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ALAIN: LE TRAVAIL ET LA LIBERTÉ

Publié le 27/02/2008

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LE TRAVAIL ET LA LIBERTÉ "Le propre du travail, c'est d'être forcé." Alain, Les Arts et les dieux, 1943.

Pour qu'il y ait travail, il faut qu'il y ait contrainte. Si cette conception du travail est vraie lorsqu'il s'agit d'exécuter des travaux pénibles, dans les sociétés modernes il est souvent vécu comme l'activité essentielle des êtres humains. Ceux-ci s'identifient alors à la fonction qu'ils occupent dans l'entreprise : à ce titre, le travail pose la question des finalités de l'existence.

Le travail a acquis de nos jours une valeur très importante et l’intégration dans la société dépend hautement de la fonction occupée. Il se définit généralement comme une activité orientée vers une fin autre qu'elle même à la différence du jeu qui comporte sa finalité en lui-même. Il s'agit alors de savoir quelle est cette autre fin. Le travail apparaît originairement comme une contrainte, sans doute parce que l'homme ne s'y soumet pas volontiers. Le travail est en effet rattaché au labeur et à la difficulté. La citation d’Alain est tirée de Préliminaires à la mythologie, ouvrage dans lequel le philosophe insiste sur la fatigue qu’entraîne le travail. Nous nous y attelons alors par nécessité. Le terme « forcé « renvoie à une activité accomplie sous la contrainte mais aussi qui est indépendant de notre volonté. Cela signifierait que nous ne travaillerions pas si nous pouvions ne pas le faire. L’origine du mot semble corroborer cette thèse. Il semble que le terme « travail « vienne du latin tripalium qui désigne dans l’antiquité un instrument de contrainte, au moyen duquel on attachait le bétail. Le travail est donc vécu comme une torture.  Mais alors qu’est-ce qui nous pousse à travailler ? La fin du travail semble dans un premier temps de subvenir à ses besoins élémentaires. Le point commun entre tous les travaux semble être la transformation de la nature dans un but utile pour l’homme. Le travail est le moyen de satisfaire les besoins de l’homme et il ne peut se passer de lui. Pourtant, dire que le travail est forcé, c’est affirmer que personne ne travaille quand sa subsistance est assurée. Est-ce forcément vrai ? N’y-a-t-il pas dans le travail quelque chose qui nous permet de nous développer ? N’est-ce pas possible de trouver le bon travail dans lequel plaisir et subsistance se trouvent réunis ? Ne faut-il pas alors essayer de changer la valeur du travail dans notre société ?

 

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« la menace de la mort.

» Le travail n'est donc pas un choix.

On est obligé de travailler pour survivre.

C'est cela quidifférencie le travail du loisir ou du jeu.

Ainsi, par exemple, dans le sport, je fais des efforts et cela entraîne uncertain labeur mais je peux très bien ne pas le faire. - De nos jours, la transformation de la nature est devenue banale.

Elle est partout et entraîne d'ailleurs des dangerspour l'humanité.

Cependant, le travail s'est fait plus spécialisé et plus divisé.

Nous ne travaillons plus directementpour transformer la nature en vue de nos besoins.

Nous travaillons pour gagner de l'argent et pour continuer à vivredans un monde gouverné par la monnaie.

Nietzsche écrivait déjà à son époque, dans le Gai savoir que « dans les pays de la civilisation, presque tous les hommes se ressemblent maintenant en ceci qu'ils cherchent du travail àcause du salaire.

» Tout le monde souhaite par suite gagner au loto et le premier souhait de chacun est de ne plustravailler.

C'est la logique économique qui nous contraint au travail. Le travail est aussi une libération - Il semble pourtant exagéré de dire que l'homme pourrait passer sa vie à ne rien faire s'il ne devait pas travailler.Kant s'élève contre cette idée.

Il écrit dans son Traité de pédagogie qu' « Il est tout aussi faux de s'imaginer que, si Adam et Ève étaient restés dans le paradis, ils n'eussent fait autre chose que demeurer assis ensemble.

L'oisivetéeut fait leur tourment [...] le meilleur repos est celui qui suit le travail.

» On peut alors penser que le travail nousapporte quelque chose et que nous ne le faisons pas par pure obligation.

Pensons par exemple au jardinier quicultive son jardin.

