chacun des éléments précédemment évoqués : pas de murailles, pas de séparation homme/femme, pas d’ascèse, pas de règles, pas de voeux.

Ils vont même jusqu’à dire, non sans humour, que si un religieux ou une religieuse y entre, il faudra purifier l’abbaye après leur passage : « Il fut ordonné que s’il y entrait par hasard un religieux ou une religieuse, on nettoierait soigneusement tous les endroits par où ils seraient passés » (p.353). Cette satire des moines et des moniales continue à la fin du paragraphe avec une longue phrase restrictive, dont la longueur et l’accumulation des défauts font sourire le lecteur : « on ne faisait entrer en religion que celles de femmes qui étaient borgnes, boiteuses, bossues, laides (...) et que les hommes catarrheux, mal nés (...) ».

Le narrateur prend le relais de Frère Jean, mais ces premiers propos ne sont pas clairs.

Est-ce encore vraiment une abbaye ? Cela ressemble plutôt à un établissement scolaire élitiste pour enfants de familles fortunées, les jeunes filles étant admises « de dix à quinze ans » et les jeunes gens de « douze à dix-huit » (p.

355).

Rabelais les appelle « femmes et hommes » malgré leur jeune âge, comme s’ils étaient déjà des adultes responsables.

Les champs lexicaux de l’emprisonnement et de la liberté se déploient à la fin du chapitre 52 : ces expressions « forcés, contraints, continûment, leur vie durant » s’opposent à « quand bon leur semblerait, entièrement libres, vivre en liberté » (p.

355), annonçant par là la devise future de l’abbaye.

Se dessine ainsi le premier profil des habitants de Thélème, avec une nouvelle phrase restrictive.

Un premier portrait des Thélémites est déjà ébauché.

Il s’agit d’êtres d’exception : « on ordonna que ne seraient reçus en ce lieu que femmes belles, bien formées et de bonne nature et hommes beaux, bien formés et de bonne nature », le parallélisme syntaxique soulignant ici l’égalité entre les hommes et les femmes (p.

352).

Principe d’égalité renforcé par le chiasme de la phrase qui suit : « on décréta qu’il n’y aurait pas de femmes si les hommes n’y étaient, ni d’hommes si les femmes n’y étaient » (p.

355). À ce refus de faire entrer à Thélème des religieux s’adjoint celui de régler le temps en heures : « on décréta qu’il n’y aurait là ni horloge ni cadran ». L’utilisation du pronom impersonnel « on » qui traduit la voix passive « feut décrété » crée une ambigüité sur l‘identité de celui qui prend les déci- © Cned – Académie en ligne 132  Séquence 4 – FR01 sions : est-ce Frère Jean ou Gargantua ? Gargantua et Frère Jean s’accordent parfaitement sur chacune des décisions prises en vue de la construction de « l’anti-abbaye » ou de la « contre-abbaye ».

L’on constate que ce chapitre, qui dresse les premiers principes de l’abbaye, développe la première idée énoncée par Frère Jean, celle d’ « instituer un ordre au rebours de tous les autres » (p.

353).

Ces principes seront développés dans les chapitres suivants (et notamment chap.

54 et 57) ainsi que celui de liberté et d’égalité entre hommes et femmes .

Principes auxquels s’ajoute le fait que les Thélémites sont des êtres parfaits , c’est-à-dire beaux, nobles et vertueux. On les retrouve en effet au chapitre 54, où sont décrits les exclus et les élus de l’abbaye. 2.

L’inscription de la porte de Thélème, fermée aux uns et ouverte aux autres (chap.

54) a) Une inscription en vers « L’inscription mise sus la grande porte de Theleme » apparaît sous forme de strophes versifiées : 7 huitains décasyllabiques pour définir ceux qui ont le droit d’entrer et ceux qui ne sont pas acceptés et 7 sizains pentasyllabiques qui les commentent.

Ceux-ci sont plus brefs, et composés de rimes embrassées qui obéissent à un schéma particulier de couples de. »

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