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L'amour est-il raisonnable ?

Publié le 29/08/2012

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amour
Aimer relève-t-il de la raison ou de la déraison ? L'amour est souvent passion, détruction, emportement, il paraît donc légitime de l'associer à la folie et à la démesure. Pourtant, le philosophe n'est-il pas l'ami, l'amoureux de la sagesse ? L'amour n'a-t-il pas de vertus philosophiques ? Diotime dans le Banquet de Platon en fait même un demi-Dieu, un démon, capable certes du pire mais aussi du meilleur...

  • AUTEURS: Platon, Saint Augustin, Schopenhauer


amour

« rationaliser cette conclusion, raisonnement de nature téléologique puisque la fin y commande les moyens.

Lepassionné raisonne ainsi : “ Mlle X…possède telles et telles qualités; or ces qualités sont aimables; donc Mlle X…estaimable” (J.A.Rony, Les passions, p.37).

Si les grands principes de la rationalité sont l'objectivité et la cohérence, la passion possède la puissance dedésolidariser ces deux principes dont la dualité permet justement l'harmonie entre l'expérience et le discours.

Sérieuxet Capgras vont même jusqu'à parler de " folies raisonnantes " à propos du délire psychotique, - l'extrême de lapassion.

Ce délire peut être rationnel dans sa forme sans être moins passionnel dans ses fondements, comme lemontre l'exemple de la paranoïa décrite par Freud dans Cinq psychanalyses (le " Président Schreber ").

Ainsi le délirede jalousie ne signifie-t-il généralement, selon Freud, que le désir homosexuel éprouvé à l'égard du tiers de mêmesexe, selon le schéma projectif qui transforme le contenu inconscient " j'aime, moi un homme, un autre homme " enla représentation consciente " je hais l'homme aimé par cette femme que je crois aimer ".

Il en est de même du délirede persécution, de l'érotomanie.

A partir de cette illusion originaire, le délirant raisonne de manière logique eninterprétant tous les signes, qu'il recherche à des fins inconscientes, comme des preuves, artificiellement bâties, dela persécution ou, à l'inverse, de la poursuite amoureuse dont il se dit l'objet.

Rationnel, l'amour, dans sa composante passionnelle, ne semble pas pour autant correspondre aux normes duraisonnable.

Etre raisonnable, en premier lieu, c'est être capable de définir les fins de l'action en fonction despossibilités et des limites.

La raison suppose le sens des réalités.

Elle est aussi choix des valeurs par délibération.

Or,dans la passion amoureuse, qui n'est pas la seule forme d'amour, mais qui représente l'amour le plus fort, le plusviolent, le plus riche en souffrances, en échecs, en illusions, le sujet ne délibère pas à propos des fins : une seulevaleur s'impose à lui, c'est sa passion.

Alors que la raison implique de l'activité, mais aussi l'exercice de la volonté etde la décision prise librement, le passionné devient le jouet de sa passion; il ne semble subsister en son espritaucune capacité d'estimer les choses à leur prix, puisqu'il nourrit sa passion d'illusions et qu'il hypnotise par là -même le sens du réel.

Le passionné conserve donc la raison calculatrice, mais il perd le bon sens.

On peut définir lapassion amoureuse comme un usage déraisonnable de la raison qui a le manque comme essence, ainsi que lasouffrance et la possessivité.

Aussi l'amour appartient-il à une autre sphère que celle de la raison pratique qui ouvre la conscience sur lerègne des impératifs moraux et de l'universel.

Il n'est pas raisonnable en ce sens qu'il ne peut pas fonder l'obligationmorale et qu'il n'est pas susceptible d'universalisation.

L'amour est du côté du sentiment, de l'affectivité, de lasingularité émotionnelle dans ce qu'elle peut avoir d'instable, voire d'aveugle.

Dans La critique de la raison pratique,Kant montre que l'amour ne se commande pas, à la différence du respect : " L'amour est une affaire de sentiment etnon de volonté, et je ne peux aimer parce que je le veux, encore moins parce que je le dois…; il s'ensuit qu'undevoir d'aimer est un non-sens " .

Ce que nous faisons par amour, nous ne l'accomplissons pas par contrainte ni pardevoir.

Quelle mère nourrit son enfant par devoir ? Quand l'amour est là, ou en tout cas le désir, qu'a-t-on besoin dudevoir et du respect ? Et c'est bien parce que nous aimons si peu, ou si mal, que la morale est nécessaire, laquellevient pallier les insuffisances de l'amour.

Le respect, comme devoir, s'impose précisément parce que nous n'avonsbesoin de morale que faute d'amour.

Le devoir ne nous contraint à faire que ce que l'amour, s'il était là, suffirait,sans contrainte, à susciter.

La morale, dont le respect est la pierre angulaire, est " un semblant d'amour " : agirmoralement, c'est agir comme si l'on aimait.

Il ne semble donc pas raisonnable d'aimer.

L'amour ne s'oppose pas tant à la raison théorique, consacrée à laconnaissance, qu'à la raison pratique qui concerne l'action et les principes de vie.

Le passionné agit manifestementà l'encontre du bon sens; aveuglé, pétri d'illusions, il devient incapable de juger et d 'agir librement, même si l'onpeut parler d'une rationalité ou d'une logique passionnelle.

Aux antipodes de la raison qui pondère, équilibre, évalue,dans un souci permanent de cohérence et d'objectivité, l'amour, dans sa dynamique passionnelle, incarne ladémesure.

Comme tout sentiment, il demeure incapable d'universalisation et relève de la pure singularité.

Maistoutes les formes d'amour sont-elles déraisonnables ? Et l'incompatibilité apparente entre l'amour et la raisonpratique est-elle vraiment fondée ? DÉVELOPPEMENT II) Le caractère déraisonnable de l'amour ne concerne peut-être pas toutes les définitions du verbe aimer.L'amour-passion ne semble pas forcément et définitivement inconciliable avec les grandes exigences ducomportement raisonnable – l'universalité, le sens de la mesure, la capacité de juger et d'agir en toute lucidité, etc.Aussi convient-il de creuser un peu plus la question liminaire : " est-il raisonnable d'aimer ? ", pour souligner lacomplexité du sentiment amoureux.

L'affection pour un être, pour un animal ou pour une chose est-ellenécessairement déraisonnable en elle-même ou bien l'est-elle par accident ? On notera d'abord que si l'attachement à notre semblable procède rarement de la pure raison, il est toutefois del'ordre du raisonnable : l'amitié, la tendresse, l'amour maternel sont des comportements éminemment sociables ethumains.

L'homme n'est-il pas un être qui a besoin des autres pour partager avec eux joies et bonheur ? L'amour,l'amitié, le fait de vouloir le bien de l'autre s'accorde parfaitement bien avec la raison.

Certaines dérivespassionnelles de cette relation spontanée à autrui ne mettent pas forcément en cause la nature de tels sentiments.Quant à l'amour entendu comme goût prononcé pour un objet ou un être, il n'est assurément pas déraisonnable ensoi, mais seulement si l'objet est lui-même dangereux, peu aimable ou nocif, comme peut l'être une drogue parexemple.

On remarquera d'ailleurs que les passions ont souvent été comparées à des sortes de toxicomanie : la. »

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