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Andromaque, c'est le Cid de Racine. Expliquez et appréciez ce Jugement.

Publié le 16/02/2012

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andromaque

1636, 1667 : dates culminantes dans l'histoire de notre théâtre national Le Cid, Andromaque, fleurs immortelles, encore que dissemblables, qu'instinctivement nous rapprochons pour les mieux admirer. Corneille et Racine, deux maîtres jusqu'à ce jour inégalés, dont le meilleur se retrouve dans ces chefs-d'oeuvre qui les révélèrent à leurs contemporains! Ceux-ci, les premiers, éprouvèrent le besoin de les comparer. Nous lisons, dans les Hommes Illustres de Charles Perrault : « Andromaque fit à peu près le même bruit que Le Cid, quand elle fut représentée. « ....

andromaque

« Pyrrhus parse comme Hourigue : Tous les Grecs m'ont déjà menace de leurs armes. Mais dussent-ils encore, en repassant les eaux, Demander votre fils avec mille vaisseaux... Je ne balance point, je vole a son secours. Hermione, ici et la, s'exprime comme Chimene : Si je le hais, Cleone, fl y va de ma gloire! Pylade, dans l'ardeur de la jeunesse, et malgre la raison, se prete aux desseins du malheureux Oreste : Allons, Seigneur, enlevons Hermionel ...Que ne peut l'amitie conduite par l'amour?... Junie et Britannicus, dira-t-on, sont, eux aussi, delicieusement jeunes. Oui, mais leur juvenile amour n'est qu'un rayon auroral parmi les sombres machinations de ces Ames tenebreuses : Neron, Narcisse, Agrippine.

Les louches calculs, les combinaisons machiaveliques de ces vilains person- nages, vieillis par les ans ou par le vice, sont aux antipodes des paroles et des gestes, candides jusqu'en leur violence, des acteurs d'Andromaque, tous jeunes d'esprit et de cceur. Euvres de jeunesse, les deux pieces n'en sont pas moins d'authentiques chefs-d'oeuvre : Je suis jeune, it est vrai, mais aux times bien noes La valeur n'attend pas le nombre des anneest... A quelque point de vue qu'on les considere, elles presentent une valeur eminente : sujet captivant, action bien conduite, caracteres vigoureusement peints, style vraiment dramatique, vers differemment mais egalement beaux.

Une passion pure, fondee sur une mutuelle estime, recompensee apres avoir ete soumise aux plus cruelles epreuves : voila le Cid.

L'amour con- jugal survivant a la mort; l'amour maternel triomphant d'obstacles insur- montables; l'amour-passion aboutissant au crime ou a la folie : voila Andro- maque.

Sujets heroiques, sujets captivants.

- Il s'en faut, reconnaissons-le, que l'action du Cid soit parfaite si on la juge d'apres les «Regles Mais au theatre on n'a guere le temps de songer a l'invraisemblable accumula- tion des faits, qui oblige le heros a « travailler montre en main 2.

pour ne point depasser les vingt-quatre heures; on est emporte par l'elan continu que l'auteur a su imprimer aux evenements.

Seule une lecture attentive revele des lacunes, des faiblesses dans cette action qui, a la representation, parait si bien menee.

A cet egard, Andromaque n'offre aucune prise a la critique.

Les differentes parties de l'action y sont etroitement enchainees tout y depend du oui ou du non que la mere d'Astyanax est mise en demeure de prononcer.

Point d'interventions exterieures : les passions des person- nages et les reactions qu'elles produisent dans les *Ames adverses amenent les evenements.

Quel art suppose cette simplicite savante! - Les carac- teres, de part et d'autre, ont un puissant relief : ce sont des creations per- durables que Rodrigue, Chimene et don Diegue, tout comme ce quatuor indi- visible, forme par Andromaque, Pyrrhus, Hermione et Oreste.

Il suffit de les nommer pour voir surgir des personnages vivants, agissants et profon- dement humains.

- Et la beaute formelle de ces oeuvres vaut leur solidite fonciere.

Racine disait : «M.

de Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens.

» Nous nous inscrivons en faux contre ce jugement.

Le style eloquent de l'avocat ne l'emporte .pas sur le style poetique de son rival. A l'occasion, et a sa maniere, Racine sait titre eloquent.

Nous en appelons au discours de l'ambassadeur Oreste : « Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix...

>, a la reponse de Pyrrhus, modele de refutation, et, plus encore, a l'emouvante requete d'Andromaque : « Ou fuyez-vous, Madame?...

