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ANALYSE TEXTUELLE : LIAISONS DANGEREUSES

Publié le 30/08/2012

Extrait du document

liaisons dangereuses

La quatrième    Dans cette lettre Valmont écrit à Mme de Merteuil pour lui raconter ses raisons pour son refus au projet de la marquise. Il a un autre projet, à savoir la séduction d’une dévote, Mme de Tourvel.    Cette lettre est intéressante pour son langage :  - langage de la religion : «  nous prêchons la foi « «  la divinité que j’adore « «  un saint de village «  → le libertin adopte le langage de celle qu’il veut séduire : le libertin est un vide, il n’a  pas de langage propre  le libertin est un caméléon, sans identité propre  PROTÉIFORME  cfr. Tirso de Molina ‘El burlador de Sevilla’ : présente un Dom Juan = ‘un hombre sin  nombre’    remarque : il est possible que lorsque il devient amoureux de Mme de Tourvel, il développe un langage vrai, un véritable identité    → le roman contient sa propre inversion : «  Les Liaisons dangereuses, c’est la séduction préméditée d’une victime par un séducteur et c’est à la fois la séduction non préméditée du séducteur par sa victime « (Georges Poulet dans ‘La distance intérieure’)    Il se peut que l’intérêt pour la Présidente est telle chez Valmont parce qu’elle séduit sans vouloir séduire.  cfr Beaudriard : «  séduire fondamentalement, d’où vient ce désir ? Séduire, c’est conjurer la séduction naturelle de la jeune fille qui reste dans toute femme, c’est séduire pour n’être pas séduit « «  la séduction masculine est un système qui doit contrarier la séduction naturelle de la jeune fille «    - langage badin qui reprend le style chevaleresque de la marquise «  ma très belle marquise « «  je m’y ( à vos pieds) prosterne «    - langage militaire :  • conquérir est notre destin  • je dévore les obstacles : plus l’obstacle est grand, plus la séduction devient intéressante pour le libertin (cfr. La princesse de Clèves)  • j’ai besoin d’avoir cette femme pour me sauver du ridicule d’en être amoureux  → il parle d’elle comme d’une conquête dont il a ‘besoin’  → le risque d’en tomber vraiment amoureux est déjà réel    DISCOURS OBLIQUE : il dit le contraire de ce qu’il veut dire, Valmont se trouve déjà sur le chemin vers le septième ciel    Qu’est-ce que cette lettre nous apprend sur la relation entre Valmont et Merteuil ?    - Valmont veut renouer les liens avec elle «  devenir une constance au monde’  → mais ceci est quand même impossible parce qu’il ne seraient plus des libertins  cfr. remarque de Benjamin Constant, à l’adresse de son amante Mme de Stael :  « in inconstantia constance «  - les deux s’estiment parce qu’ils veulent les mêmes choses, ils sont comme un miroir pour l’autre  - la marquise écrit à Valmont bien qu’elle ait comme règle de ne jamais écrire : pourquoi ?  < il est son double  < elle a besoin d’estime et de reconnaissance et le monde réel n’acceptera pas son  comportement : elle fait semblant d’être une dévote (dissociation de l’être et du  paraître !!)  < elle possède quand même un secret de lui qui empêche que Valmont rende  publique ses lettres (stratégie qu’elle applique à tout amant)  → après le duel, quand sa mort approche, Valmont n’ a plus rien à craindre de la  marquise et il donne ses lettres à Dancény : ceci provoque l’implosion du système  libertin dès l’intérieur de celui-ci  - est-ce que la marquise a aimé / aime encore le vicomte ?  → il y a une différence entre amour et désir ! il y a 3 possibilités :  1. elle l’a aimé et le fait encore  2. elle l’a aimé mais ne le fait plus, elle reste quand même jalouse de ses autres conquêtes  3. elle ne l’a pas aimé mais elle l’a désiré toujours et elle ne supporte pas qu’il aime quelqu’un d’autre    cfr le schéma de René Girard (Mensonge romantique et vérité romanesque)    A B    C    A désire B parce que C l’aime (le désire)    - Valmont fait aussi une distinction entre les femmes difficiles (Mme de Tourvel ) et ce qu’il appelle « les femmes faciles « (Mme de Merteuil)    La cinquième    Mme de Merteuil se montre dans cette lettre très lucide : elle écrit à Valmont qu’il court le danger de devenir vraiment amoureux de Mme de Tourvel. De plus, il paraît qu’elle est blessé par cette préférence de ce projet de séduction au sien :    - elle défend son projet  • une aventure délicieuse  • celui évite que Gercourt garde encore un avantage sur Valmont  • celui sauvegarde la réputation du Vicomte  • elle ne veut pas écrire avec un amant de Mme de Tourvel (menace !!)    - elle montre son mépris pour la Présidente.  • son mari est un « grand échalas « (bonenstaak)  • elle n’a pas de figure  • elle est prude et donc elle ne peut que donner des « demi-jouissances «  • elle est une dévote et elle aura toujours peur du diable  • elle est aussi mariée depuis deux ans : ça signifie qu’elle est « encroûtée « et elle ne commettra donc pas d’infidélités    - elle joue sur le désir triangulaire (cfr supra) : Cécile a « déjà fait tourner une tête «, celle de Danceny, et les deux vont « se mettre à l’unisson « ( = chanter la même mélodie = se vont aimer)    - elle lui confie qu’elle ne croit pas que Danceny soit capable de dépuceler Cécile et leur vengeance n’aura alors pas lieu    Remarque    Dans cette lettre, la marquise semble vouloir souligner sa supériorité sur les gens quant à son clairvoyance dans la matière des sentiments et quant à sa cruauté en jouant avec ces sentiments (elle aime les qualifications de ‘perfide’ et de ‘cruelle’).    La sixième    Valmont donne dans cette lettre un contreportrait de Mme de Tourvel. Elle lui fascine vraiment parce que son être est réel, elle ne fait jamais semblant, elle n’a pas de regard menteur. C’est la prémiere femme ‘vraie’ qu’il rencontre. Elle paraît même un personnage Rousseauiste : naïve, franche, pure céleste ..  ⇨ est-ce que les Liaisons dangereuses est écrit contre Rousseau ? (cfr. aussi l’épigraphe !)    Alors, esquissons l’histoire de Julie, ou la Nouvelle Héloïse ..  L’histoire est basée sur l’amour entre Abélard et Héloïse pendant le XIIe siècle. Abélard était un homme brillant, un théologien reconnu qui devint le précepteur de Julie. Il était à peine plus âgé qu’elle et l’inévitable se passe : les deux tombent amoureux. Héloïse deviendra même enceinte et Fulbert, son oncle, van fulminer contre Abélard. Celui sera châtré et il se retire donc dans un cloître. Héloïse fait la même chose : les deux renoncent à leur amour par une séparation à jamais, mais ils ne cessent pas de s’écrire.    Dans Julie, ou la Nouvelle Héloïse, Julie est aussi une fille qui sera éduquée par un précepteur, appelé Saint-Preux. Elle sera enceinte aussi mais elle fera une fausse couche. Le père n’accepte pas leur mariage et ils doivent se séparer. Par cette distance, l’amour s’intensifie (rhétorique de l’obstacle !). Julie marie enfin Wolmar, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle éprouve pour lui un amour respectueux et elle lui confie donc son passé.  Saint-Preux retourne après 10 ans de voyage et il se lie par amitié à Wolmar. Wolmar lui demande de devenir le précepteur de ses deux enfants parce qu’il conçoit qu’ainsi un projet de guérison peut avoir lieu. Il laisse les deux seuls dans sa maison en croyant qu’ils peuvent sublimer leur passion.    Rousseau défend alors dans ce roman un modèle du réel, d’être fidèle à soi, d’une liberté fondée dans le respect pour l’autre. Ce modèle préconise la coïncidence entre l’être et le paraître (transparence intérieure).    Quant aux Liaisons dangereuses, nous y rencontrons deux femmes qui ont lu ce roman : Mme de Tourvel et Mme de Merteuil. La première sera séduite parce qu’elle a cru qu’elle pourrait aussi, comme Julie, sublimer sa passion. La seconde emploie le modèle comme un exemple qu’il ne faut jamais suivre..    ⇨ Mais ne peut-on dire que Rousseau gagne à la fin ?    Valmont sera en fait le victime de quelqu’un qui incarne l’idéal Rousseauiste. Les Liaisons dangereuses paraît quand même transmettre des idées morales (danger du roman : quelles idées transmet-elle ?)    Quoi qu’il en soit, Julie, ou la Nouvelle Héloïse constitue incontestablement un métatexte des Liaisons dangereuses.    D’autre part, on peut discerner un certain mépris pour cette femme innocente :  «  j’aurai cette femme «  « qu’elle croie à la vertu mais qu’elle me la sacrifie « : il veut son déchirement, il ne veut pas qu’elle devienne une libertine réelle  «  je lui ai raconté lui-même quelques-uns de mes traits les plus connus « : sait qu’elle va vouloir le convertir et ça provoquera sa défaite    Mais comment analyser le passage suivant ?  « Mme de Tourvel m’a rendu les charmantes illusions de la jeunesse. Auprès d’elle, je n’ai pas besoin de jouir pour être heureux. La seule chose qui m’effraie est le temps que va me prendre cette aventure «  → qu’il prenne son retard, n’est-ce pas dû aussi au fait qu’il hésite avant ce projet de séduction  // le retard que prend Dancény, lui aussi tremble devant une femme si charmante  → sans le savoir, il parle déjà le langage amoureux  ⇨ où a-t-il appris ce langage ?  o a-t-il vraiment aimé quelqu’un dans le passé (voilà pourquoi Mme de Merteuil reconnaît ce langage ?)  o a-t-il lu tant de romans (comme Julie, ou la Nouvelle Héloïse)    Dans cette lettre apparaît aussi la rhétorique du voile : Valmont décrit les vêtements de la Présidente : bien qu’elle ne veuille pas, il sait discerner avec « ses yeux pénétrants « sa belle figure. Cette rhétorique est aussi un figure de style (litotes) : on dit peu mais on peut deviner beaucoup.  En ce qui concerne la tenue de Mme de Tourvel, le vicomte parle d’un déshabillé … la marquise reprendra cette toilette pour son aparté avec Belleroche (lettre X). Elle taquinera alors le vicomte en promettant le modèle à la Présidente.    