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américaine, littérature.

Publié le 06/05/2013

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américaine, littérature. 1 PRÉSENTATION américaine, littérature, littérature de langue anglaise des États-Unis. 2 PÉRIODE COLONIALE ET PRÉRÉVOLUTIONNAIRE La première littérature anglophone américaine produite par les émigrants confrontés à la découverte du Nouveau Monde est un double de la littérature anglaise ; elle est aussi, de par la culture protestante des premiers colons, puritaine et messianique, et en cela le ferment véritable d'une culture proprement américaine. Les premiers écrits sont donc des témoignages et des récits comme History of Plymouth Plantation (publié en 1856), de William Bradford (1590-1657), passager du Mayflower et premier gouverneur de la colonie de Plymouth. Les pasteurs Cotton Mather (Magnalia Christi Americana, 1702) et Jonathan Edwards sont représentatifs du puritanisme ; leurs oeuvres et sermons sont marqués jusqu'à l'obsession par la sauvegarde des âmes égarées dans un monde pressenti comme sauvage et occupé par les forces du mal. Plus près de la « frontière «, les pionniers américains ont laissé nombre de récits de guerres indiennes et de colons capturés par les Indiens, comme A Brief History of the Pequot War (publié en 1736), du colon anglais John Mason, et le récit autobiographique Narrative of Captivity (« Récit de captivité «, 1682) de Mary Rowlandson. Au XVIIIe siècle, la littérature se sécularise et envisage les aspects de la vie quotidienne. Physicien et homme d'État, rédacteur de la déclaration de l'Indépendance, Benjamin Franklin appartient au monde des lettres par son activité journalistique, son almanach, Poor Richard's Almanack (1732-1757), pétri de maximes morales où allaient puiser tant de générations d'Américains, et par son Autobiographie (1794), remarquable par la justification de l'utilitarisme. Premier récit autobiographique d'un auteur noir, The Interesting Narrative of the Life of Gustavus Vassa, the African (1789, Londres) fut attribuée à Olaudah Equiano, un esclave qui acheta sa liberté, s'installa en Angleterre et prit une part active au mouvement anti-esclavagiste. 3 LA GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ET LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE Entre l'accession au trône du roi George III, en 1760, et la création en 1789 d'un gouvernement fédéral américain, hommes d'État, journalistes et historiens se mobilisèrent par leurs écrits, ainsi qu'en témoignent les écrits de Thomas Jefferson, Washington Irving, et Benjamin Franklin. Plusieurs personnalités littéraires se révélèrent ainsi dans le tumulte de la guerre de l'Indépendance, tels Thomas Paine et le poète Philip Morin Freneau (1752-1832), dont le célèbre Bateau-prison britannique (1781) lui valut le titre de « poète de la révolution américaine «, alors que la Maison de la nuit (1779) appartient au romantisme gothique. Après la révolution américaine, sous le gouvernement du président George Washington, un groupe de jeunes poètes, John Trumbull (1750-1831), Joël Barlow (1754-1812) et David Humphreys (1752-1818), émergea de Hartford (Connecticut), et se fit connaître sous le nom de « Hartford Wits «, expression issue de leur collaboration à l'Anarchiad, publiée en plein débat constitutionnel, en 1786-1787. Cette époque vit la genèse du roman américain avec la Chevalerie moderne (1792-1815), vaste tableau de moeurs composé d'aventures picaresques de Hugh Henry Brackenridge (1748-1916), ou avec les récits mêlant terreur gothique et pseudo-science de Charles Brockden Brown (1771-1810) qui refusait tout didactisme et qui annonce Edgar Allan Poe et Nathaniel Hawthorne. 3.1 Le début du XIXe siècle Une tâche littéraire attendait la jeune nation : faire la preuve de sa maturité culturelle. Certains auteurs pensaient qu'à un changement politique radical devait correspondre une littérature radicalement nouvelle ; d'autres demeurèrent proches de la littérature européenne. À New York, principal point de rencontre des novateurs, travaillèrent les trois premiers grands créateurs d'une littérature indigène : Washington Irving, William Cullen Bryant (1794-1878) et James Fenimore Cooper. Premier écrivain américain de réputation internationale, Washington Irving symbolise le passage du rationalisme modéré du XVIIIe siècle au romantisme du XIXe ; ses célèbres histoires de Rip Van Winkle et d'Ichabod Crane, tirées du Livre d'esquisses (1819- 1820), font aujourd'hui partie de la mythologie