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Aimez-vous Madame de Sévigné ? Donnez vos raisons.

Publié le 13/02/2012

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Aimez-vous Mme de Sévigné ? ... La question semble presque naïve. Qui donc oserait répondre non? Depuis plus de deux siècles la marquise a provoqué tant de sympathies qu'on ne saurait sans outrecuidance s'insurger contre l'opinion commune. Par quel étrange retour celle qui, sa vie durant, n'eut que des amis - je tais à dessein l'inimitié passagère de Bussy  - verrait-elle aujourd'hui se lever des ennemis? Il en est pourtant. Certains Bretons de Vitré poussèrent les hauts cris lorsqu'en 1911 on leur offrit d'élever, sur une place de leur ville, une statue à la châtelaine des Rochers. D'autres, dont elle n'a pas vu pendre les aïeux, établissent un distinguo : ils l'aiment pour des raisons littéraires, ils la détestent pour des raisons ... démocratiques, humanitaires. Me faudra-t-il donc, avant de justifier mon affectueuse admiration, vous ....

« « J'ai toujours cette Providence dans la tete; c'est ce qui fixe mes pensees, c'est la ma devotion, c'est la mon scapulaire, c'est la mon Rosaire...

» Sa pike, sa vertu cadrent parfaitement avec ses doctrines religieuses et philosophiques.

Son amour de Dieu n'est pas timore comme celui des « Solitaires ».

Volontiers elle disait avec Saint Vincent de Paul qu' « it faut aimer Dieu bonnement, rondement et simplement ».

Sa devotion n'est pas un ensemble de pratiques et de gestes, mais quelque chose d'interieur et d'efficace, principe d'amour et d'action.

«Reformer notre vie, payer nos dettes, devenir meilleurs et plus charitables, cela n'a rien de chimerique » ; voila d'apres Mme de Sevigne les fruits de la pike.

Aussi quelle vertu solide, aimable, accommodante, conquerante que la sienne! Cette autre Eliante, aussi eloignee de la pruderie d'Arsinoe que de in coquetterie de Celimene, efit retabli la paix entre Alceste et Philinte si elle se fiat trouvee mêlée vers 1666 a leur societe.

Apres la mort du marquis, elle frequente le monde, honore son long veuvage et semble consacrer sa jeunesse a se preparer des amis pour la vieillesse.

Elle s'etonne de la hien- veillance generale « Je recois mine amities; j'en suis toute honteuse.

Je ne sais ce qu'on a a me tant estimer...

» Et qui sont ses amis? Les personnages les plus divers, les plus opposes parfois : Ménage, Bussy, Fouquet, Pom- ponne, Conti, Turenne, Rohan, les Coulanges, La Rochefoucauld, Mme de La Fayette, pour ne nommer que les principaux.

Et tous, sous une forme ou sous une autre, souscrivent au jugement du moins charitable d'entre eux :« Il alma partout, dit Bussy parlant de son cousin de Sevigne, mais n'aima jamais rien de si aimable que sa femme.

» * On ne va point volontiers vers les gens qui trainent apres eux comme des relents de tombeau; on n'aime dans le monde que les vivants...

Or, la mar- quise semble rayonner la vie.

Vraie boute-en-train, elle met tout en mouve- ment autour d'elle.

Tandis que La Rochefoucauld, enfonce dans la solitude, cultive son pessimisme en la compagnie de Mme de La Fayette et com- pose ses sombres « maximes Mme de Sevigne s'en va, diligente, dans un perpetuel rais de soleil, butiner en vingt endroits differents.

Fetes, ceremo- nies, divertissements de la cour et des salons, nouvelles du royaume, nou- velles des Rochers ou de Livry : voila de quoi elle compose le miel exquis de ses impressions; puis elle nous le sert tout frais et comme vivant encore de la vie de l'abeille.

Rien de plus fremissant, de plus anima que cette con- versation ecrite.

« Quand on me meta causer, avoue-t-elle ingenument, je n'y fais pas trop mal...

» Elle y fait si bien que notre generation gofite cet incomparable babil a l'egal des contemporains et sympathise autant qu'eux avec l'aimable causeuse. .** Dans cette conversation aussi longue que variee, pas un mot qui ne soit vrai, qui ne parte du cceur, pas un faux brillant, a peine, ca et 1A, un artifice, une expression recherchee qui rappellent la precieuse.

Cette honnete femme ne se contente pas d'habiter une maison de verre, elle possede un cceur transparent, et cette droiture, cette franchise, qu'elle estime tant chez autrui sont en elle un attrait irresistible.

