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Analyse du prologue d'Antigone par Jean Anouilh

Publié le 23/10/2010

Extrait du document

antigone

 

Bonjour je vais vous présenter aujourd’hui le prologue d’Antigone écrit par Jean Anouilh. Il s’agit d’une œuvre qui fut d’abord écrite par Sophocle en 441 av. J.-C. et Anouilh la reprend en la modernisant (vulgarisant) un peu. Sophocle (496-405 av. J.-C.) est un auteur de tragédies grec et s’est un des seuls dont quelques pièces ont pu être conservée. 

Anouilh est né en 1910 et mort en 1987. Il a beaucoup écrit mais le succès ne fut pas toujours très grand. En 1944 il écrit Antigone, en pleine occupation allemande. Il ne se prononça jamais clairement au sujet de la guerre, cependant la pièce d’Antigone met en avant la résistance d’Antigone contre l’empereur Créon. Un parallèle avec la situation de l’époque peut être fait, Antigone représentant la Resistance, Créon Pétain. 

La Resistance est l’ensemble des luttes menées contre l’occupant allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Philippe Pétain est maréchal et homme politique français qui dès le 26 Juin 1940 est président du conseil, il a le plein pouvoir et conclut l’armistice avec l’Allemagne.

 

Passons maintenant au sujet du passage, il s’agit d’une présentation des personnages accompagnée d’une prolepse qui nous annonce ce qui va se passer durant la pièce. 

 

Le texte peut se diviser comme suit :

 

1. Voilà…mourir ce soir.

Présentation des filles d’Oedipe

1.1 Voilà…jusqu’au bout

Présentation d’Antigone

1.2 Et , depuis que ce rideau…mourir ce soir.

Présentation D’Ismène

2. Le jeune homme… non plus pour lui.

Présentation de la famille de Créon

2.1 Le jeune homme…le droit de mourir.

Présentation d’Hémon

2.2 Cet Homme robuste…au seuil de sa journée.

Présentation de Créon

2.3 La vieille dame…pour lui.

Présentation d’Eurydice

3. Ce garçon pâle…la justice de Créon

Présentation des autres personnages

3.1 Ce garçon pâle…il sait déjà.

Présentation du Messager

3.2 Enfin les trois hommes…justice de Créon.

Présentation des gardes

4. Et maintenant que…puni de mort.

Le prologue, récit des événements antérieur au début de la pièce

 

Deux possibilités s’offraient pour le plan. L’une aurait été de faire deux grandes divisions, une pour la présentation des personnages, l’autre pour le prologue. J’ai cependant choisi de diviser la présentation des personnages en trois parties, les trois groupes de personnes différentes, cela permettant une division un peu plus claire mais qui fondamentalement n’influence pas la lecture de ce texte.

 

Pour le vocabulaire, deux précisions : - Sordide : D’une saleté repoussante

- Sépulture : inhumation considérée surtout dans les formalités et cérémonies qui l’accompagne.

 

Deux grandes axes dans mon analyse : - voir ce qu’apporte ce texte introductif au lecteur ou au spectateur

- comparer la version d’Anouilh et de Sophocle

 

La didascalie avant le discours du Prologue sont assez importantes. Nous en retenons avant tout deux informations, la première étant que tous les personnages sont en scène, chose assez rare pour le début d’une pièce de théâtre pour être relevée, et deuxièmement « ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes «, s’amusent donc avant de jouer une tragédie, ce qui met en avant un contraste (tragédie = sérieux, la mort et les personnages s’amusent) et le non-sérieux semble se mettre en avant. Nous avons l’impression que nous voyons dans les coulisses. Remarque liminaire, ces trois lignes s’adressent au metteur en scène ou au lecteur, le spectateur quant à lui voit tout cela sur scène. La phrase suivante, c’est à dire « le Prologue se détache et s’avance « nous montre qu’il y a clairement une personnification qui se fait, le prologue étant normalement le discours qui introduit une pièce de théâtre, or s’il s’avance, c’est un personnage. 