américaine. Rédacteur en chef du New York Evening Post de 1829 à 1878, dans les colonnes duquel il défendit les thèses abolitionnistes, William Cullen Bryant est aujourd'hui considéré comme le père de la poésie américaine ; traducteur d'Homère, il est l'auteur de poèmes empreints de sa foi déiste, et d'une grande quiétude. James Fenimore Cooper se rendit mondialement célèbre pour ses Frontier Novels (« romans de la frontière «) au point que la critique le surnomma le « Walter Scott américain «. Le cycle de « Bas-de-Cuir « (les Pionniers, 1823 ; le Dernier des Mohicans, 1826 ; la Prairie, 1827 ; le Guide, 1840 ; le Tueur de daims, 1841) constitue moins une épopée de la conquête de l'Amérique, dont le héros, Natty Bumppo, prototype du pionnier américain, exprime toute l'ambivalence, que l'élégie d'une nature et d'une culture primitive irrémédiablement détruite. Regroupés autour du collège Harvard, les poètes de Cambridge représentèrent l'attachement des lettres américaines aux traditions européennes ; le plus célèbre d'entre eux, le poète Henry Wadsworth Longfellow, traduisit admirablement la Divine Comédie. La plupart des oeuvres des Noirs américains de la première moitié du XIXe siècle reflètent l'horreur et l'immoralité de l'esclavage aux États-Unis, et réfutent la vision romantique de la vie dans les plantations avant la guerre de Sécession que présentent de nombreux écrivains blancs du Sud. Parmi les oeuvres les plus marquantes figurent l'autobiographie du grand abolitionniste Frederick Douglass et The Condition, Elevation, Emigration, and Destiny of the Colored People of the United States (1852) de Martin Robinson Delany. L'historien, romancier et dramaturge William Wells Brown, ancien esclave affranchi en 1834, fut l'auteur du premier roman d'un Noir américain, Clotel, or, The President's Daughter (« Clotel ou la fille du Président «, 1853) ; son thème, le mariage interracial, est représentatif du dilemme culturel des Afro-Américains, déchirés entre leur héritage africain et la recherche de racines aux États-Unis. Certains écrivains du XIXe siècle cherchèrent des solutions radicales au problème de l'identité culturelle américaine. Fondateur du transcendantalisme, Ralph Waldo Emerson ne se contenta pas de rejeter un cosmopolitisme distingué, mais défendit une philosophie vivifiante de l'individualisme idéaliste, qui n'est pas sans écho avec la pensée allemande de l'époque et le romantisme anglais. Lié au transcendantalisme et ami d'Emerson, Henry David Thoreau exposa ses conceptions de la vie, affranchie de la loi du profit et des prescriptions politiques dans Walden, ou la Vie dans les bois (1854) et De la désobéissance civile (1849), qui inspira notamment Gandhi. Hawthorne, quant à lui, attaqua l'intolérance et le fanatisme puritains dans la Lettre écarlate (1850) et y développa, comme dans le reste de son oeuvre, une vision romantique et émotionnelle du monde, où le bien et le mal sont inextricablement liés. Au moment où Emerson établissait la métaphysique du succès, Herman Melville contait dans un livre phare, Moby Dick (1851), la quête passionnée de l'homme désireux de transcendance et incapable de croire, et livrait une des plus amères méditations sur l'échec de la création littéraire. Indifférent à la vie et à l'histoire du Sud d'où il était originaire, Edgar Allan Poe construisit à travers son oeuvre un univers imaginaire, sombre et paranoïaque, caractérisé par une logique implacable et une angoisse omniprésente. Ses Histoires extraordinaires fondèrent la littérature policière américaine avec notamment « Double Assassinat dans la rue Morgue « (1841) et « la Lettre volée « (1844). Le contraire de Poe à bien des égards, Walt Whitman fut longtemps l'emblème de la poésie américaine ; dans son oeuvre maîtresse Feuilles d'herbe (1855-1892), il développa un style positif et mystique, exaltant la nature. Longtemps demeurée méconnue de ses contemporains, l'oeuvre intensément personnelle d'Emily Dickinson, centrée sur le moi, la nature et la mort, se situe entre la tradition romantique américaine et la tradition calviniste de la Nouvelle-Angleterre. 