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Analyse :LES FEMMES SAVANTES. Molière

Publié le 07/07/2011

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Personnages. — Chrysale, bon bourgeois ; Philaminte, femme de Chrysale ; Armande et Henriette, filles de Chrysale et de Philaminte ; Ariste, frère de Chrysale ; Bélise, soeur de Philaminte; Clitandre, prétendant d'Henriette ; Trissotin, bel esprit ; Vadius, savant ; Martine« servante de cuisine. Sujet, action, élément. — Le sujet des Femmes savantes est la satire du pédantisme chez les femmes j Molière en montre les effets dans une honnête famille bourgeoise. — L'action consiste dans les projets de mariage d'Henriette avec Clitandre. — L'intrigue naît des efforts que font, d'une part, Philaminte, Armande et Bélise, pour marier Henriette à Trissotin ; et, d'autre part, Chrysale, Ariste et Martine, pour assurer la main d'Henriette à Clitandre. — Le ressort de l'intrigue est l'engouement des trois savantes pour la science et pour Trissotin. — Le nœud est formé au second acte, au moment où Chrysale consent, à l'insu de Philaminte, au mariage d'Henriette et de Clitandre. — Le dénouement„ amené par un stratagème d'Ariste, est l'union réalisée de Clitandre et d'Henriette. Il est naturel et moral, c'est un des meilleurs de Molière.


« Mais remarquez avec quel art Molière, à chaque reprise, a modifié le ton et le sens de l'explication.

D'une scène àl'autre, l'interlocuteur a changé ou la situation a changé.

Lorsque Armande essaie de faire comprendre à Henrietteles beautés de l'amour pur, c'est qu'elle a des raisons de la détourner du mariage ; quand elle expose la mêmeconception à Clitandre, c'est qu'elle espère alors le reconquérir : elle tente de justifier sa conduite, de se fairepardonner sa froideur passée en lui montrant qu'il n'y avait en tout cela aucun dédain pour sa personne.

-— Quandelle avertit sa sœur qu'elle ne pourra rien contre l'autorité maternelle, la première fois c'est pour lui ôter tout espoir ;la seconde fois, c'est pour l'empêcher, après qu'on l'a promise à Trissotin, de tenter un dernier effort.

— LorsqueClitandre fait connaître, la première fois, à Armande les raisons qu'il sa eues de renoncer à elle, il parle en homme dumonde sincère, mais courtois et avisé, qui n'entend pas, devant Henriette, se laisser accuser d'infidélité et quivoudrait bien ne pas se faire une ennemie de celle qu'il a quittée.

Quand il renouvelles explications, c'est devantPhilaminte, auprès de laquelle on a essayé de le noircir et qu'il espère persuader qu'il s'est comporté dans cetteaffaire en homme de bon sens et en homme d'honneur. Dans leur ensemble, les Femmes Savantes paraissent construites sur un plan assez semblable à celui du Tartuffe. Les actions des deux comédies sont également simples, serrées, enfermées dans le cercle d'une famille bourgeoise :ici, le père, la mère, un oncle, une tante, deux filles, une servante.

Trois personnes seulement viennent du dehors.Dorante, qui représentera les gens de cour, Trissotin et Vadius, qui représenteront les auteurs.

Les trois femmessavantes ont certainement des amies, qui partagent leurs goûts, avec lesquelles elles ont de belles disputes et dedoctes entretiens : il n'en est même pas fait mention. Dans les deux ouvrages : une maison riche, où un aventurier aux dents longues s'insinue, puis s'installe et poursuitsournoisement son dessein ; une famille divisée en deux partis adverses ; une jeune fille que se disputent deuxprétendants (dans le Tartuffe, Valère et Tartuffe ; ici Clitandre et Trissotin) ; les époux en plein désaccord surcette question du mariage, chacun d'eux soutenant son candidat.

