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Althusser et le marxisme ?

Publié le 01/06/2009

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La pauvre dialectique a eu des aventures depuis Hegel et Marx. On en a fait un grand principe explicatif qui ramène tout à un simple facteur se dédoublant indéfiniment pour se retrouver, toujours aussi unique, à un niveau supérieur. Cela satisfait la conscience mythologisante de certains hommes qui aiment à voir le monde comme un conflit entre les anges blancs et les anges noirs que le Saint-Michel de la synthèse vient finalement réconcilier non sans avoir porté quelques coups fatals aux anges noirs, commente ironiquement J.-M. Auzias. Cela est simple et faux, répond aujourd'hui Althusser. Le vrai n'est que dans le complexe. Débarrassons-nous de la dialectique qui superpose une logique hétérogène à la complexité structurale régionale de chaque science. Le réel n'est pas dialectique, il est structural. Le propos de ce chapitre interdit d'étudier le structuralisme althussérien, et son concept de surdétermination qui rend compte du problème de l'émergence du nouveau dans l'histoire. Résumons cependant la position du marxiste Althusser par rapport au marxisme, qui est essentiellement une application au XXe siècle de la critique selon la méthode et l'esprit de Marx.

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« Une idéologie est un système (logique, rigueur propre) de représentations (images, mythes, idées,concepts) doué d'une existence et d'un rôle historiques au sein d'une société donnée.Elle se distingue de la science en ce que sa fonction praticosociale l'emporte en elle sur la fonction théorique (oufonction de connaissance).Les sujets de l'histoire sont les sociétés humaines.

Ces sociétés sont des totalités dans lesquelles on constate troisgrands groupes d'activités (Engels) : économie, politique, idéologie.

L'idéologie fait organiquement partie, commetelle, de toute totalité sociale.

Par conséquent, le matérialisme historique ne peut concevoir qu'une sociétécommuniste elle-même puisse jamais se passer d'idéologie (morale, art, représentation du monde, etc.).L'idéologie n'est pas une aberration ou une excroissance contingente de l'histoire : elle est une structure essentielleà la vie historique.

Le rapport « vécu » des hommes au monde, y compris à l'histoire, passe par l'idéologie.

Bienmieux : est l'idéologie elle-même.Dans le cas d'une société de classes, l'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante.Dans une société sans classe, l'idéologie subsiste comme système de représentation de masse.

Elle estindispensable pour former les hommes, les transformer, elle est le relais par lequel, et l'élément dans lequel, lerapport des hommes à leurs conditions d'existence se vit au profit de tous les hommes (et non plus au profit de laclasse dominante).A l'heure actuelle, dans l'humanisme socialiste de la personne, l'Union Soviétique prend acte, pour son compte, dudépassement de la période de dictature du prolétariat, mais aussi rejette et condamne ses « abus » : les formesaberrantes et « criminelles » qu'elle prit dans la période du culte de la personnalité.Une société qui avance vers la réalisation du progrès, de la liberté, du pain et du libre développement ne devrait pasavoir besoin de mettre ainsi l'accent sur « l'homme », comme pour le préserver, puisqu'il n'y a plus lieu de «préserver », l'homme libéré par la révolution prolétarienne.Mais, si l'homme soviétique a besoin de l'humanisme socialiste, c'est parce qu'il faut tenir compte du lourd héritagedu passé (erreurs de Staline), et prendre son souffle pour préparer une nouvelle mutation historique immense.

Il fautencore donner aux Soviétiques une idée d'eux-mêmes qui les aide à vivre leur histoire.Attention! Il pourrait être dangereux d'user sans discrimination, ni réserves, comme si c'était un concept théorique,d'un concept idéologique comme l'humanisme.

L'humanisme est chargé de l'inconscient idéologique, il recoupe lesthèmes « petits bourgeois » qui ont la vie dure.Nous voici au coeur du problème d'Althusser, et nous avons maintenant les éléments pour le comprendre à traversun exemple concret : Althusser voit avec inquiétude les communistes désigner un phénomène historique importantde l'histoire par le concept de culte de la personnalité.

Ce concept n'est pas un concept théorique : il estintrouvable, inclassable dans la théorie marxiste.Marx n'a jamais considéré qu'un style de comportement politique pût être directement assimilé à une catégoriehistorique, c'est-à-dire à un concept de la théorie du matérialisme historique : s'il désigne.

bien une réalité, il n'estpas son concept.Autrement dit, ce fameux culte de la personnalité n'est qu'une superstructure.

Or voici des « marxistes » quil'expliquent par l'idéologie, qui sont incapables de découvrir dans le marxisme les éléments théoriques qui seulspourraient situer cette superstructure dans la trame de l'histoire, et la comprendre.

Le fait est, pour en rester à cetexemple, que les communistes d'aujourd'hui n'ont pas du tout résolu le problème que leur pose l'intrusion du culte dela personnalité dans leur aventure historique.Pourquoi, demande Althusser, pourquoi justement ne pas poser le problème en termes marxistes ? Le marxismecontient, selon lui, dans ses principes, de quoi poser ce problème en termes de théorie, donc de quoi l'éclairer, etaider à le résoudre.

Althusser demande aux communistes de continuer le marxisme en le respectant : l'invasion de «l'humanisme » à l'Est lui rend la tâche difficile.Cela est bien paradoxal au moment où, en France, Michel Foucault annonce à l'Occident la mort de l'homme.. »

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