Son discours commence sur un ton assez familier avec le « Voilà «. Il annonce ensuite que « ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone «. Le vous montre que lui se met en dehors de tout, il n’est ni personnage, ni spectateur. La formulation « vous jouer « laisse le spectateur perplexe, car lorsque l’on se trouve au théâtre, durant le temps de la pièce, ce qui se passe sur scène correspond à la réalité pour le spectateur. Il s’agit du même phénomène que quand on lit un roman, durant le temps de lecture, la fiction devient réalité. Or justement avec cette formulation « vous jouer « le spectateur ne peut pas prendre la représentation pour la réalité, puisque le Prologue insiste sur le fait que c’est une fiction. Le spectateur/lecteur (nous utiliserons par la suite pour des raisons évidentes de simplification plus que la notion de lecteur, mais gardant en tête qu’il s’agit tout aussi bien du spectateur), alors le lecteur est d’entrée de cause dérouté par cette mise en évidence qu’il ne s’agit que d’une fiction. 

Commence ensuite la description physique d’Antigone « la petite maigre «, qui avec le titre de la pièce semble être le personnage principal et le fait d’être introduite en premier semble confirmer cette idée initiale. Le langage reste assez familier « la petite maigre «, « là-bas «. Le « là-bas « donne au lecteur l’impression qu’Antigone est montrée du doigt par le Prologue. Nous obtenons avec les précisions « elle ne dit rien « « elle regarde droit devant elle « et « elle pense « le sentiment qu’Antigone est seule, isolée en-dehors de ce monde, comme dans une bulle. La phrase suivante est à nouveau déroutante « elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure «. Alors que tout le monde pensait que le Prologue parlait du personnage d’Antigone, il met en fait en avant l’actrice qui joue ce rôle. Nous avons alors l’impression que le rideau c’est levé trop tôt, que nous prenons les acteurs dans leur préparation. La fin de la phrase « Créon, son oncle, qui est le roi « met en avant des éléments indispensables à la compréhension de l’œuvre. Le Prologue remplit par la son rôle de présenter les éléments que le lecteur doit connaître avant de s’attaquer à la pièce. Mais il fait bien plus que cela, il annonce même ce qui va se passer durant la pièce « Antigone se dressera seule face au monde, seule face au roi «. Le contraste entre cette fille qui ne donne pas l’impression d’avoir une grande confiance en soi et l’action annoncée est bien soulignée. La précision « seule « répétée à deux reprise confirme à nouveau que c’est un personnage à part. 

Nous entrons ensuite dans la pensée d’Antigone avec le « elle pense «. Cela montre que le Prologue est omniscient, il sait tout ce qui se passe dans sa tête. « elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi , elle aurait bien aimé vivre « met en avant le côté tragique de la pièce, le fait qu’elle soit jeune et qu’elle aurait bien aimé vivre accentue le tragique puisqu’elle aurait aimé vivre. Il ne s’agit donc pas d’un suicide, ni d’une mort naturelle du à l’âge. Le « mais « qui est le début de la phrase suivante marque l’opposition avec la vie, « il n’y a rien à faire « ce qui met en place la notion de destin, de la fatalité, quoiqu’on face, on ne peut rien changer. Une précision intéressante pour la dernière phrase, Antigone signifie étymologiquement « non-née «, son nom lui-même lui enlève le plaisir de pouvoir vivre et cela explique aussi qu’elle est toujours à part et seule. Pour finir cette première sous-partie, il est rappelé que l’on parle de l’actrice qui interprète le rôle d’Antigone et pas du personnage qui pense. 

 

Dans la deuxième sous-partie, le spectateur est encore une fois rappelé qu’il s’agit d’une pièce de théâtre et non-pas de la réalité puisque le Prologue dit depuis que ce rideau c’est levé, chose qui n’arrive qu’au théâtre et pas dans la réalité. Antigone se fait comme aspirée par un tourbillon ce qui permet de faire la fusion entre l’actrice et le personnage d’Antigone. Cette même phrase permet d’introduire Ismène, la sœur d’Antigone. Ismène est présentée comme l’exact opposé de sa sœur. Elle est avec un jeune homme, rit, bavarde, et si nous prenons encore en considération les aspects physiques dans le paragraphe suivant, nous pouvons observé que même là, l’opposition se poursuit : Ismène est blonde et belle . Antigone quant à elle est noiraude et maigre. La couleur de cheveux des deux sœurs n’est pas anodine, le noir est une couleur représentant la tristesse, le deuil quant au blanc c’est la couleur de la paix et d’une certaine légèreté. Le Prologue montre qu’une distance se créé par rapport à Antigone et des autres, c’est à dire d’Ismène et de « nous tous «. La distance entre nous lecteurs et entre Ismène par rapport à Antigone est donc la même. Notons encore qu’au début, le Prologue était une personne à part dans la salle, il se compte désormais avec « nous tous «. Antigone lui échappe donc aussi. 