3.2 La guerre de Sécession américaine et la fin du XIXe siècle Non sans humour, Abraham Lincoln parlait de l'auteur de la Case de l'oncle Tom (1852), Harriet Beecher-Stowe, comme de « la petite femme qui a provoqué cette grande guerre «. Plus qu'une grande oeuvre littéraire, ce roman fut surtout l'expression du profond sentiment abolitionniste des Nordistes. Après la guerre de Sécession, la littérature américaine devint florissante, notamment grâce à la démocratisation de la lecture et de l'enseignement. James Russell Lowell (1819-1891), dans la prestigieuse et influente revue littéraire Atlantic Monthly, fondée en 1857, défendit le folklore populaire américain. Dans le Sud, George Washington Cable (1844-1925) établit le thème créole dans la littérature (Old Creole Days, 1879), Joel Chandler Harris (1848-1908) a superbement transcrit le folklore et le dialecte noirs dans ses contes (Uncle Remus, His Songs and His Sayings, 1880), tandis que Kate O'Flaherty Chopin (1851-1904), née en Louisiane, a décrit le monde créole et cajun dans ses récits (Bayou Folk, 1894 ; A Night in Acady, 1897). À ses débuts, la littérature humoristique eut tendance à s'approprier les qualités du dialecte yankee, comme en témoignent The Biglow Papers (1848-1867) de James Russell Lowell (1819-1891). De cette tradition émergea une des plus fortes personnalités littéraires, Samuel Langhorne Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, dont les Aventures de Tom Sawyer (1876) et les Aventures de Huckleberry Finn (1884), dépassant la veine satirique, sont deux tableaux de la vie sur les bords Mississippi. Ami et mentor de Mark Twain, le romancier et critique William Dean Howells (1837-1920) exposa dans Criticism and Fiction (1891) l'idée que la littérature se doit de refléter les faits de la vie humaine et contemporaine. Autour de lui se regroupèrent réalistes et naturalistes, notamment les romanciers et nouvellistes Hamlin Garland (Main-Travelled Roads, 1890), Stephen Crane (1871-1900) avec la Conquête du courage (1895) et Frank Norris (1870-1902) avec la Pieuvre (1901), ainsi que ce génie singulier, journaliste et auteur satirique, Ambrose Gwinett Bierce auteur de In the Midst of Life (« Au milieu de la vie «, 1898 ou du Dictionnaire du diable (1906). Leurs successeurs dans les premières années du XXe siècle furent Upton Sinclair, moraliste sombre au style luxuriant (la Jungle, 1906) et Jack London, auteur d'une véritable « Comédie humaine « de l'Amérique pauvre au tournant du siècle (le Talon de fer, 1907 ; Martin Eden, 1909), et de romans d'aventure (l'Appel de la forêt, 1903). London orienta le naturalisme vers la révolte sociale, prenant fait et cause pour les travailleurs et paysans contre le pouvoir croissant des affaires et de la corruption dans la Californie de l'ère industrielle. Romancier et journaliste, Theodore Dreiser passa du naturalisme au mysticisme religieux, mais son roman Une tragédie américaine (1925) demeure, avec McTeague (1899) de Frank Norris (1870-1902), l'un des plus représentatifs du roman naturaliste américain. Loin des préoccupations des réalistes et naturalistes, Henry James composa de subtiles et pénétrantes analyses des relations humaines dans des romans (l'Américain, 1877 ; les Ambassadeurs, 1903 ; la Coupe d'or, 1904), ayant pour thème le conflit entre les valeurs européennes et américaines. Il fut également un maître de la nouvelle fantastique (le Tour d'écrou, 1898) ou psychologique, et influença des romancières comme Edith Wharton (l'Âge de l'innocence, 1920), Ellen Glasgow (18731945), prix Pulitzer en 1941 avec In This Our Life (1941) et Willa Cather. L'oeuvre du frère d'Henry James, le philosophe et psychologue William James (1842-1910), eut un profond retentissement sur l'expression littéraire aux États-Unis comme à l'étranger ; le pragmatisme, sa doctrine philosophique, devint un courant majeur de la pensée américaine. Au tournant du siècle, des écrivains noirs : Frank J. Webband, The Garies and Their Friends (1875) ; Sutton Griggs, Imperium in Imperio (1899) ; Charles Waddell Chestnutt, The Conjure Woman (1899), laissent éclater leur colère dans des oeuvres oscillant entre l'appel au combat et le plaidoyer pour l'acceptation. Un peu plus tard, le journaliste et écrivain William Edward Burghart Du Bois (1868-1963) fonda la National Association for the Advancement of Colored People. 4 LE XXE SIÈCLE Avec la révolution des communications et les nouveaux moyens de transport qu'apporta le XXe siècle, le régionalisme prédominant dans la littérature du XIXe siècle s'estompa, sauf dans l'oeuvre de quelques écrivains du Sud. Au même moment, les auteurs américains commençaient à exercer une forte influence sur la littérature mondiale et entreprirent, dans l'art dramatique, la poésie et la fiction, des expériences littéraires radicales. 