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Agamemnon

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

agamemnon
Agamemnon " ce roi barbu qui s'avance " en tête des bataillons achéens lancés jusque sous les murs de Troie à la poursuite de la belle Hélène peut-il être considéré comme un véritable homme d'État ? Jusqu'au milieu de ce siècle, la réponse eût été sûrement négative. Fils ou petit-fils d'Atrée, descendant de Pélops, Agamemnon est, pour toute la tradition classique, le symbole même du roi-guerrier de la légende héroïque : " d'aussi beau, proclame Hélène qui s'y connaît en hommes, jamais mes yeux n'en ont vu, ni d'aussi imposant ! Il a tout l'air d'un roi ! " Qu'il se présente tout cuirassé de bronze chypriote, armé de pied en cap, étincelant, pour transpercer à mort, d'un seul coup, d'un seul, les plus vaillants des Troyens, ou qu'en tenue plus sobre, il brandisse simplement son sceptre fameux, le bâton de commandement qui fait lever les princes achéens et impose le silence à l'Assemblée, le roi " pasteur des peuples ", " souverain des humains ", " chef des guerriers ", est l'incarnation même de la puissance, de l'autorité héréditaire allant jusqu'à la brutalité, de la passion égoïste et inconséquente. Roi de Mycènes et de l'Achaïe, il mène cent vaisseaux au siège de Troie, sans compter ceux qu'il a prêtés à ses voisins Arcadiens : c'est le plus fort des rois. Si le sacrifice de sa fille Iphigénie, immolée sur la plage d'Aulis pour obtenir à la flotte des vents favorables, n'appartient pas au fond le plus ancien de la légende, et ne peut donc lui être vraiment imputé à crime, sa façon arbitraire de s'attribuer les plus belles captives, Chryséis d'abord, Briséis ensuite, vaut à l'armée achéenne les pires difficultés : la colère d'Apollon sème la peste, la colère d'Achille menace de donner la victoire aux Troyens, et c'est de bien mauvaise grâce qu'Agamemnon se décide enfin à faire passer l'intérêt général avant ses convoitises personnelles.
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« des tombes, derrière la Porte des Lionnes de l'acropole de Mycènes, devenait " le masque d'Agamemnon " et lasplendide coupe d'or décorée de colombes où il aurait trinqué avec le vieux Nestor prenait place dans l'admirablesalle mycénienne du Musée National d'Athènes. Dans un second temps, archéologues et historiens se sont efforcés de mettre de l'ordre dans toutes cesdécouvertes et d'en définir la chronologie.

Si Agamemnon a commandé l'expédition achéenne sous les murs de Troie,qui date au plus tôt du milieu du XIIIe siècle av.

JC, il n'est ni le constructeur de la magnifique coupole du tombeauqui porte son nom et qui fut bâti vers 1330-1300 av.

JC, ni l'original d'aucun des masques d'or ou d'électrumdécouverts dans les cercles des tombes de Mycènes qui remontent au XVIe siècle av.

JC ! Plus les progrès del'archéologie nous attestent l'importance du royaume de Mycènes, l'unité remarquable de la civilisation qu'a connuele monde égéen après le milieu du second millénaire avant notre ère, et la richesse des rois-guerriers du temps, plusdonc nous semblons vérifier l'authenticité historique des évocations homériques, et moins la personne mêmed'Agamemnon arrive à nous paraître précise et assurée.

L'un des fouilleurs de Mycènes qui est un des meilleursconnaisseurs de la question réduit même sa biographie historique d'Agamemnon à une seule affirmation : le roi et sonarmée " seraient passés sous la Porte des Lionnes au départ de leur longue et périlleuse expédition contre Troie ! " Depuis les années 50 toutefois, un troisième temps s'est ouvert pour les études mycéniennes et l'hypothèse d'unAgamemnon exclusivement guerrier ne peut plus guère être soutenue.

Le déchiffrement par Ventris des tablettes enLinéaire B, écriture syllabique dont on sait maintenant qu'elle notait une forme ancienne de grec dite le " grecmycénien ", a jeté un jour tout nouveau sur l'administration des royaumes achéens à la fin du XIIIe siècle av.

JC.Certes, les documents sont fragmentaires et l'interprétation reste discutée.

Mais l'arrière-plan social, politique etbureaucratique qu'il faut bien admettre au temps de la guerre de Troie a quelque chose de très inattendu : unesorte de dirigisme étatico-religieux dans lequel des dizaines ou des centaines de scribes tenaientconsciencieusement à jour la comptabilité du Palais.

La Pylos de Nestor et la Cnossos d'Idoménée sont les centresles plus productifs de ces " documents d'archives ".

Mais Mycènes, elle aussi, a fourni des tablettes, et de stylecomparable.

Clytemnestre tenant les comptes du ménage royal, le tableau a de quoi surprendre... Y eut-il à Mycènes d'autres documents maintenant perdus, parce qu'inscrits sur des matériaux périssables ? Laquestion ne peut plus être éludée.

Une réponse affirmative certains savants n'hésitent pas à la donner feraitd'Agamemnon un prince comparable aux derniers rois hittites ou aux pharaons ramessides : aidé d'une cour de hautsdignitaires et d'une armée d'esclaves royaux, il aurait eu autorité sur un véritable État et le roi-guerrier de l'Iliade neserait qu'une simplification, une schématisation militaire d'une personnalité autrement plus riche et plus complexe.Ses traits individuels nous échappent toujours.

Son action administrative en son royaume, son action diplomatiquedans le monde achéen qui reconnaissait sa suzeraineté ne nous apparaissent pas encore clairement.

MaisAgamemnon, alors, a dû être un véritable homme d'État, le premier peut-être en Europe que nous puissions appelerpar son nom !. »

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