 

Passons maintenant à la deuxième partie et entamons la présentation d’Hémon. Il est introduit grâce à Ismène avec qui il parle. Ismène a donc vraiment qu’un rôle de transition entre Antigone et Hémon. Tout laisse à penser que Hémon et Ismène sont assez proche, mais la phrase « il est le fiancé d’Antigone « est une véritable chute. Le Prologue est clair « tout le portait vers Ismène « et avec l’énumération des choses que Hémon aime, nous ne comprenons pas comment il a pu choisir Antigone et pas Ismène. Notons que l’énumération pour ce que Hémon aime vaut dans un premier temps bien pour lui, mais elle implique aussi que Ismène partageais ces passions et que cela complète donc aussi la description d’Ismène. Le prologue porte ensuite un jugement de valeur en disant « qu’Ismène est bien plus belle qu’Antigone «. Tous les éléments dit jusque là nous laissais penser que c’était certainement le cas, cette formulation permet simplement de mettre les choses au clair une fois pour toute. Le Prologue raconte ensuite comment Hémon en est venu à demander Antigone en mariage. Il est intéressant de voir qu’il utilise pour cela à trois reprise le mot « soir «. La première utilisation de « soir « sert à fixer un soir dans le temps par rapport au jugement général dans le temps que Ismène est plus belle qu’Antigone. La deuxième utilisation précise la spécificité de ce soir « de bal «. Cette précision met tout de suite en avant Hémon et Ismène qui aiment tout deux danser. Le Prologue fait aussi allusion à cela en disant qu’Hémon n’avait danser qu’avec Ismène. La troisième utilisation de « soir « permet de focaliser sur Ismène et par la remarque « où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe « remettre encore une fois la beauté de cette dernière en avant. Antigone n’est pas encore mentionnée, et personne n’aurait idée de l’amener dans cette ambiance, mais c’est ce soir là qu’Hémon a été la trouver et l’a demander en mariage. La situation dans laquelle se trouvait Antigone « dans un coin « et son activité « elle rêvait « pour un bal la met encore une fois à l’écart des autres personnages, mais Hémon semble l’apprécier, assez pour la demander en mariage. La remarque que ce permet le Prologue est une véritable moquerie « personne n’a jamais compris pourquoi «. Il donne l’impression qu’il faut être complètement stupide pour préférer Antigone à Ismène. La question d’un gout personnel n’existe pas pour lui. Toute cette partie semble être un grand commérage que l’on pourrait entendre au bistrot du coin. Il semblerait même que nous puissions nous passer de ces « détails «, mais il s’avère que ces détail ont tout de même une importance majeure qui est celle de bien montrer au lecteur qu’Antigone ici présentée n’est pas la même que dans la version originale de Sophocle. En effet chez Sophocle, Antigone est un personnage qui est d’entrée de cause fort, sachant s’imposé et toute la problématique avec Hémon qui aurait mal choisi ne s’y trouve pas. Ce commérage permet donc clairement de montrer que la pièce se différenciera de celle de Sophocle. Revenons au texte « Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui «. Deux choses frappent à la lecture de cette phrase. Premièrement « sans étonnement « surprend car le Prologue insiste sur le fait que Hémon irait mieux avec Ismène, et qu’il avait passé toute la soirée avec. Ainsi s’il demande tout d’un coup Antigone en mariage, cela devrait la surprendre, or ce n’est aucunement le cas. Deuxièmement ses yeux graves. Dans le contexte on attendrait plutôt des yeux étincelants. On a l’impression qu’Antigone est complètement indifférente à cette demande et la réponse qu’elle donne est un simple petit « oui «. Notons que ce oui est cité par le Prologue parce qu’il paraît presque pas possible qu’on ne réponde que cela. Le fait de cité permet donc de prouver en quelque sorte que ce n’est pas exagéré, mais que ce fut la réponse telle quelle. Le Prologue précise encore l’expression d’Antigone lorsqu’elle répond à Hémon. En effet l’expression joue un rôle déterminant si je dis « oui « et saute au cou de l’autre la signification est toute autre qu’un « oui « avec un petit sourire triste. Or comme nous pouvons le voir, qu’Antigone accompagne son « oui « d’un « sourire triste «. L’oxymore du sourire triste renforce encore plus cette indifférence par rapport à ce mariage. Les points de suspension qui suivent laissent entendre que de toute façon on ne peut rien y changer qu’il s’agit du destin. Suit par après une grande opposition ; alors qu’Antigone et Hémon se trouvait dans un coin retiré qu’on imagine assez calme, l’orchestre « attaquait une nouvelle danse « donc il y a à nouveau du bruit. Alors qu’Antigone a un sourire triste, Ismène rit aux éclats. Et finalement alors qu’Antigone et Hémon sont deux, Ismène est au milieu des autres garçons qu’on imagine forcément nombreux. Nous avons l’impression qu’Hémon avait pénétré dans la bulle qui isole Antigone complètement du monde extérieur. Lorsqu’il en ressort, tout ce qui se passe en dehors de cette bulle lui arrive dessus comme une grande vague et le submerge. Il faut bien être conscient que de tout les garçons entourant Ismène, celui qui avait les plus grandes chances était Hémon par son statut de prince. C’est pour cette raison que le Prologue insiste sur le fait que, lui Hémon qui aurait pu prétendre épouser Ismène, allait être « le mari d’Antigone «. La dernière phrase du paragraphe annonce la mort d’Hémon. Même si nous nous trouvons dans une tragédie et que certains personnages meurt par la force des choses, il est étonnant que cette mort soit annoncée, car tout un suspens tombe d’entrée de cause. Cela permet néanmoins de montrer que l’important de la pièce n’est pas le suspens mais certainement les valeurs présentées dans la pièce. Si cela rompt avec la tradition du théâtre classique, chez les grecs il allait de soi que l’on annonce ce qui va venir. Néanmoins, il ne s’agissait pas d’un Prologue qui annonçait cela, mais du chœur. En ce qui concerne la pièce de Sophocle, le chœur n’apparaît que plus tardivement dans la pièce et les annonces ne sont pas aussi claires que dans le discours du Prologue que nous analysons. Retenons de cette dernière phrase, encore la présence de la fatalité marquée par « jamais exister de mari d’Antigone «. Une précision sur le titre princier, princier parce que Antigone est la descendante du vrai roi, du roi par tradition et non pas comme Hémon le descendant du nouveau roi sans tradition familiale. 

