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L'amour fait-il le bonheur des hommes ?

Publié le 23/11/2011

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amour

Transition : Mais si l'amour produit un changement, n'est-il pas forcément perturbateur ? De plus, l'amour rend heureux si le manque est pleinement comblé ; il faut alors se poser la question de savoir s'il peut vraiment l'être.   

amour

« féminin dont le modèle est la terre.

Quant à l'amour hétérosexuel, il est le signe d'une imperfection ontologique,puisque le fait d'un être originairement mixte, dont le modèle est la lune.La tradition a donc vu dans ce mythe l'expression la plus parfaite du désir, dont le but serait de ne faire qu'un avecl'être aimé et, finalement, de nier la différence sexuelle qui le fonde.

En témoigne, aux xviiie et xixe siècles, le mythede l'Ange androgyne présent chez des illuministes, comme Swedenborg, ou dans de nombreux récits fantastiques.

Lesuccès de ce mythe tient aussi à la glorification de la sphère, qui, du Sphairos d'Empédocle à la figure géométriquedu cercle ou à la forme des planètes, a toujours figuré la perfection d'une sorte de jouissance autarcique.

Le désirne viserait pas un objet ou un autre, mais soi-même dans l'autre.

Il serait donc de nature narcissique, même dansl'hétérosexualité.

Or, à bien y regarder et à bien écouter l'histoire farfelue d'Aristophane, l'accent est plutôt mis surla coupure, la division, voire la castration, comme origine du désir.

D'où le commentaire de Lacan :Platon a l'air de s'amuser à faire un exercice comique sur sa propre conception du monde, et de l'âme du monde.

Lediscours d'Aristophane, c'est la dérision du Sphairos platonicien, tel qu'il est articulé dans le Timée (Le Transfert, p.114).Suit Agathon qui, peut-être par ce qu'il devra se retrouver en position d'objet désiré à la fin du dialogue, tient lediscours ampoulé et vide du parfait sophiste.

Et il revient, cette fois, à Socrate de s'en moquer. C'était à peu près nul, laisse-t-il entendre, mais que de belles tournures et que de trouvailles rhétoriques.

C'est simonstrueusement beau qu'on en a le souffle coupé, au point, dit Socrate, que « j'ai craint qu'Agathon, en finissantson discours, ne lançât sur le mien la tête de ce monstre d'éloquence qu'était Gorgias et ne m'ôtât la voix en mepétrifiant» (p.

58).

Est-ce une conséquence de la peur du vide causée par ce discours ou un ultime effet du récitaristophanesque des corps découpés, des sexes décousus et recousus, qui fait ici surgir la tête de Méduse ? Freud,dans un texte consacré à cette figure mythique, y a vu l'image de la castration que découvre l'enfant qui aperçoit lesexe féminin, et dont il se défend par une pétrification phallique.

C'est peut-être là ce que toujours recouvre le riredu dialogue socratique. L'amour est ouverture à l'autre, à l'étranger et nous fait découvrir de nouveaux horizons.

Une fois encore, laconnaissance de l'autre me permet de me modifier et de m'enrichir de l'apport de l'être aimé.

Cet enrichissementpeut se rapprocher d'un sentiment de bien-être, voire de bonheur.

Ainsi, puisque je lève le voile sur l'inconnu, il estalors question d'un apprentissage.

En effet, je ne peux aimer que si je connais ce que j'aime.

Nietzsche nous parle dans Le Gai savoir d'un apprentissage : il faut apprendre à aimer.

Celui qui veut aimer doit apprivoiser l'autre, et accepter le changement que l'amour produit.

L'amour est inséparable de l'habituation : s'adapter et s'habituer àl'étrange ou l'étranger.

Nous sommes ici loin du coup de foudre qui peut être dévastateur mais bien dans un amourcréateur d'une relation nouvelle où deux parties se donnent l'un à l'autre.

Apprentissage constructif donc qui placel'amoureux dans un contentement bienfaiteur.

Transition : Mais si l'amour produit un changement, n'est-il pas forcément perturbateur ? De plus, l'amour rend heureux si le manque est pleinement comblé ; il faut alors se poser la question de savoir s'il peut vraiment l'être.

2) Reprenons le mythe sur la nature de l'amour décrit dans Le Banquet ; l'Eros dont il est question est présentécomme un désir qui par définition ne peut jamais être comblé.

L'amour procède du manque car nous avons besoin del'autre.

L'amour apparaît sous un autre angle : celui de la dépendance vis à vis d'autrui.

Si l'amour peut me rendreheureux par le partage qu'il m'invite à faire, il m'engage dans une subordination à autrui qui est loin de procurer unequelconque satisfaction.

Le dieu grec de l'amour est décrit comme fils de Poros et de Pénia, il est à la fois richesseet pauvreté.

Autrui se révèle alors comme le complément nécessaire de soi-même.

Comme présenté dèsl'introduction, une vie sans amour n'est pas une vie, aussi suis-je nécessairement dépendant de l'autre. « Étant fils de Poros et de Pénia , l'Amour en a reçu certains caractères enpartage.

D'abord il est toujours pauvre, et loin d'être délicat et beau commeon se l'imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile,sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en pleinair, près des portes et dans les rues ; il tient de sa mère, et l'indigence estson éternelle compagne.

D'un autre côté, suivant le naturel de son père, ilest toujours à la piste de ce qui est beau et bon ; il est brave, résolu, ardent,excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles, amateur descience, plein de ressources, passant sa vie à philosopher, habile sorcier,magicien et sophiste.

Il n'est par nature ni immortel, ni mortel ; mais dans lamême journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est dansl'abondance; tantôt il meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'il tient de sonpère.

Ce qu'il acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu'il n'est jamais nidans l'indigence, ni dans l'opulence.

» PLATON.. »

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