Bien sûr, il le fait parce que cela lui apportera de la nourriture mais n'éprouve-t-il pas du plaisir àvoir ses légumes pousser ou à réussir par lui-même à se nourrir ? Le travail ne permet-il pas aussi d'être fier de soiet heureux de s'accomplir ? Si le travail n'est pas seulement une nécessité, c'est alors peut-être parce que l'homme s'exprime à travers lui.

C'esten tout cas la thèse que défend Marx.

Il écrit avec Engels dans l'ouvrage L'idéologie allemande que le travail différencie l'homme de l'animal.

Pour lui, « La façon dont les individus manifestent leur vie reflètent exactement ce qu'ils sont.

Ce qu'ils sont coïncide avec leur production, avec ce qu'ils produisent aussi bien qu'avec la façon dont ilsproduisent.

» La production dans le travail permet à chacun de s'extérioriser, de se développer.

L'homme ne travaillepas seulement parce qu'il est obligé mais parce qu'il a des facultés qui lui permettent de le faire.

Nous pouvonsassocier ces propos de Marx à ceux de Sartre qui situe la liberté et son individualité à ce qu'il fait à ces actions.

Ilécrit dans l'existentialisme est un humanisme que « l'homme n'est que ce qu'il fait ».

Le travail de l'homme lui donnerait donc forme et le construirait. Kant, d'ailleurs, s'il reconnaît que le travail peut être pénible, affirme que quelque chose pousse l'homme à continuerde travailler, « la raison inexorable qui le pousse irrésistiblement à développer les facultés placées en lui ».

L'hommetravaille parce que cela seul, lui permet de développer ses propres capacités.

Marx aussi soulignait combien le travailformait la conscience.

Cette dernière évolue à partir du moment où le travail correspond à un projet : en imaginant le produit qu'il veut obtenir, l'homme développe ses capacités de penser et sa volonté. Hegel va dans le sens de Marx.

Pour lui, le travail arrache l'homme de l'animalité, à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps et aussi celle de l'outil.

Il écrit dans La phénoménologie de l'esprit que « le travail, au contraire, est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme ».

Parce que le travail nous oblige à remettrenotre satisfaction à plus tard, il est aussi transformation de soi.

Mon désir est retardé et je suis obligé d'inventer lesmoyens de le satisfaire et donc de développé mon esprit.

D'ailleurs, pour Hegel, l'outil est noble parce qu'il manifestel'Esprit.

Dans Leçons sur la philosophie de l'histoire , on peut lire : « Ces découvertes humaines appartiennent à l'Esprit ; un instrument inventé par l'homme est plus haut qu'une chose de la nature, car il est production del'esprit.

» Le travail est alors le moyen d'une extériorisation de soi.

Le travail forme et éduque, il transforme le mondeet le civilise.

De plus, pour Hegel, si l'esclave travaille pour son maître, par son travail, il devient indépendant.

Eneffet, le maître a besoin pour vivre du travail de l'esclave, puisque c'est lui qui lui apporte les éléments nécessaires àsa subsistance.

Il dépend donc de l'esclave alors que ce dernier acquiert son autonomie par le travail. - De plus, si le travail est contraint par la lutte envers la nature, il faut aussi comprendre que par le travail, l'hommese détache de la nature et devient indépendant.

En effet, les animaux sont obligés d'attendre que la naturesubvienne à leurs besoins.

L'homme, lui, parce qu'il développe des moyens et un projet spécifique, arrive à avoir deséléments de subsistance sans attendre que la nature les lui apporte. Dès lors, le travail permettrait à l'homme de développer véritablement son humanité.

George Bataille écrivait ainsique l'homme par le travail « change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués quicomposent un monde nouveau, le monde humain.

» Mais parallèlement, l'homme se transforme lui-même, « ils'éduque et il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux, ce cours libre, auquel l'animaln'apporterait pas réserve.

» C'est pour cela que plusieurs philosophes voient dans le travail l'essence même del'homme. Le travail pour être libérateur, a besoin d'être repensé - Il est vrai que le travail peut contenir une formation de soi qui appelle plaisir et contentement de soi et il seraitvéritablement agréable si le travail pouvait toujours être vécu comme libérateur.

Pourtant, il ne semble pas que cesoit le cas.

La valeur du travail dépend aussi du but qu'on lui assigne mais aussi de ces conditions.

Il ne semble pasaujourd'hui que ce qui importe soit de permettre aux hommes de se développer dans le travail mais plutôt de gagnertoujours plus d'argent et de favoriser la croissance.

Or, cela comporte des dangers.

Nombreux sont les philosophes. »

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