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Admettre l'existence de l'inconscient rend-il vain tout effort de lucidité envers soi-même ?

Publié le 09/07/2004

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La question présuppose l'existence de l'inconscient comme un acquis incontestable. Il ne s'agira donc pas de questionner la validité ou non de l'hypothèse de l'inconscient. La lucidité désigne la transparence et l'honnêteté vis-à-vis de soi-même. Commencez par montrer que l'inconscient implique une opacité, une obscurité de la conscience par rapport à elle-même (Cf. Freud: le moi n'est pas maître dans sa propre maison). Ensuite, montrez et dénoncez la tentation de se réfugier derrière les faux-semblants et les faux-fuyants de l'inconscient (Cf. Sartre: la mauvaise foi ou Alain : L'inconscient comme idolâtrie du corps). Et, pour finir, montrez que la psychanalyse est quête et enquête d'une nouvelle lucidité de soi (Cf. Freud: Là où « ça « était, « Je « dois devenir).

 

 

On oppose communément le conscient et l’inconscient. Le conscient serait ce dont nous avons connaissance, ce à quoi notre prêtons attention, tandis que l’inconscient serait le domaine ce qui nous échappe comme une force ou un déterminisme venant des profondeurs de notre être ou de notre vie psychique. L’inconscient serait donc presque de l’inconnu. En ce sens, il semble qu’il y ait manifestement un conflit entre l’inconscient et tout effort de lucidité à l’égard de soi-même dans la mesure où la lucidité relèverait du domaine de la conscience. Pourtant ne serait pas aller trop vite en besogne ? En effet, au sens précis du terme, l’inconscient désigne pour la psychanalyse le psychisme refoulé. Dès lors, il semble qu’une opposition frontale entre conscience et inconscient soit quelque peu trop naïve. Mais plus simplement ne pourrait-on pas dire que l’inconscient est justement une prise de conscience des causes qui nous déterminent, c’est-à-dire qu’il y ait des faits psychiques aperçus de nous mais qui ne peuvent pas être expliqués par la conscience ? En ce sens, l’inconscient serait donc bien cette hypothèse produit justement par cet effort de lucidité envers soi-même. Cette hypothèse viendrait de la genèse de cet effort de lucidité. Et c’est en ce sens que se pose la question : « admettre l’existence de l’inconscient est-ce rendre vain tout effort de lucidité à l’égard de soi-même ? «.

            Ainsi, s’il est possible de faire le procès de l’inconscient au nom justement de cet effort de lucidité à l’égard de soi-même (1ère partie), il faudra se demander s’il ne s’agit pas là d’un procès d’intention relevant d’une méconnaissance de ce qu’est l’inconscient. Développant un point de vue positif sur l’inconscient il nous sera peut-être possible de lever la contradiction entre inconscient et lucidité (2nd partie) et ainsi observer sa valeur opératoire et sa fécondité cognitive notamment en rapport à cette exigence de lucidité envers toi ou plus simplement à l’impératif socratique du « connais-toi toi-même ! « (3ème partie).

« contradiction, voire en opposition conceptuelle.

Et c'est bien ce que l'on remarque avec Sartre à travers l'Etre et le Néant .

Dans la critique qu'il produit de l'idée d'inconscient, Sartre remarque notamment qu'admette son existence serait le triomphe du de vue d'autrui entant que ce n'est qu'à travers autrui et le travail du psychanalyste que jepeux essayer d'avoir accès à mon inconscient.

Toute introspection est dèslors impossible seul quasiment.

En d'autres termes, l'existence de l'inconscientbrise le psychisme humain. b) Mais bien au-delà admettre l'hypothèse de l'inconscient rend vain touteffort de lucidité envers soi-même dans la mesure où l'inconscient prend laforme d'un argument de raison paresseuse : je suis déterminé par une forceintérieure dont je suis pas responsable ; n'étant donc pas libre je n'ai pas àchercher à me déterminer moi-même.

En effet, ce que l'on peut craindre avecSartre , dans l'Etre et le Néant , c'est que l'inconscient ne soit en fait qu'une expression de la notion qu'il développe soit le nom de « mauvaise foi », c'est-à-dire d'un mensonge envers soi-même relativement à ses actes etengagements.