Un dernier mot sur le langage : « le bandeau d’amour « fait allusion à l’aveuglement que incite l’amour. Chaque amant des libertins croit qu’il est le seul, mais il ne peut qu’être le seul pour un temps donné.    La septième    Cécile écrit encore une fois à Sophie. Il devient de plus en plus clair que celle-ci n’est qu’un instrument qui fait parler Cécile. Sinon, on pourrait dire que Cécile est vraiment occupée de soi-même parce qu’elle ne lui pose jamais des questions ou on pourrait dire que Sophie n’écrit jamais quelque chose d’intéressant à laquelle Cécile pourrait répondre.    Dans cette lettre, le lecteur voit qu’aussi Cécile se rend compte qu’elle «  a fait tourner une tête «. Comme dans Julie, ou la Nouvelle Héloïse, le précepteur (de musique !) est tombé amoureux de son élève et vice versa.    Mais Cécile croit que l’amour est impossible parce que Dancény est un Chevalier de Malte, donc un chevalier-prêtre qui fait des vœux de chasteté. Les fils cadets étaient souvent des chevalier de Malte parce qu’ainsi l’aîné recevait toute la propriété et celle-ci restait indivisée.  Or, Dancény n’a pas encore fait ces vœux, comme il expliquera plus tard.    La huitième    Mme de Tourvel écrit à Mme de Volanges. Après quelques tergiversations, elle parle enfin de la raison pour laquelle elle lui écrit : elle veut parler du vicomte.  En ce qui concerne le style de la Présidente, elle est plus soignée que celle de Cécile, mais comme la jeune fille, elle écrit ce qu’elle pense.  // le style de Mme de Sévigné.    Chez elle, l’être et le paraître coïncident et elle ne sait pas non plus les dissocier chez d’autres. Dès lors qu’elle dit de Valmont « il me parle avec beaucoup de confiance «. Elle confie aussi beaucoup dans sa propre force : «  ce serait une belle conversion «.    On peut apercevoir encore un élément rousseauiste : le séjour à la campagne. Mme de Tourvel reste à la campagne parce que son mari est en train de juger un procès et ça ferait un scandale de rester seule à Paris. La campagne est aussi le lieu adéquat pour une femme comme elle, parce que selon les idées de Rousseau, c’est la nature qui est vraiment pure et innocente.    La neuvième    Mme de Volanges répond à la Présidente pour la prévenir contre Valmont. Elle s’est rendu compte que l’essentiel de la lettre de Mme de Tourvel parlait de lui et elle commence donc en parlant de lui. Elle montre de la perspicacité dans son caractère : le vicomte n’agit jamais sans projet et il faut être vraiment prudent parce qu’il a déjà ‘perdu’ beaucoup de femmes.  → le libertin vit de la publication de ses victoires, celles-ci le rendent notoire => avant la publication des lettres par Laclos, il y a déjà eu une ‘publication interne’, quelques lettres doivent déjà avoir vu le jour dans la société réelle  !! la libertine ne peut pas faire la même chose : Mme de Merteuil écrit  - pour obtenir de la reconnaissance de Valmont (cfr supra)  - pour éduquer Cécile (bien qu’elle y renonce plus tard  - parce que sans elle il n’y aurait pas de roman    Mme de Volanges commet quand même une faute en supposant que le vicomte ne constituera jamais une danger pour la Présidente : celle-ci restera donc convaincue qu’elle saura résister à Valmont.  Et elle comme une autre : elle ne sait pas que Merteuil est de mèche avec Valmont. Elle sait seulement que la marquise a connu de «  légères inconséquences « , quelques liaisons. On lui pardonne tout ça parce qu’elle a su résister au vicomte.  → Est-il possible que la Marquise ait voulu une liaison avec Valmont pour prouver qu’elle était néanmoins une dévote ?    A part de ces erreurs fondamentales, Mme de Volanges comprend très bien que la réputation de Mme de Tourvel réside dans les mains de Valmont et que ceci n’est pas une bonne affaire.  cfr Crébillon décrit un libertin qui séduit une femme avec les mots : « donnez-vous à moi afin que je ne dise que vous a été avec moi « : au XVIIIe siècle, la réputation était un bien très important    La dixième    La marquise écrit à Valmont une réplique à la lettre VI.    La lettre contient 2 parties :    - une partie négative, pleine de reproches à Valmont  o «vous voilà conduisant sans principes «  o «  vous vous conduisiez comme si vous aviez peur de réussir «  →discours du retard de la lettre VI !    o « (..)vous êtes amoureux. Vous parler autrement, ce serait vous trahir «  elle démontre sa jalousie en lui faisant semblant qu’elle est sa protectrice, qui ne le trahirait jamais, qu’elle veut le sauver    - une partie positive, dans laquelle elle raconte sa nuit avec Belleroche  «  il n’est point mort «  «  comme il est tendre ! comme il est fait pour l’amour ! «  → elle essaie de rendre Valmont jaloux  « le bonheur parfait qu’il trouve à être aimé de moi, m’attache véritablement à lui «  → elle a besoin de quelqu’un naïf qu’elle peut dominer  «  je fus vaincue une seconde fois «  → elle ne se laisse vaincre par des traits physiques, elle n’a pour but que de jouir

