L'affaire de Beauvais
Publié le 22/08/2013
Extrait du document
Le 31 janvier 1233, Beauvais est le théâtre de violentes manifestations dont la bourgeoisie commerçante est la cible privilégiée. Les incidents font une vingtaine de morts et une trentaine de blessés. Indignés, les notables et l'aristocratie demandent justice à l'évêque, Milon de Châtillon-Nanteuil. Mais celui-ci tarde à sévir, et Robert de Moret, chassé de la ville par la vindicte populaire, s'empresse de faire appel au roi et à la régente.
«
« Bonne et prompte
justice»
Lors d'un entretien en pnve ,
l '
évêque e xplique à Louis IX
faisant les cent pas : « Très
redouté Sire, je viens vous
demander conseil, comme à
mon seigneur, sur ce
qu'il con
vient de faire en pareille
occurrence », rapporte le sire
de Joinville dans ses M ém oires.
« Gardez-vous, Monseigneur,
de lâcher la foule en délire sur
les citoyens commerçants
et
artisans qui font la renommée
et la fortune de votre ville »,
réplique le souverain .
A quoi
l'homme d'Église répond, non
sans
ironie : « Hélas, Sire, que
faire devant le défrlement
spontané d'une foule mécon-
ROI ET SUZERAIN
Considérant que l'affaire est
close, Louis
IX s'en retourne à Paris.
Mais c'est compter
sans la pugnacité de Milon de
Nanteuil.
Dans un courrier
adressé au roi, l'évêque insiste pour que les prévenus qui ont
été transférés dans la capitale soient renvoyés à Beauvais et
soumis à la justice épiscopale .
Il précise en outre que le privilège de juridiction attaché à son Église interdit au
souverain de se substituer à l'autorité ecclésiastique, et
que Sa Majesté aurait ainsi
outrepassé ses droits en
accaparant la haute justice
dans cette affaire.
Malgré son jeune âge,
Louis IX ne se laisse ni
impressionner, ni influencer.
Il
convoque ses messagers et
leur ordonne : « Allez
présenter
à Monseigneur
de Châtillon-Nanteuil les plus
humbles dévotions
du plus
humble serviteur de Dieu.
Faites ensuite connaître au
seigneur
temporel de
Beauvais, vassal du roi, que le suzerain juge le vassal
et qu'il n'est pas d'appel au
jugement
du roi.
»
tente , excédée ? j'ai dû faire
appel à vous ...
» Mais le roi
est bien plus habile et retors
que son âge ne le laisse sup
poser .
« Répétez-moi donc ce
gros mensonge
en face, Mon
seigneur .
Je prends sur moi de
faire ici bonne et prompte jus
tice »,conclut-il en congédiant
le prélat sans lui laisser aucune
illusion !
Certes, le roi a déjà pris sa dé
cision .
Mais, pour que le droit
de chacun soit garanti , il tient à
ce
que des enquêtes en bon
ne et due forme soient diligen
tées .
Après, quoi, il rend son
verdict, en présence
de ses
conseillers
et de ses magis
trats, devant la foule des Beau
vaisiens .
Il impose Robert de
Moret sur le fauteuil de maire,
puis fait l'énumération des
peines légères, amendes et
bannissements .
Les auteurs
des crimes les plus graves sont
transférés à Paris pour y être
jugés et leurs maisons sont
détruites .
L'affaire aurait pu en
rester là ...
Le roi ne
cède pas ...
Depuis Philippe Auguste,
l '
évêque paie chaque année
cent livres parisis correspon
dant à l' entretien du roi et de
sa suite lors leur venue à
Beauvais .
Considérant que son
dernier séjour a été ex ception
nel.
Louis IX réclame un verse
ment supplémentaire de huit
cents livres.
Déjà furieux d'
avoir été dépos
sédé de ses droits juridiction
nels ,
Milon de Nanteuil, qui
est aussi comte de Beauvais,
refuse
de payer .
Le roi fait aus
sitôt saisir le temporel de
l'évêque (ses revenus autres
que ceux afférant à la fonct ion
religieuse) .
Soutenu
par l'ar
chevêque de Reims Henri de
Dreu x, le prélat jette l'interdit
sur le diocèse .
A
sa mort , en septembre i234,
le conflit n 'est toujours pa s
~E DITIONS w.
ATLAS
éteint .
Il finira par s'atténuer
peu à peu et.
en 1240 , nul ne
contestera
plus la prééminence
de la justice royale s ur la justice
épiscopale en ce qui concerne
le
règlement des affaires tem
porelles .
En faisant plier les grands
ecclésiastiques , Louis IX mon
tre qu 'il entend limiter leurs
interventions au domaine spi
rituel.
Malgré les menaces
d 'e x communication et les mul
tiples protestations du Saint
Siège , le roi très chrétien ne
désarmera pas.
Tout en
affir
mant son respect pour la
papauté et l'Église , il refusera
de les voir empiéter sur ses
droits de souverain , entendant
rester le seul maî tre en son
ro y
aume terrestre .
~ w w u a; ~
-
~.
»
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