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ALLEZ LES FILLES ! de R. Establet et C. Baudelot (fiche de lecture)

Publié le 19/08/2012

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En conclusion : en France, comme dans la plupart des pays riches où l’égalité des sexes devant l’instruction supérieure s’est réalisée, s’est imposée une formule banale d’égalité scolaire dans la différence : aux garçons les filières prométhéennes et aux filles les filières relationnelles. Mais plusieurs innovations véritables annoncent des transformations futures.    En effet, les filles ont conquis les études commerciales et se retrouvent donc naturellement dans les grandes entreprises. Elles ont conquis le monde médical et transformé la profession. Les filles sont aussi entrées même minoritairement dans les études réservées aux hommes, ce qui fait que plus aucune profession ne peut plus se prévaloir d’être exclusivement masculine.  Dans la société, les rapprochements entre les sexes ont été rapides : mêmes attentes des filles et garçons pour leur vie professionnelle, intérêt et entrée des femmes en politique, rapprochement des tenues vestimentaires. Dans la famille, l’éducation des enfants est de plus en plus partagée.    Par contre, dans les formes d’interaction sociale, les contrastes l’emportent sur les rapprochements. Car les femmes restent fidèles dans les situations nouvelles à des formes de comportement et à des valeurs qui leur ont été inculquées très tôt.

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« fondamentales dans la relation sentimentale aux maths et dans les raisons qui lui sont associées s'établissent entre les forts et les faibles et non entre les filles et lesgarçons.Alors pourquoi cette disparition des filles dans les filières scientifiques ?1.

Entrer dans la filière scientifique, c'est se lancer au cœur de la compétition scolaire.

Or pour les garçons, les pratiques sportives et les bagarres exigent et préparentune forme agressive et conflictuelle de l'estime de soi.

Les garçons sont mieux préparés aux situations où le culte du moi est indispensable.

Dans les premières annéesd'école, les garçons ont du mal à entrer dans le jeu scolaire mais à l'heure des orientations, la surestimation de leurs propres mérites et les prétentions les avantagent etles préparent mieux aux compétitions.2.

Le choix de la future carrière professionnelle se fait sur des critères différents pour les garçons et pour les filles : les garçons accordent à l'argent la placeprépondérante et les filles accordent au temps la place prépondérante. En réalité, ils se conforment à ce que l'on attend d'eux pour leurs rôles familiaux respectifs.C'est donc l'intériorisation même partielle des modèles de comportements traditionnellement associés au statut de la femme qui explique la disparition des filles desfilières scientifiques.

Selon le modèle traditionnel, les filles ont moins d'intérêt pour la connaissance rationnelle de la nature, ont moins intériorisé les valeurs decompétition et ont plus d'incertitude sur l'investissement strictement professionnel.

Cela rend les filles plus fragiles et les expose à l'élimination ou à l'auto-élimination. Au départ, les stéréotypes sociaux préparent mieux les filles à s'intégrer au monde social de l'école qui est bien le prolongement de la vie familiale.

C'est cettemeilleure sociabilisation qui explique l'avance prise par les filles dans les premières années d'école.

Les garçons sont eux au départ victimes de l' « enfance du chef »que leur réserve la tradition : les garçons forment leur ego sur des patrons para scolaires.

Mais par après dans toutes les circonstances scolaires nombreuses etdécisives, là où il faut se mettre en avant et s'imposer les garçons tirent avantage de cette culture de l' »agon ».

La compétition scolaire les avantage. En France, au lycée, les filles sont majoritaires et la mixité dans les classes est la règle et l'usage.

Par contre, dans l'enseignement professionnel, les filles et les garçonssont séparés dés l'entrée et scolarisés dans des sections étanches.

Car l'enseignement professionnel plus que tout autre prépare l'homme et la femme à leurs rôlessociaux traditionnels : la femme s'occupe du ménage et des enfants, l'homme rapporte son salaire.

Ça s'explique par le fait que l'enseignement professionnel est enprise directe avec le système productif et que la division sexuelle du travail est, ou était, une condition incontournable de survie pour les familles ouvrières. La désindustrialisation et la tertiarisation de l'économie des pays riches ainsi que le processus de déstabilisation des rôles et des statuts au sein de la famille ont créédes conditions économiques et familiales favorables à la scolarisation des filles et à l'emploi féminin.

Mais 3 verrous font aujourd'hui obstacle à l'égalisation àdiplôme égal, des statuts professionnels des hommes et des femmes : Le 1er verrou est la structure des emplois : les perspectives d'emploi ouvertes aux femmes ne paraissent pas avoir changé depuis 20 ou 30 ans.