Autrement dit, l'inconscient offre justement la possibilité derendre vain tout effort de lucidité envers soi-même dans la mesure où ildevient une explication irréfutable et invérifiable des mobiles de notre action.La responsabilité n'est plus alors de mise puisque l'homme est déterminé parson inconscient.

Radicalement, l'homme n'est donc pas libre ; il est déterminépar son inconscient ce qui serait renverser d'une certaine manière la formulesartrienne de L'existentialisme est-il un humanisme ? : « existence précède l'essence ». c) L'inconscient peut apparaître effectivement comme une nouvelle essence déterminante, et dès lors l'homme n'aplus à s'engager dans un projet d'existence : il n'est plus ce néant d'être ; il n'est plus libre.

C'est pourquoi Sartre qui critique si vigoureusement dans l'Etre et le Néant l'idée d'inconscient.

En effet, pour lui « l'homme est condamné à être libre » et l'hypothèse de l'inconscient est alors inadmissible et impossible à intégrer dans sa définition de laliberté.

Ainsi, seule existe la mauvaise foi : l'inconscient n'existe pas si l'on veut sauvegarder la liberté de l'homme etne pas rendre vain tout effort de lucidité envers soi-même donc toute responsabilité et tout projet d'existence.Sartre va même plus loin est remarque que la conscience connaît en réalité ce qu'elle refoule.

Dès lors l'idéed'inconscient n'est plus nécessaire, elle n'était que mauvaise foi et rendait impossible toute introspection sur soi. Transition : C'est donc au nom de la liberté de l'homme qu'il faut admettre que l'hypothèse de l'inconscient doit être rejetée etcela notamment parce qu'elle rend vain tout effort de lucidité envers soi-même, niant alors toute notion deresponsabilité et s'offre comme le fruit d'une raison paresseuse donc comme de la mauvaise foi.

Cependant, n'est-cepas faire un procès d'intention à l'inconscient ? ou plus radicalement ne pourrait-on pas dire que refuser l'existencede l'inconscient ne serait pas justement faire preuve de mauvaise foi ? II – Positivité de l'inconscient et humiliation : genèse d'une lucidité a) Dans le Moi et le ça , Freud définit au sens précis du terme l'inconscient : « L'inconscient désigne pour la psychanalyse le psychisme refoulé.

» L'inconscient désigne donc aussi deséléments latents mais non nécessairement comme c'est le cas de l'activité decensure qui bien qu'inconsciente n'est ni refoulé ni latente.

L'existence del'inconscient n'est qu'une hypothèse ; or ce qui justifie l'hypothèse del'inconscient ce sont des faits psychiques aperçus de nous mais qui nepeuvent pas être expliqués par la conscience comme les rêves, les lapsus, lesactes manqués etc.

Il s'agit donc d'attester ou plus exactement, cettehypothèse permet d'inférer donc de supposer une cause non constatée enelle-même à des faits constatés et saisis comme effets.

Il s'agit doncd'indices qui on valeur de preuve.

L'hypothèse de l'existence d'une viepsychique joue donc un double rôle : elle est un principe d'intelligibilité desfaits psychiques observés et aberrants pour la conscience ; mais surtout, elleest un principe de réalité dans la mesure où elle permet non seulement decomprendre mais pose ou suppose l'existence d'un quelque chose qui a deseffets et qui est la cause réelle des faits constatés.

En ce sens, bien loin derendre vain tout effort de lucidité envers soi-même c'est justement en vued'être lucide que l'on doit poser cette hypothèse.

Car comme il le proposedans Une difficulté de la psychanalyse : « Qu'une chose se passe dans tonâme [et] que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même chose ». b) Or comme Freud le précise dans le Moi et le ça , à l'opposition entre le conscient et l'inconscient il faut substituer celle entre le moi cohérent et lesdétachés du moi.

Il ne faut donc pas opposer de manière naïve la conscience et l'inconscient au risque sinon deméconnaître l'essence même de l'inconscient : c'est-à-dire la lucidité de la conscience et les abysses de. »

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