4.1 La fiction des années 1920 La réaction contre le romantisme du XIXe siècle, qui commençait à se faire sentir à l'aube du siècle, fut galvanisée par l'expérience brutale de la Première Guerre mondiale, et l'insoutenable réalité de la guerre eut un impact durable sur l'imagination américaine. Monnaie de singe (1926) de William Faulkner, Le soleil se lève aussi (1926) et l'Adieu aux armes (1929) d'Hemingway décrivent la guerre, sauvage et ignoble. La décennie qui suivit la Première Guerre mondiale est souvent appelée aux États-Unis « Jazz Age «, ou encore « Roaring Twenties « (« les ronflantes années vingt «). L'explosion de la culture afro-américaine avec le jazz, la prohibition, le rejet du puritanisme provoquèrent dans la société américaine de rapides changements qui affectèrent profondément la littérature. L'oeuvre puissante de Sherwood Anderson eut une grande influence, notamment Winesburg, Ohio (1919), ensemble de nouvelles d'une psychologie pénétrante. F. Scott Fitzgerald se fit l'observateur satirique de la haute société (l'Envers du paradis, 1920 ; Gatsby le magnifique, 1925), critiques acerbes du « rêve américain «, de la soif d'argent et de pouvoir. Sinclair Lewis, premier romancier américain à recevoir le prix Nobel (1930), fit également la satire de la mentalité affairiste et des parvenus (Main Street, 1920 ; Dodsworth, 1929). Gertrude Stein, femme de lettres américaine installée à Paris, baptisa lost generation un groupe de jeunes Américains déracinés qui affluèrent en Europe entre les deux guerres. Ce groupe comprenait Anderson, Fitzgerald et Thornton Wilder auteur du Pont du roi Saint Louis (1927). De ce groupe est également issu l'un des plus grands écrivains américains de ce siècle, Ernest Hemingway. Après ses romans de guerre incarnant des survivants cyniques et désabusés, Hemingway publia des livres de nouvelles, dont Hommes sans femmes (1927). Autre styliste remarquable, Henry Miller écrivit sa première série de livres autobiographiques : Tropique du cancer (1934) et Tropique du capricorne (1939) à Paris. Il choqua l'Amérique bien-pensante par sa description crue -- mais profonde et sincère -- des relations humaines et du sexe. 4.2 La renaissance de Harlem Entre 1920 et 1930, une grande explosion d'activité créatrice (souvent appelée « Harlem Renaissance « car son centre fut le quartier de Harlem, à New York) émana de la communauté noire américaine et s'étendit à tous les domaines de la vie artistique. Des intellectuels noirs américains, et parmi eux Countee Cullen (1903-1946), Langston Hughes (1902-1967), commencèrent à revendiquer ouvertement leur patrimoine et leurs racines africaines. Bien qu'originaire du Sud, la romancière Zora Neale Hurston (1903-1960) fut une grande figure de cette culture noire new-yorkaise. 4.3 Les années de la Dépression Mettant un terme à l'éclat et aux excès du Jazz Age, le krach boursier de 1929 ouvrit la « décennie de la colère «. Le roman se fit alors néonaturaliste, reflet des révoltes sociales et des rigueurs de la Grande Dépression. Les romancières Zora Neale Hurston (Their Eyes Were Watching God, « Une femme noire «, 1937) et Arna Bontemps (Tonnerre noir, 1936) abordèrent avec réalisme des questions sociales. La production romanesque de John Steinbeck (Des souris et des hommes, 1937 ; les Raisins de la colère, 1939) est une oeuvre militante empreinte de revendication sociale. De même, Erskine Caldwell a décrit la misère des paysans du Sud (le Petit Arpent du Bon Dieu, 1933). La lutte des classes est au coeur de deux trilogies monumentales, Studs Lonigan (1932-1935) de James Thomas Farrell (1904-1979), et U.S.A. (1930-1936) de John Dos Passos, également imprégnées d'amertume et de rage. La littérature policière des années 1930, née de l'aliénation urbaine et de la Prohibition, offrit également une vision pessimiste de la société américaine ; elle acquit ses lettres de noblesse avec des auteurs comme Dashiell Hammett et Raymond Chandler. L'oeuvre foisonnante et monumentale de William Faulkner, prix Nobel de littérature en 1949, explore souvent l'enfer des grandes familles déchues du Sud (le Bruit et la Fureur, 1929 ; Sanctuaire, 1931 ; Absalon ! Absalon !, 1936). Son style vertigineux situe faits et événements dans le temps et l'ordre de la conscience, plutôt que dans la réalité objective. 