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N'accepte rien sans preuve. Qu'en pensez-vous ?

Publié le 11/01/2004

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- Peut-on parler de preuve en morale ? Les jugements de valeur sont certes susceptibles d'une certaine justification, mais sont-ils justifiables de la preuve au sens rigoureux du terme ?

* Que peut signifier exactement l'exigence de la preuve ? (Cf. la problématique nietzschéenne à ce sujet.)

- Tenter de démontrer les principes mêmes de la démonstration ne serait-ce pas tomber dans la grave faute (précisément logique!) de « la pétition de principe « (puisque l'on devrait mettre en oeuvre dans la démonstration ce qui est précisément à démontrer) ?

- Volonté de puissance, tome I, 1. I, § 114 : « Est vrai, ce qui peut être démontré «... « C'est une définition arbitraire du mot « vrai «, elle ne peut pas se démontrer. C'est comme si on disait simplement : « Cela doit passer pour vrai, cela doit s'appeler le vrai.

Thèse opposée, à fonction valorisante: pour les penseurs médiévaux qui se rattachaient au christianisme, la foi devait toujours être première par rapport à la compréhension (Saint Augustin: "crede ut intelligas"). Avec la naissance des sciences de la nature et le développement du principe de libre examen, il semble que l'exigence critique de démonstration rationnelle se soit en grande partie substituée au principe d'autorité et à la foi inconditionnelle. Qu'en est-il donc aujourd'hui ? Peut-on prendre acte de ce renversement, et l'étendre à tout ? Que penser du précepte: "N'accepte rien sans preuve" ?

« Selon Descartes la valeur des preuves matérielles, c'est-à-dire de ces certitudes que nous estimons valables a prioricar émanant des sens, n'est pas suffisante.

Nous évoquerons pour illustrer cette opinion le fameux passage dumorceau de cire où ce grand penseur démontre que c'est par l'entendement pur, et indépendamment de laperception sensible, que l'individu peut saisir le rapport existant entre la cire à l'état solide et la cire à l'état liquide.Cet exemple, d'ailleurs, indique l'orientation que Descartes va choisir pour trouver cette certitude première quideviendra la base, sinon le postulat de sa façon de connaître.

En effet, se détachant de la preuve sensible, il va setourner vers les certitudes les plus évidentes qui, selon lui, résident dans l'esprit et dans les idées.

C'est ainsi queva émerger du doute radical la première certitude absolue, le cogito, à savoir le fait que la seule certitude qui mereste à l'issue de cette démarche négatrice est que je suis un être qui doute, donc qui pense.

Ce que Descartesexprima en disant « cogito ergo sum » (je pense donc je suis). Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'ununivers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dansla nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or,Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute : « Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasseen cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'àm'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, quitente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes , dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examenle plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout cequi peut paraître douteux. « Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait […] que je rejetassecomme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait pointaprès cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable. » Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable. Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.

Les illusions d'optique en témoignent assez.

Je dois donc rejetercomme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.

Le principe est aussi facile à comprendre que difficile àadmettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, que j'ai un corps ? Entoute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux. A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.

Pendant que je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.

Le sentiment quej'ai pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai & réel n'est donc pas une preuve suffisante de la réalité dumonde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.

Par suite je dois, si je cherche la vérité :« feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que l'illusion dessonges ». Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, les vérités mathématiques.

« Je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.

» Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce qui m'entoure n'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, me remémore est faux.

Cedoute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyer dans cet océan ? Où trouver« le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences de rigueur et de radicalité de notre auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution galiléenne avait jetée sur les sens (qui nousont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce que la science avait cru pouvoir démontrer.. »

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