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André GIDE : Paludes

Publié le 24/09/2012

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gide

Avant d'expliquer aux autres mon livre, j'attends que d'autres me l'expliquent. Vouloir l'expliquer d'abord, c'est en restreindre aussitôt le sens ; car si nous savons ce que nous voulions dire, nous ne savons pas si nous ne disons que cela. - On dit toujours plus que CELA. - Et ce qui surtout m'y intéresse, c'est ce que j'y ai mis sans le savoir, - cette part d'inconscient, que je voudrais appeler la part de Dieu. - Un livre est toujours une collaboration, et tant plus le livre vaut-il, que plus la part du scribe y est petite, que plus l'accueil de Dieu sera grand...

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« Photo Tall/ Sipa-Icono Avec Paludes, Gide tourne en dérision le mystère même de la création littéraire afin de mieux l'ex­primer, le cerner, le définir.

Pourquoi écrivez-vous ? C'est La Qu,estion du ro­ man du XX• siècle que Gide pose avant tout le monde.

Le livre L'immobili ste avant l'Immoraliste U n jeune romancier écrit Paludes.

Il ne sait trop pourquoi.

"Je ne sais pas inventer" , confie-t-il.

Mais toute sa vie s'organise autour de l'écriture.

Il est vaguement amoureux d'Angèle avec laquelle il décidera de partir à l'aventure, loin.

Le voyage s'arrêtera à Montmorency ; il faut faire demi-tour pour être ponctuel à 1 'office.

La seule motivation de son entou­ rage est de disserter sur les fondements de ce roman qui n'est qu'un projet et qui, en définitive, s'appelleraPolders.

L'exp ression de la question : à quoi sert d'écrire ? 1 1 s'agit là d'une des œuvres les plus durables de Gide.

C'est une espèce d'impossible roman, une critique de la mono­ tonie de nos vies, une dénonciation du caractère tourne-en-rond de nos existences.

Le titre Paludes est déjà évocateur.

Il vient du latin "palus" : marais, marécage mais peut aussi venir de "palor" : errer.

On y entend déjà une question surréaliste : "Pourquoi écrivez­ vous ?" Le romancier de Paludes, qui tient son journal, recon­ naît son impuissance à inventer : "Mes principes esthétiques s'opposent à concevoir un roman." C'est un antihéros, falot, toujours enrhumé.

Paludes raconte son histoire pendant une semaine.

Il ne s'y passe rien que quelques visites rendues ou reçues, un voyage manqué, des réunions littéraires.

L'homme a l'ambition d'écrire Paludes pour secouer les gens.

Amou­ reux d'Angèle, il la rencontre avec son ami Hubert et il note dans son calepin : "S'inquiéter sur les relations de Hubert et d'Angèle." Il ne sait d'ailleurs jamais ce qu'est le livre qu'il écrit : ni le sujet, ni les thèmes.

Il écrit Paludes.

Qu'est-ce que Paludes ? Aux questions des philosophes, de Hubert ou d'Angèle, il répond toujours différemment : "Paludes c'est..." Gide s'amuse tout au long du roman à développer une fabu­ leuse variation autour du mot même de Paludes.

Son narrateur se donne la mission de sans cesse répéter qu'il ne faut pas se répéter.

"Comme personne n'éco ute, il faut toujours recom­ mencer." Le jeune Gide se moque des milieux littéraires, des écrivains sérieux et, sur le mode du journal, donne ses réflexions sur l'art d'écrire, de composer.. »

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