4.4 La Seconde Guerre mondiale Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, la fiction se partagea entre réalistes et naturalistes d'une part, et, d'autre part, ceux qui recoururent à l'humour noir et à l'absurde pour décrire l'horreur absolue de la guerre. Parmi les romans les plus remarquables sur la Seconde Guerre mondiale figurent Tant qu'il y aura des hommes (1951) de James Jones (1921-1977), et les Nus et les Morts (1948), de Norman Mailer. Un grand individualisme se dégageait des romans de guerre, cette tendance se poursuivit dans les deux décennies qui suivirent. Vladimir Nabokov, né en Russie, devint aux États-Unis l'un des plus grands maîtres de la prose de langue anglaise. Ses romans situés en Amérique, comme Lolita (1955) et Feu pâle (1962), constituent de remarquables exemples de tragi-comédie. Le roman de Jerome David Salinger sur une adolescence rebelle, l'Attrape-coeurs (1951), fait preuve d'une observation à la fois pleine d'humour et d'une précision terrifiante, de même que Catch 22 (1961), de Joseph Heller (1923-1999), étude sans concession de l'autorité et la satire de la mentalité militaire. Autre écrivain novateur très apprécié pour son humour noir, Kurt Vonnegut, Jr. fonda son roman Abattoir 5 (1969) sur son expérience dans un camp de prisonniers allemand durant la guerre. Son récit à plusieurs niveaux combinait avec brio réalisme et science-fiction, genre qui fleurit dans les décennies d'après guerre, inspirant de nombreux auteurs, parmi lesquels Isaac Asimov, Ray Bradbury, Alfred Elton Van Vogt (1912-2000), Theodore Sturgeon (1918-1985). Autre écrivain de l'absurde, le Californien Thomas Pynchon (1937- ) a écrit des romans-fleuves aux intrigues machiavéliques et délirantes, comme V (1963) et l'Arc-en-ciel de la gravité (1973). Parmi les écrivains du Sud qui poursuivirent la tradition de Faulkner, parfois appelés « sudistes gothiques «, citons Carson McCullers auteur du célèbre Le coeur est un chasseur solitaire (1946), Truman Capote auteur notamment des Domaines hantés (1947), Eudora Welty (1909-2001) et Flannery O'Connor avec Et ce sont les violents qui l'emportent (1960). L'un des plus prolifiques d'entre eux, Joyce Carol Oates a peint la condition féminine dans des romans gothiques (le Pays des merveilles, 1971). Deux des principaux romanciers de la côte est, John Cheever (Wapshot Chronicle, 1957) et John Updike, partagent les mêmes préoccupations et la même approche dans leurs méditations désabusées, chagrines ou satiriques sur la vie de la haute bourgeoisie dans les banlieues de la Nouvelle-Angleterre. 4.5 Littérature « ethnique « Les « minorités ethniques « qui se revendiquent comme telles aux États-Unis, notamment Amérindiens, Noirs, juifs, et plus récemment Hispaniques, ont exprimé dans leurs oeuvres leur souci de leur patrimoine culturel et de leur rôle dans la société américaine. Examinant leur vie d'immigrants dans l'Amérique urbaine du XXe siècle, tantôt avec désespoir, tantôt avec humour, plusieurs écrivains juifs ont produit de remarquables romans d'introspection. Le chef de file de l'école des romanciers juifs américains est Saul Bellow (prix Nobel 1976), qui a campé avec humour et compassion des personnages confrontés à l'inadéquation qui existe entre leurs aspirations et la réalité ( les Aventures d'Augie March, 1953 ; Herzog, 1964). Isaac Bashevis Singer (prix Nobel 1978) fut l'un des derniers écrivains à faire revivre dans ses romans la culture ashkénaze quasi disparue dans l'holocauste de la Seconde Guerre mondiale ( Shosha, 1978). Retenons également Bernard Malamud, auteur du Commis (1957) et de plusieurs recueils de nouvelles obsédantes ; et Philip Roth qui s'est attaché, dans un style très personnel, à décrire les perplexités d'un intellectuel juif de la côte est ( Portnoy et son complexe, 1959) Avec pour toile de fond la transition entre la Dépression et l'intervention des États-Unis dans la guerre, les écrivains noirs traitèrent, d'un point de vue personnel, l'éternel problème des préjugés raciaux. Un enfant du pays (1940) et l'autobiographie romancée Black Boy (1945), de Richard Wright, sont des constats émouvants, écrits de façon austère et réaliste. James Baldwin s'indigna de la situation des Afro-Américains dans son roman les Élus du Seigneur (1953), et dans des essais comme Personne ne sait mon nom (1961). Alice Walker, poétesse et romancière, s'est rendue célèbre avec la Couleur pourpre (1982), qui obtint le prix Pulitzer avant d'être transposé au cinéma ; elle y utilise, dans un style proche de Faulkner, le dialecte des Noirs du Sud rural. D'autres romancières de talent se sont exprimées de leur point de vue spécifique de femmes noires ; ainsi Toni Morrison, dans l'OEil le plus bleu (1969) et la Chanson de Salomon (1977), dépeint l'expérience noire du Sud. Son roman Beloved (1987), terrible constat sur l'esclavage et tour de force