4 Ce qui est bon est bon; ce qui est vrai est vrai.

» N'est-ce point la comme un echo de l'Evangile, ou la dissimula- tion, la duplicite, l'hypocrisie sont condamnees en termes si vehements? Cette sincerite, cultive depuis toujours, elle se rejouit de la retrouver chez sa fine : « Ah! ma chere enfant, que je suis de votre avis! Rien n'est bien que d'avoir une belle et bonne Arne : on la voit en toute chose comme an travers d'un cceur de cristal; on ne se cache point; vous n'avez point vu de dupes la-dessus : on n'a jamais pris longtemps l'ombre pour le corps. II faut etre, si l'on veut parctitre : le monde n'a point de longues injus- tices...

» De fait, la marquise est ce qu'elle parait; qu'elle complimente ou « J'ai toujours cette Providence dans la tête; c'est ce qui fixe mes pensées, c'est là ma dévotion, c'est là mon scapulaire, c'est là mon Rosaire ...

» Sa piété, sa vertu cadrent parfaitement avec ses doctrines religieuses et philosophiques.

Son amour de Dieu n'est pas timoré comme celui des « Solitaires ».

Volontiers elle disait avec Saint Vincent de Paul qu' « il faut aimer Dieu bonnement, rondement et simplement».

Sa dévotion n'est pas un ensemble de pratiques et de gestes, mais quelque chose d'intérieur et d'efficace, principe d'amour et d'action.

«Réformer notre vie, payer nos dettes, devenir meilleurs et plus charitables, cela n'a rien de chimérique » ; voilà d'après Mme de Sévigné les fruits de la piété.

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Aussi quelle vertu solide, aimable, accommodante, conquérante que la sienne! Cette autre Eliante, aussi éloignée de la pruderie d'Arsinoé que de la coquetterie de Célimène, eût rétabli la paix entre Alceste et Philinte si elle se fût trouvée mêlée vers 1666 à leur société.

Après la mort du marquis, elle fréquente le monde, honore son long veuvage et semble consacrer sa jeunesse à se ,préparer des amis pour la vieillesse.

Elle s'étonne de la bien­ veillance générale : « Jè reçois mille amitiés; j'en suis toute honteuse.

Je ne sais ce qu'on a à me tant estimer ...

» Et qui sont ses amis? Les personnages les plus divers, les plus opposés parfois : Ménage, Bussy, Fouquet, Pom­ ponne, Conti, Turenne, Rohan, les Coulanges, La Rochefoucauld, Mme de La Fayette, pour ne nommer que les principaux.

Et tous, sous une forme ou sous une autre, souscrivent au jugement du moins charitable d'entre eux : « Il aima partout, dit Bussy parlant de son cousin de Sévigné, mais n'aima jamais rien de si aimable que sa femme.

» .

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On ne va point volontiers vers les gens qui traînent après eux comme des relents de tombeau; on n'aime dans le monde que les vivants ...

Or, la mar­ quise semble rayonner la vie.

Vraie boute-en-train, elle met tout en mouve­ ment autour d'elle.

Tandis que La Rochefoucauld, enfoncé dans la solitude, cultive son pessimisme en la compagnie de Mme de La Fayette et com­ pose ses sombres « maximes », Mme de Sévigné s'en va, diligente, dans un perpétuel rais de soleil, butiner en vingt endroits différents.

Fêtes, cérémo­ nies, divertissements de la cour et des salons, nouvelles du royaume, nou­ velles des Rochers ou de Livry : voilà de quoi elle compose le miel exquis de ses impressions; puis elle nous le sert tout frais et comme vivant encore de la vie de l'abeille.

Rien de plus frémissant, de plus animé que cette con­ versation écrite.

«Quand on me met à causer, avoue-t-elle ingénument, je n'y fais pas trop mal.

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» Elle y fait si bien que notre génération goûte eet incomparable babil à l'égal des contemporains et sympathise autant qu'eux avec l'aimable causeuse.

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Dans cette conversation aussi longue que variée, pas un mot qui ne soit vrai, qui ne parte du cœur, pas un faux brillant, à peine, çà et là, un artifice, une expression recherchée qui rappellent la précieuse.

Cette honnête femme ne se contente pas d'habiter une maison de verre, elle possède un cœur transparent, et cette droiture, cette franchise, qu'elle estime tant chez autrui sont en elle un attrait irrésistible.

« Ce qui est bon est bon; ce qui est vrai est vrai.

» N'est-ce point là comme un écho de l'Evangile, où la dissimula­ tion, la duplicité, l'hypocrisie sont condamnées en termes si véhéments? Cette sincérité, qu'elle cultive depuis toujours, elle se réjouit de la retrouver chez sa fille : «Ah! ma chère enfant, que je suis de votre avis! Rien n'est bien que d'avoir une belle et bonne âme : on la voit en toute chose comme au travers d'un cœur de cristal; on ne se cache point; vous n'avez point vu de dupes là-dessus : on n'a jamais pris longtemps l'ombre pour le corps.

Il faut être, si l'on veut paraftre : le monde n'a point de longues injus­ tices ...

» De fait, la marquise est ce qu'elle paraît; qu'elle complimente ou. »

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