Nous pouvons maintenant passé à la sous-partie suivante, c’est à dire la présentation de Créon. Dans un premier temps il nous est présenté dans toute sa grandeur « il est robuste «, le fait de dire qu’il a « les cheveux blancs « montre un certain âge et donc une grande expérience et finalement le fait qu’il médite, laisse au lecteur cette idée d’un véritable sage. La présence du page montre qu’il a du personnel, ce qui montre une certaine importance, mais cela semble aller de soi pour un roi et il semble bizarre que cela soit mentionné. La remarque disant que c’est le roi est certes un rappel, mais elle met encore plus d’importance sur Créon. Cependant la remarque qui suit montre qu’il n’est lui aussi qu’un homme « il a des rides, il est fatigué «. Même si dire « il a des rides « revoie finalement à la même image que dire il a « les cheveux blancs « c’est à dire que Créon a un certain âge, dire qu’il a des rides a une connotation négative, cela met en avant l’idée de la vieillesse, quant aux cheveux blanc, il s’agit de l’idée de l’expérience qui est mise en avant. Et par le remarque « il est fatigué « on peut se demander s’il médite ou s’il fait une petite sieste. Les atouts qu’il tenait en main se sont donc déjà volatilisés. Sa fonction en tant que roi de conduire les hommes est ensuite comparée à un jeu. Se pose la question s’il est possible de conduire les hommes , mais ce qui est clair est le fait que même si c’était possible, il ne s’agit pas d’un jeu. Nous apprenons ensuite qu’il n’a pas toujours été roi , mais « que le premier personnage de la cour «. Le «  que « indique un euphémisme car être le premier personnage de la cour est tout de même une fonction assez importante. Il étonne donc d’autant plus que lorsqu’il occupait ce poste, il ait le temps nécessaire pour des loisirs. Aucune des occupations citées renvoie au travaille mais plus à des passe-temps « longues flâneries «. Nous pouvons tirer un parallèle avec son fils Hémon qui est aussi un homme adorant les divertissements comme nous avons pu le constater auparavant. Le « mais « qui suit montre que ces temps de pur divertissement appartiennent au passé. Il est par la mort d’Œdipe et de ses fils devenu roi et il a du « retroussé ses manches «. Le Prologue montre par cette expression, que d’être roi demande du travail et qu’il ne s’agit en conséquent pas d’un jeu. 

