Est-il absolument nécessaire que l'instituteur aime les enfants ?

« !06 RECUEIL Développement.

Aimer les enfants, c'est se plaire avec eux; c'est ai mer leur langage naïf, leur innocence, leur bonne foi.

C'est aimer toutes leurs qualités au point de savoir supporter leurs défauts, car ils en ont, et ce que dit V.

Hugo: n est si beau l'enfant avec son doux sourire, n'est pas toujours vrai.

Il y a, en effet, de petits écoliers malpropres, mal élevés, turbulents, grossiers, égoistes, défiants, colères, haineux même, et pour: qui ce vers de La Fontaine sem­ ble avoir été écrit : Notre ennemi, c'est notre maitre Eh bien! aimer les enfants, c'est aimer encore ceux­ là, c'est savoir démêler dans leur caractère quelque côté aimable, intéressant, touchant même : assez ai­ mable et assez touchant pour qu'on trouve de l'agré­ ment, du plaisir à vivre avec eux.

En un mot, aimer les enfants, c'est être vivement frappé de leurs qualités et savoir supporter leurs défauts, tout en s'efforçant de les corriger.

Ce n'est qu'à cette condition qu'on peut être un bon instituteur.

Le jeune homme qui embrasse cette profession n'a pas plus que tout autre abdiqué le désir d'être heu­ reux; il ne s'est pas condamné froidement à une vie insupportable; il souhaite rendre service à son pays, à ses concitoyens, mais il ne lui est pas défendu de penser un peu à lui-même, à son propre bonheur.

Or, s'il n'est dans son véritable milieu, est-il possible qu'il. »