Pour les moins titrées,ce sera la surexploitation dans les branches marginales de l'industrie et pour les plus scolarisées, la concurrence avec les plus diplômés des hommes dans le secteurtertiaire.

Ce n'est qu'au sommet qu'il y a un rapprochement des destins masculins et féminins.

Dans l'industrie, le rejet des femmes dépend surtout par la prise encompte par les dirigeants des stéréotypes les plus courants associés au sexe.

La définition des postes affectés aux femmes et l'estimation sociale de leur travail sontconstruites autour d'un postulat commun : il n'est pas rentable économiquement de reconnaître aux femmes une qualification ou un métier (et ce n'est pas non plusnécessaire socialement). Le 2e verrou est le partage des tâches domestiques au sein de la famille : la charge repose presque exclusivement sur les épaules de la femme.

S'agissant d'unedimension très profonde de la définition des identités, cela n'a rien de surprenant.

Mais dans les milieux les plus instruits, les femmes remettent plus en cause cetteconception des rôles des sexes. Le 3e verrou est le mécanisme de fixation des salaires.

Les facteurs qui multiplient le salaire des hommes (comme l'ancienneté, la taille de l'entreprise...) agissentavec moins de force sur les salaires des femmes.

De plus, à qualification égale quelque soit le secteur, les salaires féminins sont toujours inférieurs aux salairesmasculins.

Et les écarts entre homme et femme s'accroissent quand on monte dans la hiérarchisation des qualifications.

Tout se passe comme si la fonction deresponsabilité comportait dés la définition de l'emploi une destination masculine.En fait, on ne peut pas dire que la loi « à travail égal, salaire égal » n'est pas respectée car en fait la condition (travail identique entre homme et femme) n'est jamaisréalisée.L'explication, c'est que la différence homme-femme est une différence de base à partir de laquelle s'édifie tout le système : l'inégalité entre les sexes est un phénomènesocial total. En conclusion : en France, comme dans la plupart des pays riches où l'égalité des sexes devant l'instruction supérieure s'est réalisée, s'est imposée une formule banaled'égalité scolaire dans la différence : aux garçons les filières prométhéennes et aux filles les filières relationnelles.

Mais plusieurs innovations véritables annoncent destransformations futures. En effet, les filles ont conquis les études commerciales et se retrouvent donc naturellement dans les grandes entreprises.

Elles ont conquis le monde médical ettransformé la profession.

Les filles sont aussi entrées même minoritairement dans les études réservées aux hommes, ce qui fait que plus aucune profession ne peutplus se prévaloir d'être exclusivement masculine.Dans la société, les rapprochements entre les sexes ont été rapides : mêmes attentes des filles et garçons pour leur vie professionnelle, intérêt et entrée des femmes enpolitique, rapprochement des tenues vestimentaires.

Dans la famille, l'éducation des enfants est de plus en plus partagée. Par contre, dans les formes d'interaction sociale, les contrastes l'emportent sur les rapprochements.

Car les femmes restent fidèles dans les situations nouvelles à desformes de comportement et à des valeurs qui leur ont été inculquées très tôt. Les hommes et les femmes ont des intérêts culturels très différents qui font l'objet d'une adhésion volontaire.

Pour les femmes, c'est le souci du psychologique, lerespect des règles et des autres, la préoccupation des relations familiales.

Pour les hommes, c'est une culture tournée vers la guerre et la compétition.

Ce dualisme neva pas nécessairement à l'encontre des évolutions économiques.

Dans beaucoup d'entreprises on souhaite développer les relations et construire un monde du travailplus accueillant.

Mais les femmes pour s'y sentir pleinement à l'aise devront apprendre les lois dures de la concurrence et du conflit.Les entreprises peuvent imaginer des profils de rémunérations et de carrière où les interruptions de carrière et le temps partiel ne soient plus pénalisés.L'école a permis aux filles, en leur fournissant les moyens intellectuels, de se construire de nouveaux modes de vie et elle a donc joué un grand rôle d'innovation.Pour freiner ou accélérer ce mouvement à l'école, tout dépend de la politique qui sera adoptée par les dirigeants : verrouiller l'accès ou au contraire mener unepolitique d'ouverture des filières scolaires. Au sein de la famille, l'évolution des comportements est très timide mais ce conservatisme s'explique surtout par une adaptation aux conditions actuelles desprestations familiales et des inégalités de salaire entre homme et femme.. »

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