» Ses dialogues passionnes, ses alexandrins tantot bien frappes : L'Epire sauvera ce que Troie a sauve, et tantot d'une tendresse enveloppante : N'accable pas, ami, un malheureux qui t'aime;... ses traits qui « passent la rampe 2, ses alliances de mots : « un cruel secours 2..., ses images faisant corps avec la pensee, le charme d'une har- Tous les Grecs m'ont déjà menacé de leurs armes, Mais dussent-ils encore, en repassant les eaux, Demander votre fils avec mille vaisseaux...

Je ne balance point, je vole à s&n secours» Hermione, ici et là, s'exprime comme Chimène : Si je le hais, Cléone, il y va de ma gloire! Pylade, dans l'ardeur de la jeunesse, et malgré la raison, se prête aux desseins du malheureux Oreste : Allons, Seigneur, enlevons Hermione! ...

Que ne peut l'amitié conduite par l'amour?...

Junie et Britannicus, dira-t-on, sont, eux aussi, délicieusement jeunes.

Oui, mais leur juvénile amour n'est qu'un rayon auroral parmi les sombres machinations de ces âmes ténébreuses : Néron, Narcisse, Agrippine.

Les louches calculs, les combinaisons machiavéliques de ces vilains person­ nages, vieillis par les ans ou par le vice, sont aux antipodes des paroles et des gestes, candides jusqu'en leur violence, des acteurs d'Andromaque, tous jeunes d'esprit et de cœur.

Œuvres de jeunesse, les deux pièces n'en sont pas moins d'authentiques chefs-d'œuvre : Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées La valeur n'attend pas le nombre des années!...

A quelque point de vue qu'on les considère, elles présentent une valeur éminente : sujet captivant, action bien conduite, caractères vigoureusement peints, style vraiment dramatique, vers différemment mais également beaux.

Une passion pure, fondée sur une mutuelle estime, récompensée après avoir été soumise aux plus cruelles épreuves : voilà le Cid. L'amour con­ jugal survivant à la mort; l'amour maternel triomphant d'obstacles insur­ montables; l'amour-passion aboutissant au crime ou à la folie : voilà Andro­ maque.

Sujets héroïques, sujets captivants.

— Il s'en faut, reconnaissons-le, que l'action du Cid soit parfaite si on la juge d'après les « Règles ».

Mais au théâtre on n'a guère le temps de songer à l'invraisemblable accumula­ tion des faits, qui oblige le héros à « travailler montre en main » pour ne point dépasser les vingt-quatre heures; on est emporté par l'élan continu que l'auteur a su imprimer aux événements. Seule une lecture attentive révèle des lacunes, des faiblesses dans cette action qui, à la représentation, paraît si bien menée. A cet égard, Andromaque n'offre aucune prise à la critique. Les différentes parties de l'action y sont étroitement enchaînées : tout y dépend du oui ou du non que la mère d'Astyanax est mise en demeure de prononcer.

Point d'interventions extérieures : les passions des person­ nages et les réactions qu'elles produisent dans les âmes adverses amènent les événements. Quel art suppose cette simplicité savante! — Les carac­ tères, de part et d'autre, ont un puissant relief : ce sont des créations per­ durables que Rodrigue, Chimène et don Diègue, tout comme ce quatuor indi­ visible, formé par Andromaque, Pyrrhus, Hermione et Oreste.

Il suffit de les nommer pour voir surgir des personnages vivants, agissants et profon­ dément humains.

— Et la beauté formelle de ces œuvres vaut leur solidité foncière. Racine disait : « M. de Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens.

» Nous nous inscrivons en faux contre ce jugement.

Le style éloquent de l'avocat ne l'emporte pas sur le style poétique de son rival.

A l'occasion, et à sa manière, Racine sait être éloquent. Nous en appelons au discours de l'ambassadeur Oreste: «Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix...

», à la réponse de Pyrrhus, modèle de réfutation, et, plus encore, à l'émouvante requête d'Andromaque : « Où fuyez-vous, Madame?... » Ses dialogues passionnés, ses alexandrins tantôt bien frappés : L'Epire sauvera ce que Troie a sauvé, et tantôt d'une tendresse enveloppante : N'accable pas, ami, un malheureux qui t'aime;...

ses traits qui «passent la rampe», ses alliances de mots: «un cruel secours »ses images faisant corps avec la pensée, le charme d'une har-. »

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