Au paragraphe suivant, nous retrouvons « il est fatigué «. Alors qu’avant il s’agissait du fait d’avoir sommeil, ici, cette formulation signifie qu’il en a marre. Il se pose ensuite lui-même la question de savoir s’il est possible de conduire les hommes que nous avons déjà mis en avant. Il va même un peu plus loin en se demandant si ce n’est pas une tâche repoussante, mais il voit ou croit que c’est nécessaire puisque de toute façon quelqu’un doit le faire. Avec la dernière phrase apparaît un véritable sentiment de monotonie du travail et le prologue le compare à un simple ouvrier. Tout le pouvoir, la grandeur, la classe d’un roi disparaît. Il ne fait que de faire son travail et il peu aussi en avoir marre des fois. Mais pourtant il faut le faire sans que ce soit forcément le destin. 

Dans la sous-partie suivante deux nouveaux personnages sont présentés, d’une part la nourrice et d’autre part Eurydice dont la mort est annoncée comme celle d’Antigone et celle d’Hémon. Nous avons l’impression que son seul rôle est celui de mourir, le tricot étant un simple passe-temps en attendant la mort. Malgré ses qualités, elle est « bonne, digne, aimante «, ou peut-être justement grâce à ses qualités, elle n’influence aucunement son mari Créon. Elle applique peut-être simplement l’idée de Créon comme quoi il faut laisser « à d’autres plus frustes de conduire les hommes «. La présentation d’Eurydice semble être superflue, mais en fait elle permet simplement de montrer que Créon ne peut compter dans son travail sur aucun appui, même pas celui de sa femme. La dernière phrase montre que même le page ne peut rien pour lui. Créon doit se débrouiller tout seul. 

Nous pouvons à ce stade faire une comparaison entre Créon et Antigone et même si à priori ces deux personnages sont totalement opposés, « elle va se dresser seul en face du monde, seul en face de Créon « ; « Créon est seul «. Les deux personnages se retrouve donc dans la solitude. Créon parce qu’il fait la loi, Antigone parce qu’elle ne l’accepte pas. Et ces deux causes opposées mènent en partie en tout cas au même résultat la solitude, la marginalité. 

Passons maintenant à la troisième partie avec la présentation du messager. Nous avons à nouveau cette impression que le Prologue le pointe du doigt avec le « là-bas «. Nous notons l’omniscience du Prologue qui sait déjà que le messager va annoncer la mort d’Hémon. Le messager lui aussi « sait déjà «. Il se trouve donc dans la même situation qu’Antigone, tout deux savent ce qui va arriver, mais ne peuvent rien changer car c’est le destin et pour cette raison, tout deux s’isolent. 