liaisons dangereuses

« Mme DE STAEL, Delphine→ roman ‘symphonique’ encore plus complexe qu’un roman polyphoniquecette complexité est due entre autres au fait qu’il s’agit d’une dialogue entre une voix transparente et une voix opaque Quelques éléments de narratologie La narratologie est l’étude de la narration.On peut discerner 2 types : 1) LA NARRATOLOGIE DU CONTENU = étude de l’organisation du contenu cfr.

A.

GREIMAS, Sémiotique narrative → ‘schéma actantiel’o part de l’idée que les personnages définissent l’actiono il faut donc trouver un schéma de base auquel on peut ramener tout récito 3 axes : du désir (sujet- objet)de l’opposition (adjuvants – opposants)de la transmission/ motivation (destinateur – destinataire) 2) LA NARRATOLOGIE DE LA FORME cfr.

GÉRARD GENETTE : a écrit une étude de la voix narrative comme la base de tout récit Tout récit est un discours oral ou écrit qui présente une histoire et l’acte qui produit cette histoire, c’est la narration. A.

TERMINOLOGIE Les notions de discours, récit, histoire et narration se définissent les uns par rapport aux autres. Le récit = discours oral ou écritLe discours = présente une histoireLa narration = l’acte qui produit l’histoire Autrement dit, la narration c’est l’acte de raconter, c’est un acte narratif.≠ auteur : celui qui écrit (pas important pour la narratologie)= le narrateur : celui qui raconte, la figure que prend l’auteur pour raconter L’histoire, ce sont les événements racontés. Le récit est le résultat de l’acte narratif. B.

AXIOME Le présupposé de base de la narratologie : UNE HISTOIRE EST RACONTÉE PAR UN NARRATEUR ET LE RÉSULTAT, C’EST LE RÉCIT. Histoire → Narration → Récitaccident de voiture quelqu’un qui le raconte article dans un journal Comment se passe-t-il dans la littérature fictionnelle ?Là, l’histoire et le récit naissent simultanément : la narration produit à la fois une histoire et un récit (// problème du fond et de la forme) HistoireNarrationRécit La narratologie essaie de penser la différence entre l’acte narratif et les actions dont il est question (ou les actes narrés). Tout événement raconté se situe à un autre niveau que l’acte narratif qui le produit. L’acte narratif se situe au niveau extra-diégétique.Les actes racontés se situent au niveau intra-diégétique. La diégèse = l’univers spatio-temporel où arrive l’histoire→ extra – diégétique : en dehors de la diégèse cfr.

le narrateur→ intra –diégétique : dans la diégèse cfr.

les actions Autre dimension : la narration : celui à qui la narration est destinéeLe narrateur et le narrataire constituent ensemble un niveau de communication extradiégétique : le narrateur parle au narrataire ( ≠ le véritable lecteur) C.

APPLICATIONS Le dernier jour de l’automne 1832, vers cinq heures du matin, un mystérieux vieillard longeait les murs des somptueux hôtels du boulevard Saint-Germain ( BALZAC, Le père Goriot) → qqn qui longe les murs : intradiégétique→ le narrateur ne longe pas ces murs : extradiégétique. »

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