Ahtisaari, Martti

Ahtisaari, Martti (1937- ), diplomate et homme politique finlandais, président de la République de Finlande de 1994 à 2000.

Né à Viipuri en Carélie (aujourd’hui Wyborg en Russie), Martti Oiva Kalevi Ahtisaari enseigne jusqu’en 1965 en école primaire, puis embrasse une carrière diplomatique. De 1973 à 1976, il est ambassadeur de Finlande en Tanzanie. De 1977 à 1986 puis de 1989 à 1990, il est chargé par l’Organisation des Nations unies (ONU) de veiller au bon déroulement du passage à l’indépendance de la Namibie (21 mars 1990). De 1987 à 1991, il est sous-secrétaire général des Nations unies, dont le secrétaire général est alors Javier Pérez de Cuéllar, chargé de l’administration et de la gestion de l’organisation internationale.

Martti Ahtisaari revient dans son pays en 1991 pour occuper les fonctions de secrétaire d’État aux Affaires étrangères, ce qui le conduit à préparer l’entrée de la Finlande au sein de l’Union européenne (UE). En 1992, les Nations unies lui confient la direction du groupe de travail sur la Bosnie-Herzégovine lors de la Conférence internationale sur l’ex-Yougoslavie (voir conflit yougoslave), puis il devient en 1993 le représentant spécial de Boutros Boutros Ghali.

Peu impliqué dans la vie politique finlandaise mais auréolé de son expérience des relations internationales, Martti Ahtisaari est candidat à l’élection présidentielle de 1994. Sa carrière de diplomate est un atout car, comme en France, le président de la République dispose en Finlande de pouvoirs étendus, notamment en matière de politique étrangère. Le 6 février, candidat du Parti social-démocrate (SDP), il est élu président de la Finlande avec 53,9 p. 100 des suffrages, pour la première fois au suffrage universel direct, face à Elisabeth Rehn. Il succède à Mauno Koivisto à la tête de l’État et nomme le social-démocrate Paavo Lipponen au poste de Premier ministre. Durant son mandat, Martti Ahtisaari s’attache à mettre en œuvre ses convictions européennes, alors que la Finlande fait son entrée au sein de l’Union européenne (UE) le 1^er janvier 1995. Il accueille aussi à Helsinki une rencontre entre les présidents américain et russe, Bill Clinton et Boris Eltsine, en mars 1997.

En mai 1999, alors que l’OTAN intervient depuis le mois de janvier pour empêcher l’épuration ethnique conduite au Kosovo par la Serbie, Martti Ahtisaari devient l’émissaire de l’Union européenne pour le plan de paix présenté à Slobodan Milošević. Il le rencontre à Belgrade les 2 et 3 juin, en compagnie de l’émissaire russe Viktor Tchernomyrdine. Il présente au président yougoslave le document élaboré par le G8 et obtient son accord.

Martti Ahtisaari ne se représente pas lors de l’élection présidentielle de 2000. C’est une femme, Tarja Halonen, qui est élue pour la première fois à la tête de l’État finlandais. Martti Ahtisaari se consacre à nouveau à la diplomatie en dirigeant une organisation non-gouvernementale qui entend prévenir les crises internationales, le Crisis Management Initiative (CMI), installée à Helsinki. Il accepte ainsi en 2000, à la demande du gouvernement britannique, d’encadrer la commission indépendante d’inspecteurs internationaux qui contrôle le désarmement de l’IRA en Irlande du nord. La même année, il est un des trois « sages « amenés à se prononcer sur la levée des sanctions appliquées à l’Autriche par l’Union européenne à la suite de la mise en place d’un gouvernement associant droite et extrême droite. En 2005, il conduit avec succès les négociations de paix entre le gouvernement indonésien et les rebelles indépendantistes du GAM au sujet de la province d’Aceh avant d’être nommé par le secrétaire général des Nations unies au poste d’Envoyé spécial chargé de superviser les pourparlers sur le statut final du Kosovo, administré par l’ONU depuis juin 1999.