stylistique, reçut le prix Pulitzer en 1988. Le prix Nobel 1993 couronna son oeuvre. Quant aux Amérindiens, s'ils sont les habitants originels du continent américain, ils n'ont commencé que vers le milieu du siècle à produire une littérature anglophone, dont l'originalité réside dans la vivacité des traditions orales qui la traversent, et la dénonciation d'une histoire coloniale sanglante. Ces peuples comptent pourtant déjà de grands talents, comme Navarro Scott Momaday, écrivain kiowa, qui reçut le prix Pulitzer en 1969 pour son roman la Maison faite d'aube. 4.6 La poésie du XXe siècle Une extraordinaire renaissance de la poésie s'exprima dans l'imagisme, mouvement lancé par les poètes Amy Lowell (1874-1925) et Ezra Pound. Les imagistes entreprirent de révolutionner le style poétique, mais deux autres tendances connurent plus de succès : un groupe de poètes de l'Illinois, parmi lesquels Vachel Lindsay (1879-1931), et Carl Sandburg ainsi qu'un groupe d'écrivains de la Nouvelle-Angleterre, dont le très populaire Robert Frost. La publication de la Terre vaine (1922), du poète anglo-américain T. S. Eliot, marqua un tournant dans la poésie américaine. Les tendances ésotériques d'Ezra Pound dans la forme de versification, la langue et le symbolisme s'affirmèrent encore dans ses Cantos (1925-1960). Eliot et Pound eurent une immense influence sur l'évolution de la poésie du XXe siècle, ainsi que l'oeuvre de William Carlos Williams, dont les quarante volumes de prose et de poèmes inspirèrent des générations de poètes. De complexes expérimentations en vers furent menées par Wallace Stevens dans l'Homme à la guitare bleue (1937) et Marianne Moore (1887-1972), tandis que Hart Crane (1899-1932) développait un style épique dans le Pont (1930). L'oeuvre très inventive d'E.E. Cummings fut, au-delà de ses jeux typographiques et de son langage imagé, un hymne à la liberté et à l'anticonformisme. Les poètes contestataires de la beat generation utilisèrent un langage plus direct et plus proche de l'oral. Très différente par son ton est la lignée de la tradition orale des Noirs du Sud, comme Maya Angelou (Just Give Me a Cool Drink of Water 'fore I Die, 1971). Poésies du malaise et de l'angoisse, les oeuvres de Robert Lowell (1917-1977), Lord Weary's Castle (1946), de Sylvia Plath (Ariel, 1965) et Anne Sexton (1928-1974) sont souvent fondées sur les images de fractures personnelles, ou de crises mentales graves. 4.7 Société et littérature au XXe siècle Les nombreux problèmes et événements tant sociaux qu'historiques du XXe siècle eurent en Amérique des effets considérables sur la littérature, et amenèrent nombre d'écrivains à s'interroger, dans une tradition réaliste, à travers la fiction comme les études, sur le monde contemporain. Après de brillantes études et analyses politiques parues pendant les années 1930, le terrifiant rapport du romancier John Hersey sur Hiroshima (1946) décrivit les effets de la première bombe atomique. Truman Capote inventa le roman documentaire « non-fiction novel «, avec De sang-froid (1966), compte rendu pénible du meurtre d'une famille du Kansas. Les mouvements de revendication des droits civiques suscitèrent dans les années 1950 et 1960 des oeuvres tirées de l'expérience des Noirs américains. Parmi eux, le dramaturge et poète Amiri Baraka (-- pseudonyme de Everett LeRoi Jones -- et le leader nationaliste noir Malcolm X, qui rédigea son influente Autobiography of Malcolm X (1965) avec Alex Haley (1921-1992). Ce dernier se fit connaître plus tard avec Racines (1976), récit romancé de l'histoire de sa famille depuis ses origines en Afrique jusqu'à nos jours. La guerre du Viêt Nam a fait l'objet d'une littérature abondante, souvent extrêmement critique ; My Lai 4 (1970) de Seymour M. Hersh raconte le massacre de civils vietnamiens par les troupes américaines en 1968. Dans la tradition féministe née des années 1960, Betty Friedan s'est interrogée sur les raisons pour lesquelles les femmes n'ont pas atteint les objectifs que leur laissaient entrevoir les premiers efforts en faveur des droits de la femme (The Feminine Mystique, 1963). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« le moi, la nature et la mort, se situe entre la tradition romantique américaine et la tradition calviniste de la Nouvelle-Angleterre. 3. 2 La guerre de Sécession américaine et la fin du XIX e siècle Non sans humour, Abraham Lincoln parlait de l’auteur de la Case de l’oncle Tom (1852), Harriet Beecher-Stowe, comme de « la petite femme qui a provoqué cette grande guerre ».

