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Alcide De Gasperi

Publié le 27/02/2008

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Personnalité politique la plus marquante de l'Italie d'après-guerre, Alcide De Gasperi avait largement dépassé la soixantaine lorsqu'il se trouva, en décembre 1945, sans l'avoir particulièrement recherché, à la tête du gouvernement italien. Son caractère, fait surtout de rigueur morale, et des circonstances historiques particulières l'avaient amené à occuper ce poste. Il possédait la force que donnent les convictions profondes. Sérieux, travailleur, animé par le sens du devoir, en dehors de sa famille qu'il aimait tendrement, ses relations avec d'autres personnes étaient réglées sur les buts à atteindre et non sur le plaisir d'un quelconque contact humain. Fils d'un petit fonctionnaire de l'administration autrichienne, De Gasperi était né près de Trente capitale d'un district alpin, habité par des Italiens mais n'ayant jamais (à l'exception de 1810-1813) fait partie jusqu'alors d'un État italien. Ses parents étant bons catholiques, Alcide fit la plupart de ses études secondaires à l'école de l'évêché. A dix-sept ans déjà il détermina son option intellectuelle et fit son choix politique. Italien de langue, De Gasperi ne fut ni un patriote autrichien ni un nationaliste italien ; il choisit d'être avant tout catholique et, en tant que tel, cosmopolite ­ ce qui signifiait, à l'époque, être Européen. Il prit place dans le courant démocrate-chrétien qui était en train de s'organiser et auquel Léon XIII venait de donner une structure intellectuelle et un programme. Intellectuellement thomiste ; politiquement parlementaire et cosmopolite, économiquement corporativiste, la Démocratie chrétienne représentait une révolution par rapport au cléricalisme traditionnel ; dans les nations où les catholiques avaient une influence politique, elle prenait position contre le Libéralisme (presque partout alors à l'apogée) et le Socialisme (en ascension rapide).

« elle se produisit dans le cadre d'une économie mixte de bien-être, le gouvernement intégrant le libéralisme dusecteur privé et le dirigisme du secteur public.

Bénéficiant du concours d'économistes libéraux tels que Einaudi etVanoni, le gouvernement De Gasperi se soucia d'assurer la stabilité de la monnaie ; d'améliorer le systèmed'assurances sociales ; de faire des investissements importants où ils étaient les plus urgents (le sud du pays, lestransports, la production d'énergie, les logements à bon marché) ; d'accélérer le transfert de la propriété agricoleaux cultivateurs.

Cette sage politique joua, dans l'expansion, un rôle aussi important que l'aide financière américaineet les centaines de milliers d'initiatives privées qui se manifestèrent spontanément dès qu'elles en eurent lapossibilité. Dans un climat de liberté politique, de tensions, mais aussi de sécurité, il y eut un épanouissement remarquable danstous les domaines des activités de l'esprit. De Gasperi marqua de sa personnalité la politique extérieure de l'Italie plus encore que la politique intérieure : leshistoriens s'occuperont surtout du partisan convaincu et enthousiaste de l'unité européenne et de la solidaritéoccidentale, ils relèveront que cette conviction ne se manifestait pas au nom d'un super nationalisme politique ouculturel, mais au nom de la démocratie et de la paix.

Cosmopolite d'esprit, De Gasperi avait eu à s'occuper, en 1944-1947, principalement de problèmes spécifiquement italiens : récupérer la souveraineté nationale et faire évacuer lestroupes étrangères ; défendre Trieste convoitée par les Yougoslaves ; établir un traité de paix (signé en février1947) ; obtenir sa révision. De 1947 à 1953, par contre, la coopération et la solidarité avec d'autres démocraties furent en première place dansses préoccupations.

Il prononça des discours mémorables à Londres, Paris, Washington, Ottawa, Strasbourg,Bruxelles ; se lia d'amitié non seulement avec des catholiques (Adenauer, Schuman, van Zeeland) mais aussi avecdes laïcs (Spaak, Pleven, Bevin), gagna l'estime des dirigeants du Commonwealth et des États-Unis.

Il eut commecollaborateur le libéral Carlo Sforza, diplomate, ministre des Affaires étrangères en 1920-1921 et de nouveau en1947-1952. L'Italie fut membre fondateur de l'OECE (1948), de l'OTAN et du Conseil de l'Europe (1949), de l'UEP (1950), de laCECA (1951), de l'OERN (1953).

Le veto soviétique empêcha pendant plusieurs années son entrée à l'ONU mais elleparticipa presque dès le début aux activités d'agences spécialisées (le BIT, l'Unesco, l'OMS).

De Gasperi soutintavec énergie le plan Pleven pour la création d'une Communauté européenne de défense.

Il avait visé loin et haut : ilvoulait la fédération des démocraties européennes, étroitement lice au Commonwealth et à l'Amérique du Nord ; ilétait convaincu que la défense de la démocratie en tant qu'organisation de la liberté et l'intégration européenne ausein de l'alliance atlantique étaient solidaires et que d'elles dépendait l'efficience de l'ONU. Un échec électoral priva De Gasperi de la majorité parlementaire en 1953 ; fatigué et malade, il donna sa démission.Il mourut en 1954, respecté de ses adversaires, regretté des Européens soucieux de l'avenir de leur continent etdes Américains qui avaient eu en lui un ami fidèle.. »

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