ANDROMAQUE DE RACINE (étude de la pièce)

Sous la direction des solitaires de Port-Royal, Racine était devenu, tout jeune, un helléniste consommé. Il lisait couramment les poètes grecs, et c'est à eux qu'il emprunta le sujet de son Andromaque. Cette tragédie, à peine terminée, eut les honneurs d'une lecture particulière chez la duchesse d'Orléans. La charmante Henriette, qui aimait les belles-lettres et se plaisait à protéger les artistes, avait encouragé Racine pendant la composition de son oeuvre. Elle voulut être la première à applaudir les vers harmonieux qu'il avait écrits. Dans son «Épître dédicatoire « le poète rappelle ce souvenir

« On savait, dit-il, que Votre Altesse Royale avait daigné prendre soin de la conduite de ma tragédie; on savait que vous m'aviez prêté quelques-unes de vos lumières pour y ajouter de nouveaux ornements; on savait enfin que vous l'aviez honorée de quelques larmes dès la première lecture que je vous en fis. Pardonnez-moi, Madame, si j'ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. Il me console bien glorieusement de la dureté de ceux qui ne voudraient pas s'en laisser toucher. Je leur permets de condamner l'Andromaque, tant qu'ils voudront, pourvu qu'il me soit permis d'appeler de toutes les subtilités de leur esprit au coeur de Votre Altesse Royale.«