Plus qu’une grande œuvre littéraire, ce roman fut surtout l’expression du profond sentiment abolitionniste des Nordistes.

Après la guerre de Sécession, la littérature américaine devint florissante, notamment grâce à la démocratisation de la lecture et de l’enseignement.

James Russell Lowell (1819-1891), dans la prestigieuse et influente revue littéraire Atlantic Monthly, fondée en 1857, défendit le folklore populaire américain.

Dans le Sud, George Washington Cable (1844-1925) établit le thème créole dans la littérature ( Old Creole Days, 1879), Joel Chandler Harris (1848-1908) a superbement transcrit le folklore et le dialecte noirs dans ses contes ( Uncle Remus, His Songs and His Sayings, 1880), tandis que Kate O’Flaherty Chopin (1851-1904), née en Louisiane, a décrit le monde créole et cajun dans ses récits ( Bayou Folk, 1894 ; A Night in Acady, 1897). À ses débuts, la littérature humoristique eut tendance à s’approprier les qualités du dialecte yankee, comme en témoignent The Biglow Papers (1848-1867) de James Russell Lowell (1819-1891).

De cette tradition émergea une des plus fortes personnalités littéraires, Samuel Langhorne Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, dont les Aventures de Tom Sawyer (1876) et les Aventures de Huckleberry Finn (1884), dépassant la veine satirique, sont deux tableaux de la vie sur les bords Mississippi. Ami et mentor de Mark Twain, le romancier et critique William Dean Howells (1837-1920) exposa dans Criticism and Fiction (1891) l’idée que la littérature se doit de refléter les faits de la vie humaine et contemporaine.

Autour de lui se regroupèrent réalistes et naturalistes, notamment les romanciers et nouvellistes Hamlin Garland ( Main-Travelled Roads, 1890), Stephen Crane (1871-1900) avec la Conquête du courage (1895) et Frank Norris (1870-1902) avec la Pieuvre (1901), ainsi que ce génie singulier, journaliste et auteur satirique, Ambrose Gwinett Bierce auteur de In the Midst of Life (« Au milieu de la vie », 1898 ou du Dictionnaire du diable (1906).

Leurs successeurs dans les premières années du XXe siècle furent Upton Sinclair, moraliste sombre au style luxuriant ( la Jungle, 1906) et Jack London, auteur d’une véritable « Comédie humaine » de l’Amérique pauvre au tournant du siècle ( le Talon de fer, 1907 ; Martin Eden, 1909), et de romans d’aventure ( l’Appel de la forêt, 1903).

London orienta le naturalisme vers la révolte sociale, prenant fait et cause pour les travailleurs et paysans contre le pouvoir croissant des affaires et de la corruption dans la Californie de l’ère industrielle.

Romancier et journaliste, Theodore Dreiser passa du naturalisme au mysticisme religieux, mais son roman Une tragédie américaine (1925) demeure, avec McTeague (1899) de Frank Norris (1870-1902), l’un des plus représentatifs du roman naturaliste américain. Loin des préoccupations des réalistes et naturalistes, Henry James composa de subtiles et pénétrantes analyses des relations humaines dans des romans ( l’Américain, 1877 ; les Ambassadeurs, 1903 ; la Coupe d’or, 1904), ayant pour thème le conflit entre les valeurs européennes et américaines.