Vient ensuite le présentation des gardes. Leur tient rougeauds renvoie à une consommation d’alcool. La manière de dire « ce ne sont pas de mauvais bougres « laisse déjà entendre que d’une certaine façon il le sont quand même. Le « mais « confirme cette idée et l’argument sensé le prouvé « ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure « ne tien pas vraiment puisque les forces de l’ordre n’exercent que le pouvoir exécutif alors que le pouvoir législatif et juridique se trouve chez le roi. Le Prologue est encore omniscient, puisqu’il montre une fois de plus ce qui va se passer après. Cependant au contraire d’Antigone et du Messager, les gardes ne savent rien de ce qui va se passer ou veulent peut-être ne rien en savoir. La remarque « ils sont dépourvus de toute imagination « est assassine. Ils sont donc complètement privé d’un des quatre sens internes et par ce manque, ils ne peuvent pas juger de l’effet d’une action. Ils appliquent la loi à la lettre sans se poser la question du bien ou du mal et si jamais il devait arriver quelque chose, il se cache derrière ces lois. Ainsi puisqu’ils appliquent toujours la loi, ils se sentent toujours innocents et peuvent en conséquent être satisfait d’eux mêmes. Ils ne réfléchissent rien, même si leur chef change et avec lui les lois, eux ils appliquent. Nous pouvons les mettre en lien avec les phalangistes du texte que Noémie nous a présenté. Les gardes sont de véritables animaux, ils suivent les ordres comme des chiens, ne se posent pas de questions et ce qui les rends encore pire que les chiens est le fait que les chiens sont fidèles à leur maître, eux exécutent les ordres d’un autre pour arrêter Créon si nécessaire. La présentation des personnages est donc terminée et nous pouvons passer à la quatrième partie de notre analyse. 

Le Prologue nous dit que « maintenant que vous les connaissez tous ils vont pouvoir vous jouer leur histoire «, le début de la pièce approche parce que au début de son discours, il disait encore  « ces personnages vont vous jouer «. Nous sommes donc selon le point de vue du Prologue obligé de les connaître pour qu’ils puisse jouer la pièce.  Le Prologue nous montre ensuite la situation initiale de la tragédie. Il nous présente les éléments mythologiques nécessaires à la compréhension de la pièce. Lorsqu’il dit « maintenant la ville est sauvée «, cela dépend cependant du point de vue. Du point de vue de Créon elle l’est certainement, mais selon celui d’Œdipe qui souhaitait que ses fils règnent à tour de rôle sur la ville, elle ne l’est certainement pas. 

Notons que si auparavant il était pas facile de voir de quel côté se trouvait le Prologue, là, il  devient en quelque sorte le porte-parole du roi Créon. En tant que porte-parole, il porte de clair jugement de valeur, Etéocle « le bon «. Créon se voit dans la suite d’Etéocle et celui-ci a droit à d’imposant funérailles. Le temps du verbe indique que ceux-ci n’ont pas encore eu lieu et cela implique que Créon vient d’accéder au trône. Alors qu’Etéocle est jugé bon, son frère Polynice est tout son contraire c’est « le vaurien, le révolté, le voyou «. Pour marquer son autorité, Créon décide de ne pas l’enterrer et d’en faire un premier exemple de ce qui advient si l’on se révolte contre sa puissance. Cette inégalité de traitement de deux frères donc de la même ascendance sera le point de départ de la pièce.

 

Finalement nous pouvons nous demander ce qu’a apporter ce discours du Prologue. Premièrement il nous a permis de présenter les personnages et même si c’est inhabituel au théâtre, c’est une indication claire au lecteur ayant déjà lu la pièce de Sophocle, que même si la pièce repose sur la même histoire, elle se démarquera de la pièce initiale. De plus la présentation mythologique est indispensable pour le lectorat du 20ème siècle alors que du temps de Sophocle, tout le monde connaissais la mythologie. 

Finalement ce prologue a aussi permis de mettre en avant qu’il ne s’agit que d’une pièce de théâtre, d’une fiction et qu’il faut faire attention à ne pas confondre fiction et réalité. Dans le contexte historique, il s’agit peut-être d’une mise en garde que ce qui apparaît être la réalité n’est qu’une fiction notamment avec les compagnes de propagande durant la guerre, et même de nos jours ce message peut encore valoir, il ne faut pas trop se fier aux apparences. 

De plus avec les annonces de ce qui va se passer dans la pièce, le suspens tombe, le lecteur ne devra plus se poser la question qui va mourir, ce qui lui permet de mieux se concentrer sur ce qui se passe sur la scène et de porter son attention plus au message que contient la pièce.  

 

Sources :

 

1. Wikipédia pour les articles du théâtre grec, la biographie de Sophocle ainsi que celle de Jean Anouilh, et sur plusieurs personnage mythologique. 

2. Antigone de Sophocle, édition de l’aire, Vevey 1981.

3. L’introduction de mon livre d’Antigone par le Dr. Müller des éditons de la table ronde Berlin. 

4. Ainsi qu’un soutien pour l’analyse de la part de Robin que je remercie en passant !

 

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