Dans le Tartuffe, c'est Elmire qui a bien choisi lesien : mais ce n'est pas elle qui gouverne et elle n'est que la belle-mère de Mariane; dans les Femmes Savantes,Chrysale a bien choisi, lui aussi : par malheur, il a perdu toute autorité. Aussi aveugle qu'Orgon, Philaminte, qui a usurpé les pouvoirs de chef de famille, est tellement « entêtée » de sonhéros qu'elle refuse obstinément d'ouvrir les yeux à la vérité.

Aussi insensible au désespoir d'Henriette qu'Orgon auxlamentations de Mariane, comme lui, elle finirait par livrer sa fille à l'être qu'elle abhorre, si on ne réussissait pasenfin à la détromper. Dans le Tartuffe il y a, si l'on peut dire, un double dénouement : un dénouement normal (Tartuffe tombant, à deuxreprises, dans le piège que lui a tendu Elmire) ; un dénouement d'ordre matériel (l'arrestation de Tartuffe parl'Exempt), que Molière a voulu rendre nécessaire, probablement pour faire intervenir le roi, de quelque façon, dans sacomédie : Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude... Dans les Femmes Savantes il n'y a qu'un seul dénouement, celui que les circonstances imposaient.

La menace quipèse sur Henriette vient uniquement de l'erreur persistante de sa mère sur le compte de Trissotin : cette erreurdissipée, elle n'aura plus rien à craindre.

Pour démasquer ce triste personnage, le meilleur moyen est de lui tendre, àlui aussi, un piège.

C'est ce qu'a compris Ariste, le seul qui ait gardé son sang-froid : il dresse très bien son artifice,sans se confier à personne ; le drôle se laisse prendre et Philaminte rougit de son erreur. La naïveté du traître qui tombe dans le panneau est beaucoup mieux expliquée dans le Tartufe : si Tartuffe, boncalculateur, s'est départi de sa prudence ordinaire et a rompu ainsi les fils patiemment ourdis de son intrigue, c'estqu'il est entraîné, bien malgré lui, par un caprice sensuel qui l'aveugle.

Trissotin, qui a un tempérament froid,insensible, comment peut-il se laisser attraper comme un enfant ? Il sait qu'il a des ennemis dans la maison : aumoment précis où va se signer le contrat qui l'enrichira, deux lettres arrivent, apportées par qui ? Par Ariste, qu'ilconnaît bien pour son adversaire le plus redoutable ; et qu'annoncent-elles ? Que la mère est à peu près ruinée parla perte d'un procès, que les deux banquiers du père se sont mis d'accord pour faire banqueroute le même jour.Quelle étrange coïncidence ! N'importe qui la jugerait suspecte, trouverait un prétexte pour reculer la signature dequelques heures et se donner le temps de prendre des informations. Molière n'a pas pu ne pas voir ce qu'avait d'invraisemblable une telle naïveté chez un homme qui jusque-là n'avaitpas mal mené son affaire.

Mais l'on sait bien que dans les dernières scènes il ne s'inquiète plus de la vraisemblance.La pièce pour lui est terminée lorsqu'on n'a plus rien à apprendre sur les principaux caractères, Ses dénouements,généralement conventionnels, arrivent comme ils peuvent pour arranger les choses, au moment où elles vont le plusmal, puisqu'il est entendu, au XVIIe siècle, qu'une comédie doit bien finir. Quoique celle-ci finisse d'une façon particulièrement satisfaisante, il est trop certain que ni les fausses lettres, ni lafuite de Trissotin, ni la réconciliation de Philaminte avec Clitandre n'ont pu guérir les femmes savantes de leurstravers.

La folie de Bélise se manifeste encore dans les derniers vers de la pièce.

Il y a peu de chances pour quel'humeur de Philaminte s'adoucisse.

Rien ne lui a démontré la vanité de ses prétentions scientifiques : elle n'a pas deraison d'y renoncer.

Son goût littéraire ne deviendrais plus sûr ; elle à perdu Trissotin, elle n'aura pas de mal à leremplacer.

Nous laissons Armande plus ulcérée et aigrie que jamais ; si elle ne se marie pas, ce qui est probable, il. »

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