Il fut également un maître de la nouvelle fantastique ( le Tour d’écrou, 1898) ou psychologique, et influença des romancières comme Edith Wharton ( l’Âge de l’innocence, 1920), Ellen Glasgow (1873- 1945), prix Pulitzer en 1941 avec In This Our Life (1941) et Willa Cather.

L’œuvre du frère d’Henry James, le philosophe et psychologue William James (1842-1910), eut un profond retentissement sur l’expression littéraire aux États-Unis comme à l’étranger ; le pragmatisme, sa doctrine philosophique, devint un courant majeur de la pensée américaine.

Au tournant du siècle, des écrivains noirs : Frank J.

Webband, The Garies and Their Friends (1875) ; Sutton Griggs, Imperium in Imperio (1899) ; Charles Waddell Chestnutt, The Conjure Woman (1899), laissent éclater leur colère dans des œuvres oscillant entre l’appel au combat et le plaidoyer pour l’acceptation.

Un peu plus tard, le journaliste et écrivain William Edward Burghart Du Bois (1868-1963) fonda la National Association for the Advancement of Colored People. 4 LE XX E SIÈCLE Avec la révolution des communications et les nouveaux moyens de transport qu’apporta le XXe siècle, le régionalisme prédominant dans la littérature du XIXe siècle s’estompa, sauf dans l’œuvre de quelques écrivains du Sud.

Au même moment, les auteurs américains commençaient à exercer une forte influence sur la littérature mondiale et entreprirent, dans l’art dramatique, la poésie et la fiction, des expériences littéraires radicales. 4. 1 La fiction des années 1920 La réaction contre le romantisme du XIXe siècle, qui commençait à se faire sentir à l’aube du siècle, fut galvanisée par l’expérience brutale de la Première Guerre mondiale, et l’insoutenable réalité de la guerre eut un impact durable sur l’imagination américaine.

Monnaie de singe (1926) de William Faulkner, Le soleil se lève aussi (1926) et l’Adieu aux armes (1929) d’Hemingway décrivent la guerre, sauvage et ignoble.

La décennie qui suivit la Première Guerre mondiale est souvent appelée aux États-Unis « Jazz Age », ou encore « Roaring Twenties » (« les ronflantes années vingt »).

L’explosion de la culture afro-américaine avec le jazz, la prohibition, le rejet du puritanisme provoquèrent dans la société américaine de rapides changements qui affectèrent profondément la littérature.

L’œuvre puissante de Sherwood Anderson eut une grande influence, notamment Winesburg, Ohio (1919), ensemble de nouvelles d’une psychologie pénétrante.

F.

Scott Fitzgerald se fit l’observateur satirique de la haute société ( l’Envers du paradis, 1920 ; Gatsby le magnifique, 1925), critiques acerbes du « rêve américain », de la soif d’argent et de pouvoir.

Sinclair Lewis, premier romancier américain à recevoir le prix Nobel (1930), fit également la satire de la mentalité affairiste et des parvenus ( Main Street, 1920 ; Dodsworth, 1929). Gertrude Stein, femme de lettres américaine installée à Paris, baptisa lost generation un groupe de jeunes Américains déracinés qui affluèrent en Europe entre les deux guerres.

Ce groupe comprenait Anderson, Fitzgerald et Thornton Wilder auteur du Pont du roi Saint Louis (1927).

De ce groupe est également issu l’un des plus grands écrivains américains de ce siècle, Ernest Hemingway.

Après ses romans de guerre incarnant des survivants cyniques et désabusés, Hemingway publia des livres de nouvelles, dont Hommes sans femmes (1927).

Autre styliste remarquable, Henry Miller écrivit sa première série de livres autobiographiques : Tropique du cancer (1934) et Tropique du capricorne (1939) à Paris.

Il choqua l’Amérique bien-pensante par sa description crue — mais profonde et sincère — des relations humaines et du sexe. 4. 2 La renaissance de Harlem Entre 1920 et 1930, une grande explosion d’activité créatrice (souvent appelée « Harlem Renaissance » car son centre fut le quartier de Harlem, à New York) émana de la communauté noire américaine et s’étendit à tous les domaines de la vie artistique.

Des intellectuels noirs américains, et parmi eux Countee Cullen (1903-1946), Langston Hughes (1902-1967), commencèrent à revendiquer ouvertement leur patrimoine et leurs racines africaines.

Bien qu’originaire du Sud, la romancière Zora Neale Hurston (1903-1960) fut une grande figure de cette culture noire new-yorkaise. 4. 3 Les années de la Dépression. »

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